VOS TÉMOIGNAGES

QUELQUE PART EN BELGIQUE, ILS RACONTENT...

IMPORTANT : nous publions ici certains des témoignages recueillis via le formulaire en ligne avec l’accord des victimes et après avoir modifié leur identité. Pour certains, des éléments pouvant révéler leur identité ont toutefois été volontairement laissés inchangés, lorsque leur témoignage a déjà été publié dans les media ou sur internet, et ce avec l’accord de leur auteur.

Où quitter une manifestation une pancarte toujours sous le bras donne lieu à des intimidations des forces de l’ordre (2). Une fois de plus les forces de l'ordre préfèrent mettre tout le monde au même niveau pour "leur sécurité (ici pro- et anti-Palestiniens)

« Je revenais à pied de la manif pro-Gaza le 21 janvier 2024. En rejoignant la rue Dansaert, après les jets d’eau devant la Bourse, un combi stationnait moteur allumé (et puant).

Quand je passe près d’eux, le conducteur, qui avait sa fenêtre ouverte, m’interpelle et me demande gentiment de ranger mes pancartes. Il me dit que c’est pour « éviter qu’il y ait des problèmes avec d’éventuels contre-manifestants.« 

Je lui rappelle que j’ai le droit d’exprimer mes opinions sur la voie publique, manif ou pas, et je lui fait remarquer que je ne peux pas les escamoter, elles sont pas pliables, et que la rue Dansaert est quasi-déserte.

Son collègue côté passager s’en mêle alors et me redemande de les ranger.

Je sens que ça s’envenime, je leur répond que je vais éviter de les porter sur l’épaule et que j’habite à 500 mètres. Je demande pas mon reste et je file. Fin de l’histoire.

Vous avez dit liberté d’opinion et de l’exprimer ? »

Où quitter une manifestation une pancarte toujours sous le bras donne lieu à une interpellation humiliante et des intimidations des forces de l’ordre. S’agirait-il de délit de sale gueule de manifestante ?

« Présente à une manifestation autorisée contre les violences à l’égard des femmes j’étais en compagnie de plusieurs connaissances de nationalité italienne et belge témoins de ce qui m’est arrivé. En fin de manifestation je quitte les lieux afin de me rendre dans un établissement pour boire un café. C’est alors que je suis arrêtée par la police. Vêtue de noir je portais également une pochette bordeaux et un sac fourre-tout de l’événement Mirabal.

Je portais sous le bras droit une pancarte en carton sur laquelle était écrit “Love does not kill”). Les forces de l’ordre m’ont interpelée, arguant que j’étais en train de manifester et que je n’avais pas le droit de le faire. Ils ont indiqué que je portais une revendication politique que je n’avais pas le droit d’afficher ; alors que je ne faisais que porter le carton sous le bras. Je leur ai signalé qu’il était normal que je porte encore des effets personnels puisque je quittais la manifestation mais que je ne manifestais plus. J’ai demandé la base légale pour me stopper dans la rue pour une telle raison, ils ont précisé que c’était en raison d’une manifestation non autorisée.

J’ai immédiatement recherché sur le site officiel de la Police Belge la définition et le documents concernant la thématique des manifestations . En lisant la définition de manifestation “On entend par manifestation toute activité rassemblant un plus grand nombre de personnes (participants ou spectateurs). Il peut s’agir de soirée, de brocante, carnaval, rallye touristique…” j’ai donc fait remarquer que ce n’était pas le cas comme raison de mon arrestation. J’ai ensuite voulu savoir pour quelle raison je n’avais pas le droit de garder le carton sous le bras. La seule réponse fut à nouveau que je n’avais pas le droit de manifester.

J’ai répondu que je pensais qu’en Belgique, on pouvait s’exprimer librement et que j’en étais tout à fait sûre. Ils m’ont répondu que « ce sont les lois en vigueur en Belgique » et m’ont dit que je recevrais un procès-verbal pour cette infraction et que sur mon « beau téléphone, vous pouvez lire tout ce que vous voulez, mais que nous le disions et nous savons ce que nous faisons » et que moi, une « mademoiselle, une jeune femme« , j’étais manifestement mal informée.

Ils m’ont gardée là, à côté de leur camionnette et séparée des amies qui m’accompagnaient. Pendant ce temps, de nombreuses personnes, voyant mon malaise, ma difficulté et l’injustice de la scène, s’arrêtent, écoutent, certaines essaient de me parler, d’autres prennent des photos ou des vidéos.

Mes amies m’ont rapporté que lorsqu’elles ont demandé à la police de s’approcher de moi, celle-ci a refusé, les encerclant en ne nous laissant pas communiquer et en m’isolant.

Bouleversée, d’autant plus que je sortais d’une manifestation contre les violence à l’égard des femmes, j’ai commencé à pleurer et ai demandé quelles étaient les conséquences de cette situation. Les policiers m’ont demandé de leur remettre ma carte d’identité, en cherchant mon portefeuille dans ma pochette, je ne l’ai pas trouvé. Entre-temps, les policiers ont commencé à me crier dessus en demandant « Vous êtes illégale en Belgique? Vous êtes régulière? » et “C’est sûr que vous n’êtes pas enregistrée auprès de la municipalité« , en soulignant que « votre accent est juste définissable« , ce qui montrait clairement qu’ils avaient compris que j’étais italienne. Là, ils ont aussi dressé un autre procès-verbal parce que je n’avais pas de carte d’identité sur moi.

Je leur ai expliqué que j’avais probablement perdu mon portefeuille au cours de la manifestation et leur ai présenté mon abonnement STIB. Les policiers m’ont encore tourmentée précisant que ce n’était pas une méthode d’identification. Ils ont vérifié dans leur banque de données et ont pu établir que non seulement j’étais régulière en Belgique, mais également enregistrée dans une commune bruxelloise.

Ensuite, ils m’ont dressé un autre procès-verbal pour outrage, du fait uniquement que je m’étais permise de demander des informations sur mes droits et avais présenté une version différente de la leur.

Au long de l’entretien ils m’ont humiliée disant que je ne comprenais pas le Français, ce qui est totalement faux et que le problème était mon origine italienne.

Enfin, il m’ont permis de partir après près d’une demi-heure en me remettant les PVs de ces trois infractions pour lesquelles je recevrai, selon eux, « une forte amende et éventuellement une citation à comparaître devant le juge« .

Comme je n’avais rien fait, je suis restée paisible et en larmes. J’étais tellement incrédule que j’arrivais pas à y croire. Après m’être quelque peu remise et mangé je me suis rendue au commissariat central pour porter plainte pour abus de pouvoir de la part des forces de l’ordre et signaler la perte du portefeuille.

Lorsque je suis arrivée, un policier m’a demandé d’écrire ce qui s’était passé en quelques mots-phrases sur les ordinateurs à l’entrée. J’ai écrit que j’avais perdu mon portefeuille, que j’avais été victime de harcèlement et d’une procédure verbale injuste. Le policier à côté de moi n’a pas hésité à dire que ce que j’avais écrit était impossible. J’ai rapporté que c’était ce qui s’était passé. J’ai demandé de parler à une policière femme, car tous les policiers présents sur les lieux étaient des hommes et je ne voulais pas avoir affaire à l’un d’entre eux craignant me trouver dans le commissariat auquel appartenaient les policiers en cause.

J’ai donc relaté les faits tels qu’ils s’étaient déroulés tout en craignant que les policiers incriminés étaient là et entendent ce que je disais étant donné que tout le monde pouvait entendre.

Au début la policière semblait disposée à enregistrer la plainte, cependant dès que j’ai évoqué la police, elle a commencé à me regarder avec un air dégoûté et a appelé deux de ses collègues qui se sont approchés. J’ai demandé à pouvoir porter plainte pour abus de pouvoir et procès-verbaux injustes en vue d’une action disciplinaire suite à un comportement policier abusif, et déclarer la perte de mon portefeuille.

La policière m’a dit qu’elle n’était pas présente et qu’elle ne savait pas ce qui s’était passé et qu’elle ne pouvait donc pas écrire “ces choses” que j’étais en train de déclarer. La suite de l’entretien était fort floue, la policière d’un ton violent, a insisté pour me demander quels articles du Code pénal belge les policiers incriminés auraient violés. J’ai effectué une recherche rapide et elle a poursuivi en déclarant qu’étant donné qu’il n’y avait pas de blessure il n’y avait pas d’abus et que les policiers avaient le droit de faire ce qu’ils ont fait.

J’ai dit mon étonnement sur ses dires selon lesquels sans blessures une plainte ne pourrait pas être déposée, sur le fait que la plaignante doive elle-même confirmer les articles de loi et que si la policière n’était pas présente au moment des faits elle ne pouvait pas réceptionner une plainte.

Elle a confirmé, en ajoutant que les collègues étaient d’accord et que surtout j’avais “le visage d’une manifestante” et que donc “les actes de la police étaient corrects” et qu’”il y avait une supposition”.

À ma demande d’obtenir un écrit de ce refus de prise de plainte elle m’a rétorqué qu’elle “ne pouvait pas m’expliquer en italien qu’il n’y avait pas d’inculpation pour ce genre de choses” en ajoutant que “vous allez de toute façon perdre le débat et il est donc inutile de continuer” et s’est contentée de prendre note de ma déclaration de perte de portefeuille.

Ultérieurement je me suis rendue au commissariat de ma commune pour signaler que j’ai retrouvé mon portefeuille et le refus de prise de plainte où il m’a été dit que je devais toujours me conformer aux constats faits par la police et que pour les abus je pouvais m’adresser aux services ad hoc, et une fiche m’a été remise. C’était la première fois que je recevais une information correcte concernant mes droits de porter plainte contre les services de police. »

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[NDLR : à ce jour la victime n’a jamais reçu un quelconque PV officiel]

Où l’on voit les ardeurs d’un flic au tempérament un brin sanguin contrariées par les bons réflexes de N., la victime, et la saine réaction de son collègue…

« A quiet afternoon in my appartment in F. A Musician, I was still practicing a DJ set with my friend (we had decided to stop after an hour and a half of rehearsal). The music was not that loud as I have 2 small speakers at home and no bass. My door was open because my cat was doing her daily tour on the staircase.

My neighbour who had arrived at his office downstairs started shouting. I came down and told him to calm down, that I was working, that I would stop soon and that he would hear nothing once I close the door. He nevertheless threatened to call the cops and I personally did not believe him as it was in the daytime. But he did.

Just a bit later the police rings the intercom. They tell me they received a call of distress. It was my downstairs neighbour, whom on another occassion had made the hitler sign to my face. He did not say it was a noise complaint, he had said that there was a domestic fight upstairs in my appartment.

I explained to the police that I was just listening to music. They came upstairs to my door. One officer was being super manipulative to try and get into my flat. I did not let them. They seemed to know the neighbor as they greeted him by his name and then they proceeded to tell me to switch the music off. I tried to explain that I was doing nothing wrong and that they had no reason to be at my door.

That is when they started escalating by threatening me with a fine, throwing insults, threatening to take me and my friend to the station. I stood my grounds and told them they needed to leave as they were abusing their power at that stage. One of the 2 cops tried twice to bang my door shut in my face while keeping his hand on the handle to block me and my friend inside the flat because he did not want to hear me anymore. At that stage I started shouting and telling them I would file a complaint and asked them for their names.

They started mocking me and refused to identify themselves. One cop started to push the other one down the stairs because it had escalated so much and they obviously had no legal power at that point to do anything. On the way down I hear them greet the neighbor nicely while they were hurling insults at me!

My friend took a small video of them shouting down the stairs. Then I went to my balcony and heard the most aggressive cop starting telling me to come downstairs and talk to them there if I dared. Giving me the middle finger, mocking me, and ridiculing my French all the time on the pavement in the public space.

At some point I told him in English that I spoke 4 languages and asked him how many he spoke and that I had this scene on video. The calmer cop tried to get his colleague to stop but he looked like he was pumped up on drugs. The calmer one also threatened me if I posted his face online, while the aggressive one took a video with his phone of me.

Finally they got in their car and left but used their megaphone to continue insulting me as they drove off. All this for music/work in the safety of my private home in the daytime !!!!! I was lucky my kids were not home because it was ugly. There was racism, mysoginy, class, corruption and it made me feel very violated and frustrated and sad. I feel very unsafe in my home. I am struggling with anxiety since it happened.« 

« Je rentrai chez moi en vélo quand je dépasse une voiture noire de la police rue Dansaert, arrêtée tous gyrophares allumés. Tournant la tête, j’aperçois sur le trottoir une interpellation en cours de deux hommes par trois policiers en civil. Je décide de m’arrêter un peu plus loin et monte sur le trottoir une dizaine de mètres plus loin pour regarder la scène et m’assurer qu’il n’y ait pas de débordement.

Policiers et interpellés sont calmes, tout se passe sans heurt ni éclat de voix. Les personnes sont en train d’être fouillées, les policiers prennent des photos de leur pièce d’identité. Je prends des photos de la scène.


Jugeant qu’il n’y a pas lieu de redouter des débordements je décide de rejoindre la route pour prendre une photo de la plaque d’immatriculation de la voiture de police. Je aperçois l’un des policiers s’approcher doucement.

Quand je m’apprête à partir, il me fait signe puis me demande (poliment et calmement) s’il peut m’aider. Je lui réponds que non, et il me demande ma pièce d’identité.

Je lui demande à quel titre ?

– C’est un contrôle d’identité, je n’ai pas à me justifier.

Je lui présent ma carte, qu’il photographie.

– Vous preniez des photos, non ? Vous avez le droit de prendre des photos, mais pas des les publier. Si je vois des photos sur Internet, vous serez poursuivi.

J’acquiesce, il me rend ma carte puis s’éloigne. Je l’interpelle :

– Je voudrai rectifier ce que vous venez de dire à propos de la publication de photos : ce n’est pas la publication qui est interdite, c’est l’atteinte à la vie privée, autrement dit le fait que vous soyiez reconnaissable sur la photo.

– Exactement. C’est ce que je vous ai dit, il n’y a donc rien à rectifier.

Fin de la scène. Conclusions :

  • Malgré une scène d’interpellation apparemment tout à fait conforme au droit et dans une ambiance sereine, ce policier n’aime pas qu’on puisse assister et documenter la scène.
  • Il a (ab)usé de son droit de contrôler mon identité uniquement parce que je documentais cette scène et qu’il s’est senti menacé par ce que je pourrais faire de ces images anodines
  • Il a soutenu une demi-vérité (ou un demi-mensonge ?) sur le droit à l’image
  • Il a gardé une photo de mon identité et laissé planer la menace de poursuites…

Bien que tout ça se soit passé paisiblement, cette tentative d’intimidation de témoin et d’obstacle à la prise d’image de la police dans l’exercice de ses fonctions m’inquiète, car d’autres témoins pourraient être plus facilement dissuadés de documenter une scène où des policiers se montreraient violents… »

Témoignage d’une vaccinée sur les arrestations arbitraires survenues lors de la manifestation contre les restrictions sanitaires à Bruxelles du 23 janvier 2022.

« Ce dimanche 23 janvier, je me suis rendue au Parc du Cinquantenaire à Bruxelles pour participer à la manifestation contre les restrictions sanitaires. Inutile de préciser que, doublement vaccinée, mon but était uniquement de dénoncer pacifiquement les nombreuses dérives, observées depuis le début de la pandémie de covid, aux principes de l’état de droit. Assez rapidement, voyant que la situation était en train de se dégrader, j’ai pris peur et me suis dirigée vers la sortie du Parc.

Une minorité de manifestants s’en prenait en effet à la police en leur lançant des injures, alors que celle-ci répliquait en faisant usage de gaz lacrymogènes et d’auto-pompes. Ce n’était pas aisé de se déplacer rapidement car les gaz lacrymogènes me brûlaient la gorge et me faisaient terriblement mal aux yeux. Je ne sais pas comment j’aurais fait si certains manifestants ne m’avaient pas aidé à sortir de ce mauvais pas. Je me dirigeais donc rapidement vers la sortie lorsque, tout d’un coup, moi-même et des dizaines d’autres manifestants pacifistes, nous nous sommes vus encerclés par des dizaines de policiers. Nous ne comprenions pas ce qui se passait et avons essayé de discuter avec la police, de façon polie, calme, sans agressivité et dans le respect d’autrui, en leur expliquant que nous cherchions la sortie.

La police ne voulait pas nous laisser partir, alors que nous étions finalement simplement d’honnêtes citoyens qui étaient venus exercer notre droit d’exprimer pacifiquement notre opinion et n’avions rien commis de répréhensible. Lors des longues heures qui ont suivies, personne – absolument personne – ne s’est montré ni énervé, ni agressif, ni provocateur. Personne n’avait d’armes ou d’objets dangereux dans son sac. Personne n’a levé le ton ou agressé les policiers. Mais ceux-ci ne voulaient rien entendre et affirmaient qu’ils demandaient l’évacuation du parc depuis 2 heures. Je veux bien les croire mais comment pourrais-je alors que j’étais présente à la manifestation depuis seulement 30 minutes et n’entendais ni ne voyais grand chose à cause des gaz lacrymogènes ?

Quelque temps après, ils nous ont tous arrêtés administrativement et nous ont mis des colsons, alors que nous ne représentions absolument aucun risque pour la sécurité publique. Ensuite, on nous a mis en cellule et privé de liberté comme si nous étions de dangereux criminels, alors que nous n’avions absolument rien fait ! Pourquoi humilie-t-on ainsi les manifestants sans raison aucune ? Pourquoi mobilise-t-on des dizaines de policiers pour arrêter de braves citoyens bien trop polis que pour se rebeller ? Pourquoi tout cela alors que leurs collègues avaient à faire aux vrais caïds qui, partis depuis bien longtemps du parc, étaient en train de mettre à feu et à sang la ville de Bruxelles?

Je suis profondément choquée, heurtée et scandalisée de voir comment on inflige ce traitement injuste à d’honnêtes citoyens. Je n’aurais jamais cru un seul instant être victime d’une telle arrestation arbitraire et injustifiée en Belgique. C’est vrai qu’il est tellement plus facile d’arrêter par centaines des braves citoyens innocents que vrais casseurs. J’ai honte de mon pays et ses forces de police. J’en viens penser que notre seul tort était peut-être d’avoir osé exprimer notre mécontentement vis-à-vis de la situation actuelle ? Les jours suivants, quelle n’est pas ma surprise de lire dans certains journaux que la police a procédé à 11 arrestations judiciaires et… 228 arrestations administratives. Il faut savoir qu’une arrestation administrative a pour objectif – assez large et fourre-tout – de maintenir l’ordre et la sécurité publique, tandis qu’une arrestation judiciaire concerne des faits plus graves, tels que la détention d’armes, des dégradations ou des actes de rébellion. [Sur la différence entre ces deux types d’arrestation, voir notre rubrique Vos questions, NDLR]

Veut-on faire croire à l’opinion publique – justement scandalisée par les images de black blocs saccageant notre belle ville de Bruxelles – que la police a bien fait son travail en procédant à 239 arrestations au total ? C’est vrai que le chiffre “228” sonne tellement mieux que celui de « 11 » ! Est-il nécessaire de prendre en otage et d’arrêter arbitrairement des dizaines de personnes pacifiques – et qui n’ont rien à se reprocher – pour que le bourgmestre de Bruxelles et la police puisse faire croire à l’opinion publique qu’ils ont bien géré la situation ? J’appelle cela de la désinformation. Cette situation est ahurissante dans un pays comme la Belgique qui est censée être démocratique.

C’était la première fois que je me rendais à une manifestation contre les restrictions sanitaires pour dénoncer la privation de nos droits démocratiques les plus fondamentaux. En pensant rétrospectivement à ce que j’ai vécu ce dimanche 23 janvier, ce ne sera certainement pas la dernière fois! Je ne peux qu’encourager un maximum de personnes à se joindre au mouvement et à participer aux prochaines manifestations, avant qu’il ne soit trop tard. C’est le moment ou jamais pour la majorité silencieuse de prendre conscience de ce qui se passe, de sortir de sa zone de confort et de dire stop aux autorités publiques. Quel que soit le temps, l’énergie et l’argent que cela requérera. »

« Je me suis retrouvée dans la nasse de policiers après la manifestation à laquelle j’ai assisté, je souhaitais reprendre mon train afin de retourner sur X.; mais je n’ai jamais pu, la nasse est devenue de plus en plus étroite, j’étais clairement face aux policiers. Certains policiers en civil circulaient dans la foule très jeune, calme, ambiance bon enfant, des jeunes qui chantent avec leur musique, des jeunes qui ne comprennent pas ce qui leur arrive (beaucoup n’avaient rien à voir avec la manifestation !). J’observe l’évacuation des journalistes mais aussi l’arrestation aléatoire de jeunes garçons par la police en civil puis je vois une flic avec des colsons, j’ai compris : nous allons être arrêtés !

La foule se réduit mais les effectifs policiers augmentent, mon tour arrive, on exige ma carte d’identité et que j’enlève mon masque pour qu’on me prenne en photo ! Je demande pourquoi je suis arrêtée, on me dit « Vous participez à une manifestation interdite », je réponds non j’ai participé à une manifestation tolérée pendant 45 minutes, ici je souhaitais reprendre mon train, le policier m’a répondu « Ah ! dommage pour vous, vous étiez là au mauvais moment » ! Ensuite j’ai été placardée contre un combi et on m’a passé les colsons ! On m’a dit « Tu vas à terre avec les autres », j’ai refusé, ils m’ont mise à terre de force.

Ensuite, avec d’autres filles nous avons été mises dans des mini-cars de police et là je me rends compte que j’ai trois ados de 17 ans autour de moi, deux d’entre elles semblaient paniquées, une devait prendre son train pour X., la seconde l’accompagnait; la troisième était à coté de moi et tout comme moi souhaitait rentrer chez elle après la manifestation. Nous démarrons, [] on finit par savoir que nous allons à la caserne d’Etterbeeck, un policier à côté de moi dit à sa collègue : « Petite pioche aujourd’hui, on n’a pas dû courir des masses ! » Ils ouvrent les portes, on attend, on a froid, une fille veut aller aux toilettes, on lui dit non ! Elle insiste en disant que si elle n’y va pas, elle va faire pipi sur elle et donc sur le siège. Un policier lui répond « Tu peux le faire, le siège sera nettoyé ! »

Dix-quinze minutes plus tard, on entre dans la caserne, on nous met dans une cellule pouvant accueillir 17 personnes, nous étions bien 30 avec énormément de mineurs donc une de DOUZE ANS!!!

On entend des cris, des mecs qui se font frapper dessus, on en voit au sol se faire piétiner puis tirer comme un sac dans des cellules! Certaines filles filment, l’une d’entre elles s’est fait menacer de se le faire confisquer si elle filmait à nouveau .

Certaines filles ont pu aller aux toilettes, pas d’autres, je n’ai pas pu me retenir, je me suis fait pipi sur moi !

Vers 20:15 on [] me fouille au corps puis là je me retourne car j’entends un jeune crier de douleur, je le vois avec quatre policiers sur lui en train de le frapper le piétiner, et lui mettre les bras dans le dos afin de lui remettre des colsons ! Le garçon criait « Pitié arrêtez, j’ai mal ! » Les larmes me montent aux yeux, je regarde le policier qui avait mes affaires en mains qui dit « Ça chauffe« , je lui demande « Vous cautionnez ça ? », il me dit non mais que c’est ainsi, on ne dénonce pas les collègues! Je reste sans voix, on me fait signer un papier sans me proposer de le lire, j’étais tellement sous le coup de l’émotion que je n’ai même pas lu le papier qu’ils m’ont fait signer.

Je leur demande si on peut avoir quelque chose de chaud pour nous réchauffer, on me donne de l’eau glacée. Je rejoins une partie des filles dans une autre cellule, nous avons été séparées en deux groupes : dans la cellule d’à côte des filles veulent aller aux toilettes, des policiers sont devant, ils nient les appels de ces filles puis l’un d’entre eux répond que les toilettes seraient bouchées et que du coup c’était non.

Deux filles avaient filmé ce qu’ils se passaient, les policiers ont eu accès aux contenus et les ont effacés et sont allés jusqu’à vérifier si rien n’avait été publié sur les réseaux. []

Je suis sortie de là choquée, gelée, en tremblant et prête à m’effondrer, j’ai essayé de rire un max et d’échanger avec les filles en cellule mais j’ai eu peur de demander quoi que ce soit au policier, peur de leurs réponses, peur de ce qu’ils pouvaient me faire, j’ai eu plusieurs fois envies de me révolter face à ce que j’ai vu entendu mais je me sentais paralysée face à la peur qui s’est emparée de moi, peur de me prendre des coups, de ne pas sortir, ils avaient le contrôle sur nous et le savaient ! Je suis sortie vers 21:00, les garçons bien plus tard, je sais que certains sont sortis après minuit… Ce jour je ne sais toujours pas pourquoi j’ai été arrêtée ni si je vais avoir une amende, je ne sais rien. »

« Ce dimanche 24 j’ai participé à la manif contre la justice raciste et de classe, j’y étais avec ma sœur et mon amie. La manif avait fini avec la pression de la police, ils ont demandé que l’on quitte la place. Nous trouvons injuste de devoir gentiment partir sans demander notre reste. Alors nous sommes restés un peu plus loin car d’autres personnes refusaient de partir. Nous étions toujours à distance afin de respecter les mesures sanitaires mais aussi pour ne pas être mêlées à certains vandales, nous n’avons eu aucun geste agressif. À 16:00 nous avons été encerclés à la gare centrale par la police, ils ne laissaient partir personne.

