28 mai 2006, Gare du Midi – Bruxelles
Offert en cadeau d’anniversaire à une fliquette : traîné dans un local de police au sous-sol de la gare, menotté dans le dos, la tête coincée contre le tiroir d’un bureau, battu à coups de câble électrique, utilisé « comme sur un trampoline » puis enfermé dans un placard…
Un garage de la police fédérale des chemins de fer, gare du Midi.
Des flics du SPC Centre y amènent un SDF algérien, le livrent à la cruauté d’une « policière » qui s’est trompée d’époque, en guise de cadeau d’anniversaire.
Le pauvre sera fouetté avec un câble électrique puis enfermé dans un placard.
Leur chef à plume, un certain Ludo C., prétendra devant le tribunal correctionnel de Bruxelles où il est prévenu, ainsi que treize autres de ses collègues, de violences et de traitements inhumains et dégradants commis sur des SDF de la Gare du Midi et aux alentours, entre janvier et novembre 2006 :
« Mon bureau était situé au-dessus des voies et donc c’était très bruyant. »
Il n’aurait pas entendu de bruits provenant du garage où ses collègues, torturaient la victime…
La version de la justice
Le procès des 7 Mengele (sept femmes et ces six hommes) chargé.e.s d’assurer la sécurité (ouarf !) dans la gare du Midi à Bruxelles et aux alentours s’ouvre le 9 décembre 2013.
Les Chtars sont poursuivis pour traitements inhumains et dégradants, séquestration arbitraire, vol avec violences, rédactions de faux procès-verbaux et non-assistance à personne en danger (ça fait beaucoup, mais quand on aime on ne compte pas).
Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme s’est constitué partie civile, estimant qu’il s’agissait de violences gratuites à l’égard de personnes étrangères, soit une forme de racisme.
On n’a pas du s’y ennuyer côté révélation et plongée dans l’horreur :
- pendant près d’un an, entre le 8 janvier et le 26 novembre 2006, iels ont maltraité des sans-papiers qui gravitaient dans la gare.
- une quinzaine de victimes ont été recensées
- une « policière » s’était spécialisée dans les coups de pied aux couilles
- un autre avait coupé la queue-de-cheval d’une Rrom d’à peine 12 ans qu’il a ensuit jeté dans les toilettes sous ses yeux
- tout ça, c’est rien que de la frustration contre la justice : a fait rien qu’à relâché ces SDF qu’on passe notre temps à arrêter (et torturer). Est-ce not’faute à nous si ça nous a donné l’occasion de leur tomber dessus plusieurs fois ?
- l’initiateur des sévices était un adepte des sports de combat qui s’était proposé de donner des cours de gestion de l’agressivité à ses collègues
- 6 collègues qui ont essayé d’alerter l’Inspection générale en ont fait les frais : insultes, pneus crevés, griffures aux carrosseries et autres désagréments (mais pas de torture). Selon elleux, leur hiérarchie a voulu étouffer le scandale : plusieurs emplumés étaient parfaitement au courant, l’un d’eux (qui laissé faire les maltraitances) est toujours en place à la police des chemins de fer…
« Il était impensable que je continue de travailler avec des collègues qui humiliaient des pauvres gens. À l’époque, SPC Centre (NdlR : la police fédérale des chemins de fer à Bruxelles) comptait une cinquantaine de policiers. Sur les cinquante, le parquet en soupçonne quatorze et cela a duré de nombreux mois. Des chefs savaient, c’est évident, mais ceux qui savaient se taisaient. C’était clair que la volonté était d’étouffer. Nous sommes donc allés à six au parquet de Bruxelles et nous avons parlé à la substitute qui avait en charge les dossiers de violences policières, Jacqueline Devreux. »
- Pour ces 6 lanceurs d’alerte, plein de récompenses : toustes déplacé.e.s, officiellement mutés « pour leur propre sécurité » dans des services de bureau, avec perte du bénéfice des primes (plusieurs centaines d’euros) liées aux prestations de nuit et de week-end :
« À la police, nous étions considérés comme des balances et traités comme tel. Nous étions les mauvais. »
« C’est quand il y a eu des pneus crevés qu’on a tous commencé à avoir sérieusement peur. J’ai modifié mes habitudes. Je me méfiais de tout le monde. Je ne sortais plus sans regarder derrière moi. J’ai changé mes numéros de GSM. J’étais flic et j’avais peur de mes collègues flics. »
« Je compte sur les doigts de la main les rares collègues qui approuvent et sont venus dire que nous avons eu raison de dénoncer ce qui se passait dans cette police et d’y avoir mis fin. »
Entretemps, les « policiers » ont finalement été suspendu.e.s. Certain.e.s ont démissionné. D’autres ont été déplacés.e.s. La merde sous le tapis, ça continue à puer, même si ne la voit plus…
Verdict :