Beaucoup a été écrit, dit et diffusé sur les deux « Boums » du Bois de la Cambre à Bruxelles qui ont eu lieu les 1er avril et 1er mai 2021. Le comportement des forces de l’ordre a été largement commenté et il n’est pas interdit de penser que c’était délibéré de la part des autorités.
Pourtant, le fait souvent répété que ces événements n’étaient pas autorisés, voire interdits ne peut légitimer n’importe quoi. En effet, à la vue des personnes rassemblées dans un bois, sur les pelouses, en petits groupes, papotant et profitant du grand air, il est vraiment compliqué de percevoir une réaction proportionnée de la part de forces de l’ordre qui décident de « vider le bois« .
Effectivement, et ce n’est pas à nier, certain.es policiers.ères ont été pris.es pour cible par quelques personnes présentes ce jour-là. Effectivement, et ce n’est pas à cautionner, certain.es officier.ères bien que casqué.es et en tenue de combat ont été blessé.es. Toutefois cela ne suppose pas la mise en œuvre de tout l’arsenal répressif. Le dispositif était déjà présent bien avant les événements et la déferlante policière armée de ses bonbonnes de gaz envoyées à bout portant sans sommation, la charge équestre, les courses à toute vitesse des véhicules de canons à eau à travers la foule, l’usage à fond des canons à eau, tout cela pour « disperser la foule » ? Peut-on raisonnablement estimer un tel déploiement comme proportionné ?
Et que dire des comportements policiers en marge dans les rues voisines, armés de leur chien qu’ils laissent mordre une personne à terre procédant à des arrestations musclées ?
Il est toujours utile de rappeler que l’usage de la force, doit être soumis à 4 conditions : la poursuite d’un objectif légitime, la nécessité, la proportionnalité, et l’avertissement. Les personnes présentes jugeront de l’application de la loi.
Commentant les événements, le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close indique que « C’est pour que les gens se disloquent1. Il y a eu des préavis, comme nous l’avons dit. Et puis à un moment donné, moi je ne peux pas non plus laisser la police se faire caillasser pendant des heures […] Mais la police, elle fait son job et elle a tout à fait ma confiance.«
Un témoignage nous donne une image de l’intérieur (extraits)2 :
« Pendant l’heure qui suit, ce fut des poursuites incessantes. Les chevaux, les chiens, les lacrymogènes, les boucliers… un remake du 1er avril. Nous essayons de calmer les choses, de comprendre cette violence. Il n’y a rien à comprendre. C’est un choix politique.
Des amis, des pères, des mères, se font gazer ou frapper. Des adultes pacifiques. PACIFIQUES. Des jeunes sont blessés. Des policiers nous disent: « On est désolés, ce sont pas des gars de chez nous », en parlant de leurs collègues. »
Notons encore qu’il y a eu lors de la Boum du 1er mai à Bruxelles, 132 arrestations, pour entre 1000 et 2000 participants. À titre de comparaison uniquement, lors de la manifestation du 1er mai à Paris, entre 106.000 et 170.000 participants : 54 gardes à vue, 21 présentations à un magistrat, 13 rappels à la loi, 9 classés sans suite et 6 prolongés3…
Côté violences policières, le Comité P a reçu six plaintes pour des violences policières autour de l’événement la Boum, plus précisément quatre plaintes pour la soirée du 1er avril et deux plaintes pour celle du 2 avril, auxquelles s’ajoutent 16 plaintes pour la Boum 2 du 1er mai4.
Le régime dit sanitaire que nous connaissons depuis des mois a permis de mettre en place toute une série de restrictions de mouvement, l’un d’eux strictement appliqué par les autorités étant l’interdiction de manifestation. Quelques lieux seulement restent « autorisés » à Bruxelles notamment, les rassemblements doivent se faire dans le respect desdites règles. Ceci ne devrait néanmoins pas donner lieu à la répression violente comme elle est exercée depuis plusieurs mois déjà.
Citons en conclusion : « Il n’y a d’autre recours contre la violence sauvage, que la force démocratique ; une force démocratique qu’on doit simplement mieux concevoir, mieux partager, qui doit être plus équitable et moins arbitraire que la violence sauvage.» (Gabriel Martinez-Gros, professeur d’histoire médiévale à l’université Paris Nanterre).
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Une jeune fille violemment percutée par un cheval de la police #Bruxelles #StopDictatureSanitaire #ReveillezVous pic.twitter.com/slzp1cSpos
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Une jeune piétinée par la police de Bruxelles ce 1er avril au bois de la Cambre, lors d'un rassemblement pic.twitter.com/ZZZjY3fMUy
— Cité 24 (@24Cite) April 4, 2021