Avril 1997, Bruxelles
Fracture du genou avec arrachement des ligaments après l’avoir faite tomber de sa chaise, 8 heures d’attente avant l’hôpital
T. : »Ce site sera pour moi la seule réparation à toutes les souffrances après ce traitement barbare«
En avril 1997, T. interpellée pour un banal contrôle d’alcoolémie à Bruxelles, est loin de s’attendre au traitement qui va lui être infligé. Et qu’elle revit encore, jour après jour, depuis ce cauchemar…
« J’ai été amenée au commissariat après un accident de voiture, pour un contrôle d’alcoolémie. Le policier me demande de souffler dans l’alcootest et, en s’accroupissant en face de moi à mes genoux, il me donne l’appareil et me met ses deux mains sur les genoux comme pour les écarter. J’ai pris peur et n’ai pas soufflé dans l’appareil.
Il m’emmène alors dans un bureau et me fait asseoir sur une chaise à roulettes. Quelqu’un est arrivé derrière moi et a retiré la chaise sur laquelle j’étais assise. Je tombe violemment à terre et mon genou a littéralement explosé.
Les policiers me relèvent et me font rasseoir sur la chaise. Il m’ont gardée dans ce bureau la jambe pendante et dans d’atroces souffrance, il m’ont sommée pendant des heures de signer une déclaration comme quoi je refusais l’alcootest. Quand ils ont vu mon pantalon se distendre à cause du gonflement de mon genou, ils ont appelé le médecin, pas pour mon genou, mais pour faire constater que je refusais et l’alcootest et la prise de sang.
Je n’étais à ce moment plus en mesure de décider ou pas, la seule chose que je pouvais faire c’était les supplier d’appeler une ambulance. Le médecin, qui m’avait demandé si j’acceptais ou pas de faire une prise de sang pour l’alcool, a discrètement dit à l’un des policiers qu’il redoutait effectivement un problème au genou : à ce moment-là toute ma jambe avait enflé…
8 heures après être arrivée au bureau de police, ils ont enfin appelé une ambulance. Pour moi l’enfer n’était pas fini. Diagnostic : fracture du genou avec arrachement osseux.
Ma plainte à la gendarmerie n’est jamais arrivée au Comité P car elle n’a jamais été transmise par la gendarmerie.
Il m’a fallu 1 an pour me remettre de cette violence, de la fracture, de la dépression et des multiples hospitalisations. Des années d’angoisse à l’idée de rencontrer les policiers qui m’ont fait vivre un enfer…
Aujourd’hui, seize ans après, j’y pense tous les jours que Dieu fait en me disant que j’ai eu de la chance de ne pas avoir été violée ou plus encore. L’histoire de Jonathan Jacobs m’a bouleversée. j’ai pour lui et ses parent une pensée et je prie pour que plus jamais ça n’arrive à personne.
Merci pour ce site, ce sera pour moi la seule réparation à toutes les souffrances que j’ai vécues à cause de ce que j’appelle encore aujourd’hui un traitement barbare. »
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Usage de matraques | |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Agressivité, manque de respect, insultes | |
X | Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
X | Refus de soins ou de médicaments |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
X | Refus d’acter une plainte |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
X | Pression pour signer des documents |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
X | Absence de procès-verbal |
- Témoignage ObsPol