14 octobre 2025, boulevard Pacheco – Bruxelles
31-50 ans. Menacé, gazé, matraqué, frappé, arrêté et détenu : déprimé, main plâtrée avec une double fracture, douleurs lancinantes et 60 jours d’incapacité
Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
“À la manifestation nationale du 14 octobre 2025, devant l’Office des Étrangers à Bruxelles, j’ai reçu des coups de matraques à la main droite et sur le crâne, et d’autres coups, avant d’être violemment arrêté et emmené dans un parking où j’ai été victime et témoin de violences, de menaces et d’humiliations. Après un passage en cellule, j’ai été emmené à l’hôpital d’où je suis ressorti avec un plâtre – double fracture à la main droite.
Devant l’Office des Étrangers, je tenais une banderole. J’ai aperçu une ligne de policier·es en armures, une vingtaine de mètres plus loin. Des lacrymogènes se sont répandus. Il était difficile de garder les yeux ouverts, ça piquait. La panique s’est emparée des gens autour de moi. J’ai suivi un petit groupe qui s’est réfugié entre deux véhicules.
J’ai vu les policier·es qui arrivaient vers nous en brandissant leurs matraques. À côté de moi, une dame en vert, sans doute une syndicaliste de la CSC, avait l’air terrorisée. J’ai essayé de la protéger en me mettant entre elle et la police, et j’ai mis mes main en parapluie au dessus de sa tête. J’ai reçu un violent coup de matraque à la main droite. Les policier·es ont reculé, puis sont revenus pour frapper à nouveau. J’ai reçu plusieurs coups de matraque sur le crâne.
Je suis tombé assis sur le sol, sonné. Ma main droite me faisait très mal. Un homme avait le crâne ouvert et beaucoup de sang sur son visage. Plusieurs policier.es m’ont donné des coups de pied aux tibias, puis m’ont traîné par terre sur plusieurs mètres en tirant sur la capuche de mon pull, qui s’est déchirée.
Les policiers m’ont plaqué au sol en me tordant les jambes, ce qui faisait très mal, tout en me criant dans les oreilles. « Alors comme ça on s’attaque à la police ? On envoie des mortiers sur la police ? » Ils m’ont tordu les bras dans mon dos et ont attaché mes poignets avec un coleçon. Ils m’ont tiré par les bras pour me mettre debout dans une position qui m’empêchait de voir devant moi. Tête vers le sol, les bras en l’air, ils m’ont poussé dans une direction. J’ai entendu quelqu’un dire « Où est-ce que vous l’emmenez ? » J’ai eu un sentiment de terreur car j’ai pensé qu’ils allaient continuer à me tabasser à l’abri des regards.
Ils m’ont poussé à l’intérieur d’un parking, puis m’ont forcé à m’asseoir dans la position de « la chenille » derrière cinq-six personnes qui avaient été arrêtées. Une personne avait le visage en sang et une autre qui semblait perdre connaissance. D’autres personnes ont été assises derrières moi, dont une qui hurlait de douleur et demandait de l’eau. La policière qui nous surveillait a refusé de lui en donner. Plusieurs militant·es ont réclamé un médecin pour s’occuper des blessé·es. Un policier s’est appliqué à resserrer les coleçons aux poignets de chaque personne, malgré les protestations et les cris de douleur. Nous recevions des quolibets, des moqueries et des insultes, et celleux qui osaient répondre étaient giflé·es. Nous sommes resté·es plusieurs heures dans la position de la chenille et j’ai perdu la notions du temps.
Un policier a essayé de nous intimider : « Vous allez tous aller directement au tribunal. Nous savons tout ce que vous avez fait, car parmi vous il y a des nôtres, qui filment tout. »
Des ambulanciers sont arrivés et ont demandé à chaque personne si elle avait mal quelque part. J’ai dit que j’avais mal à la main, et l’ambulancier a répondu que ce n’était qu’une égratignure. Plusieurs personnes ont été emmenées par les ambulanciers pour être soignées, y compris celle qui était juste devant moi dans la chenille, qui avait mal aux côtes.
Pendant ces longues heures passées dans le parking, certaines personnes ont été relâchées ou emmenées par des ambulanciers, tandis que de nouvelles arrestations avaient lieu et que de nouvelles personnes affluaient. Ma main blessée à commencé à gonfler.
Une femme avec des cheveux roses a été giflée à l’instant où elle a été poussée à l’intérieur. L’homme qui était assis devant moi a été giflé lui aussi car il s’insurgeait contre le coup qui venait d’être porté. Une personne (elle avait l’apparence d’un homme, mais j’ai appris plus tard qu’on se referait à elle par le pronom elle) avait le visage ensanglanté. La policière lui a dit « Tu as pleuré comme une pétasse ».
