14 octobre 2025, Boulevard Pacheco – Bruxelles
18-30 ans. Gazé, pourchassé, matraqué, tabassé, arrêté, détenu, deux heures d’attente avant de voir un médecin : six points de suture au crâne, un au tibia, état de stress post-traumatique et suivi psychologique
Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
“Mon interpellation a été filmée par X. ; on me voit être frappé par 4 policiers en civil alors que je suis à terre !!
J’étais présent lors de la manifestation du 14 octobre à l’arrière du bloc antifa.
A 11h, le cortège s’élance ; nous avançons très lentement, à tel point que nous n’arrivons à parcourir qu’une centaine de mètres en une heure. Arrivés à un croisement, nous empruntons les marches qui nous mènent au boulevard Pacheco, plus précisément à l’Office des Étrangers.
Là, je vois plusieurs manifestants casser les vitres de l’Office. Curieux, je m’approche pour mieux voir ce qu’il se passe, sans savoir que je me dirige droit vers un piège.
J’arrive au niveau de la rue qui borde l’Office des étrangers. Une grenade lacrymogène explose pas très loin de moi, signe que la police s’apprête à investir les lieux. Je m’écarte du nuage de lacrymogène qui attaque déjà mes voies respiratoires et tente de fuir les lieux. En vain. Une nasse est en train de se former et l’étau est déjà refermé sur le groupe de manifestants dont je fais partie.
Ce même groupe va s’entasser entre deux camionnettes pour fuir le nuage de gaz qui se répand petit à petit. Je manque de m’étouffer dans cette grande bousculade. Il me vient une idée : la nasse est toujours en train de se former, ce qui veut dire qu’il existe encore des points de fuite.
Ainsi, je quitte le groupe de manifestants entassés entre les deux camionnettes. Je cours, cherchant une issue que je crois trouver au bout de la rue. Je cours vers cette échappatoire. Malheureusement, une poignée de policiers en civil se pointe, brassards au bras, sans matricule, armés de matraques. Ils me poursuivent en criant.
Je fais machine arrière pour tenter de rejoindre le groupe de manifestants. Je n’y arrive pas. Je suis rattrapé par 4 policiers en civil qui me plaquent par terre, me donnent des coups de matraques, de pieds et poings partout sur le corps, en particulier la tête qu’ils visent avec insistance.
Je suis tabassé pendant une poignée de secondes où je vais être insulté de “fils de pute” avant d’être mis sur le ventre. Je reçois encore quelques coups. Les policiers me mettent ensuite les mains derrière le dos, me relèvent pour m’emmener vers un parking.
Nous entrons. Je suis courbé en deux, je ne peux donc pas voir les personnes présentes dans le parking. J’entends par contre des cris – de douleur, à en juger l’intonation.
On me jette par terre. Je suis face contre sol. Mon arcade sourcilière droite est pétée et j’ai une entaille de cinq centimètres au niveau du crâne. Ainsi, je saigne abondamment sur le béton.
Je crois un instant que la violence est finie, que le pire est passé. Je comprends l’inverse quand l’un des policiers me met son pied sur la nuque. Son collègue va ensuite me tabasser le visage à coups de pieds. À ce moment-là, je me rends compte qu’il y a d’autres manifestants également en train d’être passés à tabac par des flics en civil – les plus violents de tous. J’ai alors une réflexion, peut-être disproportionnée, mais légitime : ils nous ont trainé à un endroit à l’abri des regards pour nous tabasser à mort, je vais mourir.
Mais là, on me passe les menottes et je suis placé dans une rangée de manifestants. Je réalise l’ampleur des dégâts : le mec derrière moi s’effondre quelques fois sur le béton, en pleine commotion cérébrale ; un autre a la moitié du visage en sang, manque de s’évanouir ; d’autres ne parlent même plus, traumatisés par l’expérience qu’ils viennent de vivre.
Nous allons attendre une heure et demie dans ce parking avant d’être menés aux urgences.
Une heure et demie à se faire menacer par les flics qui nous disent qu’on va en garde-à-vue judiciaire, qui nous reprochent d’avoir violenté un enfant – qui, en réalité, a été gazé par des flics. Nous ne recevons que très rarement de l’eau, au bon vouloir des flics qui ne se préoccupent pas de notre état.
Heureusement, des urgentistes sont venus pour assigner certains blessés aux urgences. Je vais en faire partie.
Après une heure et demie donc, nous sortons du parking pour être mis dans un van de police. Il nous emmène ensuite vers l’hôpital. Nous sommes pris en charge l’un à la suite de l’autre, lentement. Je vais sortir du van après une heure pour enfin être pris en charge par les urgentistes qui vont m’appliquer un bandage et me donner un antidouleur.
Je vais ensuite attendre deux heures pour recevoir six points de suture au niveau de la tête et un autre au niveau du tibia.
Depuis, j’ai un suivi psychologique et souffre d’un état de stress post-traumatique.”
Violences physiques
| X | Arrestation |
| X | Détention |
| X | Bousculade / projection |
| X | Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral |
| “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux) | |
| Clés aux bras douloureuses | |
| X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
| X | Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage |
| X | Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e |
| X | Coups sur les oreilles |
| Étranglement | |
| Doigts retournés | |
| Arrosage | |
| Morsures de chien | |
| Tirage par les cheveux | |
| Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
| Tirage par les colsons ou des menottes | |
| Sévices sexuels | |
| “Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police) | |
| X | Usage de gants |
| Usage d’arme à feu | |
| Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
| Usage de FlashBall | |
| Usage de grenade assourdissante | |
| Usage de grenade de désencerclement | |
| X | Usage de grenade lacrymogène |
| Usage de LBD40 | |
| X | Usage de matraques |
| Usage de spray lacrymogène | |
| Usage de Taser | |
| Usage de tranquillisants | |
| Expulsion | |
| Disparition |
Violences psychologiques
| X | Accusation de trouble à l’ordre public |
| Accusation d’entrave à la circulation | |
| Accusation de rébellion | |
| Accusation de coups à agent | |
| Accusation de manque de respect | |
| Accusation de menace à agent | |
| Accusation d’injure à agent | |
| Accusation de manque de respect | |
| Accusation de refus d’obtempérer | |
| X | Agressivité, manque de respect, insultes |
| X | Intimidation, chantage, menaces |
| Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
| Intimidation ou arrestation des témoins | |
| Obstacle à la prise d’images | |
| X | Appels à faire cesser les souffrances restés sans effet |
| X | Position inconfortable prolongée |
| X | Non-assistance à personne en danger |
| Prise de photos, empreintes, ADN | |
| Menace avec une arme de poing | |
| Tir dans le dos | |
| Charge sans avertissement | |
| X | Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) |
| Course-poursuite | |
| Propos sexistes | |
| Propos homophobes | |
| Propos racistes | |
| Intervention dans un lieu privé | |
| Problèmes de santé mentale | |
| Harcèlement | |
| X | Fouille |
| Perquisition | |
| Violences de la part de collègues policiers | |
| X | Passivité des collègues policiers |
| X | Défaut ou refus d’identification des policiers |
| Refus de prévenir ou de téléphoner | |
| Refus d’administrer un éthylotest | |
| Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
| Refus d’acter une plainte | |
| Refus de soins ou de médicaments | |
| X | Mensonges, dissimulations, disparition de preuves |
| Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
| Flexions à nu devant témoins | |
| Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
| Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
| Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
| Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
| X | Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels |
| Pression pour signer des documents | |
| X | Absence de procès-verbal |
| Complaisance des médecins |
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- Dernière mise à jour : il y a 3 jours - Publié le

