Le mois de janvier nous a une nouvelle fois apporté une série de témoignages de violences de la part des forces de l’ordre, tous inquiétants, certains encore plus révélateurs sans doute que d’autres.
Les services de police et leurs représentants syndicaux, lorsqu’ils sont interrogés sur cette problématique se retranchent régulièrement derrière le fait que les faits restent à prouver, que 99,9% des policiers font un travail dur et remarquable, que les tensions actuelles dues à l’actualité font que les policiers seraient particulièrement tendus etc [voir la vidéo de #m du 2 février, le magazine de la rédaction de BX1]. Cependant, ces réponses et esquives oratoires ne justifient pas réellement les comportements en cause.
S’il est exact que tant de policiers se conduisent de manière irréprochable, comment interpréter alors le fait que les collègues des policiers violents, non seulement assistent aux exactions sans intervenir, voire se positionnent de telle façon que des témoins éventuels ne puissent voir les faits, ou encore confisquent le matériel qui aurait filmé ou pris des photos ? Comment expliquer que les collègues ne s’interposent pas par exemple lorsqu’une victime au sol continue à être tabassée ? ou lorsqu’à l’intérieur d’un commissariat les intimidations ou remarques racistes fusent ? Comment expliquer qu’il se trouve des collègues pour corroborer les accusations de « rébellion » , arme favorite utilisée lors de dérapages policiers? Comment expliquer encore que la hiérarchie nie les faits de profilage ou d’excès, puisque ce faisant elle empêche évidemment toute action d’assainissement ?
Toutes ces questions se posent à l’occasion des nombreux faits relayés, qu’ils soient à l’encontre de personnes isolées ou de groupes comme lors de la free-party de Vilvorde la nuit de nouvel an ? Quel déploiement de violence organisée vécu à cette occasion par des dizaines de personnes avec les profondes séquelles, et pas seulement physiques, que de telles expériences gravent dans la mémoire des individus.
La difficulté de faire valoir ses droits face à la police est énorme et représente très souvent un parcours du combattant pour n’arriver que rarement à une condamnation des policiers impliqués.
Cependant, un verdict récent vient fort heureusement faire exception à cet état de fait
Il s’agit de la condamnation du tribunal correctionnel de Bruxelles qui a condamné le 25 janvier dernier trois policiers à des peines de 8 à 12 mois de prison avec sursis. Ils ont été reconnus coupables d’avoir mené une expédition punitive sur deux étudiants, Germain Misson et Benjamin Chamblain en janvier 2014, dans le Bois de la Cambre à Bruxelles. Un quatrième policier écope, lui, d’une peine de travail de 150 heures. Le tribunal a condamné le principal prévenu à une peine de 12 mois de prison avec sursis pour détention arbitraire, faux rapport d’activité et pour traitement inhumain et dégradant ainsi que violences illégitimes. Deux autres policiers ont été condamnés à une peine de 8 mois de prison avec sursis pour détention arbitraire et faux rapport d’activité. Un dernier policier prévenu a été condamné pour ces deux mêmes préventions à une peine de travail de 150 heures.
Rappelons une partie des faits relatés par une des victimes « […] Avec mon camarade B, nous protestons et nous sommes embarqués dans le fourgon, qui démarre. B leur demande où ils comptent nous emmener et ramasse deux coups de poing. Puis, ils prennent nos GSM et les jettent par la fenêtre« . Menés dans un coin discret du Bois de la Cambre, où ils sont rejoints par une seconde voiture de police. « Ils nous ont fait mettre à genoux à côté du lac. Puis ils ont demandé à B. d’enlever son pantalon et sa veste, puis de sauter dans le lac. Il faisait -5°C cette nuit-là ! Il a refusé, un policier s’est rué sur lui, lui a mis des coups de pied et de genou dans les côtes. J’ai tenté de le protéger, j’ai aussi pris des coups. Puis ils sont partis. On a déposé plainte à l’inspection générale le lendemain, sans trop d’espoir.«
Voici donc une plainte qui aboutit à une condamnation, mais ici aussi, si l’on compte le nombre de policiers impliqués, nous semblons loin du 0,01%…
- Belga