21 septembre 2006
25 ans. Menotté, privé d’eau et de nourriture pendant deux jours, Fayçal, mort d’un syndrome malin à la prison de Forest.
En détention préventive depuis le 16 septembre à la maison d’arrêt de Forest pour vol qualifié, Fayçal, 25 ans, aurait mal supporté son incarcération et fait un épisode de « psychose aiguë« . Il aurait été placé à l’isolement pendant deux jours, entravé aux chevilles et aux bras, privé de nourriture et d’eau. Des calmants lui auraient été administrés sans consultation de son dossier médical, selon sa famille, qui a été reçue par la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx.
Il avait commencé à se plaindre de douleurs et les médecins lui avaient alors donné des neuroleptiques, auxquels Fayçal aurait fait une réaction à l’origine de son décès dans la nuit du dimanche au lundi après deux jours dans la cellule d’isolement : « syndrome malin des neuroleptiques« , qui aurait pu être diagnostiqué la veille,selon le légiste auteur du rapport d’autopsie
L’autopsie a révélé qu’il avait succombé à un syndrome malin, tandis que l’enquête ordonnée par le Parquet écartait la thèse du suicide et l’intervention d’un tiers.
Les médecins ont été poursuivis pour ne pas avoir constaté que leur patient était en train de faire une réaction aux calmants administrés. Pour l’avocat de la famille de la victime, Me Dimitri de Béco, les médecins ne s’étaient pas donné les moyens de faire le bon diagnostic :
« Les deux médecins ont failli. Ils ont cédé à cette tentation de se dire : ‘On est en prison, on peut ne pas soigner les détenus comme les autres patients’. On ne peut pas dire qu’ils se soient trompés de diagnostic, ils ne se sont pas donné les moyens d’un bon diagnostic. Ce dossier, c’est la banalisation de la souffrance d’un détenu »
Un avis partagé par l’avocate générale Estelle Arpigny, qui avait requis une peine de 4 mois de prison :
« Un homme de 25 ans, peu importe ce qu’il a pu faire pour être détenu, est mort à la suite du comportement de deux médecins. Ils auraient dû être attentifs. »
La défense, Me Sandra Poskin, Me Isabelle Morel et Me Pascal Vanderveeren, a soutenu que leurs clients n’avaient commis aucune négligence.
« Je suis désolé de la mort de M. Chaaban mais je précise que la décision de menotter venait de la direction uniquement », a déclaré l’un des deux médecins. « De même, l’hospitalisation d’un détenu requiert une autorisation de la direction« .
« Même si la décision de menotter et d’isoler un détenu appartenait à la direction de la prison, c’était aux médecins de prendre la responsabilité, au final, de la santé du patient et de demander donc d’urgence le transfèrement vers l’hôpital« , a réplliqué le ministère public.
Condamnés en première instance pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger avec suspension du prononcé, les médecins ont fait appel et ont été relaxés en 2016, dix ans après la mort de Fayçal.
La famille de Fayçal a réagi, via son compte Facebook « Un jeune homme est mort dans une prison belge qui défend les droits de l’homme au non d’une démocratie bancale et d’un système de justice a deux vitesses… Ceci existe encore en 2016 en occident… Fayçal est mort pour rien et ce n’est pas le premier ni le dernier que la prison assassine »
