17 juin 2006, Alost
38 ans. Abattu dans le dos par un tir policier
Ceylan, ouvrier gantois de 38 ans et père de 3 enfants, a été abattu par un policier vers 2:30 du matin le samedi 17 juin. Les médias et la police ont déclaré que l’homme était îvre et avait pris la fuite lors d’un contrôle d’alcoolémie. Après être monté dans la voiture de police, il se serait soudainement enfui à nouveau. Les flics l’ont poursuivi. « Un officier l’a poursuivi et lui a « accidentellement » tiré dessus. Ceylan a été touché au dos et est décédé le 24 juin à l’hôpital OLV d’Alost.
Cet acte extrêmement agressif a déjà fait beaucoup de bruit au sein de la communauté turque d’Alost. La famille de Ceylan a déclaré qu’il s’agissait de motivations racistes. Un proche de la victime a déclaré que Ceylan avait entendu l’un des policiers faire une remarque raciste. Ceylan aurait alors refusé de parler plus longtemps à ce policier. Il était prêt à se soumettre à un test d’alcoolémie, mais ne voulait plus s’associer avec l’agent en question. Il s’est éloigné, puis il a été abattu.
« Il n’y a pas de racisme. C’est absolument hors de question », a déclaré Denis Bergmans, chef de la police d’Alost, répondant aux déclarations de certains proches de la victime, qui ont laissé entendre que le tireur « pourrait être un raciste« .
Le parquet de Termonde évoque un accident mais une instruction a néanmoins été ouverte, un juge d’instruction chargé de l’affaire et un expert en armement nommé.
À ce jour, la police et la justice nient qu’il y ait eu racisme. Selon eux, il s’avère être « une erreur regrettable » L’agent a peut-être été fautif et sera sanctionné si tel est le cas.
« Nous avons du mal avec l’histoire. D’autant plus qu’ils disaient que ce n’était pas un jeune agent inexpérimenté, mais un homme avec plus de 20 ans d’expérience« , dit Izzet Cal, beau-frère de Ceylan. « D’accord, il avait bu, mais qui n’en boit pas de temps en temps. Il y avait deux des officiers qui l’ont arrêté. Ils auraient pu simplement l’attraper. Pourquoi avaient-ils besoin d’une arme ? Mon beau-frère n’était pas armé. Il n’avait même pas de couteau.«
- Pourquoi deux flics ont-ils tiré dans le dos d’un homme ivre qui s’éloigne ?
- Comment peut-on parler d’« accident » alors qu’il faut 1) désactiver la sécurité d’une arme et 2) appuyer sur la gâchette pour tirer ne serait-ce qu’un seul coup ? « Ils nous ont dit que l’officier voulait en fait tirer en l’air. Mais la gâchette aurait été appuyée trop rapidement parce qu’il n’y avait aucune sécurité sur l’arme« , explique Izzet Cal.
Au sein de la jeunesse turque d’Alost, le mécontentement était particulièrement perceptible : de nombreux jeunes voulaient organiser une manifestation pour dénoncer la situation. Pire encore, la famille n’a reçu aucune forme d’excuse ou de sympathie, pas même de la part du conseil municipal.
La famille a reçu de nombreux messages de soutien de la part des riverains. Des fleurs ont été déposées à l’endroit où Ceylan avait été abattu. Entre-temps, le comité « Hand in Hand » a également été rétabli à Alost : composé de plusieurs personnes et organisations qui travaillent avec la communauté turque sur une manifestation qui aura lieu en septembre. La veille de la commémoration, le comité a été convoqué à la police pour organiser les modalités pratiques, mais aussi pour garantir qu’il y aurait son propre service de sécurité, dont 10 noms étaient demandés. Craignant des émeutes, le Bourgmestre De Maght a promis de ne pas avoir de policiers en uniforme sur place afin de ne pas provoquer les participants à la commémoration. La cérémonie commémorative était sereine. Il y avait environ 80 personnes présentes, dont des gens de GREEN ! , ABVV, VZW Vredeshuis , PVDA et .. agents en civil !
Walter Zinzen a récemment écrit un article d’opinion dans De Standaard intitulé « 2 poids, 2 mesures » dans lequel il s’élève contre la manière dont les médias et l’opinion publique ce cas de « violence insensée ». Il écrit : « Les réactions à la mort de l’Alostois sont beaucoup plus laconiques. Le parquet annonce froidement qu’une « enquête » va être ouverte, mais que tout pointe vers un « accident ». Personne ne mentionne un meilleur contrôle de l’usage des armes à feu par la police. Il ne s’agit pas du tout d’inconduite policière… Nous sommes déjà arrivés jusque-là : que les crimes sont considérés à la lumière de l’appartenance ethnique des auteurs et des victimes ».
- 00.00.2006 – Ouverture par le Parquet de Termonde d’une enquête; nomination d’un juge d’instruction de l’affaire et d’un expert en armement.
- 24.06.2006 – Décès de Ceylan
- 17.06.2006 – Interpellation de Ceylan et « tir accidentel »