Nous décidons de prévenir notre mère de ce qu’il se passe afin qu’elle puisse nous aider à comment réagir et si jamais elle n’aurait plus de nos nouvelles car, bien optimiste que je suis, ça sentait quand même bien la merde. Avec le reste du groupe encerclé, nous avons tous été un par un fouillées et ensuite menottées sans nous dire pourquoi. Ce serait pour vérifier si nous avions bien participé à la manif a dit un policier, que nous étions en arrestation administrative que nous n’aurions rien dans notre casier judiciaire et, les mains attachées (avec des colsons) car nous pourrions être des personnes agressives. La seule chose que nous avons fait est d’avoir participé à une manifestation qui était calme pacifique et respectueuse des directives sanitaires.

Nous avons été mises dans un fourgon avec une vingtaine d’autres jeunes, tous dans l’incompréhension de cette situation aberrante. Nous nous sommes quand même forcés à rire de ce qui nous arrivait car c’était ce qu’il nous restait, rire ensemble afin de montrer aux policiers que ça ne nous atteignait en rien. Alors qu’au fond nous avions tous peur. []

Les mains attachées j’ai réussi à appeler ma mère en cachette, je lui ai dit que nous avons été embarquées et que nous allions être conduit à la caserne d’Etterbeek. Arrivées vers 17:00 nous avons été parquées dans des cellules non mixte et laissées là sans rien nous dire,toujours les mains attachées.Je remarque qu’il n’y aucune caméra [] horrifiée de savoir qu’il pourrait nous arriver n’importe quoi sans aucune preuve vidéo. C’était un grand hangar tout était en pierre, une allée au milieu des cellules se faisant face, quatre de chaque côté.

Je demande pour aller aux toilettes, au retour, on passe devant la cellule dans laquelle se trouvaient des connaissances sans s’arrêter.

La policière me dit qu’on va directement passer à la fouille. On refouille donc mes affaires mais cette fois elles me sont prises (sac, gsm, poches vides) et placées dans un sac plastique, la raison qui m’est répondue à ma question pourquoi puisque déjà fouillée est que c’était pour ne pas qu’on utilise nos affaires personnelles comme armes entre nous ou contre eux. On prend en photo ma carte d’identité et on me dit que l’on va prendre aussi mon visage, je leur demande pourquoi ? Il me dit que c’est pour voir sûr les photos si j’ai participé à la manif, je ne réponds rien et me laisse prendre en photo.

Je signe un papier attestant que mes affaires sont scellées dans un sac. Elle me donne ensuite une bouteille d’eau et une gaufre.

Je sors du bureau et je remarque qu’on dépasse la cellule où j’étais, j’ai envie de crier à mes ami.es que tout va bien qu’on me conduit dans une autre cellule, mais rien ne sors, je suis paralysé par la peur…

J’arrive dans une autre cellule avec d’autres filles et je réalise que beaucoup n’avaient rien avoir avec la manif, certaines étaient allées avec leurs groupes de danse à la gare centrale pour tourner un clip. J’étais abasourdie. Au final nous nous retrouvions à 19 dans la cellule, surveillé par des policières.

Nous entendions les garçons faire du bruit à un moment ce n’est plus du bruit qu’on entend mais des cris, alors nous tentons de voir à travers les grillages ce qu’ils se passaient en face. Nous avons vu des policiers en armure rentrer dans leurs cellules et repartir avec un garçon traîné au sol, des policiers étaient restés dedans et ils avaient éteint la lumière pendant un temps puis ils sortaient. Aujourd’hui, on sait qu’ils étaient en train d’en tabasser certains. Nous demandions à la policière devant la porte ce qu’on attendait, elle disait qu’elle ne savait pas, qu’il fallait demander au chef, elle ne nous regardait même pas, à la question où est ce chef, elle nous répond : je ne sais pas. On comprend qu’elle se fout bien de nous.

Enfin, on nous dit qu’on va pouvoir rentrer chez nous. Nous demandons si nous allons recevoir une attestation qui prouve que nous avons été détenues, le policier dit non, qu’ils ont encodé nos donnés mais que nous n’allions rien avoir comme preuve et que si nous continuons à nous plaindre on y passerait la nuit. En partant nous remarquons que les cellules des garçons ne sont pas vides, il est 21:00, on a à peine le temps de dire au revoir à une fille que toutes les autres sont parties, fuir loin cet endroit.

Depuis ce jour, j’ai la boule au ventre. J’ai peur d’être reconnu par la police et de ne pas être considéré.

C’est choquant de comprendre que la police est intervenue de cette façon, juste parce que nous manifestions. Vouloir dénoncer une justice qui n’est pas la même pour tous, serait-il devenu un crime qui justifierait d’être insulté, menotté, embarqué, enfermé, par les forces de l’ordre ? »

Où la victime de violences conjugales devient aussi la victime des forces de l’ordre…

« J’ai appelé la police à l’aide à cause des violences conjugales que je subissais. Après nous avoir auditionnés tous les deux séparément, ils m’ont demandé de quitter les lieux sur le champ car ce n’était pas mon domicile… alors que j’étais en état de choc, souffrant de multiples contusions, vêtue de mon seul peignoir et sans endroit où aller en pleine nuit.

Une fois sur le trottoir j’ai refusé cette situation. Ils m’ont alors emmenée de force, sous prétexte d’état d’ébriété sur la voie publique, parce que je criais pour protester contre cette situation. Je me suis débattue et je me suis retrouvée nue et menottée dans le véhicule de police. J’ai demandé à voir un médecin : je souffrais physiquement et psychologiquement de ce que j’avais vécu avec mon compagnon, et cette souffrance a été renforcée par le traitement que m’a fait subir la police … que j’avais pourtant appelée en espérant recevoir de l’aide ! J’étais complètement déboussolée.

Durant tout le temps passé avec moi, ils ont tenu des propos injurieux (« emmerdeuse », « connasse »…) et sexistes (« Mon collègue est célibataire là, ça ne vous intéresse pas? » … en parlant de celui qui me tenait dans le dos avec les menottes, alors que rappelons-le, j’étais nue !). Ils m’ont emmenée aux urgences : je n’y ai pas vu de médecin mais ils ont voulu me faire prendre un comprimé sans me dire ce que c’était et j’ai refusé. Ils m’ont alors dit que je refusais de voir un médecin (pourtant j’ai encore insisté pour voir un médecin !) et m’ont emmenée au cachot.

Au commissariat où on m’a mise directement en cellule, une autre équipe s’est occupée de moi. Ils m’ont donné une combinaison de peintre pour me couvrir. Malgré mes demandes répétées, ils ne m’ont jamais donné de l’eau, ni fait prendre connaissance de mes droits, ni donné une assistance psychologique et médicale post-traumatique. De plus ils m’ont insultée (« emmerdeuse », « connasse »…).

Je ne savais pas quand j’allais sortir. Ils mont finalement laissé sortir en fin de matinée : je me suis retrouvée seule dehors, complètement déboussolée, traumatisée et dépenaillée (mon peignoir était complètement déchiré : ils m’ont juste donné un T-shirt et un caleçon long à mettre en dessous). Malgré ma demande, je n’ai reçu aucun document attestant des évènements de la nuit. J’ai dû par moi-même aller demander mon numéro de dossier, plus tard dans un autre commissariat. Là heureusement on m’a traitée correctement, et le policier a pris une photo de mon hématome au front. »

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Nouveau dérapage lors d'un contrôle de masques. Bilan : des points de suture, des dents déchaussées et des contusions dues à des coups de pied dans le dos...

« Ce jour de juillet 2020, après minuit, (couvre-feu COVID pour les établissements à cette date : 12:30) je quittais la terrasse d’un restaurant avec une amie et mon petit chien. A dix mètres des terrasses sur la place, deux policiers attendaient, leur voiture garée sur le trottoir. La policière a interpelé mon amie et le policier s’est adressé à moi, pour nous dire de mettre notre masque.

Lorsqu’il m’a dit de mettre mon masque, je l’ai fait avec ma main droite (de la main gauche je tenais la laisse de mon chien). Lorsque j’eus fini de mettre mon masque, il m’a demandé ma carte d’identité. À ce moment mon amie revenait vers moi, elle avait terminé et je lui ai demandé de tenir la laisse pour pouvoir prendre mon portefeuille dans mon sac avec mes deux mains.

Lorsque j’ai voulu prendre mon sac sur mon épaule droite, ce policier a pris mon coude droit et m’a tordu le bras dans le dos. J’ai entendu un bruit de chaîne et je ne savais plus bouger, ça faisait horriblement mal, alors j’ai dit à voix basse « Au secours » et ensuite j’ai crié plus fort « Au secours ! »

Je me suis retrouvée enfourguée dans leur voiture par ces deux policiers, je pleurais de mal et d’incompréhension, ça a duré 3 secondes ! Ils m’ont emmenée au commissariat de X. et assise sur une chaise dans un bureau. J’ai dit que je voulais un avocat et à ce moment la femme m’a accusée de choses que je n’avais pas faites !

J’ai dit alors que je voulais voir un commissaire, aucune réponse. L’homme s’est approché de moi et a pris mon portefeuille dans mon sac, toujours à mon épaule droite et coincé avec les menottes. Il a sorti ma carte d’identité, l’a lue et il l’a remise dans mon sac et à ce moment, il a pris les lanières de mon sac et m’a jetée violemment par terre, il m’a encore donné un coup de pied dans le dos. Je leur ai dit qu’ils étaient fous, qu’ils m’avaient cassé le nez et les dents ! Je nageais dans une marre de sang, le sang coulait de ma bouche, de mon nez et je leur ai dit que j’avais besoin d’une ambulance.

L’homme m’ a répondu : « L’ambulance, c’est à vos frais, madame ! » Je pleurais toujours. Ils m’ont prise alors et dirigée vers la porte de sortie du commissariat et m’ont encore poussée sur cette porte qui était fermée à clé ! Ils m’ont assise sur le trottoir devant ce commissariat et m’ont enlevé les menottes. J’ai enfin pu appeler une ambulance.

J’ai eu des points de sutures, mes dents incisives du haut sont déchaussées, c’est à dire perdues ! je suis encore toujours sous le choc de cette brutalité gratuite. J’étais seule enfermée dans ce commissariat avec ces deux brutes qui avaient des revolvers à la ceinture ! »

Un témoin raconte l'escalade d'un contrôle du port du masque en rue contre une personne racisée...

« Suite à l’approche de mon accouchement j’ai demandé à mon copain de m’accompagner marcher pour accélérer le travail en vue de l’accouchement. Nous sommes allés marcher jusqu’à X. à 20 min de la maison. Nous avions nos masques mais nous ne l’avions pas remis correctement après avoir bu de l’eau. C’est à ce moment qu’on a vu un groupe de policiers, ils nous demandent alors de bien mettre notre masque. Sans résister, on l’a fait mais mon copain m’a dit d’une voix haute « Ils sont vraiment chiants avec leur histoire de masque, ils ont rien à faire ?»

Les policiers ont entendu, c’est alors qu’ils nous demandent de revenir pour leur présenter notre identité pour nous mettre une amende. C’est devenu un débat jusqu’à ce qu’ils menottent mon copain avec violence.

Sur la ruelle il y avait plusieurs personnes sans masque mais c’est nous qu’on arrête ! Mon copain a été embarqué pour passer une nuit au commissariat. »

Le témoignage reçu précise aussi que des raisons discriminatoires sont ressenties. La personne arrêtée a subi des coups, des techniques d’étranglement, les doigts retournés et n’a pas été entendue lors de sa demande de faire cesser ses souffrances. Les collègues policiers eux ne sont pas intervenus.

Réprimande infantilisante et propos racistes lors d'un contrôle de véhicule en novembre 2020...

« La scène s’est déroulée en dessous de ma fenêtre. j’ai entendu des sirènes de police et je me suis approchée de la fenêtre pour observer ce qui se passait. Une voiture était arrêtée, avec (de ce que j’apercevais), un conducteur au volant, suivie par une voiture de police. Un policier et une policière étaient présents.

J’ai commencé à filmer, notamment parce que le policier s’adressait en criant au conducteur, en le tutoyant et en lui criant dessus. De ce que je comprenais, la voiture avait été poursuivie par la police pour une infraction (mais je n’ai pas compris laquelle). Le conducteur ne parlait pas bien le français.

Un autre voisin est sorti, qui semblait le connaître et lui parlait dans sa langue pour lui apporter de l’aide, mais les policiers lui ont demandé dans un premier temps de ne pas s’en mêler, de façon assez ferme. Le ton du début de l’intervention n’était pas respectueux (tutoiement, réprimande, pas de monsieur), voire agressif.

Puis, le policier s’est calmé, a commencé à vouvoyer le conducteur. Il a demandé les papiers du véhicules pendant que sa collègue transmettait des informations sur le véhicule par talkie walkie. Une fois que les papiers avaient été montrés, après quelques minutes de recherche et d’attente, le policier a informé le conducteur qu’il allait recevoir « une amende à la maison » parce qu’il n’avait pas mis sa ceinture.

Le conducteur, qui ne comprenait visiblement pas tout ce que le policier disait, a commencé à s’énerver à son tour, à sortir de son véhicule, à se plaindre et à réclamer dans un mauvais Français. A ce moment-là, le policier a recommencé à s’énerver plus fort, et puis, au bout de deux – trois demandes de remonter dans la voiture (« Monsieur, remontez dans la voiture !« ) s’est remis à le tutoyer (« Remonte dans la voiture maintenant, arrête de discuter, remonte dans la voiture, et casse-toi maintenant !« ). Il a fini par lui adresser « Si toi pas content, toi casse-toi !« , avant de retourner à son véhicule en disant « Connard va !« 

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« Moi et ma femme nous marchions en direction du Sablon car les accès depuis la place royale vers le parc Royal et la porte de Namur étaient fermés par la police. Arrivé un peu avant le Sablon, là aussi nous avons constaté que c’était fermé.

Des manifestants et des policiers ont eu une altercation et la police a maîtrisé un groupe de personnes. Nous avons été pris dans ce groupe bien malgré nous. Nous ne sommes pas allé à la manifestation.

J’ai reçu un coup de matraque sur la cuisse alors que je ne faisais pas de résistance. La police a annoncé qu’ils arrêtaient tout le groupe. Nous étions choqués mais nous suivions les instructions.

Finalement nous avons été relâchés car « nous n’avions clairement pas le profil » selon un des responsables de la police. Je souhaite déposer une plainte car nous avons été embarqués de force dans des problèmes avec lesquels nous n’avions aucun rapport et violentés. »

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« Très fréquenté par un public populaire, au Parc Josaphat à Bruxelles, les injonctions à « circuler » étaient permanentes. Des personnes qui s’étaient arrêtés pour converser, en respectant la distance -barrage étaient sommées de se déplacer. Les protestations ou objections verbales provoquaient un contrôle d’identité.

Une maman accompagnée de deux enfants avait à prouver qu’il s’agissait bien de ses propres enfants. Un groupe de mères de famille accompagnées d’enfants, non « belges de souches », était l’objet d’un contrôle d’identité très prolongé, pour déterminer s’il s’agissait d’une même famille. Témoin de cette interpellation prolongée je me vois invité à m’éloigner. Deux adolescents qui échangeaient, du pied, un ballon, se voient verbalisés. Échangeant quelques mots avec une passante, je suis sommé de « me disperser » (!). La protestation verbale de la passante est sanctionnée d’un contrôle d’identité avec enregistrement.

Au début de la phase de déconfinement, on apprend, que plus de 100.000 procès-verbaux ont été réalisés, soit autant d’amendes potentielles. Vu leur montant, les conséquences de ces amendes sont dramatiques. De quelles procédures seront-elles l’objet ? Il est question d’une loi avec effet rétroactif ! Voire d’un ajout au Code pénal.

L’établissement de procès-verbaux peut conduire à la perception d’amendes d’un montant susceptibles de créer dans une famille des carences graves dans la satisfaction de besoins fondamentaux, soit 250 €. Dans certains cas, une protestation verbale fait l’objet d’un second procès-verbal. Ne pas obtempérer immédiatement, après les mesures prises par le gouvernement provisoire, à l’ordre de « circuler« ; de « bouger » pouvait donner lieu à un contrôle d’identité.

J’ai assisté, vers le 15 mars, à l’interpellation d’un groupe de mères de famille, « pas belges de souche« , accompagnées d’enfants, par deux policiers qui tentaient de vérifier à partir de la vérification des identités qu’il s’agissait bien d’une seule et même famille, et/ou vivant au même domicile. »

Lorsqu'un policier se prétendant tel insulte sa femme avant de rameuter des collègues médusés devant la scène jouée par celui-ci, A. administre sans hésitation une leçon de civisme à l'usage des policiers qui outrepassent leur droit...

« Au mois de mai 2020, ma compagne s’est vue agressée par un représentant des forces de l’ordre. Cet homme à abusé de sa position et s’est permis non pas juste de l’insulter mais de mentir et de débarquer chez moi pour la menacer tel que l’aurait fait la police d’un état totalitaire. C’est inadmissible.

LES FAITS : Alors qu’elle revenait d’avoir promené notre chien, celui-ci nous a échappé pour se lancer sur un autre chien dans la rue. C’est malheureux mais ce sont des choses qui arrivent et il y a eu plus de peur que de mal. Alors qu’elle s’excusait auprès du propriétaire de l’autre chien, un homme au volant d’une berline noire, n’ayant strictement rien a voir dans l’histoire, se permet de faire la morale à ma compagne. Ne le connaissant ni d’Ève ni d’Adam, ma compagne lui dit de s’occuper de ses affaires. Celui-ci rétorquant (sans aucune preuve de ce qu’il avance), je cite : « Ouais moi je suis flic, tu me dois le respect. » Rien ne prouvant ses dires et ne montrant pas sa carte, ma compagne prise au vif lui répond de dégager. Ce dernier n’a rien trouvé de mieux que de l’insulter, je cite : « Ferme-la, sale pute ! » avant de démarrer en trombe (dans une zone 30km/h) sur un « Ta gueule, connard ! » de ma compagne.

Un peu moins de 15 minutes plus tard, l’homme en question revient en trombe accompagné de deux de ses collègues. La première chose qui m’a frappé, il porte déjà ses gants, visiblement prêt à embarquer ma compagne. La deuxième chose, le non-port de la tenue réglementaire et aucun moyen d’identification. À peine le combi de police arrêté dans l’allée, le voilà qui débarque du véhicule de manière agressive et ses collègues n’ayant même pas encore pu dire quoi que ce soit ni même finir de sortir du combi, il hausse le ton de manière menaçante disant que ma compagne l’a insulté de « Sale flic ». Pour rappel, sa seule identification aura été orale, sans présentation de sa carte de légitimation ni aucun moyen visuel permettant de l’identifier en tant que fonctionnaire de police.

5 minutes avant qu’il ne se présente à notre domicile en force, nous rigolions tous du fait qu’il s’agissait très certainement d’une personne lambda se faisant passer pour ce qu’elle n’est pas. Lorsque ma compagne se défend d’avoir dit cela, il insiste haussant toujours plus le ton. Elle finit par laisser tomber, sachant qu’elle ne pourrait faire changer d’avis cet homme qui martèle « ne pas entendre de voix et ne certainement pas s’être imaginé cette insulte », s’excuse néanmoins du « Ta gueule, connard » qui n’était sans doute pas nécessaire (alors même qu’au final elle ne faisait que de se défendre en restant proportionnelle à l’agression) et souligne le fait qu’en tant que représentant des forces de l’ordre, le qualificatif de « Sale pute » était de trop. Alors qu’un de ses collègues tente de prendre sa défense, je l’interromps disant que ça je l’ai très bien entendu alors même que j’étais dans la maison, et ce aussi clairement que si j’avais été près de son véhicule. Sur ce, il renchérit « Oui, bah oui je l’ai traitée de sale pute ! Et alors ? » avant d’enchaîner sur des menaces, que s’il le voulait il pouvait embarquer notre animal de compagnie pour maltraitance.

Me sentant immédiatement insulté par ses propos hors-sujet, diffamatoires et hors-limite, j’ai pris sur moi de lui donner une leçon de professionnalisme : « Personnellement, en tant que militaire, s’il y a bien une chose que je sais aussi bien que vous, c’est que quoi que vous dise un citoyen, vous n’avez certainement pas à l’insulter et encore moins de ‘Sale pute’ ! C’est inadmissible. » Sur quoi il n’a rien trouvé de mieux à me répondre qu’il avait aussi été militaire, comme si cela allait apaiser notre courroux ou bien même le disculper de son comportement. Cette réplique l’a visiblement calmé suffisamment pour qu’il se replie et parte, suivi de ses deux collègues.

Je tiens à saluer le professionnalisme de ses deux collègues. Contrairement à lui, ils ont été d’un calme exemplaire et ont agi en véritable représentants des forces de l’ordre. Ils ont été embarqués dans l’histoire bien malgré eux sans en avoir tous les détails, ce qui est malheureux car s’ils avaient eu connaissance de son comportement, les choses se seraient très certainement passées autrement.

Ce que je trouve inacceptable c’est qu’un représentant de l’ordre se permette autant de largesse. En plus de s’être rendu coupable d’une agression verbale à caractère sexiste, il s’est permis de bafouer les articles suivants du code de déontologie des services de police, tels qu’inscrits au moniteur belge (publication du 30 Mai 2006, n°2006A00301, page 27086) :

Art. 22 : « […] Les membres du personnel évitent tout acte ou attitude de nature à ébranler la présomption d’impartialité. Ils doivent proscrire tout arbitraire dans leurs interventions en évitant, notamment, de porter atteinte, dans leur manière d’intervenir ou en raison de l’objet de leur intervention, à l’impartialité que les citoyens sont en droit d’attendre d’eux (Art. 127, alinéa 2 LPI.). […] »
Art. 23 : « […] les membres du personnel qui sont impliqués personnellement dans une affaire, de telle sorte que leur impartialité pourrait être mise en cause, s’abstiennent de s’engager personnellement dans le traitement de celle-ci. Ils font, le cas échéant via leur chef, appel à d’autres collègues afin que soient accomplis ou poursuivis les devoirs professionnels. »
Art. 24 : « Les membres du personnel respectent la dignité de toute personne, quels que soient les motifs ou circonstances qui les mettent en contact avec elle.
[…] ils s’interdisent aussi toute discrimination et toute forme de partialité, quelle qu’en soit la raison […] »
Art. 26 : « Les membres du personnel doivent proscrire tout abus dans l’exercice de leurs missions (Art. 130, alinéa 2 LPI.).
[…] Même en dehors de l’exercice de leurs fonctions, les membres du personnel n’usent pas de leur qualité pour échapper à leur responsabilité lorsqu’ils sont en tort.
Les membres du personnel n’abusent pas de leurs compétences, ainsi que des moyens et facilités inhérents à leur fonction. Cela signifie […] qu’ils ne causent pas à des tiers un préjudice, même éventuel. […] »
Art. 28 : « Le membre du personnel évite tout comportement, même en dehors de l’exercice de la fonction, qui peut mettre en péril l’exécution des devoirs de l’emploi ou porter atteinte à la dignité de celui-ci (Art. 132 LPI.).
Ils évitent également tout comportement qui peut ébranler la confiance du public dans la police. »
Art. 32 : « Les membres du personnel assument leurs propres responsabilités. »
Art. 41 : « Les membres du personnel font preuve de retenue dans leurs actes et leurs propos et proscrivent les excès de langage, les familiarités et les gestes déplacés.
Ils traitent chacun avec politesse, tact et courtoisie, veillent à conserver le contrôle de soi et prohibent tout comportement hostile, agressif, provoquant, méprisant ou humiliant.
Ils s’abstiennent de tracasseries et font preuve de discernement, de sens de la mesure mais aussi de détermination.
Les membres du personnel se comportent de manière exemplaire, spécialement en observant eux-mêmes les lois et règlements. »
Art. 57 : « Sauf si les circonstances ne le permettent pas, les membres du personnel qui interviennent en habits civils à l’égard d’une personne, ou au moins l’un d’entre eux, justifient de leur qualité au moyen du titre de légitimation dont ils sont porteurs (Art. 41, alinéa 1er LFP.).
Il en est de même lorsque des membres du cadre opérationnel en uniforme se présentent au domicile d’une personne (Art. 41, alinéa 2 LFP.).
Les membres du cadre opérationnel s’assurent en toutes circonstances qu’ils peuvent être reconnus comme tels, tant par le public que par leurs collègues. A cette fin, ils veillent à porter de manière idoine leur uniforme et leur équipement ou encore le brassard et à mettre en œuvre les techniques adéquates d’intervention. S’il y a risque de confusion, ils exhibent leur carte de légitimation, même s’ils sont en uniforme, à moins que les circonstances ne le permettent pas Sauf si les circonstances ne le permettent pas, les membres du personnel qui interviennent en habits civils à l’égard d’une personne, ou au moins l’un d’entre eux, justifient de leur qualité au moyen du titre de légitimation dont ils sont porteurs (Art. 41, alinéa 1er LFP.).
Il en est de même lorsque des membres du cadre opérationnel en uniforme se présentent au domicile d’une personne (Art. 41, alinéa 2 LFP.).
Les membres du cadre opérationnel s’assurent en toutes circonstances qu’ils peuvent être reconnus comme tels, tant par le public que par leurs collègues. A cette fin, ils veillent à porter de manière idoine leur uniforme et leur équipement ou encore le brassard et à mettre en œuvre les techniques adéquates d’intervention. S’il y a risque de confusion, ils exhibent leur carte de légitimation, même s’ils sont en uniforme, à moins que les circonstances ne le permettent pas ou le rendent inopportun.ou le rendent inopportun. […] »

Le résultat de son comportement est une peur irraisonnée de ma compagne à la vue de policiers en uniformes et une peur constante de sortir dans la rue et de le recroiser de peur qu’il se montre a nouveau violent verbalement ou bien qu’il abuse de sa position pour lui nuire. Elle s’inquiète désormais de la fiabilité des services de polices et n’ose pas imaginer ce qui devrait lui arriver si un jour elle devait se rendre dans un commissariat (plus spécifiquement celui de notre zone de police) afin de trouver de l’aide.