Un policier m’a dit : « Vous vous conduisez comme des animaux, alors on vous traite comme des animaux. » et puis encore « Vous êtes tous les mêmes. Vous ne travaillez pas. Vous ne vous lavez pas. Même mon chien sent meilleur que vous. »
Les militant·es qui avaient leur carte d’identité étaient progressivement relâchées. Je n’avais pas ma carte d’identité. J’ai entendu un autre policier dire à un autre : « On fait quoi de ceux qui n’ont pas leur carte d’identité ? On les balance dans le canal ? »
Nous n’avons pas été balancé·es dans le canal mais dans un bus où nous avons été fouillé·es. J’ai poussé un cri de douleur lorsqu’un policier a tiré sur le coleçon qui serrait mes poignets. Il a demandé ce que j’avais. J’ai dit que j’étais blessé à la main, suite à un coup de matraque. Il m’a répondu que je n’avais qu’à pas mettre ma main sous une matraque.
Nous avons été emmenés à la caserne d’Etterbeek où j’ai été enregistré sous une fausse identité (Benjamin Netanyahu). Une fois en cellule, un militant a demandé un médecin pour son bras et je me suis joint à sa requête. Nous avons été emmenés tous les deux en ambulance et relâchés.
A l’hôpital, on a procédé à une radiographie de ma main droite qui a montré des fractures au niveau des mes troisième et cinquième os métacarpiens. On m’a posé une attelle plâtrée et des amis sont venus me chercher. Des policiers sont apparus dans la salle d’attente des urgences et nous avons soupçonné qu’ils soient venus se renseigner de nos identités auprès des urgentistes.
J’ai actuellement la main droite plâtrée, maintenue par une écharpe de bras, des douleurs lancinantes et l’impossibilité de travailler. Je suis droitier et ma main est mon instrument de travail.
J’ai des crises de tristesse récurrentes, je suis pris par des sanglots incontrôlés. Je suis déprimé et impuissant. Je me sens diminué.”
Violences physiques
| X | Arrestation |
| X | Détention |
| Bousculade / projection | |
| X | Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral |
| “Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux) | |
| Clés aux bras douloureuses | |
| X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
| Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage | |
| X | Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e |
| Coups sur les oreilles | |
| Étranglement | |
| Doigts retournés | |
| Arrosage | |
| Morsures de chien | |
| Tirage par les cheveux | |
| X | Serrage douloureux des colsons ou des menottes |
| X | Tirage par les colsons ou des menottes |
| Sévices sexuels | |
| “Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police) | |
| Usage de gants | |
| Usage d’arme à feu | |
| Usage de “Bean bags” (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
| Usage de FlashBall | |
| Usage de grenade assourdissante | |
| Usage de grenade de désencerclement | |
| X | Usage de grenade lacrymogène |
| Usage de LBD40 | |
| X | Usage de matraques |
| X | Usage de spray lacrymogène |
| Usage de Taser | |
| Usage de tranquillisants | |
| Expulsion | |
| Disparition |
Violences psychologiques
| Accusation de trouble à l’ordre public | |
| Accusation d’entrave à la circulation | |
| Accusation de rébellion | |
| X | Accusation de coups à agent |
| Accusation de manque de respect | |
| Accusation de menace à agent | |
| Accusation d’injure à agent | |
| Accusation de manque de respect | |
| Accusation de refus d’obtempérer | |
| X | Agressivité, manque de respect, insultes |
| X | Intimidation, chantage, menaces |
| Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
| Intimidation ou arrestation des témoins | |
| Obstacle à la prise d’images | |
| Appels à faire cesser les souffrances restés sans effet | |
| X | Position inconfortable prolongée |
| X | Non-assistance à personne en danger |
| Prise de photos, empreintes, ADN | |
| Menace avec une arme de poing | |
| Tir dans le dos | |
| X | Charge sans avertissement |
| Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) | |
| Course-poursuite | |
| X | Propos sexistes |
| Propos homophobes | |
| Propos racistes | |
| Intervention dans un lieu privé | |
| Problèmes de santé mentale | |
| Harcèlement | |
| Fouille | |
| Perquisition | |
| Violences de la part de collègues policiers | |
| X | Passivité des collègues policiers |
| Défaut ou refus d’identification des policiers | |
| Refus de prévenir ou de téléphoner | |
| Refus d’administrer un éthylotest | |
| Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
| Refus d’acter une plainte | |
| X | Refus de soins ou de médicaments |
| Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
| Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
| Flexions à nu devant témoins | |
| Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
| Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
| X | Privations pendant la détention (eau, nourriture) |
| Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
| X | Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels |
| Pression pour signer des documents | |
| X | Absence de procès-verbal |
| X | Complaisance des médecins |
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