Tout comme en Belgique, la France connaît des exactions de la part des forces. Les violences policières avec les conséquences souvent fâcheuses qu’elles ont pour les victimes sont trop souvent difficiles à faire valoir face aux autorités et aux juges. Une manière de se protéger mais également de constituer des preuves pour d’autres consiste à filmer l’action des policiers pendant leurs interventions. En Belgique également la prise d’images est autorisée en principe.
Il n’existe aucune interdiction générale de photographier ou filmer les actions de la police. Il est légitime que des citoyens et journalistes filment ou photographient des interventions policières, que ce soit pour informer ou récolter des preuves du déroulement des événements et ce n’est en principe pas une infraction (1). Comme le dit l’autorité de contrôle de la police en France (l’équivalent du Comité P), les forces de l’ordre « doivent considérer comme normale l’attention que des citoyens ou des groupes de citoyens peuvent porter à leur mode d’action. Le fait d’être photographiés ou filmés durant leurs interventions ne peut constituer aucune gêne pour des policiers soucieux du respect des règles déontologiques. »
MAIS dans certains cas, les policiers peuvent me demander de ne pas prendre d’images :
- Pour protéger la vie privée des personnes arrêtées (mais çela ne les autorise pas à m’empêcher de photographier ou filmer toute intervention) (2);
- Si c’est nécessaire pour « le maintien de l’ordre public, la sécurité des personnes, le respect du secret professionnel ou la protection de la vie privée » ou si leur chef leur en a donné l’ordre [5] (ils peuvent par exemple m’éloigner d’une scène de crime pour laisser travailler les enquêteurs et protéger les victimes des paparazzis);
- S’ils pensent que leur droit à l’image ou leur vie privée serait violé, par exemple parce qu’ils craignent des représailles de la part de malfaiteurs si leur photo est diffusée, mais ceci ne vaut en principe pas en cas d’intervention dans un lieu accessible au public. L’argument de la vie privée ou du droit à l’image s’oppose au « droit de contrôle démocratique, à savoir ce qu’on appelle la « fonction de chien de garde » de la presse dans une société démocratique », qui peut être invoqué par les journalistes mais aussi par « toute personne remplissant un tel rôle »
En pratique les policiers intimident parfois les curieux, ou les journalistes professionnels, et encore plus ceux qui veulent obtenir des preuves de leurs abus. Pour m’éloigner des lieux, ils ne peuvent utiliser la force qu’après m’avoir demandé de partir et m’avoir averti de leur violence potentielle. En définitive, si l’on diffuse la photo ou le film montrant des policiers en action, ce seront les juges qui décideront de ce qui devra primer : la vie privée du policier ou mon droit à prendre des images et celui du public d’être informé de leur intervention.
Voici un lien vers un guide pratique pour filmer la police en France.