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Agression Edito

17.10.2025 – Expulsion de zone neutre : terrorisme d’État épisode 3

Témoignages reçus
Expulsion de Zone Neutre, 17 octobre 2025
N. “J’ai pleuré, choqué, à plusieurs moments de la journée qui a suivi”

“Vendredi 17 au matin, nous avons subi un déchaînement de violences de la part de la police à notre encontre, nous qui étions venu soutenir et essayer d’empêcher que des dizaines de personnes sans-papiers, précaires, dont des enfants, soient mises à la rue. L’ambiance était d’abord conviviale, la résistance que nous apportions était pacifique, elle consistait a nous placer devant le bâtiment pour l’entourer et empêcher son expulsion, elle consistait aussi à montrer notre solidarité à des personnes risquant la rue, alors même que l’hiver commence à se faire sentir. Vers 08:00 du matin, un petit groupe de policiers est venu nous dire de partir, nous avons refusé, ils ont donc commencé une expulsion violente.

Plus d’une centaines de policiers équipés en équipement antiémeute ont commencé a former une ligne compacte, pendant que des brigades canines et d’autres policiers lourdement équipés tenaient en respect les personnes qui passaient et qui filmaient ce qui allait bientôt devenir un tabassage.

Implacables, les policiers se sont avancés, boucliers et matraque levés, nous pressant contre le mur situé derrière nous, puis ont chargé en tapant tout ce qui dépassait, nous étions derrière une bâche en vinyle en tentant de l’utiliser pour nous prémunir de certains coups, nos doigts qui dépassaient de cette bâche étaient visés systématiquement par le policiers. À ma gauche, un camarade commence à saigner abondamment : son crâne était ouvert, une entaille de plusieurs centimètres résultant d’un coup de matraque.

Pendant que les policiers nous pressaient avec le bouclier tenu bien haut, ils envoyaient des coups de matraque dans les tibias, dans les genoux, et dans les parties intimes. Pendant qu’ils nous pressaient, entre deux salves de coups, un policier qui ne faisait pas partie de la première ligne est venu, et depuis derrière ses collègues, nous a souri et a même commencé a ricaner, nous l’avons interpellé, en lui demandant si ça le faisait rire de nous voir nous faire tabasser et de mettre des familles a la rue, et il nous a répondu, provocateur, que oui, et que c’était mérité.

Pendant la cohue, qui pour rappel, est causée par la charge des policiers, nous recevions des coups de lacrymogène au niveau du visage, sauf que pressés comme nous étions il n’y avait pas moyen de se cacher le visage ni de se baisser, et les policiers n’avaient au début pas l’intention de laisser sortir des gens de la foule. Plus les policiers poussaient plus nous étions compressés contre le mur et entre nous, plus il était difficile de partir de la cohue aussi.

À un moment, en tentant de protéger ma tête je me suis recroquevillé avec les bras autour de la tête et du coup deux policiers m’ont ciblé, en m’envoyant des coups de matraques dans le dos, et sur les bras qui protégeaient ma nuque. La médecin qui m’a ausculté aux urgence a signalé quatre marques dans mon dos « en ligne de tram », ce qui signifie qu’on voit les contours du bâton former deux lignes parallèles dans mon dos. Mon poignet droit a aussi été atteint assez lourdement, il a très rapidement gonflé à tel point que la douleur irradiait dans tout mon bras et je ne pouvais plus bouger la main. J’ai eu des contusions aussi à l’épaule gauche, mon poignet gauche et mon index gauche.

Peu après, une autopompe est arrivée devant nous et s’est positionnée à seulement 3-4 mètres et nous a aspergé d’eau avec des jets à grosse pression alors que nous étions toujours coincés contre le mur. Je me suis fait tirer par un policier hors du groupe alors que j’essayais de relever un camarade au sol qui allait se faire piétiner. À cause de l’eau qui rendait le sol glissant, je suis tombé au sol au moment ou les policiers m’ont tiré et, alors que je me relevais pour partir, un des policiers m’a envoyé un coup de pied dans le dos en me criant « Dégage !».

Par après j’ai pu assister de loin à la suite du tabassage alors que plus en plus de personnes se faisaient tirer du groupe. Plusieurs personnes se sont faites traîner au sol par des policiers qui les tenaient par le col, d’autres sortaient de là en ayant des difficultés respiratoires à cause des lacrymogènes et des violences subies. Nous avons assisté à des policiers qui on traîné une personne inconsciente au sol et qui n’ont pas vérifié son état ou même s’il était en vie pendant de longues minutes, pendant qu’un des chiens policiers tenu par un policier de la brigade canine lui marchait dessus et nous empêchait d’aller lui porter secours.

Encore après, nous avons interpellé les policiers car ils ne portaient pas de matricule ni aucun moyen d’identification. C’est alors qu’un policier m’a intimidé en me défiant de venir lui parler de près, et me regardait avec un sourire en me disant que si j’étais un homme je viendrais me battre avec lui, en parlant de mes camarades qui se tenaient entre lui et moi comme des “gonzesses” derrière lesquelles je me planquais.

J’ai pleuré, choqué, à plusieurs moments de la journée qui a suivi, et trois jours plus tard mon poignet droit est encore gonflé et mon dos est encore raide des coups que j’ai subis. La médecin qui m’a vu a l’hôpital m’a mis une indisponibilité au travail du 17 octobre au 21 octobre et a bien constaté que mon récit des évènements coïncidait avec les blessures que j’avais.”

