Août 2016, Bruxelles
Bousculés, insultés, menacés à la sortie du festival
Y. : « C’est à se demander s’il est encore possible de participer à des activités organisées dans notre ville sans se faire insulter, menacer et bousculer par les forces de l’ordre«
Un groupe de festivaliers tranquilles et insouciants, dont fait partie Y., est pris à partie à la sortie du festival par les forces de l’ordre : bousculades, plaquages, menaces, insultes, agressions verbales et auto-justification. Douche froide en guise de clôture festive…
« Comme il est souvent courant après la clôture de concerts ou de festivals, quelques festivaliers, dont nous faisions partie, étaient en train de discuter à la sortie entre les grilles et les barrières Nadar donnant sur la rue. Nous sommes restés sur le côté du parc tandis que d’autres festivaliers sortaient encore du festival à leur aise, continuant à papoter.
Nous devions être 20-30 personnes un peu éparpillées. Il s’agissait en majorité de trentenaires et quarantenaires. Il est à préciser qu’il y a eu des ordres contradictoires. Et ce, entre d’une part la sécurité du festival qui demandait de quitter l’enceinte du festival et donc de dépasser les bordures rouges et blanches mises en place. Et, d’autre part, les forces de police qui interdisaient de dépasser ces bordures et de se rendre sur les trottoirs sur le côté. Ce qui fait qu’à un moment on ne savait plus par où aller.
À un moment donné, un homme, qui traînait plus longtemps près des grilles, s’est retrouvé violemment plaqué au sol par 2-3 policiers. Ils l’ont maintenu avec une très grande fermeté, le bloquant même à la gorge ; ce qui l’empêchait de respirer.Surpris par l’intensité du geste des policiers, certains festivaliers ont manifesté verbalement mais poliment leur désaccord. Une femme, entre 45 et 50 ans, qui se dirigeait vers les policiers pour expliquer qu’il y avait des méthodes plus douces, a été poussée violemment à terre par un policier particulièrement agressif. Elle est tombée sur le dos, à plat, sur les pavés. Sa tête a failli heurter le bord du trottoir.
Cette lourde chute a suscité l’émoi parmi les personnes civiles présentes, nous avions compris que cela lui aurait pu être fatal. C’est une personne de notre groupe (signataire de ce courrier) qui a aidé cette dame à se relever. Les policiers n’ont apporté aucune assistance, aucun secours ni émis aucune excuse.
Une personne de notre groupe a demandé à un policier de contrôler le plus nerveux, qui avait poussé cette dame, car celui-ci semblait encore prêt à agir de la sorte. Une des jeunes femmes de notre groupe, reprochant à une policière d’assister goguenarde à la scène, sans bouger, en fumant une cigarette tout en tenant sa mitraillette pendant les heures de service, s’est faite traiter par cette policière de « Salope et de connasse mal baisée » (sic) !Une autre jeune femme de notre groupe, voulant filmer la violence des faits, s’est vue directement empêchée de le faire par un jeune policier néerlandophone. Elle a discuté de la gravité de la situation avec lui en néerlandais et français pour faire baisser son niveau de nervosité. Un des hommes de notre groupe, voulant participer à cette conversation (et épauler cette femme), s’est fait très fermement rabrouer par ce policier avec un « Monsieur, c’est pas à vous que je parle. » Voici l’explication du jeune policier à l’agressivité dont ses collègues ont fait preuve : « Ce sont des gens [NDLR : les festivaliers] qui ont deux fois mon âge. On ne doit pas leur demander 4 fois quelque chose. Il doivent comprendre tout de suite.«
Il faut comprendre l’état d’esprit des citoyens victimes de cette agressivité. Il y avait d’une part, la volonté de protester contre des actes et propos d’une violence injustifiée à l’encontre d’amis et d’autres festivaliers. Et, d’autre part, aussi la crainte de recevoir un coup de matraque, comme le faisait deviner la position physique prise par ces policiers, qui laissait à croire qu’ils étaient prêts à frapper d’autres personnes.Au final, les festivaliers maltraités se sont dispersés et les policiers sont vite repartis en fourgonnettes, sirène et gyrophare allumés pour brûler le feu rouge au croisement avec la rue Y. C’est vraiment peu dire que nous sommes encore choqués par ce que nous avons vécu. Habitués du Festival, nous savons que c’est un festival très calme et familial. Il y a des sorties de match de foot, des carnavals et des fermetures de cafés locaux plus tumultueux que cet événement.
Nous ne comprenons pas pourquoi, dans un cadre aussi calme, cette équipe de police en est arrivé à :
- considérer des citoyens belges moyens, adultes de 30-40 ans, discutant joyeusement entre eux avant de rentrer à la maison, comme un danger public ;
- traiter les groupes présents comme des hooligans ou des émeutiers armés d’objets blessants ;
- provoquer une escalade de violence ;
- se retrouver dépassés et stressés par la présence d’un groupe pacifique, au point que ce fût aux citoyens à leur demander de se calmer ;
- laisser un ou plusieurs collègues se défouler sur ces citoyens ou s’amuser de la situation.
Nous ne comprenons pas comment ces policiers en sont venus à confondre leur rôle, qui est d’assurer la protection et la sécurité des citoyens, avec un affrontement, comme si nous étions des bandes rivales. Nous souhaitons que ce type de dérapages ne se reproduise plus. Deux personnes auraient pu se retrouver à l’hôpital. Pour les autres, comme nous, c’est à se demander s’il est encore possible de participer à des activités organisées dans notre ville et par la Ville de Bruxelles sans se faire insulter, menacer et bousculer par les forces de l’ordre. »
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
X | Étranglement |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Menace avec une arme de poing | |
X | Agressivité, manque de respect, insultes |
Refus de soins ou de médicaments | |
X | Propos sexistes |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
X | Passivité des collègues policiers |
X | Défaut ou refus d’identification des policiers |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
X | Obstacle à la prise d’images |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
X | Absence de procès-verbal |
- Témoignage ObsPol