ObsPol a depuis le début de son fonctionnement reçu à plusieurs occasions, certes rares mais intéressants, des témoignages de la part de fonctionnaires de police qui rapportaient des vécus particulièrement pénibles au sein même de leur environnement de travail. Que ce soient des actes de la part de collègues ou de membres de leur hiérarchie, des faits de harcèlement moraux ou autres, des vexations, mensonges à des fins de mise de côté ou en raison de jalousies confuses et souvent clairement sexistes et racistes. Le problème étant intérieur au « milieu du travail » pourrait-on dire, il est effectivement extrêmement compliqué d’en mesurer l’ampleur.
Combien de fois avons-nous relevé et avons-nous été choqué.e.s par la non intervention de « collègues » lorsque des policiers et policières ont perpétré des actes violents, psychologiquement ou physiquement à l’encontre de citoyen.nes victimes à leur merci ? Les exemples ne manquent pas où l’on observe un.e voire deux policier.ères commettre des agissements inutilement violents et illégaux et interdits par la déontologie et la loi sur la fonction de police, et tout en étant présent.es, les collègues ne réagissent pas.
Pire : iels couvrent et font para-vue et ensuite protègent leurs collègues-complices. Ensuite lorsque quelques cas se forgent un chemin vers l’information publique, il est question de « brebis galeuses« , de « pommes pourries« , mais en réalité, on sait bien qu’une pomme pourrie contamine l’ensemble du panier !
Récemment, et c’est fort estimable vu l’omerta imposée aux fonctionnaires des forces de l’ordre, un homme n’y tenant plus s’est publiquement exprimé. Il s’agit de M. Eric Claessens. Il avait suivi une grève de la faim interrompue depuis, pour protester contre sa possible révocation de la police. Il est policier bruxellois et relate un événement révélateur de la situation et de la manière de gérer les « pommes pourries » :
« On tombe sur un individu éméché qui urine sur la façade de l’Ancienne Belgique. On l’interpelle, on lui met les menottes. Tout va bien. L’individu est emmené à l’abri des regards dans la station de métro d’à côté, où la police dispose d’un local ». Là, à l’abri des regards, l’individu est roué de coups par des policiers n’ayant pas participé à l’arrestation !«
Il décide alors de prévenir son supérieur hiérarchique, et là, stupeur ! « Ce qui se fait en bas reste en bas. Tu fermes ta gueule sinon tu vas avoir des problèmes. » 1
En France aussi cette manière de museler les membres des forces de l’ordre qui souhaitent dénoncer ce qui leur paraît inacceptable ne fait pas recette. Ainsi deux policiers du syndicat policier (apolitique) VIGI sont la cible de leur haute hiérarchie. Le premier avait critiqué, entre autres, certaines violences commises par des policiers ainsi que certaines combines dont l’enquête sur un commissaire divisionnaire pour violences policières par un service de contrôle interne dirigé par sa propre compagne… Après plusieurs suspensions, il a quitté la police nationale. Le second, Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat minoritaire de policiers VIGI, était révoqué de la police nationale suite à des critiques concernant l’ancien Directeur Général de la police nationale. Le DGPN actuel estimait que les dénonciations faites « jetaient un discrédit » sur la police nationale et l’a révoqué.2
Non seulement les « pommes pourries » demeurent en fonction mais restent aussi généralement sans sanction ; c’est tout dire sur la mentalité qui règne au sein de la police! Il ne faut surtout pas salir sa réputation mais en fait elle-même est loin d’être irréprochable.
Il est fréquent également que ce genre d’individu harceleur, raciste et épouvantable non seulement reste en place, mais bénéficie d’une promotion ou d’un déplacement qu’iel souhaite. Ces fonctionnaires de police poursuivent ainsi impunément et à l’aise leurs activités hautement litigieuses. Personne n’y prend garde, aucune instance, aucun comité, aucun.e politicien.ne, … Par ailleurs dans le cas présent Eric Claessens précise des détails qui font froid dans le dos :
« Le mec qui m’a donné l’ordre illégal de patrouiller la nuit sans arme à Jumet, c’est le même qui a été soupçonné de coalition de fonctionnaires dans l’affaire Mawda1. Les mecs qui m’ont envoyé 13 mois à Jumet […] ce sont les mêmes qui ont caché pendant deux ans à la justice que M. Chovanec était mort. […] « 2