Encore et encore… La presse nous relate des faits liés aux abus policiers, aux violences commises par les personnes détentrices de la violence légale. Qui sont-elles ? Pourquoi elles et pas les autres ?
Le concept de violence « légale », c’est la notion que l’État détient comme prérogative le monopole de l’utilisation de la violence sur une population dans un espace donné. Cette violence peut être physique (armée, police) ou cérébrale (justice, impôts), voire symbolique.
C’est cette violence qui donne apparemment raison à celui qui a le pouvoir de l’actionner. Pourtant nous devons nous interroger sur le bien-fondé de cette définition quant à son application au quotidien. (cf. Paul Rocher « À quoi sert la police »).
Les abus policiers trouvent sans cesse justifiés et excuséss comme le « juste une main à plat », alors qu’ils se déroulent très fréquemment dans les commissariats entourés de collègues, lieux qu’on pourrai penser comme des lieux de respect des citoyen.nes, voire de protection. Des personnes entièrement soumises aux forces de l’ordre qui les ont sous leur influence et domination et « protection » subissent des traitements qui peuvent s’apparenter à de la torture physique et mentale, et mènent par négligence parfois à la mort.
L’humiliation semble aussi faire partie des habitudes dans les procédures, comme c’est la cas dans des locaux d’aéroports. Il y a par ailleurs une série d’autres abus, ne serait-ce que d’autorité, lors d’interpellations de personnes dans le cadre de manifestations ou encore les contrôles abusifs que sont les délits de faciès à répétition.
Pourtant, le code de déontologie des services de police postule que, lors de chaque intervention ou de chaque action, les membres du personnel policier doivent appliquer un certain nombre de valeurs et entre autres de
« respecter et s’attacher à faire respecter les droits et libertés individuels ainsi que la dignité de chaque personne, spécialement en s’astreignant à un recours à la contrainte légale toujours réfléchi et limité au strict nécessaire«
Des faits d’une extrême gravité égrainent l’actualité jusqu’à la mort de victimes, et se soldent de la part des autorités, des parquets et tribunaux, voire des avocats, comme « excusables » ou compréhensibles. Lorsque des faits, parfois relatés dans des PVs mensongers de la part de la police, sont enfin prouvés et documentés, arrivent après de longues années à être jugées (souvent uniquement grâce à la pression des victimes), ces faits font l’objet d’une mansuétude inquiétante.
Les policie.ères compromis.es et reconnu.es coupables se voient tranquillement bénéficier ici d’un non-lieu, là d’une suspension du prononcé n’ayant aucune répercussion sur leur « dossier ». Une reconnaissance de culpabilité sans condamner voilà bien une clémence sans cesse renouvelée dans les rares cas qui parviennent à être jugés.
Il est intéressant de constater que les arguments mis en avant pour excuser cette clémence se répètent à l’envi étant donné qu’ils seraient la résultante de « manque de moyens », de « formation insuffisante », d’un « métier difficile » ou encore de « stress ». Tous ces justifications viennent appuyer des propos dont l’objectif est de justifier des actes commis par des personnes détentrices de la violence.
Tous ces prétextes a posteriori qui tentent, aux yeux des bien-pensant.es d’absoudre l’injustifiable, sont une honte pour une société dans laquelle les abus devraient être strictement sanctionnés jusqu’à ce que la police et le système carcéro-pénal aient été finalement abolis. Il est indéniable que la violence « légale » s’est aujourd’hui mise exclusivement au service des autorités étatiques et du capitalisme.
Les argument de manque de moyens, certainement réels dans une partie des services et départements, ne peuvent pour autant justifier des fais tels que la falsification de PVs, la couverture des chefs de corps, l’ignorance des dénonciations y compris de collègues ou évidemment la brutalité désinhibée de certain.es ; ni surtout le manque de respect décomplexé, les insultes qu’elles soient racistes, homophobes ou sexistes ou encore politiques, ni la passivité coupable de « collègues » lors de ces actes auxquels iels assistent ou participent.
Le manque de moyens mis en avant (voir aussi budget), de formation ou d’un stress du métier ne constituent d’aucune manière des éléments qui justifient ces comportements et les agissements inadmissibles couverts par celleux à qui tout ceci semble bien convenir…
Violence « légale » partout, justice nulle part ? N’est-ce pas pour ça que tout le monde déteste la police ?
- Sur la société (attention, pas de certificat SSL !)
Paul Rocher : « À quoi sert la police ?« , La Fabrique éditions, 2022