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Expulsion de Zone Neutre, 17 octobre 2025
A. “L’un d’eux frappait à répétition le dos et les fesses d’une personne qui était attachée à la porte et incapable de s’extraire”

“Square de l’aviation, à Bruxelles, vendredi 17/10/25. Nous nous tenions devant l’occupation “zone neutre”, dans laquelle vivaient 70 personnes dont 15 enfants, que la police menaçait d’expulsion alors qu’une solution pour les loger avait été trouvée par la commune et qu’iels demandaient simplement un délai avant de pouvoir y avoir accès.

Vers 10h du matin, la police a chargé. Je me tenais pacifiquement dans la foule, je tenais les bras de mes camarades. La police nous a gazé à bout portant, à répétition, jusqu’à ce que je pense vomir et que je ne puisse plus ouvrir les yeux ni respirer. Elle a dirigé le canon à eau sur nous, à seulement quelques mètres de distance. J’entendais les camarades hurler, je voyais les policier matraquer celles et ceux à ma gauche. L’un d’eux frappait à répétition le dos et les fesses d’une personne qui était attachée à la porte et incapable de s’extraire. On lui hurlait qu’il était attaché mais cela ne cessait pas. J’ai vu le bras d’un policier passer entre nos visages pour nous gazer au plus proche, j’ai fermé les yeux et j’ai senti un coup de matraque sur ma cuisse. La police nous poussait violemment, tentait de nous arracher les uns aux autres et matraquait tout en usant de gaz lacrymogène en continu.”

ANALYSE

Les chiffres ci-dessous seront actualisés régulièrement au fil des nouveaux témoignages que l’on recevra et des réponses obtenues de nos répondant.e.s.

Ces chiffres sont loin de refléter l’entièreté du drame qui s’est déroulé le 17 octobre dernier :

Si vous connaissez des gentes qui ont été battues ou qui en ont vu d’autres se faire battre, demandez-leur de témoigner ici : https://voices.obspol.org/esolu/victim.php

Répression du 17 octobre 2025 : les profils

Profil des victimes des brutalités policières du 17 octobre contre les occupant.e.s et les soutiens du collectif Zone Neutre au moment de leur seconde tentative d'expulsion du square de l'Aviation à Anderlecht
Genre
Femme
LGBTQ+1
Homme2
Tranche d’âge
14-15 ans
16-17 ans
18-30 ans2
31-50 ans1
51-70 ans
70+ ans
Exposition
militant.e associatif.ve
militant.e politique2
militant.e syndical.e
militant.e religieux.se
aucun engagement particulier1
Presse

Répression du 17 octobre 2025 : les violences physiques

Typologie des violences physiques policières du 17 octobre contre les occupant.e.s et les soutiens du collectif Zone Neutre au moment de leur seconde tentative d'expulsion du square de l'Aviation à Anderlecht
Arrestation
Détention
Bousculade / projection1
Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
Clés aux bras douloureuses
Coups de pieds, coups de poings, gifles2
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e
Coups sur les oreilles
Étranglement
Doigts retournés
Arrosage3
Morsures de chien
Tirage par les cheveux
Serrage douloureux des colsons ou des menottes
Tirage par les colsons ou des menottes
Sévices sexuels
“Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)
Usage de gants
Usage d’arme à feu
Usage de "Bean bags" (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène
Usage de LBD40
Usage de matraques3
Usage de spray lacrymogène3
Usage de Taser
Usage de tranquillisants
Expulsion
Disparition
Serrage du visage
Marcher sur les jambes

Répression du 17 octobre 2025 : les violences psychologiques

Typologie des violences psychologiques policières du 17 octobre contre les occupant.e.s et les soutiens du collectif Zone Neutre au moment de leur seconde tentative d'expulsion du square de l'Aviation à Anderlecht
Accusation de trouble à l'ordre public
Accusation d’entrave à la circulation
Accusation de rébellion
Accusation de coups à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de menace à agent
Accusation d'injure à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de refus d'obtempérer
Agressivité, manque de respect, insultes2
Intimidation, chantage, menaces2
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation
Intimidation ou arrestation des témoins
Obstacle à la prise d’images1
Appels à faire cesser les souffrances restés sans effet
Position inconfortable prolongée
Non-assistance à personne en danger1
Prise de photos, empreintes, ADN
Menace avec une arme de poing
Tir dans le dos
Charge sans avertissement2
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)1
Course-poursuite
Propos sexistes1
Propos homophobes
Propos racistes
Intervention dans un lieu privé
Problèmes de santé mentale
Harcèlement
Fouille
Perquisition
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers
Défaut ou refus d’identification des policiers2
Refus de prévenir ou de téléphoner
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte
Refus de soins ou de médicaments
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Privations pendant la détention (eau, nourriture)
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels
Pression pour signer des documents
Absence de procès-verbal
Complaisance des médecins

Répression du 17 octobre 2025 : les suites

Les conséquences des violences exercées lors des charges policières du 17 octobre contre les occupant.e.s et les soutiens du collectif Zone Neutre au moment de leur seconde tentative d'expulsion du square de l'Aviation à Anderlecht
Incapacité 1-3 jours
Incapacité 4-7 jours3
Incapacité 8-14 jours
Incapacité 15-21 jours
Incapacité > 22 jours
Plaies à la tête ou au visage1
Plaies aux membres2
Trauma crânien / commotion cérébrale
Contusions aux membres3
Contusions au dos1
Contusions au torse
Suivi psychologique