Juillet 2013, Bruxelles
Renversé par une voiture, insulté, humilié et tabassé
M. : « J’étais seul allongé sur la civière. L’un des policiers s’est approché de moi et m’a asséné 5 ou 6 coups de poings sur le crâne«
M. est sans-papier. Renversé à vélo par un automobiliste qui a fait demi-tour sur la chaussée et est immédiatement reparti, il est emmené sans ménagement à l’hôpital, où… l’un des policiers le roue de coups en essayant de lui faire avouer son adresse après avoir soigneusement fermé la porte de la chambre…
« Je circulais à vélo sur la bande de gauche sur le boulevard A. à Bruxelles, me préparant à tourner. C’est à ce moment qu’une voiture m’a heurté à toute vitesse en voulant faire demi-tour. Elle m’a renversé et ma jambe droite s’est retrouvée coincée sous la roue. Très vite, la voiture a bougé. Des passants m’ont proposé d’être témoins de l’accident, mais étant sous le choc et la douleur je n’ai pas réagi à cette proposition.
Deux policiers à vélo sont arrivés. La passagère du véhicule qui m’a renversé ne cessait de me crier que je faisais du cinéma. Une ambulance et une autre patrouille de police sont ensuite arrivés sur les lieux. Je me souviens que lorsque j’étais couché sur la civière dans l’ambulance, un policier s’est tenu au-dessus de moi et a dit également : « Arrête ton cinéma !« .
Les policiers m’ont demandé mon adresse mais pris de peur et de douleur, je ne l’ai pas donnée : je suis sans-papiers. L’ambulance m’a emmené à l’hôpital. Je ne pense pas qu’il y avait des policiers dans l’ambulance le temps du trajet. Aux urgences, je criais et pleurais sous l’effet de la douleur et de l’énervement contre le chauffeur de la voiture. J’étais assez agité. Le personnel soignant est venu plusieurs fois me dire : « Calme-toi sinon tu iras en chambre seul ! » Une infirmière plus compréhensive m’a permis de tenir sa main pour me réconforter. Je ne cessais pas d’invectiver le chauffard, mais pas du tout le personnel des urgences à qui je disais « Ne vous inquiétez pas, je suis gentil« .
Sans cesse tournaient dans ma tête des images de peur de perdre ma jambe, des conséquences de ma situation de sans-papiers, de douleur. On m’a conduit dans une chambre isolée. En me déplaçant mon genou blessé par l’accident s’est retrouvé coincé entre le mur et la civière. J’ai crié pour prévenir l’infirmière.
Seul dans cette pièce une minute plus tard une infirmière (l’agent de sécurité) ouvre la porte, deux policiers entrent et la porte se referme sur eux. J’étais seul allongé sur la civière. L’un des deux policiers au moins était présent sur le lieu de l’accident : c’est lui qui s’est approché de moi et m’a asséné 5 ou 6 coups de poings sur le crâne en me criant : « Dis-moi ton adresse ! Dis-moi ton adresse ! Calme toi ! » . L’autre policier n’a pas bougé, n’a pas tapé, il a juste regardé sans intervenir. J’ai crié et pleuré en disant : « Pourquoi tu me frappes ? » et j’ai donné mon adresse. Le policier a dit : « Tu n’as rien et tu pleures comme une fille ? Arrête ton cinéma » , puis « Ah ! Te voilà calmé ! » et j’ai répondu que c’était parce qu’il daignait me parler au lieu de donner des coups.
Le tout a duré une dizaine de minutes au cours desquelles personne du corps médical n’est venu voir ou se renseigner sur mon état. Ensuite les policiers ont ouvert la porte et se sont adressés au personnel soignant : « Voilà, vous pouvez entrer, il est calmé !« . Alors que je pleurais toujours, et plus fort qu’avant !
Les policiers sont restés dans l’embrasure de la porte et j’ai dit devant tout le monde : « Pourquoi tu m’as frappé ? J’ai jamais vu un policier frapper un accidenté« . On a enfin commencé à examiner mon genou. Les policiers sont partis, sans plus. Personne n’a réagi à ma dernière question. Ni à ce moment-là, ni par la suite. Alors que tout le monde a très bien entendu… »
Violences physiques
X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage | |
X | Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
X | Agressivité, manque de respect, insultes |
X | Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Refus de soins ou de médicaments | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
X | Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation |
X | Intimidation ou arrestation des témoins |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
X | Complaisance des médecins |
Absence de procès-verbal |
- Témoignage ObsPol