Alexis DESWAEF, Président de la Ligue des droits de l’Homme, dénonce dans un entretien accordé à la RTBF une augmentation des cas signalés de violences policières, "et ce n’est plus seulement un manifestant, une indignée, un altermondialiste devant les centres fermés qui sont victimes de violences policières, finalement c’est Monsieur et Madame Tout le monde dans la vie de tous les jours où des interventions des policiers dérapent, où on constate un usage disproportionné de la force publique qui est un privilège dont bénéficie les policiers où il n’y a plus de proportionnalité par rapport à leur travail. Et quand c’est disproportionné, c’est illégal et ça il faut le dénoncer !"
Alexis DESWAEF rappelle que les forces de l’ordre peuvent utiliser la force uniquement dans dans certaines circonstances et lorsque certaines conditions sont réunies (voir notre rubrique Vos questions) :
« Il y a des conditions qui doivent être respectées comme d’absolue nécessité, de proportionnalité ou de but légitime. Et une gifle dans un commissariat, c’est clairement un abus de pouvoir. A partir du moment où la personne est sous le contrôle de la police, est maîtrisée, il n’y a aucune raison pour qu’ils utilisent la force et quand on voit que des personnes, parfois menottées, subissent encore des violences vengeresses de la part de certains policiers, ces policiers n’ont plus leur place dans la police. Il est de son intérêt de nettoyer ses rangs et d’en enlever ces brebis galeuses. C’est le principe de légitime confiance que le citoyen peut avoir et doit avoir dans sa police, qui est trahi chaque fois qu’un policier se rend coupable de violences inacceptables. »
Par ailleurs, selon la LDH, un autre constat s’impose :
« Comme si la meilleure défense était l’attaque, on voit bien souvent des policiers violents déposer à leur tour plainte contre la victime pour rébellion, injure, voire coups et blessures, ce qui fait en sorte que le dossier est renvoyé au parquet. On voit au parquet que les dossiers bien souvent s’enlisent, vont parfois même jusqu’à la prescription et c’est cette impunité-là qu’on doit dénoncer car cette impunité de fait dont bénéficient les policiers nourrit finalement chaque fois les violences futures.«
Aussi la LDH recommande-t-elle aux victimes de déposer plainte avec constitution de partie civile directement auprès d’un juge d’instruction (voir notre rubrique Vos droits ) avec l’aide d’un avocat. La Ligue souligne que ces violences sont sans doute le fait d’un minorité de policiers mais qu’elles portent atteinte à l’image de la police dans son ensemble, et qu’une meilleure formation des policiers, en particulier pour ceux qui ne connaissent pas Bruxelles avant leur entrée en service dans la capitale, serait certainement de nature à en réduire l’incidence.