EN CONCLUSION : J’analyse la situation comme telle, cet homme est inapte à sa fonction. Son irrespect des règles de déontologie et son manque de sang-froid sont incompatibles à la fonction de policier. Son comportement, s’il n’en change pas, finira par causer un incident regrettable qui pourrait être évité. Il nuit également à l’image de la police en provoquant une perte de confiance des citoyens envers les gens qui ont prêté serment de les protéger et son abus de pouvoir est tout bonnement inacceptable : être représentant des forces de l’ordre ne nous met pas au-dessus des lois et des autres. Nous sommes des citoyens ayant fait un serment envers le reste de nos concitoyens, cela ne nous donne en aucun cas le droit d’en abuser et de se croire supérieur à eux ou bien aux lois. Je terminerai sur une phrase que je trouves très a propos : « Your Job Gives you Power, Your Behavior gives you Respect » ».

Quelques jours avant la fin de mars, les contrôles, les coups de pression et les survols de la ZAD par drones ce sont accentués. Et il semble clair que la police fédérale et la police d’Arlon profitent de la crise du Covid-19 pour préparer sans doute une expulsion à la fin du confinement.

À la date du 1er avril, l’accumulation de contrôles, de coups de pression, d’amendes, d’espionnage, d’arrestation arbitraire – voire raciste – en centre-ville, a ramené sur la ZAD, restée calme jusqu’ici, une climat de tension inutile en ces temps où la solidarité devrait primer. Quelques zadistes sont venus à la rencontre de l’équipe de pilotage des drones présente sur zone afin de négocier une « trêve ». Nos ami.es, après avoir reçu des rafales de sarcasmes (l’un des policiers prétendait prendre des images historiques et/ou artistique en vue de la victoire de la ZAD et de ne pas vouloir filmer nos visages), ont réussi à négocier un peu de paix. Parole non-tenue par les gardiens de la paix qui, 30 minutes plus tard, renvoient leur drones sillonner la zone, depuis l’arrière des bâtiments d’Idelux. Le règlement d’utilisation du drone stipule que les agents pilotes doivent toujours l’avoir en vue afin de le faire voler, ce qui était géographiquement impossible. Ces deux agents ont donc commis un espionnage illégal.

Suite à cela, des combis de police, dont des fédéraux, ont tourné durant une bonne partie de l’après-midi, en profitant au passage pour nous insulter, nous faire des doigts d’honneur et même nous pointer avec leurs armes de service (pistolet de poing – qui tire à balles réelles – et des FN303). La police sera-t-elle prête à tuer pour un zoning ? En tout cas, les principaux effets de ces contrôles en ville et de ces incursions sur la ZAD sont de créer les attroupements qu’ils sont censés empêcher.

Ces provocations ont entraîné de notre part une réponse à la mesure de l’agression commise par des agents dont la mission sera de nous expulser, nous garder à vue, voir nous tabasser afin qu’une intercommunale opaque et anti-démocratique puisse construire un énième zoning industriel sur une zone de Grand Intérêt Biologique. Nous rappelons que nous défendons cette zone justement pour empêcher cela, et quiconque voudra faire cesser le vol des hirondelles sera chassé.e de ce bois. Ici nous ne faisons qu’interrompre le désastre en cours et peut-être créer un monde où le coronavirus serait impossible. La violence est du côté de ceux qui veulent casser les forêts et emprisonner celles et ceux qui les défendent. La violence est du côté de ceux qui détruisent les hôpitaux, à Arlon ou ailleurs, qui maltraitent le personnel de santé en les soumettant à des cadences de plus en plus infernales, sabrent dans les finances de la santé une fois ministre du budget puis, devenue première ministre sans majorité, les exhorte à mettre en péril leur santé au nom du sauvetage de la nation et de l’unité nationale.

Pendant et après le confinement, la ZAD sera toujours du côté du personnel de santé en lutte contre ceux dont le mode de vie inconséquent nous à amené à la crise en cours.

[Source : Zablière – Zad d’Arlon – Posté le 3.4.2020 #GareàLaRevanche #OuiAuMaintienDeLHopitalDArlon #LaSantéEnLutt]e

Où il ne fait pas bon contester la toute-puissance des policiers dans l'exercice de la violence "légitime"...

« Alors que je quittais mon lieu de travail pour me rendre chez des amis à 200 mètres, vers minuit, je menais une discussion animée avec un ami au cours de laquelle j’ai bousculé une trottinette électrique la faisant chuter sur le trottoir.

Une patrouille de 6 policiers est alors arrivée nous enjoignant de manière très agressive de nous « mettre face au mur les mains sur la tête« . Je n’ai pas obtempéré immédiatement, leur demandant alors a ce que cela se fasse « calmement et poliment« , ce à quoi l’officier a répondu en lançant à la ronde « Vous êtes tous témoins qu’il ne veut pas obéir et qu’on utilise la force« , tentant ensuite une clef de bras de laquelle je me suis extrait en répétant que « Non je suis calme et on va faire ça tranquillement« .

Un deuxième officier s’est joint à lui et ils m’ont attrapé chacun un bras, me les retournant dans le dos. Ayant des douleurs chroniques aux épaules, cela me faisait très mal, je me suis donc débattu en leur demandant « d’arrêter parce que ça fait très mal« . Ils m’ont ensuite plaqué au sol, j ai continué a tenter de m’extraire car je souffrais, deux autres se sont joints à eux, ils m’ont finalement maîtrisé, chacun se tenant sur chacun de mes membres, et l’un d’eux m’écrasant alors la cheville à plusieurs reprises en sautant dessus.

Pendant cet épisode au sol qui a duré un long moment, une seconde patrouille de 6 est venue observer les faits, faisant circuler agressivement les passants et automobilistes que mes cris de douleur intriguaient, et dissuadant mes trois amis présents d’intervenir. Puis ils m’ont mis les menottes, et alors que j’étais toujours plaqué au sol, deux policiers en civil sont descendus d’une voiture, et l’un d’eux a immédiatement posé son genou sur ma nuque en déclarant « Alors c’est lui qui vous fait des problèmes ? » Puis il m’a aspergé le visage de lacrymogène, en me disant « Et ça, tiens, c’est pour la route ! » Il m’a mis plusieurs coups de genou sur le crâne. Ils m’ont ensuite porté par les bras et les jambes pour me jeter dans le camion, forçant une nouvelle fois sur mes épaules.

Après cette agression, j’ai évidemment refusé toute forme d aide au commissariat. Lors de ma sortie au petit matin, lorsque l’officier me rendant mes affaires m’a dit « On a porté plainte contre toi« , je pensais sincèrement que c’était ironique. Je n’ai évidemment pas porté plainte car il me semble absurde de m’adresser à la police pour me plaindre de la police, et les faits s’étant déroulés à une minute du restaurant où je travaille, je craignais certaines formes de représailles, l’un d’eux ayant déclaré « bien connaître l’endroit » lors de mon interrogatoire.

J’ai finalement été convoqué pour être auditionné à propos de mes « violences sur officier de police judiciaire » et suis dans l’attente d’un jugement au pénal. Les rapports d’inspecteurs qu’on m’a lu au commissariat sont d’une mauvaise foi des plus écœurantes. J’ai depuis très peur que la moindre interaction avec un policier ne dégénère très rapidement, car mon ressentiment est grand de m’être fait agresser puis désormais racketté. Je fais régulièrement des cauchemars de brutalités policières et des angoisses s’ensuivent où je me sens comme étouffé. On m’a prescrit des anxiolytiques à cet effet mais je pense que cette nouvelle haine que je leur porte et la rébellion face à la terreur qu’ils nous imposent au quotidien est vitale et justifiable. Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, ça fait du bien d’écrire. »

Revenons sur les violences graves subies pas Ludwig, sans-abri à Namur. Ses récits sont très inquiétants quant aux débordements policiers décrits par lui.

« Premier épisode : évacuation musclée de manifestants contre la loi anti-mendicité à Namur pour libérer la place pour une… autre manifestation contre la loi anti-mendicité !

« Namur le 7 juillet 2017 (premier week-end des soldes, en face un grand magasin bien connu), nous étions 8 sur la Place d’Armes et une quinzaine de personnes sans domicile fixe (SFD), 7 tentes posées la veille, pour protester contre le nouveau règlement anti-mendicité en application pour trois mois. Il s’agissait d’un rassemblement spontané sur la place où nous y avons passé la nuit du vendredi au samedi. Le samedi la police locale passe relever les identités de 2-3 personnes au hasard, dont moi, puis les policiers sont revenus une demie-heure plus tard pour nous demander d’enlever nos tentes. Je leur demande sur quelle base et ils me répondent qu’il y a une manifestation prévue à 15:00 (aussi contre le règlement anti-mendicité). À 14:00, ils nous disent qu’on peut laisser les tentes jusqu’à 15:00 et les remettre après 22:00. Je leur réponds que c’est se moquer de nous !

A 15:00 la police fédérale, le négociateur précisant que je « troublais l’ordre public« , m’a demandé à ce que je quitte les lieux, mais j’ai refusé de sortir de ma tente. On leur a dit que les propriétaires n’étaient pas forcément les gens dedans, mais les policiers les ont toutes enlevées (sauf la tente de la bouffe).

Pour me faire dégager ils s’y sont mis à 2, 3, 4 puis jusqu’à 9, avec 2 clés aux bras, une clé à la jambe, un étranglement, un flic sur le pied, et un autre qui me demande de me lever : comment faire pour se lever dans ces conditions ? Il n’y eu aucune résistance de ma part. [Voir la video]

Amené en cellule, les policiers m’ont demandé si je voulais voir un médecin, j’ai répondu non car à ce moment-là je ne ressentais rien (alors que plus tard je me suis aperçu que j’avais une « boutonnière«  au doigt). Quand je demande pourquoi je suis là, aucune réponse. La police a mis 15 jours à répondre « trouble à l’ordre public » et « campement » à la lettre de mon avocat. Pas constitutif de bivouac, car pas de feu.

La détention a duré 6h, et quand je suis sorti le policier me demande « Tu comptes continuer tes conneries ?« , ma réponse : oui, il termine par « Alors on te relâche pas !« .

Pourtant cela ne suffit pas, Ludwig s’est vu maltraiter de manière encore pire quelques mois plus tard!

Deuxième épisode : De graves erreurs de jugement lors d’une intervention de police, volonté manifeste de nuire à un militant gênant…

Étant donné l’expulsion des personnes sans-abri d’un squat, nous décidons d’en ouvrir un nouveau, le CPAS nous ayant indiqué qu’il n’était pas en mesure de nous reloger. Nous avons jeté notre dévolu sur un bâtiment vide de l’État. Avec plusieurs copains, après nous être restaurés à la friterie et avoir bu quelques verres, je pars avec un pied-de-biche [destiné à l’ouverture de la porte, NDLR]. Nous somme le 13 octobre 2017, je me sens suivi. Nous avions donc ce bâtiment en tête à ouvrir rue ND. Mais arrivés dans cette rue, 2 policiers sont venus en sens inverse, 2 par le côté et 2 autres bloquaient la rue plus loin. Surpris, mon pied de biche est tombé par terre, je le ramasse et c’est là qu’un flic me met en joue à 10-15 mètres de moi en m’ordonnant de le lâcher : « Pose ton pied-de-biche, pose ton pied-de-biche !« . Je réponds « Faut pas se foutre de ma gueule, vous me connaissez bien, vous savez que je suis pas violent !« , tout en amorçant le geste de le déposer.

Le flic tire, j’ai l’impression d’être tué net par l’impact juste au-dessus de mon cœur, la respiration coupée et je ne sais pas à ce moment-là qu’il s’agit d’une balle en caoutchouc (FN303, qui tirent aussi des balles réelles) ! Une fois repris mes esprits, je lance toute sortes de jurons, sur quoi le flic vide son chargeur sur moi (8 balles de plus, 5 autour du cœur, 3 sur le poumon droit, 1 au plexus)…

Je tombe à terre, et il se rapproche et me tire la dernière balle dans le dos (presque à bout portant). Pendant ce temps l’autre flic était à côté de moi, les deux autres maintenaient mes amis à l’écart. Un policier met mes amis en joue avec un autre fusil sur le front, le troisième policier vient vers moi parce que je ne me laisse pas mettre les menottes, il me tient par les pieds, l’autre par la tête, et le troisième prend ma tête pour un ballon de foot (je ne me souviens que d’un coup de pied, mes amis me disent qu’il y en a eu 2 ou 3). Je leur dis « Pas mon doigt, pas mon doigt ! » (je portais une atèle à ce moment-là). Ils me soulèvent par les menottes (les bras derrière le dos) et par les pieds, et me jettent dans le combi de police. […] Je suis emmené au commissariat sans ceinture, allongé avec un policier sur moi pendant tout le trajet.

Une fois au poste de police, les permanents me demandent si je veux voir un médecin je dis oui. Quand il arrive, je lui dis de revenir plutôt dans 4h (ironie), et le tabassage reprend devant le médecin dans la cellule, je ne me souviens plus si c’étaient les mêmes flics, à 6-7, me re-balancent dans la cellule, le médecin repart. 4h plus tard, à cause de ma forte la douleur, je demande à revoir le médecin. Malgré ma souffrance, j’ai dû taper pendant une heure sur la porte de la cellule pour me faire entendre (l’interphone ne fonctionnait pas), je n’avais même pas de papier toilette pour me nettoyer. Enfin, on m’emmène à l’hôpital, où je vois un urgentiste en présence permanente des policiers. Il me désinfecte, me met un point de colle, me dit qu’il n’y a rien à faire pour le nez, constate 8 impacts sur le torse et 1 dans le dos (donc il en manque un dans le PV), me donne un certificat médical, que je remettrai aux flics une fois retourné au commissariat. La grosse tache de mon sang dans la cellule est toujours là, une heure après. Je n’ai pas vu d’inscription au registre des effets personnels. Je ne reçois qu’un verre d’eau en rentrant de l’hôpital.

En me libérant un policier me dit :

Questions : « T’as bien déconné hier, hein ?« , puis : « Tu as des enfants ? », « C’est quand la dernière fois que tu les a vus ?« 
Réponse : « 3 mois« 
Question : « Tu comptes les revoir un jour ?« 
Et enfin il conclut « Tu sais que pour le même prix, c’était à balles réelles ?« 

Je lui dis que je ne me souviens pas, que j’étais en pleine crise de boisson, je reconnais que j’avais un pied-de-biche, je m’excuse auprès des policiers pour les insultes et auprès des propriétaires si j’ai cassé des trucs. Une fois reconduit à ma cellule (nettoyée), j’ai droit à un petit-déjeuner, puis un repas vers midi, et à 4h on m’annonce que je dois comparaître le 9 novembre 2017 en comparution immédiate vu que j’ai reconnu les faits. On me relâche vers 16h, avec un PV (que j’ai signé) et le rapport médical. La garde à vue à duré environ 16:30.

Je remonte au squat, et une heure après je lis une déclaration du procureur pleine d’erreurs et me dénigrant. Le lendemain je téléphone à la presse pour donner ma version, suite à quoi le service presse de la police de Namur dévoile publiquement à la presse certains éléments de l’histoire et de mon audition. Le 9 novembre il est constaté que la juge prévue est la femme de l’avocat de la police. Mon avocat demande un autre juge, la juge accepte et reconnaît qu’elle le savait (c’était une « erreur d’aiguillage« ) et le procureur insiste et exige que le dossier lui soit déféré d’office après que le nouveau juge soit nommé. […]

Il faut savoir que le lieu où j’ai été agressé et arrêté est situé près du Parlement wallon, et donc surveillé par 7 caméras de surveillance. Selon le procureur, aucune des images vidéo de ces caméras n’est « exploitable actuellement« . Par ailleurs 3 témoins sollicités ont vu la scène mais ont peur de témoigner. Mes compagnons de route, eux, n’ont pas été entendus. Le jour de mon arrestation, des amis se sont présentés au commissariat, et l’un a été violemment poussé contre une grille, tandis qu’un autre s’est fait arrêter pour « ivresse sur la voie publique » mais sans avoir été soumis à aucun alcootest, ni par la police, ni par un médecin. Sur les lieux, les policiers avaient ramassé toutes les douilles, il restait juste une trace de sang et la vitre arrière cassée du combi.

À aucun moment je n’ai levé la main sur les policiers… »

Tolérance zéro, cela signifie-t-il arrêter tous les passants ?

« Ce samedi de 2017 je rentrais du travail à vélo et vu que la route à la Porte X. était coupée j’ai pris un autre chemin pour arriver chez moi, où ma femme m’attendait avec les enfants pour fêter son anniversaire. Ce n’est pas un détail insignifiant, parce qu’elle était certaine que je rentrerais directement à la maison après le travail.

Quand je suis arrivé à la chaussée H. j’ai vu plus d’une vingtaine de personnes ligotées et en file par terre. Je me suis arrêté pour me renseigner de quoi il s’agissait. Je venais de voir à la Porte X. des manifestantes, avant de changer de route, là quelqu’un m’avait dit que la manifestation était contre l’esclavagisme.

Devant le nightshop, en face des détenus, je parlais avec un gars qui voulait prendre une photo. Un policier très nerveux traverse la rue pour nous dire qu’il fallait bouger et pour mieux se faire comprendre il commence à pousser violemment mon interlocuteur. Je réclame que je suis un voisin et que je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas parler dans la rue avec quelqu’un. Le policier, très agité et en se moquant de mon accent, m’a mis par terre et un autre m’a mis les colsons. Après ils m’ont fait rejoindre la file sous la pluie. « Tu voulais discuter ? » a dit un autre policier.

Je n’ai pas été ni agressif ni résistant, j’ai juste souhaité une réponse concernant son interdiction de parler dans mon quartier à quelques mètres de leur dispositif policier. Nous sommes restés longtemps par terre, je ne pourrais préciser la durée. Une mère et sa fille ont été séparées à coups de pieds pour entrer dans le fourgon policier. Les hommes ont été déplacés en bus.

Dans le bus un gamin a dû faire une partie du trajet à genoux. Les insultes de la part des policiers étaient constantes. Au commissariat d’Y. (nous avons à peine été informés de l’endroit où l’on nous emmenait), nous avons passé encore une heure ou plus par terre. Un mineur s’est fait tirer par les cheveux et frapper violemment à cause d’une bête blague. Les insultes de la part des policiers à notre égard continuaient.

À mon tour de donner mes affaires et de passer dans une cage, ils m’ont dit qu’ils allaient téléphoner ma femme, ils ont pris le numéro et ils essayaient d’être sympathiques avec moi pour me faire comprendre leur erreur de m’avoir arrêté à regarder ce qui arrivait dans mon quartier, alors qu’à leurs yeux, c’est clair que les gamins sont coupables et indignes de l’attention de qui que ce soit.

Les policiers n’ont jamais téléphoné. Ma famille et mes amis m’ont cherché pendant cinq heures dans des hôpitaux et des commissariats.

Les agents ont fait des photos et des enregistrements vidéo. Ils nous ont relâchés dans des points différents d’Ixelles et d’Etterbeek.

Heureusement mon vélo était encore là ce matin. »

Vous avez dit liberté d’expression ? Liberté de circulation ?

« Je passais en vélo à proximité de la place Bara à Anderlecht le vendredi 17 février. Intrigué par les nombreux combis de police stationnés aux arrêts des bus et l’aspect désert des environs, je trace en direction de la gare du Midi en traversant la zone d’arrêt de bus en jetant un coup d’œil. Un policier en civil me fait signe de m’arrêter, me fait descendre de mon vélo, et m’assaille de questions : « Qu’est-ce que vous faîtes ici ? Qu’est-ce qu’il y a dans votre sacoche ? Pièce d’identité ? » Sans attendre mes réponses, il m’empoigne par le col, sous l’œil d’un de ses collègues, me retourne contre la vitre d’un abribus en me maintenant la tête contre la vitre, me demande de vider mes poches en détaillant le contenu, saisit ma caméra et ma pièce d’identité, puis m’attache les mains avec des colsons et un autre collègue me fait monter à l’arrière d’un combi et asseoir à côté d’autres personnes arrêtées. Aucune réponse ne m’est donné à mes questions répétées de multiples fois : « Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi vous m’arrêtez ? », tout juste un « On vous expliquera plus tard. » Plus tard en effet, c’est à dire jamais…

Après plus d’une demi-heure d’attente avec la ceinture de sécurité, le combi démarre et nous conduit, 5 autres personnes et moi, vers le commissariat de la rue Démosthène à Anderlecht. Introduits toujours sans explication dans la cage commune où poireautent déjà une dizaine de personnes et numérotés au marqueur sur la main, on en est extraits un par un pour une fouille en règle dans des piaules séparées, puis retour en cellule. A l’intérieur, d’autres personnes sont arrivées pendant mon absence, on est maintenant une trentaine, dont un photographe free-lance. Je discute avec un résident suédois encagé comme moi qui ne comprend ni le Français ni le Néerlandais et se demande bien ce qu’il fout là. Tout comme moi, il se dirigeait vers la gare du Midi lorsqu’il a été interpellé. Tout comme moi, pas d’explication. Les autres détenus sont pour la plupart des gamins du quartier, une bonne proportion sont mineurs. Visiblement, ils se connaissent et chahutent ensemble pour passer le temps. Ils parlent fort, apostrophent les flics qui circulent autour de la cage, des insultes volent, mais tout ça sans agressivité, faut juste s’occuper… Une heure passe, une autre, une autre encore, rythmées par les entrées/sorties pour la fouille des derniers interpellés, les va-et-vients des flics, les silences et périodes d’excitation des gamins, les rigolades et les réclamations pour avoir de l’eau.

Finalement, les premiers arrivés se voient restituer leurs petites affaires, moyennant signature d’un papier et son relâchés l’un après l’autre, lentement… Arrive le tour des gamins, dont les parents ont été prévenus et qu’on relâche quand les parents se présentent en haut à l’accueil pour les chercher. Tout à coup, les jeunes encore encagés se mettent à gueuler en insultant les flics ou leurs camarades qui s’en vont, je sais pas trop. Les flics qui se sont occupés de nous étaient restés corrects, même sous les quolibets, ne répondant pas aux « provocations » joyeuses. Mais un trio de flics en civil, jeans et blousons noirs et oreillette arrive dans la pièce par le couloir des escaliers, et l’un d’entre eux pète un câble, croyant à tort ou à raison que le « gros pédé » ou autre qui venait de se faire entendre lui était adressé.

Il commence alors à gueuler comme un sourd, la tête en avant, menaçant, et s’excitant tout seul : « Qui c’est qui me traite de pédé ? Vas-y, répète pour voir ? Ah vous la fermez maintenant ? Et si je rentre dans la cage, tu vas me le dire en face ? Tu crois qu’t’auras les couilles ? » etc. Dans le même élan il fait ouvrir la porte de la cage par les collègues en tenue, et entre dans la cage, tandis que ses 2 collègues bloquent la sortie, les bras croisés, rigolards (« Alors les fillettes, on rigole moins maintenant, hein ? »). Le premier entame alors un manège surréaliste : collant son visage à 5 cm de chacun des gamins dans la cage (seulement des gamins), les regardant droit dans les yeux, il leur crie à la face « C’est toi ? C’est toi qui me traite de pédé ? Hein, c’est toi ? », la petite insulte genre « tapette » ponctuant chaque tentative d’intimidation. Aucun des gamins n’a moufté, mais aucun n’a baissé les yeux. On sentait la testostérone à l’autre bout de la cage et la tension était palpable. On devinait que la situation pouvait basculer sur un mot, un geste, un regard, n’importe quoi… Finalement, après son tour d’honneur, le grand nerveux est ressorti de sa cage, toujours gueulant, et ses potes rigolards. La porte s’est refermée, et l’attente à repris, avec les mêmes intervalles de calme et d’agitation.

