26 novembre 2023, Manif contre les violences faites aux femmes – Bruxelles
Arrêtées, fouillées, accusées de trouble à l’ordre public : SAC 350€
Avant même le début de la Manif contre les violences faites aux femmes, les consignes avaient été données par les politiques
21 personnes ont été arrêtées au Mont des Art, pour la plupart d’entre elles, du collectif Collages féministes Bruxelles.
Témoignage de Mila :
« Nous nous étions donné rendez-vous à 13h30 et nous étions simplement en train de discuter quand des policiers à vélo sont arrivés. Ils sont passés deux fois puis ont commencé à nous encercler. On pensait au début qu’il s’agissait d’un simple contrôle d’identité, mais plusieurs combis sont arrivés et on a compris qu’ils allaient nous emmener au commissariat.
« [Trouble à l’ordre public] C’est le motif qu’ils nous ont donné, mais on n’avait même pas encore commencé à coller ! Les policiers qui sont arrivés avec les combis étaient plus agressifs, ils nous ont fouillé·es et nous ont mis les colsons. On ne comprenait vraiment pas ce qu’il se passait. C’était une réaction disproportionnée. Ils auraient pu confisquer notre matériel et nous relâcher, mais ils ont décidé de nous arrêter. Nous avons demandé pourquoi et un des policiers a répondu que c’était un ordre de Philippe Close.«
Témoignages du Collectif Collages féministes étudiant.e.s
« Quand je suis arrivée sur les lieux de la manifestation, j’ai assisté à l’arrestation des colleureuses de Collages féministes Bruxelles, certaines étaient en pleurs, cela donnait déjà le ton », explique l’une d’entre elles. « Nous avions fait des collages la veille et tout avait déjà été nettoyé. En voyant nos sacs et la colle, les policiers ont contrôlé nos cartes d’identité et nous ont menacées en disant que c’était une zone neutre et que nous n’avions pas le droit de coller, qu’on recevrait un PV et une amende s’ils retrouvaient des collages, mais on ne peut même pas manifester dans une zone neutre, c’était donc surtout de l’intimidation. »
« On était suivies en permanence par deux policiers en civil, qui nous surveillaient. Nous avons déjà participé à des manifestations pour coller le long du parcours : le 25 novembre l’année dernière et le 8 mars. L’ambiance était très différente. Les policiers et policières ont arraché chaque collage qui était sur leur chemin. »
« Vers la fin de la manifestation, on a senti que des policières se rapprochaient de nous, et on a commencé à courir parce qu’on ne voulait pas être arrêtées. J’ai été rattrapée et plaquée au sol, on m’a fouillée, mis les colsons et mise dans un fourgon de police qui était placé derrière le Mont des Arts. Une dizaine personnes est arrivée vers les policiers et a demandé pourquoi on m’arrêtait. D’un coup, ces personnes ont été nassées contre un mur, une membre du collectif a été violemment plaquée au sol et en garde des bleus, les gens étaient menacés avec du gaz lacrymogène. Les policiers et policières étaient agressifs. A ce moment-là, un attroupement s’est créé : des gens qui participaient à la manifestation sont arrivés en nombre et ont demandé que ces personnes soient relâchées. Grâce à cela, les policiers ont fini par les laisser partir. »
« Ils ont menacé de m’attribuer aussi des tags, mais je n’avais même pas de matériel pour taguer sur moi ! Même si je sais que c’est illégal et que je prends des risques, je suis encore étudiante et c’est une grosse somme »
« Comme l’a prouvée cette répression policière importante, on essaie de nous faire taire. Mais nous n’arrêterons pas de coller, nous refusons de nous laisser silencier. Nous collons des slogans contre le patriarcat dans les rues de Bruxelles depuis maintenant deux ans avec notre collectif que ce soit la nuit ou durant des manifestations. Ce moyen de militer peut sembler radical mais lorsque nous le mettons en perspective avec la violence subie au quotidien par les personnes sexisées nous comprenons sa légitimité : une feuille et de la colle par rapport à des agressions permanentes allant jusqu’au féminicide. On ne fait pas ces actions par plaisir. On le fait parce que c’est important. Il nous restait plein de slogans que nous n’avons pas pu coller dimanche à cause de la répression policière : le groupe les a collés aujourd’hui »
