17 juin 2012, Bruxelles
Traînée au sol, tabassée, vélo saccagé
Son amie C. raconte : « Ils ont perdu tout contrôle et frappaient au visage des jeunes sans défense«
Récit par son amie C. qui l’accompagnait :
En juin 2012, le Parti populaire, suivi par le mouvement Nation, avait organisé une manifestation contre le fascisme islamiste. La JOC et les jeunes FGTB avaient organisé une contre-manifestation pour dénoncer tous les fascismes. Les policiers avaient violemment interpellé des jeunes dans la station de métro Trône à Bruxelles. C. était parmi eux…
« Nous avons d’abord déambulé pacifiquement dans les rues de Bruxelles lors de ce rassemblement qui se voulait une manière de réprouver la venue du fascisme et de l’extrême droite dans la Capitale. La police en vélomoteur nous guidait le long du parcours et la matinée était plutôt conviviale. Tout se passait bien jusqu’à ce que la police, voulant sans doute nous empêcher de rejoindre le groupuscule fasciste, nous immobilisa dans la rue Montoyer en bloquant les accès de la rue par des auto-pompes et des véhicules d’intervention.
Ceci nous a coincés dans cette artère vide et certains d’entre nous, dont mon amie et moi, avons décidé de prendre le métro (station Trône de la rue Montoyer) afin de rentrer chez nous puisque notre marche s’arrêtait inopinément là. Nous sommes descendus à notre aise dans le métro et nous avons attendu sur le quai qu’un métro arrive. Aussitôt le métro arrivé, les portes de celui-ci sont restées définitivement fermées et quelle ne fut pas notre surprise qu’à cet instant, deux cohortes de policiers (casqués, matraque à la main et bouclier) ont lancé l’assaut sur nous qui étions sur le quai. Les hordes de policiers sont venues des deux côtés du quai, nous empêchant de nous échapper tant l’allure était violente et laissait présager un désastre pour les manifestants impuissants et médusés.
La police a chargé au travers des personnes stagnant sur le quai, ne faisant plus la différence entre les voyageurs qui attendaient le métro et les jeunes manifestants syndicalistes. Il n’y a eu aucune mise en demeure, chaque policier s’emparait d’un jeune et le matraquait sans discuter ni même demander des papiers d’identité. Certains ont eu la vie sauve car nous avons fait semblant d’être des voyageurs qui attendaient le métro. La police chargeait ensuite faisant le tri entre les personnes du quai : tout ce qui ressemblait à un jeune avec un sweat-shirt et un jean était tabassé sans ménagement.
La jeune fille qui m’accompagnait a été traînée sur le côté, frappée à plusieurs reprises et comme si cela ne suffisait pas, le policier qui s’occupait d’elle, a arraché les fils de frein de son vélo et à saccagé celui-ci devant mes yeux médusés. Ils ont perdu tout contrôle et frappaient au visage des jeunes sans défense, c’était un spectacle horrible et nous étions impuissants car j’ai voulu à quelques reprises secourir ces jeunes, qui avaient l’âge de mes enfants, et à chaque fois j’ai été bousculée par la police qui me hurlait dessus. Finalement, j’ai réussi à mettre fin aux coups en appelant des journalistes munis de caméras qui ont accouru pour filmer ces scènes apocalyptiques. Aussitôt, la police a cessé les coups et à menotté les jeunes. Je suis profondément choquée par ce qui est arrivé, et je m’en suis sortie sans coup uniquement parce que je suis sans doute moins stigmatisée que les jeunes, étant une femme de XX ans, avec une apparence plus « traditionnelle ou conventionnelle » que certains jeunes.
Je souhaite vous faire part de mon témoignage car je pense que la police a manqué de professionnalisme et a perdu le contrôle. Les scènes de violence étaient épouvantables, d’autant plus épouvantables que la violence s’adressait à des jeunes filles et jeunes garçons sans arme, sans défense et non menaçants. Les caméras de la station de métro attesteront de mes observations. »
Violences physiques
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pieds/genoux sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
X | Usage de matraques |
Morsures de chiens | |
Usage de spray lacrymogène | |
Tirage par les cheveux | |
Arrosage | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Agressivité, manque de respect, insultes | |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Violences psychologiques
Refus de soins ou de médicaments | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Absence de procès-verbal |