Franchement, j’aurais pas aimé me retrouver dans un coin sombre avec ces trois lascars : la violence qui émanait de se mec sous les regards amusés et protecteurs de ses deux collègues fait vraiment flipper. Quant à vouloir jeter plein la vue aux gamins en jouant les gros bras, se montrer plus violent et plus balèze, quelle bonne méthode d’éducation, quelle exemplarité, et quelle sens de la psychologie !

Quatre heures après, et après avoir voulu me faire signer un PV qui indiquait une heure d’arrestation fausse, je suis finalement dehors avec mes petites affaires. À aucun moment je n’ai été interrogé. Quelques mots aux parents qui attendent la sortie de leur rejeton pour leur dire de ne pas être trop durs avec eux, embarqués sans raison comme moi, et je pousse la porte vitrée du commissariat. Je songe une seconde à demander aux policiers de me raccompagner jusqu’à mon vélo, laissé place Bara à une demi-heure de marche, mais je me ravise : j’ai échappé aux coups jusque là, pas sûr qu’ils comprennent ce genre d’humour… »

[NDLR : les lieux et dates n’ont pas été anonymisés sur la recommandation de la victime]

Un exemple de solidarité entre policiers, au moment de l’agression et, dans les suites de l’affaire, lorsque la victime tentera de porter plainte contre les collègues : W. est victime d’une double agression, puis d’un déni de son droit à demander réparation...

« Je suis divorcé d’une policière Madame F. qui travaille à la zone de police QRS. Le compagnon de mon ex-épouse est policier à une autre zone ABC de police. Un mois d’octobre, je raccompagnais mes fils (alors respectivement âgés de 3 et 5 ans), dans la voiture de leur maman. Je marchais devant avec mon plus grand fils qui pleurait parce qu’il me quittait. Mon ex-épouse suivait avec mon plus petit, accompagnée par mes parents. Dans le parking du glacier, mon ex-épouse avait garé sa voiture à l’écart de la route _et des regards. Une voiture break (dont j’apprendrai plus tard qu’il s’agissait d’une voiture banalisée de la police de la zone ABC du nouveau compagnon) est entrée à grande vitesse dans le parking. Le conducteur – Monsieur X. est venu à ma rencontre, m’a menacé d’un coup de tête et m’a porté un coup sur le bras.

Mes parents arrivant, ma maman a prévenu la police. Un combi de la police de la zone ABC est très rapidement arrivé sur les lieux. Je n’ai pas eu le temps de m’expliquer que les deux policiers ont été parler à leur collègue Monsieur X. Ils ont crié sur mes parents et moi-même, ont sorti une matraque et m’ont passé à tabac. Un des policiers m’a cloué au sol, genou sur le cou, main sur ma tête contre le sol. Je n’arrivais plus à respirer, j’ai vu un doigt, j’ai mordu. J’ai été emmené au commissariat de ABC, j’y suis resté 20h au cachot. 15 jours plus tard, je me suis retrouvé au Tribunal de H. qui m’a condamné à près de 3000 (trois mille) euros d’amende et 100 heures de travaux d’utilité publique.

Je me suis rendu dans plusieurs commissariats afin de tenter de porter plainte pour coups et blessures contre le policier et compagnon de mon ex-épouse mais il a fallu une policière « qui n’avait pas peur » pour prendre ma déposition. Les autres policiers m’ont clairement dit « qu’ils ne prenaient pas de déposition contre des collègues« .

Aucune suite n’a été donnée à ma plainte. Mes parents et moi-même sommes harcelés, menacés par mon ex-épouse en toute impunité. Les mots de Monsieur X. quand il appris que je portais plainte au comité P : « Vas-y seulement !« . 

Le samedi 11 février à Bruxelles, le collectif « Reclaim The Night » organisait une marche pacifiste pour « se réapproprier la rue la nuit contre les violences sexistes ». Cette manifestation fut le théâtre de violences policières incontestables et scandaleuses. Joëlle Sambi Nzeba était présente, elle revient sur ce qui s’est passé ce soir-là...

« Je me suis dit que je n’étais pas légitime, que je ne devais pas écrire. Pas pour les autres, pas comme les autres même pas pour moi. Mais les autres, samedi soir c’était moi et inversement. Tout ce que j’avais voulu faire c’était marcher pour construire aussi cette foutue intersectionnalité, essayer de placer concrètement la classe, la race, le genre et le sexe au cœur de nos actions. Et dire que Benetton n’a rien inventé. Je m’étais dit que je n’étais pas la bonne personne pour écrire ces mots parce que finalement je fais partie celles qui travaillent, privilégiée à ma façon dans un mouvement bien féministe, bien dans ses bottes, bien ancré, bien institutionnel et que ces mots ne passeraient pas. Parce que voyez-vous, il y a des colères qui ne se disent pas. Pas trop fort, pas comme ça.

Dimanche 12 février, 21:26. Je fume clope sur clope. Je tourne en rond et j’enrage. Avec l’espoir vain que mes larmes évacueront les insultes, les coups et la peur. Je tremble et j’hésite puis j’écris. Hier soir, samedi 11 février, à cette même heure, je postais la première vidéo de l’agression de la marche féministe « Reclaim The Night » par des agents de la police de Bruxelles. Une agression d’une violence inouïe contre les femmes, les meufs, les gouines, les trans et tous.tes les autres qui formaient ce cortège chantant et pacifique. Plus tôt dans l’après-midi, parce qu’il faut bien que nous travaillions à cette satanée intersectionnalité, je me suis dit : « vas-y !». Et j’ai été. J’y suis allée, pour me montrer solidaire, pour dire avec tous.te.s les autres, à partir de mon vécu personnel, ce qui constitue nos communes humiliations, nos fréquentes agressions, nos quotidiennes rages.

Samedi, 20:30. Rendez-vous au Mont des arts, la foule joyeuse et chantante se met en marche. C’est festif, il fait nuit, mais les flambeaux éclairent. Il fait froid, mais la chaleur de nos liens réchauffe. C’est qu’on veut l’habiter cette nuit et la vivre librement comme d’autres peuvent le faire sans jamais jamais craindre l’agression ou l’insulte. Début de la rue de la Violette. Un mec, deux, bière à la main, pas éméchés, mais prêts, bien prêts à faire chier parce que « l’espace est public » nous dit l’un d’entre eux. (ironique n’est-ce pas ?). Parce que comme nous tou.te.s, il vit en « pays libre et démocratique », il peut donc librement suivre le cortège et démocratiquement nous poursuivre de ses remarques sexistes. Je marche en fin de cortège, ça m’agace à peine, mais les hommes persistent. Alors, comme préconisés par les organisatrices en cas de problème, nous nous rassemblons autour des intrus afin de leur signifier qu’ils ne sont pas les bienvenus en criant « Dégage ! ». C’est la règle : juste crier « Dégage ! ». On s’y met tous.t.e.s, et on crie, nos voix et nos corps rassemblés pour seule arme. Le premier s’en va, le second tient tête, sourire en coin et résolument prêt à en découdre. Finalement, un homme viendra l’écarter manu militari. Nous repartons chantants de plus belle au rythme des tambours et des hurlements de louves. Parce que la nuit nous appartient voyez-vous, comme elle appartient aux loups.

Le cortège d’environ 150 femmes et personnes trans arrive joyeux au croisement de la rue de l’Étuve et des Grands Carmes devant le Manneken Pis. Je suis toujours avec quelques autres à l’arrière, nous fermons la marche, histoire de continuer à veiller à ce qu’aucun.e.s de nous ne reste seule ou se fasse embêter. Nous faisons nombre et c’est gai. Je regarde au loin, la rue du midi en me disant : « Et si finalement nous pouvions pour une fois circuler tranquilles ? Nous tenir la main ? Sensibiliser en chantant et finir cette nuit avec le sentiment d’avoir construit un petit quelque chose pour faire avancer nos diversités occultées ? Nos intersections bien en peine ? ». Il y a dans la foule quelques personnes noires comme moi. Ça fait plaisir. Vraiment. Le début du cortège en fanfare va bientôt déboucher sur la rue du midi. Soudain, des pas dans mon dos, j’ai à peine le temps de me retourner que deux hommes me dépassent en courant et se précipitent sur deux copines à quelques mètres devant moi. Le premier plaque violemment au sol une des filles, le deuxième balance la seconde contre une voiture.

Et là, tout bascule.

Le premier homme est littéralement couché sur la fille qui se débat. Nous étions préparé.e.s à devoir écarter les potentielles agressions, toujours à coups de « Dégage ! » comme le montre si bien les médias, mais ce qui se passait était d’un violence telle que nous ne pouvions pas rester là à ne rien faire. Avec d’autres, je me précipite pour aider et dégager la fille au sol. J’attrape une jambe et je tire. C’est la confusion. Finalement, nous parvenons à les défaire de l’emprise de cet agresseur. Et là, sans sommation aucune, l’homme au blouson brun et bonnet vert, sort sa matraque, charge dans la foule et frappe. C’est violent, disproportionné, effrayant. J’ai peur. Il charge dans notre direction, je tremble et ça m’effraie encore plus. Je ne comprends pas la folie de ce qui se passe, les cris, les hurlements. L’homme fonce sur nous et frappe dans la foule avec sa matraque. Alors je sors mon smartphone pour filmer parce que j’ai tout lu, tout vu et tout entendu sur Black Lives MatterLavish ReynoldsStop the killingsThéoAdama TraoréNaithy et tant d’autres… Parce que je savais que le lendemain, chacun irait de son commentaire, que beaucoup auront un avis sur la question. Que le lendemain, cette marche serait commentée, raillée et surtout rapportée de manière erronée par les médias. Demain, on nous reprochera d’avoir provoqué, d’être à la base de, de ne pas avoir assez ci ou fait trop peu ça. Un peu comme on reproche à la victime de viol de porter une mini-jupe dans les rues de Bruxelles. Sous mes yeux, sous nos centaines de paires d’yeux la fête avait viré au cauchemar. Littéralement. Alors je filme cet homme qui frappe de grands coups. Il frappe indifféremment, nous insulte et frappe avec une violence inouïe nos corps à sa disposition. Alors nous nous rassemblons et crions en meute « Dégage ! ». Nous sommes blessées, furieuses, en rage. Nous lui crions d’arrêter, mais il n’arrête pas. Nous crions « Dégage ! », mais il ne dégage pas. Nous scandons « Violences policières ! » et lâchons des hurlements de louve. Et lui, il frappe. Et moi, je filme, me protège quand il fonce sur moi. Les copines me tirent vers l’arrière et quand il m’oublie, je me rapproche et filme chacun de ses gestes de plus près pour ne rien perdre, pour qu’ils ne disent pas que nous avons joué la provocation. Nos colères ont beau être immenses, elles ne serviront pas à nourrir le système.

Un policier à ses côtés parle dans son talkie-walkie. En moins de 5 minutes, nous sommes entourées de policiers. Ceux qui arrivent par la rue de L’étuve, une douzaine (?) font mine de charger. Nous reculons. Nous nous tenons toutes bras dessus bras dessous et reculons vers la rue du midi déjà envahie par des camionnettes de police. De part et d’autre de la rue, les fourgonnettes de la police bloquent et nous nous retrouvons coincées entre des rangées de flics armés jusqu’aux dents (boucliers, matraques, bombe lacrymo…). Les minutes passent. On se serre et on chante pour se calmer. On se prend dans les bras, on s’assure les un.e.s les autres que tout va bien. On chante et on attend. Quelques-unes d’entre nous parlent avec les policiers et demandent à ce qu’ils nous laissent passer, rien n’y fait. Certain.e.s sont sérieusement touché.e.s mais nous faisons bloc. Le barrage se resserre nous sommes coincé.es entre deux cordons de flics qui nous insultent à cœur joie. Finalement, un policier annonce que si nous acceptons de passer le barrage deux par deux en montrant nos documents d’identité, ils nous laisseront repartir sans aucun problème. « Comme des fifilles » rigole l’un d’entre eux. Alors, je me rends compte que ça les amuse, un samedi soir à Bruxelles, il ne doit pas y avoir grand-chose à faire d’autre que de taper sur des féministes pacifiques. Je repense à cette vidéo sur le désœuvrement de la police à qui l’État vend du rêve et de l’action. Je me dis que ce soir, ils ont trouvé de quoi faire « récréation ».

Dans le groupe, les mots se passent : celles qui le souhaitent peuvent sortir du groupe. C’est bienveillant et sans jugement. D’autres disent qu’elles sont sans-papiers. Alors, après concertation, nous décidons de rester pour elles aussi, et parce que celles qui sortent sont emmenées hors de notre champ de vision (embarquées ?) et que c’est du pipeau, du chantage et pas vraiment de la négociation. Les minutes s’écoulent et la police resserre son étau, nous sommes une centaine coincée entre les boucliers et les matraques. Et là, ils nous compressent encore plus. Certain.e.s ont du mal à respirer. Les gens depuis leur balcon filment, certains rient. Nous ne pouvons ni reculer ni avancer, nous sommes à la merci de flics bloqués sur le mode offensif, agressif et injurieux. On se serre bras dessus, bras dessous. Les minutes s’écoulent puis ils chargent violemment : la première rangée de policiers coince ses boucliers contre les filles tout devant, les plus grands derrière eux allongent le bras pour frapper dans le tas tandis que quelques autres tentent d’extirper l’une de nous du groupe. Ça crie, hurle, ça pousse et eux ? Et bien eux, ils frappent toujours plus fort : la tête, les épaules, les bras. À coup de matraque. On se protège et on repousse. Les insultes fusent et les menaces se multiplient, les intimidations aussi. Mais aucun.e de nous n’est prêt.e à se laisser faire. Quand enfin ils parviennent à en sortir une, ça se calme quelques minutes puis ça repart.

On restera là pendant près de 2 heures 30 dans le froid au milieu des insultes et des provocations. Le même manège, la même confrontation violente, tout le temps. De l’autre côté de la rue, sur la rue du Midi devant la mutualité, les militant.e.s relâché.e.s se massent et crient pour nous soutenir, d’autres, alerté.e.s par les réseaux sociaux ont rejoint la foule. Là aussi, une rangée de boucliers et de matraques fait face aux manifestant.e.s. Les flics nous sortent une par une violemment. Quand arrive mon tour, c’est une femme qui m’emmène de l’autre côté du mur, hors de la vue de mes camarades. Elle me demande de vider mes poches, elle est plutôt calme et me dit : « J’ai honte d’être une femme aujourd’hui ». Je lui dis qu’elle devrait plutôt avoir honte de participer à ces actions violentes. Sa collègue moins dans la discussion me colle quasi le visage contre le mur quand j’interviens parce qu’elle vient littéralement de jeter à terre une des manifestant.es. en état de choc. Finalement, je suis relâchée et je rejoins les autres, au-delà du barrage pour attendre. Nous ne partirons que lorsque la toute dernière d’entre nous sera relâchée. En attendant, nous restons là.

Celui qui apparaît être le chef du groupe ordonne au cordon d’avancer d’un mètre afin de nous empêcher de voir ce qui se passe avec celles restées dans rue des Grands Carmes. Finalement, nous pourrons tous.t.es repartir. Non sans coups, vexations, luxations et pour ma part, quelques bleus et beaucoup de rage. J’ai réfléchi à la colère qui m’habite, à comment dire toute cette colère. J’ai réfléchi à tous les mots, à chaque lettre, chaque virgule. J’ai réfléchi à comment l’écrire cette colère, à comment la choisir pour qu’elle soit juste, qu’elle sonne juste, qu’elle soit entendue. Je me suis dit qu’il fallait qu’elle soit saine, pépère, tranquille, constructive. J’ai réfléchi et je me suis dit que cette colère-là, ce n’était pas moi. Je me suis dit qu’il fallait qu’elle soit infernale, mais cette colère-là non plus ne me convient pas… Alors j’ai juste écrit.

Mardi 14 février. Je finis ce texte. Je les ai lus, vus et entendus les commentaires, les « Ah oui, mais cette manifestation n’était pas autorisée ! », les « Un samedi soir en période de menace 3 dans la zone interdite de manif, c’est un peu provoc’ non ? », les « Des féministes elles ? Des dégénérées oui ! », les « Elles parlent de pro-choix et acceptent dans leur rang des femmes qui portent le foulard ! ». J’ai tout entendu, tout lu, et je me suis demandé s’il est possible de dénoncer les violences conjugales et ne pas se mobiliser contre les violences policières ? S’il est possible de déconstruire les mécanismes de domination, mais pas les rhétoriques et les procédés qui délégitiment toutes les tentatives des plus faibles d’entre nous à réagir en dehors du cadre fixé par les oppresseurs ? S’il est possible pointer du doigt la solidarité des femmes et des personnes trans, mais pas de critiquer celle de dominants entre eux, qui permet de priver une partie de la population de ses droits les plus élémentaires ? J’ai réfléchi, mais je vous laisse le soin de trouver des réponses à ces questions. Je garde ma colère, ma rage et surtout mes larmes. Bien qu’il paraît qu’on n’éteint pas l’incendie avec des larmes… tant mieux, pourvu que ça brûle, je ne suis pas là pour apaiser les gens dans leurs chaumières. »

[Un témoignage de Joëlle Sambi Nzeba – Responsable communication – Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS)].

Avec l’aide d’un avocat, un dossier est en cours de constitution afin de fournir la matière nécessaire au dépôt de plaintes. Si vous étiez présent·e ce soir-là ou que vous avez été témoin de violences, si vous avez des documents (photos, vidéos), envoyez un mail à cette adresse : doriendewuffel@hotmail.com.

[Sources : Femmes Prévoyantes SocialistesLa CapitaleZinTVGarance]

Un réveillon que Benjamin et ses amis ne sont pas près d'oublier : déchaînement de violences de policiers dépourvus de leur plaque d'identification dès les premières questions de Benjamin, suivie d'une surenchère de coups à l'évocation d'une possible plainte. Ses amis sont eux empêcher de filmer la scène par les collègues, qui ne font rien pour s'opposer aux abus des agresseurs mais semblent plutôt couvrir leurs agissements. Un cas exemplaire de l'escalade de plus en plus rapide de la violence par certains éléments des forces de l'ordre que l'Observatoire a pu documenter depuis près de deux ans...

LE CONTEXTE
Vers 3:20 du matin, alors que la soirée commençait à toucher à sa fin, moi et deux amis sommes allés à trois dehors utiliser le reste des pétards qui nous restaient. Comme un nombre incalculable de personnes, nous nous sommes pris à ce jeu pour célébrer la nouvelle année. L’endroit que nous avions choisi était sécure, car éloigné des voitures et des poubelles. Nous étions au milieu de l’avenue de Stalingrad (1000 Bruxelles), au croisement d’avec la Rue de la fontaine, et le matériel que nous avions ne présentaient aucun danger. Nous faisions très attention.

L’AGRESSION
Vers 3:30, une voiture de police blanche (Zone Bruxelles-Ixelles) nous a repérés et deux policiers se sont approchés. Cela a son importance car nous cherchons encore à les identifier. L’un de mes amis (que j’appelle « Y. ») avait un pétard non-allumé dans la main, l’autre (« J. ») tenait le sac avec ce qui restait (plus grand-chose !). Le plus vieux des deux policiers nous a directement confisqué ledit sac au motif qu’un arrêté du bourgmestre a interdit les pétards pour cette nuit du Nouvel An. Je lui ai alors demandé de le rendre et dit que nous allions retourner dans la fête privée de laquelle nous venions. Il a refusé. Je l’ai redemandé. Et il m’a alors pris au cou dans un élan de colère sans nulle autre raison, et son collègue, le plus jeune qui n’avait rien dit jusqu’alors, l’a accompagné en me donnant, ensuite, une série de coups de pied au niveau du ventre et des côtes. Les deux avaient sorti leur matraque en même temps. Leur volonté d’en découdre par la violence était explicite. Y. s’apprêtait à filmer mais a dû cesser très vite parce qu’une des deux policières restées près de la voiture a couru dans sa direction en lui intimant de façon manifeste d’arrêter la vidéo. Il n’avait pas encore commencé à enregistrer et n’a donc pas pu filmer ce qui se déroulait. Ayant des notions de répartie apprises, ça et là, via les témoignages nombreux des agressions commises par les agents de cette zone de police, je leur ai demandé leurs numéro de matricule à l’un et à l’autre et que cela n’allait pas rester sans suite. Pour toute réponse, le plus jeune m’a aspergé de sa bombe-spray lacrymogène en pleine figure. J’étais déstabilisé un moment à cause du picotement douloureux de la substance.

Les deux policiers s’apprêtèrent à s’en aller, ils marchaient vers leur voiture, quand je leur ai réitéré que j’allais porter plainte, mais cette fois-ci, en leur mentionnant le « Comité P ». Peut-être pris de rage encore plus forte, les deux policiers se sont mis à revenir vers moi en courant. Moi, pris de frayeur, j’ai couru vers le début de la Rue de la fontaine, espérant pouvoir retourner au lieu d’où je venais et me mettre à l’abri. Peine perdue. Ils m’ont rattrapé avant, saisi par la capuche de ma veste, mis au sol puis frappé de coups de pieds dans l’abdomen, dans le dos, les côtes et le ventre mais surtout dans mes jambes. Tout ça sans relâche pendant plusieurs minutesA deux.

Y. et J. n’ont pas pu me venir en aide, car la policière aux longs cheveux noirs les maintenait violemment à distance. La seconde policière, veillait au grain et semblait approuver cet écart au droit venant de ses trois collègues. Elle était dans l’abstention de porter secours, dirait-on juridiquement. Cela est condamnable également. Incapable de me défendre, j’ai été forcé de leur dire que je ne porterai pas plainte. Car c’était leur condition sine qua non pour qu’ils stoppent. Le plus jeune des deux policiers criait d’ailleurs : « Alors, tu veux porter plainte ? Tiens ! Tiens ! », en cognant toujours. Finalement, la voiture de police est partie, les quatre fonctionnaires de police non identifiés encore à l’heure qu’il est. Nous n’avons pas pu saisir non plus leur numéro de plaque du véhicule.

LA SUITE
J’irai en justice. J’ai d’ores et déjà déposé une plainte au Comité P en demandant la suspension immédiate de ces deux agents agresseurs mais également des deux policières pour le fait d’avoir tenté de faire disparaître des traces d’un délit d’agression et de coups et blessures aggravées (pour l’une) et de non-assistance à personne en danger (pour l’autre). Je prendrai un avocat et nous irons au tribunal. Heureusement, une vidéo de la scène a été enregistrée par un inconnu (que nous appelons à se manifester s’il lit ce message !). Nous n’avons pas pu le retrouver car les policières lui ont couru après. La vidéo se retrouvera peut-être quelque part sur les réseaux sociaux.

J’ai des séquelles physiques, bien évidemment. Des yeux rougis, des hématomes à divers endroits, des douleurs au dos, à l’abdomen et à la tête. Le genou gauche enflammé a doublé de volume… Le médecin a mentionné que les cartilages ont peut-être été endommagés. Voilà, pourquoi, j’ai contacté la presse. La « stratégie de rupture » est un atout assumé de ma part et j’en use, par conséquent aussi, pour que Justice soit faite. Je conclurai en rappelant que la mission de la police est de protéger la population, pas de l’agresser. Nous avons vu, par cet exemple, que l’argument de sécurité peut être utilisé pour commettre des bas desseins et de la violence. Et que, par la voie judiciaire – et légale cette fois -, j’espère participer à l’encadrement rapproché de tous les agents de police du territoire belge. Et de mettre hors d’état de nuire, des agresseurs en uniforme. J’ai quatre jours d’arrêt de travail et des frais de soins que je leur impute. Ainsi qu’un dédommagement pour les lésions physiques, morales et matérielles dont nous prendrons la mesure avec mon avocat. J’exige réparation de la part de ces quatre personnes. Rien n’est terminé, tout commence à peine. »

[N.D.L.R : Ce témoignage a été publié sans anonymisation avec l’accord de la victime, qui l’avait déjà diffusé sur les réseaux sociaux. Benjamin a depuis consulté un avocat et déposé une plainte auprès du Comité P. et du Comité interne de la Police de la Ville de Bruxelles. Le Procureur devra maintenant trancher sur l’opportunité de poursuivre les policiers. Le témoin qui a filmé la scène ne s’est pas encore manifesté, malgré de nombreux appels lancés sur les réseaux sociaux.]

Sortie d'école brutale pour ce jeune mineur paisible et irréprochable, et sortie de route des policiers qui n'apprécient pas qu'on leur reproche leur paternalisme : enchaînement de coups, d'étranglement, d'humiliations et d'insultes avant d'enfermer M. sans prévenir ses parents...

