20 octobre 2011, Zaventem
Frappé à la nuque, il tombe et perd 2 dents
G. : « Je ne fais que pleurer »
Racontez moi depuis combien de temps vous êtes dans les centres fermés.
Depuis le 29 Août
Vous êtes arrivé en Belgique à ce moment là ?
Oui, je suis arrivé à l’aéroport et j’ai demandé l’asile. On m’a amené dans le centre 127. J’y suis resté environ 3 semaines. Puis on m’a donné une réponse négative. Ils ont prévu un jour de départ pour moi, c’était le 23 septembre. Je suis allé à l’aéroport mais j’ai refusé d’être rapatrié. Alors on m’a envoyé dans le centre de Bruges où je suis resté 1 mois.
Puis ils ont prévu une nouvelle expulsion. C’était le 20 octobre. Quand je suis arrivé à l’aéroport, je leur ai expliqué que j’avais invoqué des éléments nouveaux, que mon avocat avait envoyé ça chez l’assistante sociale, mais qu’elle ne les avait pas envoyé à l’office. Comment pouvez-t-il me rapatrier dans ces conditions ?
Ils m’ont dit que ce n’était pas leur problème, que c’était la décision de l’office et qu’il fallait que je parte. Comme ils voulaient me rapatrier, un policier m’a frappé, je suis tombé par terre. Ils m’ont attaché les pieds. Ils voulaient aussi m’attacher les mains, mais comme j’ai résisté, un policier m’a donné un coup de pied dans la nuque. Ma tête a cogné le bitume et ça m’a cassé deux dents.
Ils ont dit : “Puisque c’est comme ça, on va appeler le docteur de l’aéroport, il va te faire une piqûre, tu ne vas plus rien comprendre et on va t’emmener comme ça”
Quand le docteur est arrivé, j’ai refusé la piqûre car j’avais entendu ce que les sold… euh, les policiers avaient dit. Donc le docteur ne m’a pas fait la piqûre et m’a dit de rester calme, que la voiture du centre allait venir me chercher.
Je suis retourné au centre de Bruges. C’était le dimanche, il n’y avait pas de docteur, donc je suis resté comme ça en train de saigner. Le lendemain, le docteur m’a seulement donné un médicament et fait une attestation médicale. On m’a mis dans une cellule séparée du groupe parce que j’avais les dents cassées et le mardi, ils m’ont changé de centre. Maintenant je suis ici au 127bis.
Et vous venez de quel pays ?
Je suis d’origine congolaise, mais j’ai pris l’avion en Angola.
Et ils ont voulu vous renvoyer en Angola ?
Oui
Et vous avez fait constater ces blessures par le médecin ?
Oui, il a constaté, il a fait une attestation.
Et maintenant, vous attendez des suites à tout ça ? Vous allez encore être expulsé ?
Mon avocat a demandé une liberté provisoire à cause de ma santé. Vu comme je souffre, je ne peux pas rester dans un centre fermé. Le tribunal a accepté la mise en liberté, mais les gens de l’office des étrangers ont fait appel. Je ne sais pas, il faut que je reste ici, dans ce lieu de détention.
Et comment ça se passe dans le centre ?
Pour moi c’est vraiment très difficile parce que je suis souffrant, je n’arrive pas à dormir. Pendant la journée ça va encore, mais pendant la nuit, ma tête chauffe, ça bat très fort. Et puis là où les dents entrent dans la chair, ça me fait tellement mal !
Et on ne vous a pas fait des radios ?
Non. Les médecins ont juste constaté.
Et vous recevez des médicaments ?
Ils me donnent seulement des médicaments pour les maux de tête et des médicaments pour dormir.
Mais je n’arrive pas à dormir. Je ne fais que pleurer.
- Témoignage Getting The Voice Out