« Nous avons décidé d’utiliser ce moyen de militer car historiquement et encore actuellement la parole des personnes sexisées n’est pas entendue. Nous sommes sous-représentées dans la sphère politique et médiatique ce qui nous empêche de pouvoir nous exprimer. Coller nos slogans dans la rue nous permet alors de faire entendre nos voix. »
« Cela nous permet de nous réapproprier l’espace public et de toucher des gens qui ne sont pas sensibilisés par les sujets féministes. C’est très fort et très beau de voir des personnes coller des slogans auxquels elles ont longuement réfléchi. C’est comme faire pousser des petites graines dans la tête des gens et les toucher là où ils ne s’y attendent pas : quand ils marchent dans la rue. »
Témoignage de S., qui filmait les colleuses pour un média indépendant
« Un de policiers a estimé que je faisais partie du collectif et a exigé que je sois contrôlée aussi. Je me suis retrouvée nassée avec les colleureuses. Ma carte d’identité a été prise en photo et on m’a mis les colsons. Je ne comprends vraiment pas. Ce n’était pas nécessaire, il n’y avait aucune résistance de la part de ce groupe. »
Témoignage de Brieuc Van Elst, photographe
« Je suis encore très choqué par ce que j’ai vu lors de cette manifestation, je ne m’attendais pas à ça. Il y a eu trop de policiers et trop de violences par rapport aux faits, en plus dans une manifestation qui porte un message contre les violences faites aux femmes. Je n’ai vraiment pas compris, d’habitude en Belgique, la police se fait discrète lors de manifestations, sauf s’il y a de grosses dégradations. Ici, les policiers en uniforme et en civil étaient vraiment visibles, c’était plus proche d’un maintien de l’ordre à la française. Mon sac a été fouillé avec mon matériel, malgré ma carte de presse. Il y a eu une vraie chasse aux colleureuses, tout le long de la manifestation.«
La version de la police
Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police Bruxelles Ixelles :
« Ces personnes ont fait l’objet d’une arrestation administrative à titre préventif. Ils étaient en possession de matériel pouvant être comme potentiellement destiné à dégrader des bâtiments publics. L’année dernière, plusieurs personnes avaient profité de la manifestation pour créer du désordre et apposer des graffitis sur le parcours et notamment sur le Mont des Arts.«
La version du bourgmestre Philippe Close
« La liberté d’expression est sans doute une des valeurs les plus défendues en termes de manifestation à Bruxelles, mais il faut que chacun joue un peu son rôle et qu’on prenne en compte la détérioration de l’espace public qui est un vrai problème. Comment faire pour expliquer qu’une manifestation contre la violence faite aux femmes, aussi louable et importante que soit la cause, puisse coller sur des bâtiments publics, classés ou pas, et qu’une autre cause tout aussi louable ne pourrait pas le faire. Nous avons plus de 1000 manifestations par an.«
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Arrosage | |
Morsures de chien | |
Pare-chocage (percussion par un véhicule de police) | |
Tirage par les cheveux | |
X | Serrage douloureux des colsons ou des menottes |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Usage d’arme à feu | |
Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
Usage de FlashBall | |
Usage de grenade assourdissante | |
Usage de grenade de désencerclement | |
Usage de grenade lacrymogène | |
Usage de LBD40 | |
Usage de matraques | |
X | Usage de spray lacrymogène |
Usage de Taser |
Violences psychologiques
X | Accusation de trouble à l’ordre public |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Menace avec une arme de poing | |
b | Agressivité, manque de respect, insultes |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
X | Intimidation ou arrestation des témoins |
X | Obstacle à la prise d’images |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Absence de procès-verbal | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
X | Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) |
Position inconfortable prolongée |
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- Dernière mise à jour : il y a 11 mois - Publié le