« Un jour de décembre en fin d’après-midi, je venais de sortir de l’école, je suis descendu dans la station de métro avec trois amis de mon école, on discutait en descendant l’escalier pendant que j’écoutais ma musique avec mes écouteurs. Trois policiers s’approchent, et l’un dit à l’un de mes amis « Restez calme dans le métro, pas de bêtise ». Moi comme j’avais rien dit, que je l’avais pas regardé et que j’avançais tout droit, il me demande : « Toi, en veste bleue, t’as un problème ? », alors que je ne l’avais même pas regardé. Je lui repose la question calmement : « J’ai pas de problème, et vous Monsieur, vous avez un problème que vous me posez la question alors que je marchais tranquillement ? ». Il me demande de me mettre sur le côté, vexé que je lui réponde, et un autre collègue à lui me demande ma carte d’identité, tout en restant dans un coin entouré des trois policiers.

En restant poli, je lui dis que ça tombait mal, aujourd’hui je n’avais pas pris ma carte d’identité et n’avais que mon abonnement, mais que s’il le voulait je lui donnerai mon abonnement et mes coordonnées. De là, le policier a mis sa main sur moi, alors qu’il m’avait maintenu contre la borne électronique. Quand il a mis la main sur moi et m’a poussé, j’ai posé ma main sur la sienne en lui disant que c’est pas nécessaire de me pousser. Alors il m’attrape par le cou par derrière et de peur, je réagis et je réussis à me dégager sans m’enfuir, alors le second policier à son tour m’attrape par le cou. Je n’arrivais pas à respirer, et j’essaye de desserrer son étreinte avec les mains, je lui demandais d’arrêter de m’étrangler, son collègue me donne un coup de matraque sur la jambe suivi d’un coup de pied au même endroit. Il m’a menotté une main, plaqué à terre avec un balayage en me tenant. Sur le ventre, il me met les menottes dans le dos, et le troisième policier, très grand, m’a écrasé la mâchoire avec le genou pendant que son collègue me passait les menottes. On m’a ramené hors de la station, mis dans la voiture en attendant une autre patrouille.

Quand la patrouille est arrivée, j’ai été placé dans la seconde voiture, avec trois autres policiers, j’étais toujours menotté et ma ceinture attachée. Pendant le trajet vers le commissariat, le policier qui conduisait s’est moqué de moi, « Monsieur se rebelle ? », « Asticot ! », je répondais pas, je savais que c’était de la provocation.

Arrivé au commissariat, on m’a fait asseoir dans un bureau sans caméra, avec seulement les trois policiers qui m’avaient amené. L’un des policiers me demande ma carte d’identité, je lui dis que je ne l’ai pas mais que je peux donner mon abonnement et je le lui donne. On m’explique que je suis là pour rébellion, qu’il va y avoir un PV de dressé et qu’on va me prendre mes empreintes. Pendant la prise d’empreinte et la photo, le même policier continuait de se moquer en me demandant de sourire : « Ah, il a une bonne gueule d’énervé ! ». Après, ils m’annoncent qu’ils vont me fouiller, juste en face de la caméra où ils ont pris mes photos. Ils me demandent de retirer ma chemise, mon pantalon, mes chaussettes, je retire tout. Ils me demandent d’enlever mon slip, je leur réponds que ça me gêne, surtout en face de la caméra. Ils me répondent que c’est la procédure, et que si je ne le fais pas moi-même, ils vont le faire eux-mêmes. Je l’ai retiré, et en le remettant le même policier me demande « Pourquoi t’as peur, tu crois qu’on va t’enculer ? » Je lui demande « Pourquoi vous me parlez comme ça ? Ça se fait pas », et de là il s’est mis à s’énerver, « Moi, tu me menaces ? Tu menaces ma famille ? », en parlant à toute vitesse, en retirant et en lançant à son collègue sa ceinture avec tout son équipement, il pousse la porte qui était restée entrouverte. Il m’a mis une tarte, et voyant que je ne me mettais pas à pleurer, ça l’a énervé encore plus. Il m’a alors plaqué contre le mur, attrapé par le cou avec ses deux mains et m’a étranglé jusqu’à ce que j’aie plus de souffle. Ses deux collègues se sont alors rapprochés, comme si j’allais me débattre et donner des coups. Mais moi J’étais paniqué, je pouvais plus respirer, je me demandais si le policier savait ce qu’il faisait, j’avais peur de mourir, et ses collègues ne sont pas du tout intervenus pour le calmer, au contraire, ils guettaient mes gestes. Puis il m’a lâché, je me suis effondré sur la chaise à ma gauche, haletant, j’étais conscient, je voyais le plafond, mais tout était flou, je respirais par saccades, pendant plusieurs secondes. J’ai repris conscience en entendant la voix du policier qui me disait « Réveille-toi, arrête de faire ta comédie ! ». Son collègue me dit de remettre mon pull et me demande si ça va.

Une fois que j’ai repris mes esprits, j’ai vu celui qui m’a étranglé, il était à la porte (de nouveau ouverte) en train d’allumer une cigarette, je le montrais du doigt en disant « C’est toi qui m’a fait ça ! C’est toi qui m’a fait ça ! ». J’étais choqué, je savais pas qu’on pouvait étrangler quelqu’un comme ça. Puis les mêmes policiers m’ont transféré à un autre commissariat. Pendant le trajet, je leur disais que j’avais que 17 ans, j’allais pas porter plainte, que tout ce que je voulais c’était de rentrer chez moi et rester tranquille, et le policier qui m’avait étranglé m’a traité de « jeune terroriste » plusieurs fois.

Arrivé au deuxième commissariat, ils m’ont fait asseoir, il y avait 5 policiers, et l’un des deux nouveaux me demande « Est-ce que ça s’est bien passé la procédure ? » en voyant ma figure amochée. Je lui réponds « Ça s’est bien passé » avec un sourire tout en regardant le policier responsable, qui rigolait mais semblait énervé et répétait « Terroriste ! ». Un autre policier faisait l’inventaire de mes affaires, et en arrivant à mon GSM, il me demande d’ouvrir mon téléphone « sinon on va te le saisir ». Moi je voulais pas, y avait des photos de famille dedans, mais comme l’autre n’arrêtait pas de dire que j’étais un terroriste, le policier me dit que je suis obligé de l’ouvrir sinon ils vont le saisir, alors je l’ai ouvert avec mes menottes aux poignets et les mains dans le dos. Puis ils m’ont mis dans la cellule et je ne sais pas ce qu’ils ont fait avec mon téléphone.

Il était à peu près 18h. Une heure après environ, un avocat vient me voir pour discuter une vingtaine de minutes. Il me dit mes droits et me demande de réexpliquer l’histoire. Il m’accompagne à l’audition, faite par d’autres policiers. Je signe un PV d’audition, et ils me remettent en cellule. Je leur ai demandé à manger et à boire, je n’ai reçu qu’un verre d’eau pendant l’audition. Pourtant, comme c’était jour de fête, il y avait des restes de biscuits, des mandarines etc. Une policière me demande ironiquement pendant l’audition combien j’avais de frères et de sœurs, je croyais que c’était une question normale, mais après j’ai compris que c’était parce que ma mère et mes amis devaient appeler sans arrêt sur mon portable. J’ai appris après que ma mère téléphonait à tous les commissariats… Ils n’avaient pas prévenu mes parents.

À 7:30 le lendemain ils viennent me chercher et me transfèrent au Palais de justice pour les jeunes. J’ai attendu de 08:30 jusqu’à 15:00 pour un interprète pour ma mère, ils m’ont donné deux gaufres et une bouteille d’eau. Quand je suis passé devant la juge, juste avant, l’avocate m’a dit que ce serait ma parole contre celle des policiers. La juge a dit que la police de X. n’était pas connue pour sa douceur, et qu’elle me conseillait de porter plainte… »

Un groupe de festivaliers tranquilles et insouciants, dont fait partie Y., est pris à partie à la sortie du festival par les forces de l'ordre : bousculades, plaquages, menaces, insultes, agressions verbales et auto-justification. Douche froide en guise de clôture festive...

« Comme il est souvent courant après la clôture de concerts ou de festivals, quelques festivaliers, dont nous faisions partie, étaient en train de discuter à la sortie entre les grilles et les barrières Nadar donnant sur la rue. Nous sommes restés sur le côté du parc tandis que d’autres festivaliers sortaient encore du festival à leur aise, continuant à papoter. Nous devions être 20-30 personnes un peu éparpillées. Il s’agissait en majorité de trentenaires et quarantenaires. Il est à préciser qu’il y a eu des ordres contradictoires. Et ce, entre d’une part la sécurité du festival qui demandait de quitter l’enceinte du festival et donc de dépasser les bordures rouges et blanches mises en place. Et, d’autre part, les forces de police qui interdisaient de dépasser ces bordures et de se rendre sur les trottoirs sur le côté. Ce qui fait qu’à un moment on ne savait plus par où aller.

À un moment donné, un homme, qui traînait plus longtemps près des grilles, s’est retrouvé violemment plaqué au sol par 2-3 policiers. Ils l’ont maintenu avec une très grande fermeté, le bloquant même à la gorge ; ce qui l’empêchait de respirer. Surpris par l’intensité du geste des policiers, certains festivaliers ont manifesté verbalement mais poliment leur désaccord. Une femme, entre 45 et 50 ans, qui se dirigeait vers les policiers pour expliquer qu’il y avait des méthodes plus douces, a été poussée violemment à terre par un policier particulièrement agressif. Elle est tombée sur le dos, à plat, sur les pavés. Sa tête a failli heurter le bord du trottoir. Cette lourde chute a suscité l’émoi parmi les personnes civiles présentes, nous avions compris que cela lui aurait pu être fatal. C’est une personne de notre groupe (signataire de ce courrier) qui a aidé cette dame à se relever. Les policiers n’ont apporté aucune assistance, aucun secours ni émis aucune excuse.

Une personne de notre groupe a demandé à un policier de contrôler le plus nerveux, qui avait poussé cette dame, car celui-ci semblait encore prêt à agir de la sorte. Une des jeunes femmes de notre groupe, reprochant à une policière d’assister goguenarde à la scène, sans bouger, en fumant une cigarette tout en tenant sa mitraillette pendant les heures de service, s’est faite traiter par cette policière de « Salope et de connasse mal baisée » (sic)! Une autre jeune femme de notre groupe, voulant filmer la violence des faits, s’est vue directement empêchée de le faire par un jeune policier néerlandophone. Elle a discuté de la gravité de la situation avec lui en néerlandais et français pour faire baisser son niveau de nervosité. Un des hommes de notre groupe, voulant participer à cette conversation (et épauler cette femme), s’est fait très fermement rabrouer par ce policier avec un « Monsieur, c’est pas à vous que je parle. » Voici l’explication du jeune policier à l’agressivité dont ses collègues ont fait preuve : « Ce sont des gens [NDLR : les festivaliers] qui ont deux fois mon âge. On ne doit pas leur demander 4 fois quelque chose. Il doivent comprendre tout de suite.« 

Il faut comprendre l’état d’esprit des citoyens victimes de cette agressivité. Il y avait d’une part, la volonté de protester contre des actes et propos d’une violence injustifiée à l’encontre d’amis et d’autres festivaliers. Et, d’autre part, aussi la crainte de recevoir un coup de matraque, comme le faisait deviner la position physique prise par ces policiers, qui laissait à croire qu’ils étaient prêts à frapper d’autres personnes. Au final, les festivaliers maltraités se sont dispersés et les policiers sont vite repartis en fourgonnettes, sirène et gyrophare allumés pour brûler le feu rouge au croisement avec la rue Y. C’est vraiment peu dire que nous sommes encore choqués par ce que nous avons vécu. Habitués du Festival, nous savons que c’est un festival très calme et familial. Il y a des sorties de match de foot, des carnavals et des fermetures de cafés locaux plus tumultueux que cet événement.

Nous ne comprenons pas pourquoi, dans un cadre aussi calme, cette équipe de police en est arrivé à :

  • considérer des citoyens belges moyens, adultes de 30-40 ans, discutant joyeusement entre eux avant de rentrer à la maison, comme un danger public ;
  • traiter les groupes présents comme des hooligans ou des émeutiers armés d’objets blessants ;
  • provoquer une escalade de violence ;
  • se retrouver dépassés et stressés par la présence d’un groupe pacifique, au point que ce fût aux citoyens à leur demander de se calmer ;
  • laisser un ou plusieurs collègues se défouler sur ces citoyens ou s’amuser de la situation.

Nous ne comprenons pas comment ces policiers en sont venus à confondre leur rôle, qui est d’assurer la protection et la sécurité des citoyens, avec un affrontement, comme si nous étions des bandes rivales. Nous souhaitons que ce type de dérapages ne se reproduise plus. Deux personnes auraient pu se retrouver à l’hôpital. Pour les autres, comme nous, c’est à se demander s’il est encore possible de participer à des activités organisées dans notre ville et par la Ville de Bruxelles sans se faire insulter, menacer et bousculer par les forces de l’ordre. »

Quand un policier joue les pères-la-morale après une incivilité, distribue une gifle rédemptrice et justifie son comportement auprès des témoins de la scène...

« La victime était en train d’uriner sur la place X. lorsque une voiture de police s’est arrêtée pour la verbaliser. La victime s’est dirigée vers l’un des policiers (tandis que l’autre policier est resté dans la voiture), en tendant directement sa carte d’identité et en disant : « Je suis déso, je suis désolé ! » pour l’acte qu’il a fait. Le policier lui a hurlé que ça ne se faisait pas d’uriner sur un monument et lui a dit : « Tu n’es que désolé ? ».

C’est alors que le policier lui a mis une gifle, une claque d’une violence extrême, telle que tout le monde autour s’est retourné, impressionné. L’autre policier est alors sorti de la voiture de police, et tous les témoins de la scène ont accouru vers la victime en l’écartant du policier pour éviter qu’il ne se prenne un autre coup. Tandis que d’autres témoins ont couru vers le policier pour l’avertir de ce qu’il venait de se passer, pour lui demander de l’aide et s’il avait vu le coup partir pour pouvoir nous aider à porter plainte. Le policier ne nous a pas répondu.

Avec un peu plus d’insistance, le second policier nous a dit que le nom des deux policiers figurerait sur l’amende de la victime (pour avoir uriné sur un lieu public). Nous avons des photos de la plaque de la voiture de police et du policier, ainsi que des marques de coup sur la victime. Nous avons fini par écarter la victime des policiers. J’ai personnellement repris la carte d’identité de la victime et demandé plus d’explication auprès des policiers, en vain. On nous a répondu que « C’est une claque éducative et nous avons tout à fait le droit de faire ça ! ». Nous sommes alors partis en reprenant nos sacs.

C’est une faute grave des policiers qui malheureusement, je le sais, n’aura sûrement aucune suite. La police devient de plus en plus violente et c’est triste à dire. »

Des parents et des adultes médusés assistent à une scène brutale lors d'un contrôle d'identité sur des jeunes...

« Des policiers en voiture banalisée effectuaient un contrôle de personnes à une cinquantaine de mètres d’où se trouvait mon fils. C’est au passage du retour que les faits se sont déroulés. Des policiers en civil, ne portant aucun signe distinctif (ils ne se sont même pas présentés comme policiers) se sont rués sur des jeunes mineurs, dont mon fils de 16 ans, qui ne sort que pour faire du sport, ne boit pas, ne fume pas, et n’a jamais auparavant eu affaire à la police. Certains jeunes sur place avaient moins de 10 ans. Les parents étaient présents.

Les policiers ont fait usage abusif de la force : empoignades violentes (le T-shirt de mon fils, qui a été plaqué sur le véhicule, a été déchiré), menottage brutal et très serré (menottes dans le dos, les bras en pression avec le siège arrière de la voiture; certaines traces sont restées visibles plusieurs jours). Ils ont aussi été menacés verbalement d’être frappés, des menaces qui se sont poursuivies dans le véhicule et au commissariat. Les policiers ont tenté d’utiliser un lacrymogène à moins de 10 centimètres d’un jeune. Et cela malgré les témoignages d’adultes sur place. C’était une scène très choquante.

Plusieurs jeunes ont été embarqués menottés au poste où ils ont subi des humiliations : mise à nu totale et obligation de faire certains mouvements de gymnastique. Mon fils a été menacé d’être frappé, qu’il pourrait rentrer avec quelques dents en moins.

Il n’a été détenu que deux heures car j’ai exigé de le reprendre avec moi, tandis que d’autres jeunes ont été maintenus en détention jusqu’au lendemain. Aucun procès-verbal n’a été dressé sur le moment. Quand j’ai souhaité connaître la raison de l’interpellation de mon fils et quelle était l’infraction qu’on lui reprochait, je n’ai obtenu aucune réponse.

Mon fils a été fortement choqué. Pendant plusieurs jours il a évité de sortir, et maintenant dès qu’il aperçoit une voiture qui ressemble à celle concernée il panique… »

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Où les policiers décident, pour "extraire un manifestant" d'une situation tendue sur le terrain, de l'arrêter et de le mettre en cellule...

« Dans une manifestation syndicale, moi et des camarades venions montrer notre solidarité avec des camarades en procédure judiciaire. S’en est suivie une altercation avec quelques syndicalistes. La police (civile) s’en est tout de suite mêlée faisant grimper la tension. La situation devenant tendue, les flics en civil décident de m’extraire plus loin. Le commissaire me connaît, « Je t’ai déjà convoqué, je vais t’arrêter ». Je lui demande pour quelle raison, des passants aussi, il répond qu’il me connaît, qu’il a fait ça pour m’aider, pour que je ne me fasse pas frapper. Je lui demande alors pourquoi la garde a vue. « C’est juste le temps que la manif passe… me rétorque-t-il. Des policiers de la brigade canine se ramènent (sans chien) et m’embarquent. Au commissariat la fouille (toujours la brigade canine)… puis rien … Ni notification sur l’arrestation judiciaire ou administrative, ni de l’heure, ni si je veux un avocat ou un médecin. On me met en cellule.

Je rentre, elle est remplie de pisse… Je le dis au flic il me répond : « Je ne sais pas ce que c’est »… et il se barre. Après 10 minutes l’odeur est intenable. Je frappe, je gueule, personne… Là je me rends compte qu’il y a du sang séché partout. Sur la vitre où je frappais aussi … Je hurle pendant peut-être une heure après un médecin. Avant de voir un autre policier me demander ce que je voulais, je lui montre le sang, lui demande des nouvelles de ma garde à vue. Il me répond qu’il ne savait même pas que j’étais là et qu’il va voir ce qu’il peut faire…

Le temps passe, je ne tiens plus, l’odeur est insoutenable, je dois pisser aussi. Je hurle, je toque je fais des gestes à la caméra mais toujours personne… Obligé de me soulager aussi dans cette flaque à mes pieds. Après une heure, le flic revient pour me dire « Tu es libre » … les autres cellules étaient libres et clean … On voulait « me sauver la vie » mais on m’a foutu deux heures et demi dans la pisse et le sang en oubliant la clef ! »

À la fin d'une action pacifique dans un hall d'hôtel contre le Traité transatlantique, un policier casse l'ambiance bon enfant en s'emparant brutalement de l'appareil de S., qui filmait la scène...

« Je fais partie du comité citoyen « Flashmob STOP TTIP« , qui dénonce les accords de libre échange comme le TTIP et le CETA en chanson (nous nous invitons lors de conférences pro-TTIP/CETA et chantons « Do you hear the people sing« , pour rappeler aux décideurs politiques que plus de 3 millions de citoyens européens ont signé une pétition rejetant ces traités. Ces actions sont tout à fait pacifiques, comme on peut le voir dans les vidéos sur FB).

Lors de l’une de ces actions, 70 citoyens ont pacifiquement exercé leur droit fondamental à la manifestation devant la Commissaire Européenne au Commerce. Au bout de quelques minutes, la police nous a demandé de quitter les lieux. Nous nous sommes exécutés, conscients de nos droits et de nos devoirs (nous avions bien potassé le livre de M. Beys: « Quels droits face à la Police« ). Malgré leur bonne tenue générale, les policiers ont quand même dérapé.

Après avoir tenté une première fois de se saisir d’une caméra, ils ont, quelques minutes plus tard, saisi un autre appareil, et ont décidé d’effacer les images. C’était l’appareil photo avec lequel je filmais.

Le policier qui a saisi mon appareil semblait être un commandant, et été agacé par le fait que je filmais ses collègues, alors que ceux-ci étaient parfaitement calmes et ne faisaient rien d’illégal (je les filmais, car je trouvais ça sympa qu’ils rigolent avec nous et qu’ils écoutent nos revendications). Il a saisi mon appareil photo et j’ai essayé de le garder. À ce moment là, 4-5 de ses collègues m’ont poussé pour que je lâche l’appareil photo. Il s’est ensuite isolé pour tout effacer, même les vidéos où on ne voyait pas ses collègues.

Nous savons que cette pratique est tout à fait illégale, et cela leur a été rappelé alors qu’ils commettaient ce méfait. Les numéros de matricule n’étaient visibles sur aucun des policiers, car ils étaient habillés en « robocop » (c’était le jour de la manifestation nationale). À force de palabrer, nous avons obtenu que le policier qui a effacé les images nous donne son numéro de matricule. Ce dernier a été versé à la plainte déposée au comité P.

Selon nous, ces agissements sont d’autant plus inacceptables car ils risquent de décourager le droit à la contestation sociale… Ce policier a tout gâché. l’ambiance était très bonne et il n’y avait aucune agressivité. Pourquoi s’être énervé ainsi ? Je ne comprends surtout pas pourquoi ses collègues ne lui ont rien dit. Étaient-ils au courant qu’il faisait quelque chose d’illégal ? »

À la suite d'une altercation avec un commerçant, il appelle la police... Battu, humilié et enfermé, M. se dit choqué du traitement infligé par les forces de l'ordre qu'il avait lui-même convoquées...

« Consultant informaticien pour une société française, je suis parti en Belgique pour des raisons professionnelles. J’ai été victime d’une agression sur la voie publique de la part du propriétaire d’un bar à Bruxelles. Suite à quoi, j’ai appelé la police. Deux ou trois voitures sont arrivées.

Après m’avoir écouté, j’ai été menotté et jeté dans la voiture. J’ai demandé pourquoi le propriétaire du bar ne l’était pas. On m’a répondu que chacun fait ce qu’il veut dans sa voiture. J’ai été conduit dans un premier commissariat où on m’a posé plusieurs questions. J’ai demandé de consulter un médecin. J’avais mal à la tête suite aux coups que j’ai reçus et plusieurs traces sur le côté droit quand j’ai protégé ma tête. J’ai été amené à l’hôpital.

Ensuite, on m’a conduit dans un deuxième commissariat toujours menotté. On m’a reposé les mêmes questions que dans le premier. Dès le début, j’ai fourni une pièce d’identité. J’ai demandé à passer un coup de fil pour appeler l’ambassade française. On m’a répondu que je pourrai le faire quand je serai dehors. Un officier est venu et m’a reposé les même questions que m’ont déjà posées ses collègues. Son ton était insultant, vulgaire et menaçant et ne m’a pas laissé lui expliquer comment les choses se sont réellement passées. À chaque fois que j’ai demandé d’être assisté par un avocat, on a essayé de me persuader que ça n’était pas nécessaire et que je risquais de passer au moins la nuit en garde à vue.

À la fin, il m’a dit « Est-ce que tu veux un avocat, oui, non ou je t’emmerde » ! Je lui ai répondu que je préfère être assisté par un avocat. C’est là qu’on m’a conduit vers une cellule où on m’a demandé de me déshabiller complètement, me pencher et écarter les fesses et enfin m’accroupir et tousser ! Suite à quoi, je suis resté plus d’une heure en cellule.

L’officier est venu me voir pour me dire que l’avocat est arrivé. Je lui ai expliqué ce qui s’est passé et j’ai été entendu par le même officier. Je suis revenu en cellule et 20 minutes plus tard, l’officier est venu et m’a dit que le procureur me libère. Il m’a ouvert la porte et ne m’a même pas demandé si je voulais porter plainte. J’ai pris mes affaires et suis rentré chez moi tout à fait choqué par le traitement auquel j’ai eu droit et souffrant des douleurs de mon agression. J’aurais pu me faire justice moi-même; mais ça n’aurait fait qu’aggraver les choses et ça n’est pas du tout ma façon de me comporter avec les gens. C’est pour cette raison que j’ai demandé l’aide de la police.

J’ai fait appel à la police et je me suis retrouvé nu, penché en avant en train d’écarter les fesses au milieu de 3 hommes. J’ai été placé en garde à vue dans une cellule qui sentait l’odeur des toilettes. J’ai été menotté et j’en ai gardé les traces sur les poignets pendant longtemps. Je considère que mes droits n’ont pas été respectés et que le traitement auquel j’ai eu droit n’était pas impartial et complètement disproportionné. »

Quand l'expression cellule de dégrisement prend tout son sens...

« Lors d’une marche folklorique, je taquinais des connaissances sous l’effet de l’alcool (le lendemain, j’ai revu ces personnes qui m’ont précisé : « La réaction des policiers était exagérée. Tu étais plus drôle que dérangeant« )

J’ai été arrêté pour ivresse sur la voie publique par quatre policiers qui m’ont passé les menottes. Je me suis débattu puis laissé faire en comprenant que c’était la police et qu’ils m’arrêtait. Je suis resté calme tout le reste du temps. Ils m’ont emmené au commissariat où ils m’ont plaqué par terre la tête au sol pour me demander mon nom puis m’ont envoyé en dégrisement.

