Décembre 2018, Bruxelles
Gazé, brutalisé, poursuivi
R. : « Je n’ai évidemment pas porté plainte car il me semble absurde de m’adresser à la police pour me plaindre de la police«
Où il ne fait pas bon contester la toute-puissance des policiers dans l’exercice de la violence « légitime »…
« Alors que je quittais mon lieu de travail pour me rendre chez des amis à 200 mètres, vers minuit, je menais une discussion animée avec un ami au cours de laquelle j’ai bousculé une trottinette électrique la faisant chuter sur le trottoir.
Une patrouille de 6 policiers est alors arrivée nous enjoignant de manière très agressive de nous « mettre face au mur les mains sur la tête« . Je n’ai pas obtempéré immédiatement, leur demandant alors a ce que cela se fasse « calmement et poliment« , ce à quoi l’officier a répondu en lançant à la ronde « ous êtes tous témoins qu’il ne veut pas obéir et qu’on utilise la force« , tentant ensuite une clef de bras de laquelle je me suis extrait en répétant que « Non je suis calme et on va faire ça tranquillement« .
Un deuxième officier s’est joint à lui et ils m’ont attrapé chacun un bras, me les retournant dans le dos. Ayant des douleurs chroniques aux épaules, cela me faisait très mal, je me suis donc débattu en leur demandant « d’arrêter parce que ça fait très mal« . Ils m’ont ensuite plaqué au sol, j ai continué a tenter de m’extraire car je souffrais, deux autres se sont joints à eux, ils m’ont finalement maîtrisé, chacun se tenant sur chacun de mes membres, et l’un d’eux m’écrasant alors la cheville à plusieurs reprises en sautant dessus.
Pendant cet épisode au sol qui a duré un long moment, une seconde patrouille de 6 est venue observer les faits, faisant circuler agressivement les passants et automobilistes que mes cris de douleur intriguaient, et dissuadant mes trois amis présents d’intervenir. Puis ils m’ont mis les menottes, et alors que j’étais toujours plaqué au sol, deux policiers en civil sont descendus d’une voiture, et l’un d’eux a immédiatement posé son genou sur ma nuque en déclarant « Alors c’est lui qui vous fait des problèmes ? » Puis il m’a aspergé le visage de lacrymogène, en me disant « Et ça, tiens, c’est pour la route ! » Il m’a mis plusieurs coups de genou sur le crâne. Ils m’ont ensuite porté par les bras et les jambes pour me jeter dans le camion, forçant une nouvelle fois sur mes épaules.
Après cette agression, j’ai évidemment refusé toute forme d aide au commissariat. Lors de ma sortie au petit matin, lorsque l’officier me rendant mes affaires m’a dit « On a porté plainte contre toi« , je pensais sincèrement que c’était ironique. Je n’ai évidemment pas porté plainte car il me semble absurde de m’adresser à la police pour me plaindre de la police, et les faits s’étant déroulés à une minute du restaurant où je travaille, je craignais certaines formes de représailles, l’un d’eux ayant déclaré « bien connaître l’endroit » lors de mon interrogatoire.
J’ai finalement été convoqué pour être auditionné à propos de mes « violences sur officier de police judiciaire » et suis dans l’attente d’un jugement au pénal.
Les rapports d’inspecteurs qu’on m’a lu au commissariat sont d’une mauvaise foi des plus écœurantes. J’ai depuis très peur que la moindre interaction avec un policier ne dégénère très rapidement, car mon ressentiment est grand de m’être fait agresser puis désormais racketté.
Je fais régulièrement des cauchemars de brutalités policières et des angoisses s’ensuivent où je me sens comme étouffé. On m’a prescrit des anxiolytiques à cet effet mais je pense que cette nouvelle haine que je leur porte et la rébellion face à la terreur qu’ils nous imposent au quotidien est vitale et justifiable. Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, ça fait du bien d’écrire. »
Violences physiques
X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
X | Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage |
X | Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
X | Clés aux bras douloureuses |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
X | Usage de spray lacrymogène |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
X | Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Menace avec une arme de poing | |
X | Agressivité, manque de respect, insultes |
Refus de soins ou de médicaments | |
Propos sexistes | |
X | Propos homophobes |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
X | Passivité des collègues policiers |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
X | Intimidation ou arrestation des témoins |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Absence de procès-verbal |
- Témoignage ObsPol