31 mai 2020, Commissariat Démosthène – Anderlecht
Tabassé dans une cellule du commissariat : gifles, coups de poing, coup de genou au visage, étranglement…
La cellule investigation de la RTBF a mis la main sur les images des caméras de surveillance, et les a diffusées sur leur site.
Une personne racisée est amenée en cellule par deux flics. Il est projeté dans la cellule et reçoit plusieurs gifles puis coups de poing au visage du héros du jour, un coup de genou puis un étranglement alors qu’il est maitrisé sur le lit. On voit le second flic médusé quelques secondes entrer dans la cellule sans empêcher la brute de se déchainer. Il faudra l’intervention d’un gradé pour qu’il ravale sa haine. À vomir.
Alors quoi ?
Selon les journalistes, « Si le policier ne fait plus partie d’un service d’intervention, il est actuellement affecté au service des apostilles, celui chargé des auditions des victimes et des suspects. L’inspecteur se porterait même régulièrement volontaire pour effectuer le transfert des détenus vers et depuis le palais de justice. »
Les images n’auraient pas été transmises au collège par la zone de police…. Surprise ?
Finalement, un procès-verbal et les images de violence ont été transmises au procureur du Roi qui a poursuivi le responsable pour « violences par officiers publics dans l’exercice de ses fonctions« .
Justice nulle part
30 novembre 2022, tribunal de première instance de Bruxelles.
Suspension du prononcé de la condamnation. Aucune mention au casier.
Le jugement évoque des » gifles « et des détenus » manifestement agités « , le « policier »
« est en aveux complets et il présente de sérieux regrets par rapport à ces épisodes de violence gratuite qui se sont produits le même jour « .
» souffre de problèmes psychologiques, voire neuropsychiatriques, qui le perturbent grandement dans la gestion de son quotidien et dans ses émotions « .
La mesure doit lui servir de » sérieux avertissement « conclut le jugement.
L’autorité disciplinaire s’est contentée d’une simple rétrogradation dans l’échelle de traitement : l’inspecteur cogneur V. exerce encore à Bruxelles-Midi. Et contrairement à ce qu’affirme le commissaire divisionnaire Jurgen De Landsheer, il n’est pas privé de son arme. Fin 2023, il l’avait sur lui pour assurer l’encadrement des détenus au palais de justice. Pour l’essentiel, il intervient au service des apostilles, chargé de convoquer les suspects ou les victimes, où il reste en contact direct avec la population.
La parole aux jeunes
La RTBF a interviewé Fouad, bénévole dans une maison de jeunes d’Anderlecht près du commissariat Démosthène, qui reçoit régulièrement des témoignages disons, concordants :
» Tous les jours des jeunes m’en parlent. Quand c’est 1 ou 2 fois l’on peut se dire que c’est exceptionnel. Mais quand c’est tous les jours, on ne plus nier qu’il y a un grave problème de violence à l’intérieur du commissariat Démosthène. Ce que me disent aussi les jeunes, c’est qu’ils ont peur. Peur d’une bavure « .
Violences physiques
X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
X | Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage |
X | Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e |
Coups sur les oreilles | |
X | Étranglement |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Arrosage | |
Morsures de chien | |
Pare-chocage (percussion par un véhicule de police) | |
Tirage par les cheveux | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Usage d’arme à feu | |
Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
Usage de FlashBall | |
Usage de grenade assourdissante | |
Usage de grenade de désencerclement | |
Usage de grenade lacrymogène | |
Usage de LBD40 | |
Usage de matraques | |
Usage de spray lacrymogène | |
Usage de Taser |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Menace avec une arme de poing | |
X | Agressivité, manque de respect, insultes |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
X | Passivité des collègues policiers |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Absence de procès-verbal | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) | |
Position inconfortable prolongée |
30.11.2022 – Condamnation du « policier » par le tribunal de première instance de Bruxelles, suspension du prononcé, aucune mention au casier.
31.05.2020 – Agression
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