C’est alors que l’un d’eux est entré dans la cellule pour me demander d’enlever mon pantalon tout en me giflant du revers de la main. Je lui ai dit qu’il n’avait pas le droit. Il a insisté. Les trois autres rigolaient dans le couloir. Il est revenu trois fois dans la cellule pour me gifler et me menacer qu’il m’attraperait lorsqu’il serait en civil.

Trois heures après un policier de garde m’a libéré. Les quatre autres étaient repartis… »

Un groupe de passants, réagissant aux cris provenant d'un attroupement policier, s'approche et assiste à une démonstration de force contre... un mineur de 17 ans menotté et maîtrise...

« Moi et quelques collègues de travail nous trouvions boulevard F. à Bruxelles. Nous avons entendu des cris venant d’une personnes (jeune homme de peau blanche) qui était immobilisée et menottée sur le sol avec un policier qui se tenait sur elle. Il y avait encore 4 ou 5 policiers et deux militaires armés de mitraillettes autour de cette personne.

Plusieurs policiers ont relevé violemment la victime qui se plaignait fortement d’avoir mal et qui précisait qu’elle avait bien un nom ! Les policiers nous ont ensuite signifié que nous n’avions rien à faire là et que c’était notre présence qui faisait réagir la victime de cette manière. Nous leur avons signalé que ce sont les cris de la victime qui nous ont fait venir. Ensuite la victime a été embarquée dans une voiture de police, la victime a précisé qu’elle était mineur d’âge et qu’elle n’avait que 17 ans. Deux policiers ont contraint la victime qui était toujours menottée à rentrer dans le véhicule et lui ont mis la ceinture de sécurité. Le policier qui a attaché la ceinture de sécurité a alors très clairement porté un coup dans le ventre de la victime qui était menottée et attachée. J’ai clairement vu le bras de l’agent de police se lever et redescendre au moins une fois sur le ventre de la victime. L’autre bras du policier tenait le visage de la victime. La victime s’est contractée sous la douleur.

Moi et mes collègues avons immédiatement fait un mouvement spontané en direction du véhicule et usé de nos voix pour demander au policier d’arrêter. Les autres policiers nous ont empêchés d’approcher du véhicule dans lequel se trouvait la victime. Ils nous ont précisé que nous n’étions pas sous la dictature de Pinochet et que nous étions des « gauchos« , ce qui semblait être une insulte et qu’il fallait les laisser faire leur travail. Les policiers, dont l’agresseur de la victime, sont ensuite tous rentrés dans leurs véhicules et sont partis avec la victime vers on ne sait quel endroit.

Nous ne pouvons nous empêcher de penser que c’est notre présence et notre « intervention » qui ont permis de limiter l’agression à un seul coup. Nous sommes toutefois inquiets quant au traitement éventuel dont ce jeune mineur aura peut être, par après, loin de tout regard, été victime. Nous espérons que ceci n’a pas été le cas. »

Un jeune Britannique de 21 ans qui effectuait un stage à Bruxelles, est agressé par des policiers avec deux de ses camarades. Il envisage le dépôt d'une plainte après consultation de son avocat, pour les violences policières dont il aurait fait l'objet dans la nuit de samedi à dimanche à Saint-Gilles. Le parquet de Bruxelles ouvre une enquête à l'encontre des policiers suspectés pour coups et blessures. La zone de police Midi (Saint-Gilles, Forest, Anderlecht) n'a pas souhaité faire de commentaire aux journalistes auteurs de l'article.

À la sortie de l’immeuble, deux policiers demandent aux cinq jeunes gens ce qui se passait dans l’appartement où avait lieu la fête organisée par un de leurs amis, et qui en était le locataire. L’un des jeunes les renseigne tandis que le reste du groupe s’est rendu vers 02:45 dans un snack.

« Nous étions en train de commander à manger dans ce snack quand trois policiers y sont entrés et, sans un mot d’explication, ont collé un de mes amis à terre et lui ont frappé la tête contre le sol avant de le menotter. Ils ont ensuite menotté un autre de mes amis et les ont emmenés tous deux dans leur véhicule. Moi-même et le reste du groupe avons demandé aux policiers ce qu’il se passait et pourquoi nos amis étaient emmenés. L’un d’entre nous avait filmé l’incident et un des agents s’est emparé de son GSM puis a effacé la vidéo. Lorsque j’ai à nouveau tenté d’avoir des explications auprès des agents, j’ai été violemment arête et frappé en plein visage. Un autre policier s’est également agenouillé de tout son poids sur mon crâne.« 

« Menotté, j’ai ensuite été emmené dans un véhicule de police sans que personne ne m’explique pourquoi j’étais arrêté et brutalisé de la sorte. Durant le trajet jusqu’à un commissariat de Saint-Gilles, un policier m’a frappé régulièrement dans les côtes et au visage. Au commissariat, j’ai été mis dans une cellule où cinq policiers m’ont frappé tour à tour au visage. J’ai pensé qu’ils allaient me tuer et les ai suppliés d’arrêter mais ils ont continué à me rouer de coups pendant plusieurs minutes. Ils m’ont ensuite ôté les menottes et m’ont incité à me battre avec un agent, ce que j’ai refusé.« 

« J’ai ensuite été emmené à l’hôpital Molière et durant le trajet, le policier assis derrière moi m’appuyait la nuque contre la fenêtre au point de me faire suffoquer. A un autre agent, je devais répondre ‘je suis une petite fille’ quand il me demandait qui j’étais. A un moment donné, je leur ai demandé s’ils essayaient de me tuer et l’un des agents a répondu que oui. Arrivés à l’hôpital, les policiers ont radicalement changé de comportement et étaient calmes. J’ai été examiné par des médecins dont un m’a demandé si je souhaitais porter plainte mais comme j’étais toujours entouré des policiers qui m’avaient tabassé et que j’avais peur qu’ils recommencent, j’ai fais un signe de refus de la tête. Durant le trajet du retour vers le commissariat, ils ont recommencé leurs tortures.« 

Au commissariat, le jeune homme explique encore avoir dû s’agenouiller face à cinq policiers, dont le supérieur lui aurait ordonné de dire dans sa déclaration qu’il avait poussé un agent et que s’il acceptait de faire, les agents cesseraient de le frapper. De retour en cellule, Elliot James Meredith indique encore avoir entendu l’un de ses amis arrêté être violenté.

« Il s’agit d’une affaire révoltante qui fait penser aux sévices infligés par des policiers des chemins de fer sur des sans-abris à la gare du Midi« , a indiqué Me Zouhaier Chihaoui, l’avocat d’Elliot James Meredith, qui travaille actuellement sur la plainte de son client et la déposera très prochainement.

Contacté par Belga, son père a indiqué que les deux amis de son fils interpellés comptaient également déposer plainte.

[Source : Belga / La Libre]

Les Euromarches, délégations de pays européens, parties vers Bruxelles le jeudi 1er octobre, de Cadix, en Espagne, puis, la semaine passée, de Grèce, d'Italie, de France, d'Allemagne, de Roumanie et des Pays-Bas, s'étaient rejointes à Bruxelles pour faire entendre leurs revendications lors du Sommet européen. Ces personnes n'imaginaient certainement pas la froideur de la réception des autorités à leur égard, et en particulier des forces de l'ordre...

Lors d’un blocage d’un des accès menant au lieu de réunion du sommet, les policiers ont procédé à des arrestations musclées et ont ensuite emmené les personnes après les avoir fait attendre assises, sous la pluie par terre, menottées pendant près d’une heure. Une personne a fait un sérieux malaise, attribué par les témoins à une crise d’épilepsie, mais cela n’a nullement ému les policiers sur place, ils ont au contraire fait preuve d’une incapacité coupable à gérer la situation faisant preuve d’une agressivité déplorable à l’égard notamment des personnes soucieuses du sort de la personne inconsciente ainsi qu’aux témoins de la scène. Nous avons reçu plusieurs témoignages, dont les deux suivants :

JDC : « C’est une honte !« 

« J’étais à la manifestation contre l’austérité et les Traités de libre échange ce jeudi 15 octobre 15. J’ai vu une quarantaine de personnes étrangères (espagnoles, italiennes et françaises) ligotées et assises à même le sol. Le sol était mouillé et il faisait très froid (5°C), elles sont restées là au moins une heure. Une des personnes ligotées a fait une crise d’épilepsie et a été sortie du groupe, les policiers l’ont mise sur un banc. Ensuite ce monsieur a refait une crise et les policiers l’ont laissé à même le sol mouillé et froid pendant au moins 30 minutes. J’ai tout filmé et photographie, mais les policiers m’empêchaient de filmer. Les photos et vidéos sont néanmoins très explicites. j’ai été choqué que les policiers le laissent là à même le sol alors qu’il était clair que cette personne avait besoin de soins, c’est une honte !« 

MLH : « Ils l’ont ensuite laissé tel quel pendant vingt minutes avant de délier les mains« 

« Une trentaine de manifestants espagnols ont été arrêtés administrativement à l’angle de la rue Stévin et de l’avenue Livingstone, vers 15:00. Ils sont restés assis sous la pluie sans bouger – les mains liées dans le dos – pendant près d’une heure. L’un d’eux à fait une crise d’épilepsie et après plusieurs minutes a été mis sur le côté par deux policiers. Ceux-ci ont mis encore une dizaine de minutes avant de lui délier les mains. Ils l’ont ensuite allongé en position latérale de sécurité et l’ont laissé tel quel pendant vingt minutes (toujours sous la pluie). Il a ensuite refait une deuxième crise et il a finalement été placé sur un banc et ses vêtements ont été changés, ils ont finalement daigné appeler une ambulance qui est arrivée 15 minutes plus tard.« 

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Photo Jan Nolf
Juge de paix honoraire, M. Jan Nolf a été brutalement pris à partie dimanche 27 août par la police alors qu'il assistait à l'arrestation de supporters de Manchester United à l'issue du match contre Bruges. Son crime ? Prendre des photos de l'interpellation...

« La chance peut tourner. Hier, mercredi soir vers 22 heures, je poste un tweet paisible avec une photo de cygnes de Bruges et je m’endors. Je ne connais rien au football. Je ne sais même pas à combien ça se joue. À onze ou douze, je pense. Ce que je sais, c’est qu’on fait souvent intervenir beaucoup de brigades policières aux frais du contribuable, mais ça c’est une autre histoire. Donc hier soir, je me réveille brusquement : un hélico se trouvait juste au-dessus de la maison. Un hélicoptère de police en position fixe, ce n’est pas une bonne nouvelle. J’enfile des vêtements en vitesse. La rue semblait pleine de combis de police. On dirait qu’il y avait foot en ville mais aussi et surtout de la bagarre. Le commerce de mon plus jeune fils se trouve à quelques mètres de la zone bloquée, donc je voulais aussi aller jeter un coup d’œil. Tout le quartier était en train d’observer la scène formée par la série d’arrestations et de filmer avec des smartphones. Votre serviteur donc aussi.

En fait, j’ai d’abord été vraiment impressionné par le professionnalisme des policiers. Aucune nervosité, aucun cri, aucune course précipitée. Surtout de la détermination, une détermination que leur permettait peut-être leur supériorité en nombre. L’hélicoptère rendait cependant la scène un peu macabre : après tout ce n’était pas une alerte terroriste ou un braquage de banque. Il s’agissait surtout d’un hold-up du contribuable qui paie pour les coûteuses heures de travail des policiers. J’ai alors tweeté ceci : « Je suis impressionné par l’intervention très maîtrisée @PolitieBrugge mais l’hélicoptère la rend un peu macabre @StadBrugge ».

Aucun policier ne protestait contre les gens qui filmaient ou photographiaient. À l’exception d’un seul, au moment où je voulais prendre une photo d’ambiance du beffroi illuminé, dans la perspective de la rue occupée par une forêt de casques de police blancs. Je vous livre à présent littéralement notre « conversation » :
« Arrêtez de filmer ! » « Je ne filme pas, je prends une photo… »
Pendant que je range mon appareil photo dans ma poche droite), le policier masqué s’approche de moi : « Arrêtez de filmer ! »
Puisque j’avais mis entre-temps mon appareil photo dans ma poche droite, je ne comprenais pas très bien et lui ai répondu : « Je ne filmais pas, je prenais une photo ».
C’était comme s’il était sourd en-dessous de son casque puisqu’ il a répété : « Arrêtez de filmer ».
À ce moment, je me suis vraiment demandé quelles étaient ses intentions. Je lui ai donc demandé « Pourquoi ? »
Même réponse brutale : « Arrêtez de filmer » – alors que mon appareil photo se trouvait toujours dans ma poche droite (mon iPhone était resté dans ma poche gauche pendant toute la scène).
Je réponds calmement en haussant les épaules : « Je ne filme pas mais je ne suis pas d’accord qu’on l’interdise ».

Sur ce, l’homme donne immédiatement un ordre et trois policiers casqués et masqués m’emmènent de l’autre côté de la rue, ou plutôt en oblique, vers le centre de toute l’action, et loin des autres observateurs. Là, je suis mis contre le mur les mains derrière le dos et immédiatement menotté avec des liens fins (colsons). Ensuite, je suis amené dans la file devant le bus des supporters de Manchester arrêtés. Avant de monter dans le bus, je demande trois ou quatre fois aux policiers s’ils se rendent compte de ce qu’ils sont en train de faire. Ils me regardent sans me répondre. Personne ne demande ma carte d’identité. La scène est trop dingue pour être vraie, ce qui me rend paradoxalement très calme pendant tout ce temps, même si je me demande ce qui m’attend dans le bus.

Juste avant de monter, le policier près de la porte crie : « Encore 3 places ! ». Je lui souris en opinant de la tête : « Je peux donc monter aussi. » Je suis tout simplement curieux. Je suis donc autorisé à monter et demande encore en souriant : « Vous êtes vraiment certains de ce que vous faites? ». Je trouve une place à gauche dans le bus. Un homme à côté de moi se fait du souci pour son fils et demande toujours après lui : « Where is my son ? ». Je ne vois ni blessés ni ivrognes. Je parle un peu avec mes voisins anglais de droite et de gauche et on dirait que je suis le seul néerlandophone dans le bus. Je leur raconte que mon ancien bureau d’avocats se trouve à 100 mètres et que j’ai été « Judge » pendant 25 ans. Ils s’esclaffent : « We’re in good company ! »

Les mains dans le dos, je ne peux évidemment pas téléphoner et je me préoccupe de ce que ma femme va penser toute à l’heure. Le seul policier harnaché qui semble finalement prête à discuter est une femme. Elle me regarde incrédule quand je lui dis que je parle néerlandais. Je lui dis que j’aimerais bien prévenir ma femme. Tout d’un coup, je vois un doute dans les yeux des trois policiers masqués dans le bus. L’un descend et revient avec un policier sans masque. Toujours menotté, je suis sorti du bus.

Soudain, il s’avère que je peux rentrer libre à la maison. Le « chef » m’explique que je dois voir les choses « dans leur contexte », que « dans ce genre de situation, il ne faut pas discuter », et que « je dois le comprendre. » Je lui réponds que la partie du contexte que j’ai vécu m’a appris énormément de choses. Dans les ringardes années cinquante, le mot « pourquoi » était interdit. On y répondait souvent par « parce que ». Les personnes autoritaires ont toujours du mal avec le mot « pourquoi  ». Pour les juristes, utiliser ce mot est souvent une obligation. Comme juriste, je sais très bien ce qu’est un ordre de police. Je n’ai d’ailleurs aucunement enfreint cet ordre. Avec mon iPhone dans ma poche gauche et mon appareil photo dans ma poche droite, j’ai calmement et poliment demandé « pourquoi » à un policier masqué et casqué.

Même après son troisième ordre d’ « arrêter de filmer », je n’ai pris aucune initiative pour le faire quand même. Je n’ai pas fait d’esclandre, ni élevé la voix, ni employé de gros mots. J’ai simplement dit calmement que je n’étais pas d’accord avec lui. Le tout en néerlandais. Point barre.

Les policiers font un métier difficile et j’ai du respect pour leur travail. Ce soir, il y a probablement eu à Bruges des faits qui peuvent justifier arrestations, enquêtes, poursuites et probablement aussi des condamnations. Dans l’ordre logique interviennent des policiers, des magistrats du parquet et des juges. Pour moi, ça n’aura pas été plus long qu’un quart d’heure avec des menottes. Les liens étaient particulièrement serrés au côté droit mais je ne vais pas me lamenter. C’était la toute première fois que j’ai été privé de liberté : être menotté, ça fait vraiment une drôle d’impression quand même. Quand ce genre de chose vous arrive, il faut se pincer le bras pour réaliser que c’est la réalité. Parce que ça ne devrait pas arriver. Pas en Belgique, pas à Bruges.

Je regarde mon poignet droit et je sais que c’est bien réel. C’était le quart d’heure le plus enrichissant de ma vie de juriste. Une chose est sûre, tout à l’heure, je dépose plainte au Comité P! »

[NDLR : Traduit du néerlandais par ObsPol, avec l’accord de l’auteur]

[Sources : le blog (en néerlandais de Jan Nolf, et Sud Info]

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Mwadi et son fils se sont rendus au commissariat pour faire une déclaration de perte de carte d’identité. Ils se sont retrouvés insultés, tabassés, puis mis en cellule. Elle raconte...

« Dimanche 14 juin mon fils est allé à la police Démosthène (Jaques Brel) pour faire une déclaration de perte de carte d’identité. Le policier présent a commencé à lui faire remarquer qu’il était connu des services des polices. Sur quoi mon fils a répondu qu’il n’y était pas là pour ça mais pour faire une déclaration de perte. Ensuite, les policiers l’on menacer de le gifler, on refusé de faire sa déclaration et lui on dit de « dégager« .

Il est alors revenu à la maison vers 13:45 et m’a raconté ça. Je lui ai dit, « « Écoute, je t’accompagne pour voir comment ça se fait qu’ils refusent. » Je suis arrivée là-bas avec mon fils au alentour de 14:15. Je me suis adressé à la dame de l’accueil et je lui ai dit que je venais voir ce qu’il s’était passé avec mon fils, pourquoi ils lui ont refusé de faire sa déclaration de perte. Celle-ci m’a fait rentrer à l’intérieur en m’indiquant de quel policier il s’agissait. Mon fils lui, est resté dans le couloir.

Je me suis alors adressée au policier en question. Je lui ai demandé : « Monsieur, pourquoi vous refusez la déclaration de perte de mon fils ?« . Celui ‘a répondu sur un ton agressif: « On n’est pas obligé, ça se fait à la commune. » Je lui ai répondu que ce sont ses collègues de 1000 Bruxelles qui ont conseillé à mon fils, lorsqu’il s’y ait rendu, de leur déclarer par mesure de sécurité. Une de ses collègues est arrivée durant la conversation en secouant une feuille devant moi et en disant « Vous savez lire ? On ne fait plus ça à la police on est pas obligé, ça se fait maintenant à la maison communale.« 

Celui-ci me répond : « Ah oui, mais vous voyez comment votre fils me parle, il est impoli« . Je lui ai répondu : « Avec vous c’est toujours la même chose même si on vient pour une déclaration de perte, il y a toujours des problèmes, c’est toujours la fautes des autres. Vous, vous parlez soi-disant toujours gentiment et c’est toujours les autres qui vous agressent. La preuve, il y a une bonne connaissance à nous, Dieumerci Kanda qui est venu faire une déclaration de perte et qui est mort en cellule. J’ai peur de vous, que ça arrive aussi à mon fils et on qu’on ne maquille ça en suicide. » Je leur ai également dit que j’en sais quelque chose, mon frère ayant été tué par la police. Je leur ai dit que pour toutes ces raisons, je me méfie beaucoup d’eux et que je ne leur faire pas confiance. Je lui ai dit : « Pour moi, avec le vécu que j’ai eu et que j’ai subi, la police tue, massacre et humilie et viole des innocents. Quand il s’agit de Noirs, d’Arabes, vous ne les considérez pas comme des personnes.« 

Ses collègues, présents dans le bureau ont commencé à se mêler de la conversation, à m’agresser verbalement: « Vous vous prenez pour qui connasse, on est pas des racistes ! » L’un me disant : »La preuve j’ai pris la plainte d’une Africaine !« , en me montrant une feuille avec la photo de la dame en question. Le ton a commencé à monter. L’ensemble des policiers présents sont sortis de leur bureau et sont venu vers moi pour m’agresser verbalement. Il m’ont dit : « Maintenant vous vous calmez et vous sortez ! » en se dressant devant moi. Je me suis levée, leur ai demander de ne pas me parler comme ça, « Parce que je suis pas une chienne, que j’ai une bouche pour parler et m’exprimer, que nous sommes en 2015 et qu’il faut respecter la liberté d’expression. » Dressés devant moi, ils ont commencé à me bousculer. Je me suis dirigée vers la sortie.

Une fois dans le couloir, je m’inquiète de ne pas voir mon fils. J’ai alors demandé aux policiers m’escortant où était mon fils. Et il m’ont répondu : « On ne sait pas » en me poussant vers la sortie. J’ai refusé de sortir sans mon fils et j’ai insisté pour savoir où il était par peur de ce qu’ils pourraient lui faire. Ils m’ont poussé dehors mais je leur ai dit que je ne sortirais sans mon fils car il n’y avait pas de raison qu’ils le gardent. Ils ont claqué la porte devant mon nez. J’ai sonné et j’ai dit que je ne partirais pas et que j’attendais mon fils. Ils sont alors sortis à plus ou moins huit. J’ai hurlé en leur disant de ne pas me toucher. Ils m’ont fait une clé au niveau du cou, me coupant ainsi la respiration pour m’empêcher de crier. Ils m’ont fait rentrer de force dans le commissariat en me soulevant, et m’ont porté un coup sur le visage. Je leur ai dit : « Arrêtez, je n’arrive plus à respirer !« . Une fois à l’intérieur, je leur ai demandé de me lâcher. Ils m’ont jetée par terre, ils m’ont mis un pied sur le dos pour m’immobiliser et continué à me me faire une clé au niveau du cou. J’étais prête à m’évanouir. La femme qui m’a agressée verbalement plus tôt est arrivée, elle a arraché mes chaussures et mon soutien-gorge. Ils m’ont ensuite poussée dans un cachot. J’étais mal en point, j’avais mal au larynx, aux oreilles et j’avais du mal à respirer.

J’étais couchée par terre dans le cachot et j’ai sonné plusieurs fois sur un bouton en appelant à l’aide. Environ une heure après, des ambulanciers sont rentrés dans le cachot accompagnés de deux policiers. Ils ont pris ma tension, ont dit au policier qu’il n’y avait rien d’urgent et sont repartis. Je suis restée au cachot jusqu’à ce qu’ils me fassent sortir. Il était alors 22:10. Mon fils est sorti au même moment. Ils nous ont fait signer des papiers de sortie et nous ont rendu nos affaires. En sortant de là, nous sommes allés aux urgences pour faire constater les blessures et je me suis aperçue que je n’avais plus l’argent que j’avais avant mon arrestation (300€). »

[Sources : Arnaud Farr pour La DH, et Tom pour la Campagne Stop Répression]

Intervention musclée sur un jeune homme à Bruxelles. N. raconte...

« En traversant le Ring, mon attention a été attirée par une voiture de police arrêtée sur la contre-allée avant l’entrée de la station service et par les cris de quelqu’un que je voyais pas encore. Me rapprochant, je découvre la scène : 2 policiers maintienne un jeune homme plaqué au sol sur le ventre, les mains menottées dans le dos tandis que l’un des policiers lui appuie sur les poignets pour l’empêcher de bouger les bras.

Le jeune homme a le visage griffé et éraflé, probablement suite aux frottements sur le bitume. Il hurle qu’il a mal et demande de l’aide, et crie qu’il n’a rien fait. Il me donne le numéro de GSM de sa mère, que je préviens immédiatement. Elle me dit que son fils était parti pour emmener la petite voiture qu’il vient d’acheter chez le garagiste. La voiture est en effet garée à l’entrée de la station service.

La scène est masquée par le véhicule de police coté chaussée et des bacs poubelles côté trottoir. Des gens prenant de l’essence à la station, ainsi que des passants, tentent de voir ce qui se passe et d’où viennent ces cris, sans toutefois s’approcher. Je me tiens ostensiblement à 3 mètres des policiers, le GSM prêt à prendre des photos en cas de débordements…. Le policier qui maintient la personne au sol me demande de reculer d’un mètre, je m’exécute sans perdre de vue la scène et à portée de voix. Voyant que je prends des photos, l’autre policier, visiblement stressé et un peu agressif, me dit qu’il est interdit de filmer. Je lui réponds que c’est faux et que je suis en droit de filmer l’intervention, ce à quoi il me rétorque qu’il est interdit de filmer la personne arrêtée, ce qui me porte à rire. Le policier me dit alors qu’il va saisir mon GSM, puis m’enjoint de circuler ou bien il m’arrête dans 10 min.

