Mai 2013, Bruxelles
Insulté, plaqué au sol, tabassé, harcelé, menotté, fouillé à nu avec flexions, détenu, obligé à signer le PV
M. : « Après avoir été roué de coups avec des gants, j’ai accepté de peur de me déshabiller«
Coupable d’avoir escaladé une grue pour admirer la vue, M. va apprendre une nouvelle façon de connaître le grand frisson…
« Au printemps 2013 entre minuit et 1h du matin, un ami et moi décidons d’escalader une grue de chantier qui se trouvait rue de l’escalier pour admirer le paysage du haut de la grue. Nous étions trois, une autre amie avait décidé de rester en bas. Au moment de notre descente, une camionnette de police ainsi qu’approximativement trois voitures de police sont arrivées au pied de la grue. C’étaient des policiers habillés de gilets pare-balles, rangers, etc.. Ils m’ont demandé ce que j’avais l’intention de voler, et le but de ce que j’avais fait, ce a quoi j’ai répondu que c’était uniquement pour admirer le paysage du haut de la grue, et pour avoir un « frisson » .
Un policier m’a aussitôt répondu « Je vais t’en donner du frisson« . Prenant cela pour une menace, je lui ai répondu que ce n’était pas la peine de faire le « cow boy« . Ils m’ont demandé une pièce d’identité, je n’avais qu’une carte d’abonnement de train ainsi que ma carte de crédit pour confirmer mon identité. Je ne suis pas belge (d’origine UE). Ensuite, un policier en civil que je pense être un inspecteur de police est arrivé, et à l’aide d’insultes et de hurlements m’a demandé ce que j’avais volé et pourquoi j’étais monté en haut de cette grue. Je lui ai répondu que c’était pour admirer le paysage du haut de la grue, que je n’étais pas un voleur et que mes intentions n’étaient pas malhonnêtes.Il m’a aussitôt mis un coup de poing dans la figure. Peu de temps après je me suis retrouvé plaqué au sol, un pied sur la tête et menotté de force en me tordant les bras, ce qui a probablement causé la déchirure musculaire. J’ai reçu des coups de pieds dans le ventre et dans la figure ce qui m’a provoqué de prononcer quelques injures. Ils m’ont amené jusque dans la voiture, où j’ai encore une fois reçu des claques dans les oreilles et des coups avant qu’ils ne ferment la porte. Deux policiers m’ont emmené au commissariat central, durant le trajet j’ai voulu poser des questions, ce à quoi je n’ai reçu comme seules réponses que des « Ta gueule » .
J’ignore si cela fait partie de la procédure mais je n’ai pas pu être attaché et le chauffeur roulait à une allure démesurée en ne respectant pas du tout le code de la route (feux grillés). Arrivés au commissariat, j’ai été emmené dans une salle où, après quelques coups de poing dans les côtes et estomac pour que je cesse de poser des questions, on m’a demandé de vider mes poches, ce que je fis. Le contenu de mes poches se trouvant par terre, on m’a accusé de les avoir pris pour des « chiens » et m’ont forcé à ramasser mes effets personnels en me rouant de coups avec des gants renforcés. Ayant finalement peur pour ma dentition, je décidais d’accepter.Puis, on m’a demandé de me déshabiller. Puisque je refusais, on m’a violemment plaqué au sol, traîné par les cheveux. Déshabillé de force, je me suis retrouvé en caleçon. On m’a alors demandé de l’enlever, j’ai encore refusé je me suis à nouveau retrouvé roué de coups. Ayant a nouveau peur pour mes parties intimes, je décidais a nouveau d’obéir. Quand je fus complètement nu, on m’a demandé de me tourner et de faire des flexions-extensions contre le mur. Après avoir fait la première, on m’a hurlé de compter à voix haute, je refusais, mais après un coup de poing au niveau des côtes, j’acceptais de compter à voie haute. On m’a autorisé à remettre mon caleçon, ils m’ont menotté, […]
Tout était un prétexte pour m’administrer de nouveaux coups. Après cela, on m’a emmené dans une cellule avec des barreaux dans laquelle on m’a enlevé les menottes, et rendu mes habits. Quelques minutes plus tard, un policier arrivait en me demandant de signer un papier. Je voulais lire ce papier avant de le signer, on m’a hurlé dessus pour que je le signe sans tarder, ce que j’ai fini par faire par peur de nouveaux coups et de plus étant donné que je ne voyais quasiment plus rien suite aux claques dans les oreilles et aux coups de poing qui m’avaient rendu complètement sonné et enflé.
Après environ une demi-heure mon ami et moi avons été placés dans des vraies cellules. Quelques minutes plus tard un policier me lance « Tu es tombé hein ?! » , ce à quoi j’ai répondu « Non, j’ai été tabassé par des policiers. » La porte s’est ouverte on m’a menotté, et emmené dans le parking, où je suis monté dans une voiture de police pour aller à l’hôpital où une infirmière m’a demandé ce qui c’est passé, je lui ai dit la vérité. Elle m’a nettoyé, puis un médecin est arrivé, après lui avoir raconté l’histoire, elle a constaté mes blessures, et j’ai dû faire des radios du thorax et du visage. Après cela j’ai été reconduit dans ma cellule.Au matin, on m’a rendu mes effets personnels, et libéré sans nous tenir au courant de quoi que ce soit. Je n’aurai aucune honte ni aucun scrupule à décrire ce que j’ai vécu comme de la torture mentale et physique). Tout était un prétexte pour m’administrer de nouveaux coups. »
Violences physiques
X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage | |
X | Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e |
X | Coups sur les oreilles |
Étranglement | |
X | Clés aux bras douloureuses |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
X | Tirage par les cheveux |
Arrosage | |
X | Serrage douloureux des colsons ou des menottes |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
X | Usage de gants |
X | Agressivité, manque de respect, insultes |
X | Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Refus de soins ou de médicaments | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
X | Refus de serrer la ceinture pendant le transport |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
X | Flexions à nu devant témoins |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
X | Pression pour signer des documents |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Absence de procès-verbal |
- Témoignage ObsPol