17 octobre 2025, Square de l’Aviation – Anderlecht
18-30 ans. Bousculée, plaquage ventral, écrasée, gazée, karshérisée, matraquée : choquée, ecchymose au crâne, oedème au coude, mobilité réduite de l’index, des articulations de la main et de l’épaule, et sensibilité marquée au genou
Expulsion de Zone Neutre, 17 octobre 2025
“Le matin du vendredi 17 octobre, je me suis rendue au square de l’aviation pour soutenir le collectif Zone Neutre, à la suite de la dernière menace d’expulsion. Il est à peu près 6 heure du matin quand j’arrive avec mon amie devant le bâtiment où plus de 400 personnes sont déjà présentent pour bloquer l’expulsion de 70 personnes qui y logent. L’atmosphère est chaleureuse, des croissants et du café sont mis à disposition, nous jouons au ballon et nous échangeons ensemble.
On nous informe que des brigades de policiers se forment à la gare du midi, et qu’ils vont se rapprocher de nous. On se positionne alors devant les deux portes d’entrée, et nous nous serrons les uns contre les autres, en se croisant les bras. En une fraction de seconde, des dizaines de policiers nous encerclent, j’aperçois deux pompes à eau et des chiens au loin. J’entends des cris et des coups provenant de l’autre côté du château gonflable additionnés à des jets d’eau. Les policiers percent le château gonflable et arrivent en face de nous. Ils arrachent la banderole que nous portions devant. Ils envoient du gaz lacrymogène à répétition, visant directement les yeux, souvent plus de 10 secondes.
Nous, manifestants, ne cessions de crier et de répéter : « on fait ça pour les enfants ».
Des coups de matraques tombent. Des camarades se font arracher du blocage et ensuite tabasser. De mon côté je reçois des coups de matraque sur mon épaule, mon coude, ma tête, ma main, mes jambes. Il ne reste plus beaucoup de manifestants devant la dernière porte et je me retrouve en première ligne, dos aux policiers. Je sens des mains m’agripper de tous les côtés, mais je continue de m’accrocher à mes camarades. Brusquement, une main m’arrache et me met à terre. J’ouvre les yeux et dix policiers m’encerclent, toutes leurs matraques levées au ciel. Ils me poussent de policier en policier et m’escortent vers l’extérieur de leur périmètre établi.
Je me retrouve étouffée, j’ai du mal à respirer, je ressens de la peur pour les sans-papiers qui sont à l’intérieur. Je ne comprends pas ce qui vient de m’arriver et je commence à sentir une grande douleur au niveau de ma main. Je n’arrive plus à la bouger.
Par la suite ils disposent leur fourgon en cercle pour cacher la suite de l’expulsion. Nous restons là, mais les rangées de policiers nous font reculer en utilisant les mêmes menaces : gaz, matraques, … Un manifestant reste stoïque et décide de ne pas reculer face aux boucliers. En un instant, il est saisi hors du groupe.
Habitée par une indignation de trop, je proteste et essaye de le récupérer. Mais un policier m’envoie aussitôt un gros coup de matraque dans l’entre-jambe. Et le camarade se fait embarquer devant nos yeux.
Nous avons interpellé une policière qui semblait diriger l’opération. Elle affirmait que la famille serait directement relogée, ce que nous avons contesté en rappelant qu’ils allaient être mis à la rue et qu’une solution plus digne, même provisoire, aurait pu être trouvée. Elle nous a répondu qu’elle n’en savait rien, en se justifiant de ne pas venir de Bruxelles à plusieurs reprises.
La suite fut indécente car les policiers ont simplement apporté une benne, y ont jeté le château gonflable percé et les affaires devant leurs yeux.
Dans l’après-midi, un médecin a confirmé les blessures que je ressentais : une ecchymose sur le côté gauche du crâne, un gonflement douloureux au coude gauche, ainsi qu’une mobilité réduite de l’index et des articulations de la main droite. Elle a aussi noté une limitation au niveau de mon épaule droite et une sensibilité marquée au genou droit.
Une semaine après, je me sens toujours choquée, je n’arrive pas à mobiliser ma main et les hématomes sont toujours douloureux. Mais au-delà des coups, une profonde colère m’habite depuis, celle de m’être faite tabasser pour le première fois de ma vie et par des policiers. Et puis la colère et l’indignation que je ressens d’avoir vu déloger des personnes dans l’indignité et l’humiliation pour continuer à contribuer à un monde capitaliste qui consomme le vivant.”
Violences physiques
| Arrestation | |
| Détention | |
| X | Bousculade / projection |
| X | Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral |
| “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux) | |
| Clés aux bras douloureuses | |
| X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
| Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage | |
| Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
| Coups sur les oreilles | |
| Étranglement | |
| Doigts retournés | |
| X | Arrosage |
| Morsures de chien | |
| Tirage par les cheveux | |
| Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
| Tirage par les colsons ou des menottes | |
| X | Sévices sexuels |
| “Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police) | |
| Usage de gants | |
| Usage d’arme à feu | |
| Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
| Usage de FlashBall | |
| Usage de grenade assourdissante | |
| Usage de grenade de désencerclement | |
| Usage de grenade lacrymogène | |
| Usage de LBD40 | |
| X | Usage de matraques |
| X | Usage de spray lacrymogène |
| Usage de Taser | |
| Usage de tranquillisants | |
| Expulsion | |
| Disparition |
Violences psychologiques
| Accusation de trouble à l’ordre public | |
| Accusation d’entrave à la circulation | |
| Accusation de rébellion | |
| Accusation de coups à agent | |
| Accusation de manque de respect | |
| Accusation de menace à agent | |
| Accusation d’injure à agent | |
| Accusation de manque de respect | |
| Accusation de refus d’obtempérer | |
| X | Agressivité, manque de respect, insultes |
| X | Intimidation, chantage, menaces |
| Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
| Intimidation ou arrestation des témoins | |
| Obstacle à la prise d’images | |
| Appels à faire cesser les souffrances restés sans effet | |
| Position inconfortable prolongée | |
| Non-assistance à personne en danger | |
| Prise de photos, empreintes, ADN | |
| Menace avec une arme de poing | |
| Tir dans le dos | |
| Charge sans avertissement | |
| X | Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) |
| Course-poursuite | |
| Propos sexistes | |
| Propos homophobes | |
| Propos racistes | |
| X | Intervention dans un lieu privé |
| Problèmes de santé mentale | |
| Harcèlement | |
| Fouille | |
| Perquisition | |
| Violences de la part de collègues policiers | |
| Passivité des collègues policiers | |
| X | Défaut ou refus d’identification des policiers |
| Refus de prévenir ou de téléphoner | |
| Refus d’administrer un éthylotest | |
| Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
| Refus d’acter une plainte | |
| Refus de soins ou de médicaments | |
| X | Mensonges, dissimulations, disparition de preuves |
| Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
| Flexions à nu devant témoins | |
| Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
| Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
| Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
| Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
| X | Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels |
| Pression pour signer des documents | |
| X | Absence de procès-verbal |
| Complaisance des médecins |
- Témoignage ObsPol
- Avocats :
- Collectifs :
- Cagnottes :
- Dernière mise à jour : il y a 12 heures - Publié le