Il se rend alors dans le véhicule et demande du renfort à la radio. Puis les deux policiers relèvent la personne menottée, qui, non sans quelques difficultés, finit par entrer dans la voiture. Le policier qui le maintenait au sol s’assied à l’arrière à coté de lui et tente de le maîtriser tandis que le jeune homme donne des coups de tête dans la vitre de la portière arrière et hurle à l’aide. Le second policier ouvre la portière et repousse le jeune homme, qui essaye de sortir les jambes de la voiture. Il reçoit alors un violent coup de botte derrière le genou, qui le fait hurler de plus belle. La porte se referme, la personne se calme et pleure dans la voiture. Dix minutes plus tard, quatre autre véhicules dont un combi arrivent. Avant que le convoi s’ébranle, j’ai le temps de demander sa destination : le commissariat de l’Amigo, de sinistre réputation…

Le soir, le jeune homme m’appelle et me raconte qu’il a été « tabassé » au commissariat et m’annonce qu’il va porter plainte… »

Participant à une soirée festive, trop bruyante selon les voisins, N. raconte l'arrivée de policiers qui, mécontents de devoir intervenir de nouveau dans le quartier ou utilisant ce prétexte pour mettre fin à cette première soirée hip-hop destinée à devenir hebdomadaire, se laissent aller à des violences injustifiables sur une personne menottée et maîtrisée à terre, tout en tentant de dissimuler leurs agissements et d'intimider les témoins qui s'agglutinent autour d'eux...

« Ce jeudi 2 avril, je suis allée à une soirée Hip-Hop qui se déroulait dans le Carré de Liège, dans une des rues principales. La soirée se déroulait calmement et dans une bonne ambiance malgré la venue de policiers à plusieurs reprises pour que les organisateurs baissent le son, car les voisins se plaignaient. Bref, aux alentours de minuit, un jeune homme a cassé une bouteille en verre sur la tête d’un individu, dans la rue, devant la salle où se déroulait l’événement (il faut savoir qu’il y a énormément de passage dans cette rue, surtout le jeudi où beaucoup de jeunes sont de sortie et qu’il n’y avait donc pas uniquement des gens de la soirée hip-hop).

La police a débarqué, ils étaient 5 ou 6 et ont mis les gens dehors. Un des participants, qui semblait alcoolisé, leur a dit des choses (que je n’ai pas entendues) et semblait énervé contre eux. Cependant, il n’a eu aucun comportement violent et a fini par se diriger vers la sortie. Une fois près de la sortie, les policiers l’ont empoigné et mis à terre en plein milieu de la rue. Ils ont formés un cercle autour pendant que des collègues à eux frappaient le jeune homme. J’ai appris plus tard qu’il a été accusé de coups et blessures à l’encontre de deux agents de police !

Les gens autour s’indignaient et criaient aux policiers « Mais il n’a rien fait ! » mais ceux-ci ne voulaient rien entendre. Il était impossible de discuter avec eux, dès qu’on « s’approchait un peu trop d’eux« , ils nous repoussaient violemment. Ils ont sorti leurs matraques et ont donné des coups à certaines personnes qui s’indignaient, ou qui, encore une fois, « étaient trop proches d’eux« . Pendant ce temps-là, le jeune homme continuait à se faire tabasser alors qu’il était couché au sol, les mains menottées et donc sans aucun moyen de défense. Ils ont appelé du renfort et souriaient, leurs matraques à la main. Ils n’attendaient qu’une chose, c’était qu’on leur rentre dedans afin de pouvoir se défouler sur nous (interprétation personnelle).

Un autre jeune s’est fait prendre par la police, je ne connais pas la raison. Ils ont également arraché le smartphone des mains d’un garçon qui filmait la scène. Ils ont finalement quitté les lieux avec les deux jeunes, après l’arrivée des secouristes, tout en sécurisant le périmètre. Ils nous menaçaient verbalement et certains riaient face à l’énervement de la foule.

Depuis hier, une colère m’anime ! À l’exception du coup de bouteille sur la tête, la soirée se déroulait sereinement. C’est la police qui a amené la violence et qui a créé tout ce tumulte ! »

S., interpellé lors d'une ronde de routine, a été blessé dans sa chair sous les coups répétés des policiers, dans son honneur sous les injures racistes dégradantes. Pour lui, rien n'a plus été comme avant son agression...

« Des policiers sont passés devant chez moi lors de leur ronde, ils se sont arrêtés et m’ont interpellé et demandé de mettre les bras en l’air. Ils m’ont fouillé pendant que je clamais que je n’avais rien. Ils m’ont shooté (botté) dans les pieds de manière à ce que je tombe sur le sol. L’un d’eux a placé le genou sur mon cou, tandis que l’autre appuyait sur ma tête. Le troisième policier me place des menottes et les serre jusqu’à ce que je ne sente plus mes mains. Les policiers m’ont alors tiré mon capuchon sur la tête, comme pour m’étouffer. Ensuite je ne cessais de crier, leur demandant qu’ils arrêtent et ils ont fait fonctionner la bombe lacrymogène dans mes yeux.

Ensuite, ils ont appelé du renfort en disant que j’étais agité et que j’avais blessé un policier alors que ce n’était absolument pas vrai. Ils ont cherché à attacher mes pieds avec les colsons. J’ai signalé que je souffrais d’hypertension pour qu’ils arrêtent de m’étouffer et ils m’ont répondu qu’ils allaient « me soigner« .

Après cela, ils m’ont placé dans le combi de police et la torture a commencé !

Ils se sont mis à proférer des propos racistes tels que: « Pourquoi l’esclavage a-t-il été aboli ?« , « Vous ne méritez que de rester dans des cages enfermés« . Pendant qu’un policier tirait sur les menottes en étendant mes bras, les autres me donnaient des coups. Un d’entre eux craignait que je perde connaissance, il m’a donc giflé trois fois et a vérifié deux fois mon pouls. Ensuite ils m’ont emmené à l’hôpital, l’espérance, où on m’a lavé le visage à l’eau et donné des médicaments. Enfin l’un des policiers à desserré les menottes car je criais fort. Finalement, ils m’ont ramené au commissariat en combi et un policier m’a intimé l’ordre de ne plus rien dire, sinon il me shooterait dans le thorax. Arrivés au commissariat, on m’a placé dans une cellule et ce même policier m’a dit que là, j’étais bien à ma place !

A la fin, lorsqu’ils m’ont sorti de ma cellule, ils m’ont demandé de signer le procès-verbal en m’empêchant de le lire (sous la menace : celui qui avait proféré des injures racistes a commencé à compter de 1 jusqu’à 5…) bien que je demandais à pouvoir le lire. De peur des représailles, j’ai signé sous la contrainte. Pour sortir, de l’intérieur jusqu’à la barrière, ils m’ont mis hors du champ de vision de la caméra de surveillance afin de pouvoir encore me frapper sans laisser de preuve de leurs actes. Un des policiers m’a encore menacé en disant « Toi, je t’aurai !« .

Depuis ces maltraitances maintenant, j’ai peur très souvent… »

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No Border Camp, Bruxelles, 29 septembre 2010 : extrait des dizaines de témoignages et plaintes reçus à l'occasion des arrestations arbitraires (7)...

« Participant au cortège de Precarious United, je suis prêt à témoigner devant une quelconque instance de la violation de droits fondamentaux :

  • L’accès à la manifestation nous a été systématiquement refusé par les auxiliaires de police ;
  • On nous a interdit de sortir nos banderoles sous le prétexte que le logo « anarchiste » était interdit ;
  • Quand le cortège a avancé, notre camion a été immobilisé par 2 voitures de la police. Ce qui a divisé notre groupe pour nous faire perdre la place qui nous était réservée [lors de la préparation, NDLR]; »
  • Harcèlement moral de la part de la police présente Place B. pour nous empêcher de prendre part à la manifestation. »
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No Border Camp, Bruxelles, 29 septembre 2010 : extrait des dizaines de témoignages et plaintes reçus à l'occasion des arrestations arbitraires (6)...

« Je peux témoigner. J’étais présent à la manifestation :

  • J’ai été témoin du caractère pacifique des manifestants arrêtés. J’ai vu les policiers charger et isoler un groupe de 50 manifestants qui manifestaient pacifiquement à la Porte de Hal ;
  • j’ai été témoin d’une deuxième charge contre les manifestants qui exprimaient leur soutien aux 50 personnes retenues par un cordon de policiers contre le mur d’un immeuble à la Porte de Hal ;
  • J’ai été témoin de l’arrestation indiscriminée d’un manifestant pacifique par des policiers en civil qui l’ont plaqué violemment au et se sont assis sur lui alors qu’il n’opposait aucune résistance. »
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No Border Camp, Bruxelles, 29 septembre 2010 : extrait des dizaines de témoignages et plaintes reçus à l'occasion des arrestations arbitraires (5)...

« Le 29.9 à environ 14:45, je me trouve dans une manifestation des syndicats à Bruxelles. À la place de la Porte X., subitement, au cours d’une phase tranquille, une chaîne de policiers avec matraques tenues bras en l’air et boucliers se ruent dans la manifestation. Ils essaient de toute évidence de poursuivre notre groupe No Border et de le séparer du reste des groupes syndicaux.

Nous appelons les syndicalistes à ne pas se laisser empêcher de nous rejoindre et de se solidariser avec nous. Avec un visage déformé par la haine, certains policiers se mettent immédiatement à nous frapper avec les matraques. Le policier qui se trouve immédiatement en face de moi me frappe avec grande force sur la tête.

Je titube, le sang me coule sur les yeux. Mon amie, qui se trouve à côté de moi tente de me maintenir à l’épaule. Le policier frappe à nouveau et la touche à la main. Je tombe, mais auparavant je me retrouve assis à terre appuyé au grillage. J’ai le vertige, je manque de perdre connaissance.

Deux dames m’en empêchent en me parlant sans cesse et me tapotent légèrement les joues. Quelques manifestants des groupes de syndicalistes qui suivent se placent en demi-cercle autour de moi pour me protéger d’autres agressions de la part des policiers agressifs et totalement désinhibés. Après quelque temps, (environ 15, 20 minutes) deux agents sanitaires arrivent. Ils me placent un pansement et m’amènent à l’ambulance qui se rend immédiatement à l’hôpital.

Dans l’ambulance et au cours de la première heure à l’hôpital je me suis senti très mal et je suis constamment au bord de la perte de connaissance. Après les soins je suis obligé de rester dans mon lit d’hôpital en observation jusqu’au lendemain avec prise d’antidouleurs constante. »

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No Border Camp, Bruxelles, 30 septembre 2010 : extrait des dizaines de témoignages et plaintes reçus à l'occasion des arrestations arbitraires (4)...

« Au cours de cette journée ensoleillée avec quelques nuages, un groupe de 6 personnes souhaite se promener dans Bruxelles. Comme il fait chaud j’emporte ma veste bleue à la main. En marchant le long du boulevard étant donné que le coin de la rue est en travaux […] nous traversons une rue et restons sur la bande du milieu où se trouve déjà une voiture de police.

Peu avant que le feu ne repasse au vert, un combi de police avec gyrophare bleu arrive en trombe, sans avertissement des agents de police sautent du véhicule. […] Au milieu de la rue un policier m’attrape au col et me tire brutalement vers l’arrière dans le groupe d’amis arrêtés, sans réagir à ma question de savoir ce qui se passe en fait. Ce faisant il me touche aussi à la poitrine et me pousse brutalement. Étant donné que je ne me laisse pas traiter ainsi, je me plains « Je ne me laisse pas toucher ici par un garçon comme vous« . Immédiatement je suis attrapée à la ceinture et poussée avec pleine force sur le véhicule. « Shut up you bitch ! [Ferme ta gueule salope !, NDLR] Tu ne me dis pas ce que moi j’ai à faire ! » Je n’attrape plus d’air et mes pieds ne touchent plus le sol alors qu’il se place avec un large sourire de satisfaction tout près de moi. Après il me lâche de cette prise d’étranglement, me tord la main gauche dans le dos et m’appuie la tête vers le bas, au sol il s’agenouille sur mon dos, me tient par le bras derrière le dos et tiré vers le haut en m’appuyant la tête fermement au sol. […] Je remarque comme les policiers tremblent d’agressivité. Lorsqu’un ami est poussé derrière moi, je […] réussis à reposer mon bras sur sa jambe mais mes poignets me font souffrir parce que les colsons sont en train déjà de me couper la main. Je remarque que ma veste et mon bonnet sont au sol et demande que l’on me les donne. Ils ne font que rire. En réponse à nos questions, pourquoi nous sommes arrêtés et pourquoi si brutalement, nous ne recevons aucune réponse et on nous insulte de « Left bastards » et « Stupid bitches » [« connards de gauchistes, stupides garces », NDLR] […]

Pendant que fièrement ils se moquent (« This is how Belgian police looks like« ), je demande une nouvelle fois que ma veste et mon bonnet me soient rendus. Le même flic me jette en réponse la veste sur la tête de telle manière que je ne peux plus rien voir. […] Arrivés au commissariat je suis jetée la première hors du véhicule et poussée par le même flic la tête poussée vers le bas et les bras derrière le dos et sortie du garage vers une petite cour sombre. […] On me demande de m’asseoir les jambes écartées à même le sol mouillé, froid et sale et on me pousse vers le bas. L’ami qui est assis derrière moi me chuchote à l’oreille qu’il a peur. Je n’ai pas la force de le calmer. Des policiers arrivent sans cesse dans la cour pour fumer et je me sens comme un animal de zoo sur lequel on lance des moqueries. Un policier tire un couteau de la poche et dit qu’il aimerait bien couper quelques dreads et les pendre comme trophée auprès des autres chez lui au mur. Finalement ils nous demandent nos passeports sans répondre à la question de savoir pour quelle raison nous sommes arrêtés. Quand ils voient que nous venons d’Allemagne, un policier plus âgé dit « Ach Deutschland ! » et recommence immédiatement, visiblement heureux de nous provoquer avec un « Deutschland Deutschland über alles ! » et nous humilier.

Lorsqu’un flic m’emmène, il me prend à nouveau brutalement par le bras et pousse ma tête vers le bas en me bousculant dans une pièce dans laquelle deux policières m’attendent. Après m’avoir défait les colsons, elles m’obligent à me déshabiller, ce que je ne fais pas. Elles me passent le pull par-dessus la tête, m’ôtent le foulard, me retirent chaussures et chaussettes […] Devant la pièce se trouve un des flics qui s’est déjà « occupé » de moi, celui du « Deutschland Deutschland über alles !« , celui de « Je vous coupe vos dreads. » Lorsque j’entends des personnes crier « No Border, no nation, stop deportation !« , le plus âgé des flics s’exprime : « No Deportation ! Extermination !« , et tous rient et s’amusent de cette expression de barbarie, et je me demande comment en tant qu’être humain on peut être ainsi outrancier et haineux. […]

Il m’est demandé de signer quelque chose mais je ne dis rien. Le flic du début n’hésite pas une seconde et me tire violemment le bras gauche vers l’arrière et le haut en le tordant de telle manière que j’entends un craquement dans le coude et crie de douleur, mais il ne lâche pas prise et me conduit vers la porte. Ils m’insultent avec avec des « Stupides gauchistes » et « Bitch ! » et font des remarques vestimentaires à la « Sexy woman« . Je les ignore et ne réponds pas à la question de savoir si j’ai encore besoin de ma veste. D’abord on jette la veste et le bonnet à côté de moi sur le banc, mais le policier du début les reprends et disparaît en riant par une autre porte. C’est la dernière fois que je vois ma veste contenant portefeuille et mon bonnet. Après je suis emmenée dans une salle dans laquelle un policier et une policière me demande si je parle français ou anglais et je réponds « I can speak in English or in French but it doesn’t matter, because I don’t speak with you. » La femme devient alors très agressive et me hurle « At least you have to answer yes or no or we will drop off your pants ! » [« Tu dois au moins répondre oui ou non sinon on baisse ton pantalon », NDLR] et m’indique les deux policières qui se trouvent également dans la pièce pour qu’elles m’enlèvent le pantalon. Après ils me conduisent dans une cellule vide juste à côté et m’ordonnent baisser le pantalon. Je ne dis rien et ne bouge pas. Immédiatement elles m’attrapent et tirent mon bras souffrant vers le haut, me jettent à terre sur un matelas pour m’enlever le pantalon et mon long sous-vêtement de corps. Ensuite l’une d’entre elles me tire par les cheveux, prend mon bras droit et me le tord dans le dos en me poussant devant elle pieds nus et en sous-vêtements brutalement. Elle me fait passer devant les policiers qui s’étaient moqués et deux autres policiers vers la cellule à la fin du couloir. Je remercie qu’elles m’ont presque cassé le bras et que j’ai pu passer devant les flics en sous-vêtements et suis poussée dans une cellule dans laquelle 4 autres femmes se trouvent déjà.

Les portes se ferment et pendant plusieurs heures nous ne voyons plus aucun policier même lorsque nous appelons haut et fort pour réclamer de l’eau en français et en anglais tout en tambourinant sur la porte. […] Environ vers 23:00 nous sommes relâchés sans savoir toutefois pour quelle raison nous avons été arrêtés et emprisonnés. »

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No Border Camp, Bruxelles, 29 septembre 2010 : extrait des dizaines de témoignages et plaintes reçus à l’occasion des arrestations arbitraires (3)…

« Je, soussigné C., ai été arrêté mercredi 29.9 à la porte X. À ce moment je me trouve avec des milliers d’autres personnes dans une manifestation autorisée.

À 14:45 une partie de la manifestation se fait encercler par les forces de police. Cette séparation est intentionnelle dans son choix. Des ordres sont criés dans une langue que je ne comprends pas. Je me trouve directement devant un policier avec le regard en direction des manifestants suivants dans le cortège et il dit en anglais : « I do not understand you« . Venu de nulle part un policier frappe avec une matraque télescopique sur la tête de P. Nous sommes à ce moment, comme précédemment d’ailleurs, pacifiques et non armés.

Les policiers exercent une pression sur l’autre côté de la marmite et une personne trébuche, tombe à terre. Côté maisons, je vois au moins deux personnes allongées sur le sol. Les premiers secours se voient obstrués par des coups sur les bras donnés par des agents sanitaires. Les policiers sortent alors une partie des personnes de la partie de la manifestation encerclée.

Étant donné que nous sommes serrés très étroitement les uns contre les autres, les policiers doivent se frayer une place. Je me trouve à côté d’une personne qui se fait montrer et tout de suite après, des policiers se fraient un chemin vers moi et me frappent avec une matraque télescopique sur les bras et les jambes. Lorsque nous sommes menottés, un numéro nous est attribué sur un bracelet qui comporte des aiguilles (piques) à l’intérieur. »

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No Border Camp, Bruxelles, 29 septembre 2010 : extrait des dizaines de témoignages et plaintes reçus à l’occasion des arrestations arbitraires (2)…

« Je me rends vers 10:45 en compagnie de deux autres personnes venant du camp No Border en direction du centre de la ville. Vers 11:00 nous sommes arrêtés par des policiers lorsque nous traversons au feu sur le boulevard B. par 3 policiers en civil. Ils nous attrapent aux vêtements et nous tirent sur le côté (sur un mur de maison). Ensuite ils nous demandent où nous nous rendons […].

Ils commencent à fouiller nos poches et à nous palper. Entre-temps de plus en plus de policiers en uniforme se rassemblent et se placent sur le trottoir. On nous pousse contre le mur et nos bras sont menottés avec des colsons dans le dos. Environ 4 autres personnes sont arrêtées et subissent la même procédure que la nôtre. Une femme refuse d’être arrêtée en s’asseyant sur le sol. Deux policiers la traînent et poussent brutalement son visage contre le mur. […]

Après cela nous sommes conduits avec gyrophare allumé pour plusieurs tours de la ville, sans qu’il n’y ait une raison claire, avant d’être conduits en prison. Là, nous sommes une nouvelle fois fouillés, recevons un nouveau colson […] avec environ 20 autres personnes nous sommes fourrés dans une cellule. […]

Malgré des demandes répétées pour connaître la raison de l’arrestation, on refuse de nous répondre. Environ 10 heures plus tard nous sommes fourrés dans un bus après avoir été forcés de se laisser photographier. […] » 

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No Border Camp, Bruxelles, 29 septembre 2010 : extrait des dizaines de témoignages et plaintes reçus à l’occasion des arrestations arbitraires (1)…

« À partir de là, et dès l’arrêt des véhicules à nos côtés le long du trottoir, les agents de la police fédérale belge, pour certains originaire de Anvers, se sont comportés avec nous de façon arbitraire et humiliante, nous menaçant verbalement et physiquement, plaquant nos visages contre le mur et exerçant des pressions physiques sur certains d’entre nous. Refuser pour une fille d’être palpée par un homme ou protester contre la rudesse du traitement infligé nous a exposées à des coups et des pinces au niveau de la gorge. Les menottes en plastique ont été serrées dans le dos jusqu’au sang de façon à ce que la plupart d’entre nous aient les membres ankylosés.

Ils nous ont ensuite assis les uns derrière les autres dans les flaques d’eau, puis ont proféré des insultes et vexations à notre égard pendant près de 45 minutes, tenant des propos injurieux : « Ferme ta gueule !« , « On va faire du sexe avec lui… avec ma matraque » (à propos de moi, en flamand), « Ça fait longtemps qu’elle n’ont pas vu une bite » (aux filles), « Dis au bougnoule de contourner le camion » (à propos d’un passant), « Ici, c’est pas la République, c’est la monarchie. Si ça vous plaît pas, retournez dans votre pays !« , « Tu ressembles à un clochard » (à propos d’un copain), « Je hais les gens qui ne travaillent pas« …

Pour la première fois de ma vie, je me suis mis dans la peau des personnes soumises à l’arbitraire des nazis durant la seconde guerre mondiale, le droit de mort constituant la seule différence notable. Ils nous entouraient tous, en nous insultant et en se moquant de nous […]« 

Où l’on comprend que manifester pacifiquement… n’est pas sans danger !

Jeudi 15 mai à 08:00 je me trouvais sur une place pour exprimer mon mécontentement concernant le Traité transatlantique, il s’agissait d’une manifestation organisée par l’alliance D19-20. J’ai ensuite rejoint le Boulevard avec ma mère (62 ans) et y étais à proximité d’une sortie de métro vers 8:15 où de nombreux policiers avec casques, matraques et boucliers se trouvaient devant moi et ont commencé à m’encercler ainsi que d’autres personnes se trouvant là.

Des policiers ont commencé à pousser des personnes calmes et pacifistes. Une autopompe était présente et a aspergé d’eau les personnes pacifistes, à l’arrêt qui dansaient et déguisés en clowns ! Même de l’eau a été projetée violemment sur des manifestants assis et immobiles. J’ai trouvé le dispositif policier totalement disproportionné et leur comportement provocateur !

Les policiers m’interdisaient de me déplacer et j’ai aussi été arrosé alors que je n’opposais pas la moindre résistance, ni ne menaçais qui que ce soi. Je n’ai à aucun moment eu de comportement différent d’un père de famille (je suis papa d’une fille de 6 ans). Des policiers m’ont poussé en criant « Restez calme, restez calme !« , je leur ai répondu « Mais je suis calme, c’est vous qui me poussez Monsieur l’agent« .

J’ai trouvé que ces policiers étaient fortement stressés, certains ont avoué ne pas savoir pourquoi nous manifestions, qu’ils ne faisaient qu’obéir aux ordres (certains policiers semblaient se rendre compte du décalage énorme entre les consignes d’intervention musclée et les manifestants pacifistes qui se trouvaient en face d’eux).

Dans un premier temps, les policiers ont dit que l’on pourrait retourner à la place X. Après le commissaire X est venu crier que nous étions tous en état d’arrestation à 8:45. J’ai plusieurs fois demandé à m’en aller pour retourner travailler mais les policiers s’y sont opposés.

Deux policiers m’ont ensuite « escorté » et mis des colsons serrés en attachant mes poignets dans le dos et mis dans un bus. On m’a attaché les bras alors que je n’ai pas fait le moindre geste ni parole qui aurait pu laisser penser un quelconque comportement violent. J’étais juste là. Dans le bus j’ai dû attendre encore environ 45 minutes.

J’ai également pu observer un policier en civil qui courait après un manifestant, le plaquer au sol, lui mettre des colsons pour le ligoter et ensuite il a mis un brassard fluo orange indiquant qu’il était agent de police. Je n’ai pas trouvé ça normal.

