Mai 2016, N.
Arrêté pour son bien et détenu dans une cellule cinq étoiles
G. : « On m’a foutu deux heures et demie dans la pisse et le sang en oubliant la clef«
Où les policiers décident, pour « extraire un manifestant » d’une situation tendue sur le terrain, de l’arrêter et de le mettre en cellule…
« Dans une manifestation syndicale, moi et des camarades venions montrer notre solidarité avec des camarades en procédure judiciaire. S’en est suivie une altercation avec quelques syndicalistes. La police (civile) s’en est tout de suite mêlée faisant grimper la tension. La situation devenant tendue, les flics en civil décident de m’extraire plus loin. Le commissaire me connaît, « Je t’ai déjà convoqué, je vais t’arrêter ». Je lui demande pour quelle raison, des passants aussi, il répond qu’il me connaît, qu’il a fait ça pour m’aider, pour que je ne me fasse pas frapper. Je lui demande alors pourquoi la garde a vue. « C’est juste le temps que la manif passe… me rétorque-t-il. Des policiers de la brigade canine se ramènent (sans chien) et m’embarquent. Au commissariat la fouille (toujours la brigade canine)… puis rien … Ni notification sur l’arrestation judiciaire ou administrative, ni de l’heure, ni si je veux un avocat ou un médecin. On me met en cellule.
Je rentre, elle est remplie de pisse… Je le dis au flic il me répond : « Je ne sais pas ce que c’est »… et il se barre. Après 10 minutes l’odeur est intenable. Je frappe, je gueule, personne… Là je me rends compte qu’il y a du sang séché partout. Sur la vitre où je frappais aussi … Je hurle pendant peut-être une heure après un médecin. Avant de voir un autre policier me demander ce que je voulais, je lui montre le sang, lui demande des nouvelles de ma garde à vue. Il me répond qu’il ne savait même pas que j’étais là et qu’il va voir ce qu’il peut faire…
Le temps passe, je ne tiens plus, l’odeur est insoutenable, je dois pisser aussi. Je hurle, je toque je fais des gestes à la caméra mais toujours personne… Obligé de me soulager aussi dans cette flaque à mes pieds. Après une heure, le flic revient pour me dire « Tu es libre » … les autres cellules étaient libres et clean … On voulait « me sauver la vie » mais on m’a foutu deux heures et demi dans la pisse et le sang en oubliant la clef ! »