Nous avons déjà décrit le pistolet à impulsion électrique couramment appelée taser, censé aider les policiers. Bien que nous ayons reçu plusieurs témoignages de son utilisation par des forces de l’ordre en Belgique, il semble que son usage ne soit pas encore encadré juridiquement.
Alors qu’un projet « pilote » devait se faire dans 14 zones de police bruxelloises, les armes commandées ne sont pas encore arrivées (heureusement ?), et les syndicats s’opposent encore à leur utilisation. En effet il est bien prévu que les policièr.es qui se serviront de ces armes doivent être formé.es et entrainé.es, mais, sans armes, pas d’entraînement possible.
Les syndicats sont s’inquiètent du fait que ces armes « non létales » présentent néanmoins des risques réels, voire vitaux pour certaines catégories de personnes, notamment les personnes souffrant de déficiences cardiaques : les policiers-tireurs seraient donc tenus pour responsables des conséquences de leur tir. Les zones de police elles-même sont réticentes quant au coût d’acquisition de ces armes. Elles ne semblaient pas avoir compté avec une dépense qui pourrait atteindre les 25 000 euros.
Récemment la société américaine qui fabrique ces armes a changé de nom, elle se nomme désormais Axon. Au Salon Milipol de Paris en novembre 2017, cette société a d’ailleurs présenté un nouveau système de « caméra-piéton » (bodycam). Autre sujet de polémique, cette caméra déclenchée par la policière ou le policier lui-même, serait remplacé par une nouveauté, le « Signal Sidearm«
Il s’agit d’un capteur sans fil qui fixé à l’extérieur des étuis d’armes déclenche automatiquement la caméra-piéton dès que l’agent sort le taser ou le pistolet de son étui. Ceci qui, selon son fabricant, pourrait servir de preuve en cas d’utilisation d’armes, puisque cette caméra-piéton filmera la personne en face du policier. En France, 2600 caméras-piétons (2000 pour les policiers, 600 pour les gendarmes) sont en cours de déploiement depuis le 1er mars 2017.
Un autre aspect inquiétant dans les interventions policières est l’usage des balles en caoutchouc. Lors d’une intervention à Bruxelles le 18 novembre dernier pour expulser des personnes sans-papiers d’un squat, des policiers en civil ont fait usage également de cette arme. Sans se présenter en uniforme, sans sommation : comment cela est-il possible ? [En savoir plus sur cette agression]
À réfléchir à cette prolifération d’armes et aux notes astronomiques que cela représente, la question se pose de savoir « À qui profite … tout ceci ?« . Il est certain que des certaines sociétés comme Axon doivent se frotter les mains devant ces ouvertures de marchés !
Axon n’a-t-il pas récemment reçu commande de la police australienne pour 11 000 bodycams, soit la deuxième plus grosse commande après celle de la police métropolitaine de Londres (3) ?
Mercredi 21 février dernier la loi caméra devrait être votée à la Chambre. Nous ne connaissons pas les détails d’utilisation qui y seront prescrits, les policière.ers porteurs de cet outil devraient filmer l’intégralité de leur intervention, et la caméra serait éteinte à la fin de l’intervention.
Nos témoignages nous indiquent que souvent les violences illégitimes, physiques ou autres, se poursuivent dans le véhicule, au commissariat,parfois même en cellule… Certains syndicats réclameraient même que ce soit le policier qui décide de la mise en route ou non. Étrange ouverture à des abus possibles puisqu’il serait alors impossible de connaître le comportement, voire les provocations de la part de la porteuse ou du porteur de cette caméra-piéton. Et puis quid du traitement des images : qui les stocke, qui les examine, sous la responsabilité de qui, avec quelles garanties d’indépendance ? Encore la police ?
Enfin, ces armes et nouveautés électroniques sont-elles vraiment nécessaires dans la gestion de la sécurité et de la protection du public. Quelle est leur plus-value par rapport à l’arsenal dont disposent déjà les policiers sur le terrain ? Pour l’instant aucune étude exhaustive et indépendante qui prendrait en considération tous les aspects de la question (coûts, formation, dangerosité réelle, utilité réelle, risque encouru, perception par les citoyens de leur police etc.) ne permet de démontrer que la rationalité économique et sociale de ces équipements.