Deux informations se suivent, l’une fait plus de bruit que l’autre.
Des vidéos visibles sur le site de la rtbf.be montrent deux scènes de rue (nous ignorons la chronologie des images diffusées), sur l’une on voit un policiers courir derrière un individu, le jeter face à terre, le menotter, appuyer de son genou sur son dos ou cou, un autre, une fois l’individu menotté, le tirer par les cheveux pour le faire se relever et l’emmener à l’arrière de la voiture de police. Quatre policiers sont en vue sur cette vidéo, l’interpellé est seul.
L’autre vidéo montre un groupe de jeunes personnes littéralement se bagarrer avec des policiers. Olivier Slosse, porte-parole de la zone de police Bruxelles-capitale-Ixelles informe « Un collègue a été blessé à la tête et un autre à la main. Les trois agents sont en incapacité de travail pour une semaine.«
Nous apprenons également que le ministre de la Justice, V. Van Quickenborne (Open Vld) déclare dans l’émission De Zevende Dag (Eén) qu’il a demandé au parquet de s’expliquer sur les remise en liberté de trois personnes arrêtées.
Il est courant d’entendre certain.e.s se lamenter que des personnes soient remises en liberté, ce qui pourtant n’augure d’aucune manière de la suite qui peut être donnée au dossier. Ici le parquet de Bruxelles informe d’ailleurs que « l’enquête est en cours et sera poursuivie en priorité afin de faire la lumière sur l’ensemble des circonstances ayant mené aux faits. (…) Dans l’attente de celle-ci les suspects arrêtés ont été relâchés ». Le parquet indique que la version de la police et celle des suspects ne sont pas concordantes. Les récits sont effectivement différents selon les uns il s’agit d’attaque, pour les autres la police serait en cause et les coups portés aux policiers l’auraient été en légitime défense, selon notamment Me Miller, avocat.
Quoiqu’il en soit il est étonnant que ce soit un ministre de la Justice en charge de la gestion des établissements pénitentiaires, de l’information aux justiciables, de l’élaboration de la politique criminelle, l’administration des cultes, etc. qui s’exprime de telle manière dans une émission de télévision.1 Interpellant qu’il semble ignorer qu’en Belgique il y a ce qu’on appelle la séparation des pouvoirs. Ainsi l’avait d’ailleurs rappelé en février 2018 autour du procès de Salah Abdeslam l’avocat Sven Mary :
« Il est temps de rappeler au ministre [Jambon] les principes de la séparation des pouvoirs. […] J’estime qu’il met sous pression le pouvoir judiciaire, avec des moyens directs ou indirects. J’en viens à me dire si on respecte encore bien la séparation des pouvoirs en Belgique. »
C’est l’une des questions que l’on peut se poser avec cette réaction précipitée d’un ministre sur une affaire à laquelle il n’a pas assisté et qui est en cours d’enquête !