La police passe à tabac un SDF qui tentait d’entrer dans des bâtiments inoccupés de la Région wallonne. Les traces de blessures sur son corps et de nombreux éléments de preuves révèlent des violences policières.
Voici le récit de violences policières survenues durant la nuit du 13 au 14 octobre telles qu’elles ont été observées, subies et/ou ressenties par le Collectif Mendiant(e)s d’Humanité. Le Collectif a publié un communiqué de presse (dont voici des extraits résumant les faits), diffusé entre autres le 15 octobre sur le blog « Les laissés-pour-compte de Namur » de Benjamin Moriame, journaliste indépendant :
« […] Il faut savoir que Ludwig co-organise l’occupation pacifique des anciens bâtiments (inoccupés) des Archives de l’État à Bomel. Là-bas, une vingtaine de SDF vivent en communauté et, solidairement, soignent leurs maux avec un relatif succès (maladies, dépressions, addictions…). Ils veillent à ne pas dégrader les lieux, les aménagent et les restaurent si besoin.Un avis d’expulsion leur est tout de même parvenu début octobre et, comme toujours dans ces cas-là, ils se préparent à quitter (pour un autre bâtiment inoccupé), avant l’expulsion manu militari, pour éviter la confrontation et conserver le caractère pacifique de leur combat. L’électricité a été coupée entre-temps.
[…] Vendredi 13 au soir, les occupants de Bomel boivent un coup. Certains boivent trop. Ils parlent de leur prochain lieu d’occupation et, quelques-uns, dont Ludwig, décident d’aller ouvrir un nouveau lieu, rue Notre-Dame (dans l’ombre de la si bien éclairée Citadelle), tandis que d’autres essayent vainement de les en dissuader. […].Le bâtiment est vidéo-surveillé […]. Une voisine, d’en face, descend dans la rue et prévient les squatteurs qu’elle a appelé la police, mais ces derniers ne se pressent pas de fuir. Les policiers arrivent rapidement. Quand les lumières bleues se précisent, quelques-uns s’en vont, d’autres hésitent. Le pied-de-biche est glissé par l’un d’entre eux sous une voiture, mais Ludwig ne veut pas perdre son pied-de-biche et le ramasse.
La police s’en prend à Ludwig et ordonne aux autres de décamper […]. Juste après avoir jeté le pied-de-biche, Ludwig prend une balle (sans savoir qu’elle est en caoutchouc) et tombe à genoux. Dans la foulée, il prend au moins neuf autres balles, jusqu’à épuisement des chargeurs. Ces balles auraient pu tuer Ludwig (qui ignorait de quoi elles étaient faites). Elles l’ont en tout cas blessé un peu partout.Entre les balles, Ludwig confesse avoir injurié et menacé les policiers (mais est-ce encore important ?). Ces derniers en ont, apparemment, été très vexés. Le corps de Ludwig présente les traces de dix balles en caoutchouc (y compris dans le dos !) et de nombreux coups. L’un de ces coups a été donné en plein visage.
« Je crois que c’était un pied mais je n’ai rien vu venir et, à ce moment, j’étais par terre », raconte Ludwig, qui jure n’avoir jamais levé la main sur les policiers. D’autres témoins confirment, avec des mots différents, mais le même récit : Ludwig était maintenu par terre par deux policiers tandis qu’un troisième lui a donné un violent coup de pied au milieu du visage et plusieurs autres dans les côtes.
Si ces faits – ou même la moitié des faits – pouvaient être confirmés par des preuves irréfutables (c’est vers cela qu’on se dirige), il est évident que ce serait très inquiétant pour les Namurois, car cela veut dire que la police ne se contrôle pas ou, pire, qu’elle est contrôlée par des gens qui méprisent la Loi, la démocratie, en particulier les règles qui régissent l’usage de la force par les représentants de l’État ainsi que celles qui interdisent toute forme de torture (pour intimidation, vengeance…).
[…] Ludwig est resté emprisonné environ 17 heures. Durant son audition, Ludwig s’est entendu dire, par un policier : « Pour le même prix, c’était à balles réelles ! » ». est resté emprisonné environ 17 heures. Durant son audition, Ludwig s’est entendu dire, par un policier : « Pour le même prix, c’était à balles réelles ! » ».