J’ai également vu des manifestants installés par dizaines à même le sol en attendant d’être emmenés à la caserne. Les manifestants étaient de simples citoyens, hommes, femmes, personnes âgées, travailleurs…

J’ai ensuite été conduit à la caserne d’Etterbeek. Là j’ai été placé dans une cellule avec environ 35 autres personnes (alors que sur la porte un écriteau mentionnait « max 21 personnes« ). Je serai ensuite fouillé et devrai remettre mes effets personnels. On me demandera de signer un papier mentionnant que j’avais été arrêté à l’avenue X à 10:20. J’ai refusé de signer car je ne me suis jamais trouvé là. L’officier de police m’a dit, « Alors vous faites partie du premier groupe?« , ils ont ensuite changé cela en 8:45 et « Rue Y« , ce qui est faux, puisque lorsque je me suis fait encercler et arrêter arbitrairement, je me trouvais Bd X. J’ai ensuite été placé dans une autre cellule avec une vingtaine d’autres personnes et j’ai reçu comme seul repas une petite gaufre et une petite bouteille d’eau.

Vers 15:30 j’ai été appelé pour récupérer mes effets personnels. J’ai ensuite été escorté par un policier dans un bus. Ce dernier m’a demandé sur le ton de cynisme « Est-ce que vous avez bien vu ce que vous aviez signé ? » et ensuite il a ricané, j’ai trouvé cela humiliant et déplacé. J’ai ensuite été relâché vers 16h sur l’Avenue C à proximité du Boulevard J.

J’aurai donc été privé de liberté pendant environ 7 longues heures parce que j’exprimais mes opinions politiques de manière calme et pacifiste avec un millier d’autres personnes.

Au total plus de 300 personnes seront privées de liberté, soit un tiers de la manifestation, cela paraît absolument aberrant ! J’ai été traité comme si j’étais un dangereux délinquant violent alors que je suis un simple citoyen, un père de famille qui travaille plein temps comme ingénieur dans une entreprise bruxelloise. Je m’inquiète fortement du recul démocratique de mon pays et de la façon dont sont traitées les personnes qui osent descendre dans la rue pour exprimer leurs opinions de manière pacifiste. La démocratie est en grand danger ! »

Où l’on comprend toute la mesure de l’adage voltairien que « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser »…

« […] Après une brève et désagréable altercation langagière, le policier lève considérablement le ton : « Quoi ? T’as un problème ?! » C’est un agent des forces de l’ordre qui m’aboie la question de l’autre côté de la route. Il est de mon devoir d’y donner suite. De tout mon calme, je considère rapidement qu’il y a deux réponses possibles :

  • « Non, pas du tout monsieur l’agent« 
  • « En effet, il y a un problème, je n’apprécie pas la manière avec laquelle vous m’adressez la parole« 

Je choisis malheureusement la réponse 2, selon moi la plus sincère, sans doute parce que de mon point de vue il y a véritablement un problème. Le policier s’avance vers moi d’un pas décidé et je comprends qu’il aurait préféré la réponse numéro 1.

Il m’empoigne fermement le bras droit et me fait traverser la chaussée pour m’y inviter il choisit ces mots : « Maintenant tu vas fermer ta gueule, sale gamin !« . Je suis plaqué avec force contre un véhicule de police. Je vois encore deux solutions :

  • réagir à la violence, tenter de m’enfuir en courant, mais je considère que la matraque est un risque trop important.
  • montrer une attitude résolument non-violente, laisser passer ce moment désagréable

Une fois de plus, je choisis la réponse n°2. Je me laisse faire et le policier crie : « Calmez-vous! Calmez-vous !« , et je suis absolument calme. « Je pourrais être ton père, gamin de merde, tu vas fermer ta gueule !« . Fidèle à mon premier argumentaire je continue : « Je n’apprécie pas la manière avec laquelle vous me parlez !« . Le policier intensifie la clé de bras, dans mon dos il lève mes poignets jusqu’au milieu de mes deux épaules. Je croyais qu’il était au plus haut mais non, il parvient à gagner quelques centimètres encore. Comme le prévoit ce type de position : je courbe l’échine de plus en plus le policier fait durer. Je me courbe encore, ma tête heurte la portière. La douleur monte et le policier répète : « calmez-vous ! calmez-vous ! » et je suis absolument calme, non-violent. Lui, il passe du vouvoiement au tutoiement avec une agilité remarquable. Un grand acteur.

J’attends qu’il termine de me « maîtriser ». Il me serre enfin les menottes jusqu’au dernier cran. « Ça fait mal« . « Oui, on a enlevé les doudous« . Je suis emmené au commissariat. « Vous voyez où ça vous mène de répondre ? » 2 réponses :

  • M’enfin !
  • Oui papa.

Je manque d’imagination. Je choisis de ne rien répondre. Je demande à témoigner. Le policier se rend dans le bureau du commissaire après quelques minutes pendant lesquelles il m’est refusé de prendre des notes. Les deux collègues reviennent vers moi :  » « Bonjour Mr Mourdjia. Alors vous avez refusé d’obtempérer sur la VP ? » Un VP, pour moi, c’est un Vidéo-Projecteur, mais je comprends que pour lui, c’est une Voie Publique.

  • « Non monsieur le commissaire, il y a un malentendu. J’aimerais pouvoir livrer mon témoignage. Je pense que cette situation est absurde.« 
  • « Je suis absurde ? Mon collègue est absurde ? Nous sommes absurdes ? Il est midi et onze minutes et Monsieur Mourdjia est privé de liberté.« 

J’ai vu le commissaire pendant douze secondes. Je n’ai pu livrer mon témoignage à personne. Je n’ai eu le droit de téléphoner à personne.

Je suis emmené aux urgences pour constater ma blessure au visage. A l’hôpital, quand on est menotté, on n’a pas le droit à un regard. Sans m’adresser la parole, un médecin d’une quarantaine d’année écoute ma respiration avec son stéthoscope. Avec une lampe de poche il regarde mes yeux. Il me demande de suivre la lumière. Gauche-droite-haut-bas-gauche-droite. Moi je réussis l’exercice avec brio, et lui ne constate ni ma blessure au visage ni les marques laissées par les menottes volontairement trop serrées sur mes poignets.

De retour au commissariat, je décide d’adopter la méthode de « la tête basse » comme en temps de guerre. Je ne lève plus le regard, je ne réponds que par oui ou par non, ni froidement ni chaudement, juste oui ou non. « Alors on s’est calmé ?! C’est comme ça que je voulais vous voir sur la VP. Là vous avez repris votre état normal, de la vie normale, enfin je l’espère« . J’ai compris. La tête basse, c’est comme ça qu’il aime me voir. Ça paie. Le policier est bon prince : s’ensuivent 7 heures de cachot, plutôt que 12. Je suis en T-shirt. Je voulais juste deux pains au chocolat. Il fait froid.

Des policiers rotent et pètent. Je suis au milieu d’un mauvais film écrit par un mauvais scénariste. De derrière la porte, je demande à prévenir mon employeur. Pas de réponse. Si un détenu frappe à la porte pour demander de l’aide, « toc toc toc », on entend au loin « Entrez ? ! Entrez !« , et des rires de cochons. Contrairement à d’autres détenu(e)s, je comprends que les mots ne servent plus à rien. 7 heures de silence. Personne ne me donne l’heure, impossible de mesurer le temps qui passe, les pieds nus sur le carrelage froid, et à 3 mètres de hauteur une fenêtre entrouverte. Dehors il pleut, il fait froid.

A 20h15, Monsieur Mourdjia rentre chez lui, il est à la maison à 21h37, sans pain au chocolat. Un procès verbal a été dressé. Je n’ai pas pu le lire, et je n’ai pas pu livrer ma version des faits. Je recevrai deux amendes. Les frais de l’hôpital sont à ma charge. Je m’en veux. Quand le commissaire de police m’a raccompagné, il a ouvert la porte sur la rue et moi, la tête basse, j’ai dit « Merci« . »

Coupable d’avoir escaladé une grue pour admirer la vue, M. va apprendre une nouvelle façon de connaître le grand frisson…

« Au printemps 2013 entre minuit et 1h du matin, un ami et moi décidons d’escalader une grue de chantier qui se trouvait rue de l’escalier pour admirer le paysage du haut de la grue. Nous étions trois, une autre amie avait décidé de rester en bas. Au moment de notre descente, une camionnette de police ainsi qu’approximativement trois voitures de police sont arrivées au pied de la grue. C’étaient des policiers habillés de gilets pare-balles, rangers, etc.. Ils m’ont demandé ce que j’avais l’intention de voler, et le but de ce que j’avais fait, ce a quoi j’ai répondu que c’était uniquement pour admirer le paysage du haut de la grue, et pour avoir un « frisson« .

Un policier m’a aussitôt répondu « Je vais t’en donner du frisson« . Prenant cela pour une menace, je lui ai répondu que ce n’était pas la peine de faire le « cow boy« . Ils m’ont demandé une pièce d’identité, je n’avais qu’une carte d’abonnement de train ainsi que ma carte de crédit pour confirmer mon identité. Je ne suis pas belge (d’origine UE). Ensuite, un policier en civil que je pense être un inspecteur de police est arrivé, et à l’aide d’insultes et de hurlements m’a demandé ce que j’avais volé et pourquoi j’étais monté en haut de cette grue. Je lui ai répondu que c’était pour admirer le paysage du haut de la grue, que je n’étais pas un voleur et que mes intentions n’étaient pas malhonnêtes. Il m’a aussitôt mis un coup de poing dans la figure. Peu de temps après je me suis retrouvé plaqué au sol, un pied sur la tête et menotté de force en me tordant les bras, ce qui a probablement causé la déchirure musculaire. J’ai reçu des coups de pieds dans le ventre et dans la figure ce qui m’a provoqué de prononcer quelques injures. Ils m’ont amené jusque dans la voiture, où j’ai encore une fois reçu des claques dans les oreilles et des coups avant qu’ils ne ferment la porte. Deux policiers m’ont emmené au commissariat central, durant le trajet j’ai voulu poser des questions, ce à quoi je n’ai reçu comme seules réponses que des « Ta gueule« .

J’ignore si cela fait partie de la procédure mais je n’ai pas pu être attaché et le chauffeur roulait à une allure démesurée en ne respectant pas du tout le code de la route (feux grillés). Arrivés au commissariat, j’ai été emmené dans une salle où, après quelques coups de poing dans les côtes et estomac pour que je cesse de poser des questions, on m’a demandé de vider mes poches, ce que je fis. Le contenu de mes poches se trouvant par terre, on m’a accusé de les avoir pris pour des « chiens » et m’ont forcé à ramasser mes effets personnels en me rouant de coups avec des gants renforcés. Ayant finalement peur pour ma dentition, je décidais d’accepter. Puis, on m’a demandé de me déshabiller. Puisque je refusais, on m’a violemment plaqué au sol, traîné par les cheveux. Déshabillé de force, je me suis retrouvé en caleçon. On m’a alors demandé de l’enlever, j’ai encore refusé je me suis a nouveau retrouvé roué de coups. Ayant a nouveau peur pour mes parties intimes, je décidais a nouveau d’obéir. Quand je fus complètement nu, on m’a demandé de me tourner et de faire des flexions-extensions contre le mur. Après avoir fait la première, on m’a hurlé de compter à voix haute, je refusais, mais après un coup de poing au niveau des côtes, j’acceptais de compter à voie haute. On m’a autorisé à remettre mon caleçon, ils m’ont menotté, […] Tout était un prétexte pour m’administrer de nouveaux coups. Après cela, on m’a emmené dans une cellule avec des barreaux dans laquelle on m’a enlevé les menottes, et rendu mes habits. Quelques minutes plus tard, un policier arrivait en me demandant de signer un papier. Je voulais lire ce papier avant de le signer, on m’a hurlé dessus pour que je le signe sans tarder, ce que j’ai fini par faire par peur de nouveaux coups et de plus étant donné que je ne voyais quasiment plus rien suite aux claques dans les oreilles et aux coups de poing qui m’avaient rendu complètement sonné et enflé.

Après environ une demi-heure mon ami et moi avons été placés dans des vraies cellules. Quelques minutes plus tard un policier me lance « Tu es tombé hein ?!« , ce à quoi j’ai répondu « Non, j’ai été tabassé par des policiers. » La porte s’est ouverte on m’a menotté, et emmené dans le parking, où je suis monté dans une voiture de police pour aller à l’hôpital où une infirmière m’a demandé ce qui c’est passé, je lui ai dit la vérité. Elle m’a nettoyé, puis un médecin est arrivé, après lui avoir raconté l’histoire, elle a constaté mes blessures, et j’ai dû faire des radios du thorax et du visage. Après cela j’ai été reconduit dans ma cellule. Au matin, on m’a rendu mes effets personnels, et libéré sans nous tenir au courant de quoi que ce soit. Je n’aurai aucune honte ni aucun scrupule à décrire ce que j’ai vécu comme de la torture mentale et physique). Tout était un prétexte pour m’administrer de nouveaux coups. Après cela, on m’a emmené dans une cellule avec des barreaux dans laquelle on m’a enlevé les menottes, et rendu mes habits. Quelques minutes plus tard, un policier arrivait en me demandant de signer un papier. Je voulais lire ce papier avant de le signer, on m’a hurlé dessus pour que je le signe sans tarder, ce que j’ai fini par faire par peur de nouveaux coups et de plus étant donné que je ne voyais quasiment plus rien suite aux claques dans les oreilles et aux coups de poing qui m’avaient rendu complètement sonné et enflé.

Après environ une demi-heure mon ami et moi avons été placés dans des vraies cellules. Quelques minutes plus tard un policier me lance « Tu es tombé hein ?! » ce à quoi j’ai répondu « Non, j’ai été tabassé par des policiers. » La porte s’est ouverte on m’a menotté, et emmené dans le parking, où je suis monté dans une voiture de police pour aller à l’hôpital où une infirmière m’a demandé ce qui c’est passé, je lui ai dit la vérité. Elle m’a nettoyé, puis un médecin est arrivé, après lui avoir raconté l’histoire, elle a constaté mes blessures, et j’ai dû faire des radios du thorax et du visage. Après cela j’ai été reconduit dans ma cellule. Au matin, on m’a rendu mes effets personnels, et libéré sans nous tenir au courant de quoi que ce soit. Je n’aurai aucune honte ni aucun scrupule à décrire ce que j’ai vécu comme de la torture mentale et physique. »

Appelant la police suite à une banale altercation avec un employé de banque qui refuse d’encaisser une grosse somme d’argent, la situation dégénère au moment où il demande l’identité des policiers. Il sera ensuite condamné pour rébellion et revient sur des éléments qui, selon lui, n’ont pas été pris en compte par les juges qui l’ont condamné.

« Je voudrais refaire quelques observations concernant le jugement. Il n’a jamais été fait état des manquements du gérant de la banque de ne pas accepter le versement de ma recette de travail, c’est le gérant qui m’a menacé d’appeler la police et c’est moi qui l’ai fait.

Au bureau de police, on ne m’a même pas demandé mon identité, étant donné que je déposais la recette de mon travail pour mon employeur et que j’avais déjà été confronté à un refus de la même banque en juin pour soi-disant une somme trop élevée. J’avais du alors téléphoner à ma société pour que mon versement soit accepté par le gérant de l’agence.

Dans les cinq minutes la police était présente, le commissaire Y. a discuté avec le gérant et puis est venu me dire qu’il ne pouvait rien faire sur le plan pénal. J’étais d’accord avec eux et je leur ai demandé leur identité pour justifier auprès de ma société le refus de versement de ma recette par le gérant.

C’est là que l’inspecteur s’est emporté en me sommant de sortir du sas (je prenais note de leurs noms). Je lui ai répondu que nous ne sommes plus à l’armée et c’est là que tout a commencé. J’ai été pris par le bras et tiré violemment à l’extérieur du sas de la banque. Je suis tombé et ils se sont jetés sur moi.

Tout le monde est au courant qu’il y a des caméras de surveillance dans les banques. Pourquoi ne pas avoir demandé de les visionner ? Cela aurait pu démontrer l’énervement des policiers. Je n’ai pas porté des coups volontaires : je me suis débattu et ils ont reçu des coups (nuance). Ils auraient du me laisser me relever tout seul. Au lieu de cela, ils m’ont crié de me mettre sur le ventre et m’ont passé les menottes dans le dos. Ma recette a été éparpillée sur la route.

Je n’ai jamais refusé de donner mon identité. La carte bancaire de ma société avec mon identité était avec ma recette et le camion de ma société en stationnement en face de la banque. […]

Il n’est pas non plus fait mention de mes deux côtes fracturées qui me font encore souffrir actuellement parce que l’inspecteur X s’est laissé tomber de toute sa grandeur sur ma poitrine pour soi-disant m’immobiliser (on n’a pas voulu me donner de copie de ma radiographie de la clinique).

Je me demande encore aujourd’hui comment j’ai pu mordre un policier au mollet ou à la cheville en étant couché sur le sol avec quatre policiers sur moi. Lorsque j’étais menotté les mains dans le dos et attaché sur la banquette arrière du combi de la police, l’inspecteur X est venu déposer mon soulier droit, perdu lors de la bousculade. Toute ma recette se trouvait dans ce soulier sur le plancher devant moi dans le combi (l’inspecteur était à l’extérieur du combi).

Quand je lui ai fait remarquer qu’un billet de 10 euros était tombé sur le sol du combi, celui-ci est rentré dans le véhicule pour m’enfoncer ce billet dans la bouche, alors qu’il aurait pu simplement le mettre dans mon soulier avec le reste de l’argent. C’était de la provocation et cela n’a pas été retenu par les juges. Tout ce qui a été retenu c’est que je me suis défendu quand ils ont voulu me menotter alors que je ne comprenais pas pourquoi et que j’ai repoussé le policier X hors du combi après la scène du billet.

Le tribunal a qualifié cela de rébellion. J’ai ensuite passé la nuit au cachot et ceci sans boire et ni manger du mercredi 16h au jeudi 16h. Les juges ne se sont jamais mis à ma place, à savoir être traité comme un grand criminel alors que je voulais tout simplement déposer ma recette comme l’exige mon patron. J’ai été condamné a 3 mois de prison avec sursis et tous les frais de justice ont été mis à ma charge (plus ou moins 7000 euros). L’inspecteur X s’est porté partie civile contre moi et me réclame plus de 25000 euros de frais pour dommage corporel. »

I. est interpellé à la douane dans une gare de chemin de fer, dans l’exercice de ses fonctions professionnelles. Il va se heurter à l’obstination d’un agent qui le prend en grippe pour une raison inconnue, alors qu’on lui reproche un comportement courant dans sa profession…

« Chef de cabine et membre du personnel d’une compagnie de train de longue date, j’arrive au guichet de la police belge et mon équipe décline son identité comme le veut la procédure. Je me trouve en tête et montre ma carte d’identité à l’agent de police qui me fait signe de la main gauche, comme cela arrive régulièrement, vu que nous sommes reconnaissables à nos uniformes et munis de badges de service.

Je poursuis ma route et un autre agent présent debout dans le guichet me jette un regard très sévère. En continuant mon chemin, je lui montre ma carte d’identité à travers la vitre pour lui prouver que j’étais en règle de documents. Je me rends vers la douane en montrant mes 2 badges de service.

Lorsque je m’apprête à placer mes sacs au rayon X, je vois arriver deux agents de police, dont celui qui se trouvait au guichet de la police belge, qui me demande agressivement de lui donner ma carte d’identité. Je lui demande le but de son intervention. Il me répond qu’au moment de passer au guichet, son collègue m’a demandé de m’arrêter et j’ai refusé. Je lui réponds que son collègue m’a fait signe de la main comme cela se fait une fois sur deux, raison pour laquelle j’ai poursuivi mon chemin.

« C’est faux ! » me rétorque-il sur un ton de plus en plus agressif, « Vous avez rasé le guichet en montrant votre ID de loin« . Alors que je tente de prouver ma bonne foi, Monsieur l’agent me demande de les suivre au poste de police. Je lui demande pour quelle raison. Il ne m’y répond pas, mais insiste sur un ton à la limite de l’hystérie !

C’est à ce moment que Monsieur l’agent me tire l’avant-bras gauche de façon brutale en me disant « Allez hop !« , me pointant le chemin avec son index. Je lui dis de ne pas me toucher car je n’ai ni volé, ni été outrancier à son égard et encore moins avoir posé un acte de rébellion. Tous mes collègues sont témoins ! [..] Son collègue lui, reste calme tout le temps.

En me dirigeant vers le poste de police, je lui demande de pouvoir me faire accompagner d’un collègue comme témoin. Il refuse et me tire l’avant-bras une deuxième fois. À l’intérieur, Monsieur l’agent m’ordonne de m’asseoir et d’éteindre mon GSM.

Je profite de sa brève absence pour informer mon bureau de mon arrestation. A son retour, il m’ordonne de couper mon GSM sur un ton que je ne pourrais même pas décrire. Je suis toujours sans connaître le motif de mon arrestation. […]

Une dame entre dans les locaux en informant les agents en néerlandais qu’elle est mandatée par quelqu’un de la compagnie de trains à venir chercher le sac de matériel sans lequel le train ne partirait pas ! Je remets donc le sac à la dame sans connaître son identité. Après environ 40 min de détention, Monsieur l’agent me présente 3 documents à signer :

  • Premier document, le motif de mon arrestation : trouble à l’ordre public, information que je découvre ;
  • Deuxième document : absence de fouille, et
  • Troisième document : pas de saisie d’objets personnels.

Je demande à voir le procès-verbal, l’agent me répond qu’il l’a déjà envoyé au Parquet et que si je voulais y avoir accès, je n’avais qu’à écrire au Parquet. Je signe les 3 documents en mentionnant « Pas d’accord avec le motif de mon arrestation« . Après près d’une heure je puis sortir du poste de police et me rends à mon bureau […] où je raconte l’incident aux délégués syndicaux. […]

Plus tard je me suis rendu au commissariat de ma commune pour porter plainte, il m’a été clairement dit par l’inspectrice qu’elle ne pouvait pas prendre ma plainte déontologiquement, même en insistant, et m’a conseillé de porter plainte au Comité P, ce que j’ai fait. Souffrant toujours du bras, mon médecin m’a prescrit un arrêt de maladie de 7 jours. »

M. est sans-papier. Renversé à vélo par un automobiliste qui a fait demi-tour sur la chaussée et est immédiatement reparti, il est emmené sans ménagement à l’hôpital, où… l’un des policiers le roue de coups en essayant de lui faire avouer son adresse après avoir soigneusement fermé la porte de la chambre…

« Je circulais à vélo sur la bande de gauche sur le boulevard A. à Bruxelles, me préparant à tourner. C’est à ce moment qu’une voiture m’a heurté à toute vitesse en voulant faire demi-tour. Elle m’a renversé et ma jambe droite s’est retrouvée coincée sous la roue. Très vite, la voiture a bougé. Des passants m’ont proposé d’être témoins de l’accident, mais étant sous le choc et la douleur je n’ai pas réagi à cette proposition.

Deux policiers à vélo sont arrivés. La passagère du véhicule qui m’a renversé ne cessait de me crier que je faisais du cinéma. Une ambulance et une autre patrouille de police sont ensuite arrivés sur les lieux. Je me souviens que lorsque j’étais couché sur la civière dans l’ambulance, un policier s’est tenu au-dessus de moi et a dit également : « Arrête ton cinéma !« . Les policiers m’ont demandé mon adresse mais pris de peur et de douleur, je ne l’ai pas donnée : je suis sans-papiers. L’ambulance m’a emmené à l’hôpital. Je ne pense pas qu’il y avait des policiers dans l’ambulance le temps du trajet. Aux urgences, je criais et pleurais sous l’effet de la douleur et de l’énervement contre le chauffeur de la voiture. J’étais assez agité. Le personnel soignant est venu plusieurs fois me dire : « Calme-toi sinon tu iras en chambre seul ! » Une infirmière plus compréhensive m’a permis de tenir sa main pour me réconforter. Je ne cessais pas d’invectiver le chauffard, mais pas du tout le personnel des urgences à qui je disais « Ne vous inquiétez pas, je suis gentil« . Sans cesse tournaient dans ma tête des images de peur de perdre ma jambe, des conséquences de ma situation de sans-papiers, de douleur. On m’a conduit dans une chambre isolée. En me déplaçant mon genou blessé par l’accident s’est retrouvé coincé entre le mur et la civière. J’ai crié pour prévenir l’infirmière.

Seul dans cette pièce une minute plus tard une infirmière (l’agent de sécurité) ouvre la porte, deux policiers entrent et la porte se referme sur eux. J’étais seul allongé sur la civière. L’un des deux policiers au moins était présent sur le lieu de l’accident : c’est lui qui s’est approché de moi et m’a asséné 5 ou 6 coups de poings sur le crâne en me criant : « Dis-moi ton adresse ! Dis-moi ton adresse ! Calme toi !« . L’autre policier n’a pas bougé, n’a pas tapé, il a juste regardé sans intervenir. J’ai crié et pleuré en disant : « Pourquoi tu me frappes ? » et j’ai donné mon adresse. Le policier a dit : « Tu n’as rien et tu pleures comme une fille ? Arrête ton cinéma« , puis « Ah ! Te voilà calmé ! » et j’ai répondu que c’était parce qu’il daignait me parler au lieu de donner des coups.

Le tout a duré une dizaine de minutes au cours desquelles personne du corps médical n’est venu voir ou se renseigner sur mon état. Ensuite les policiers ont ouvert la porte et se sont adressés au personnel soignant : « Voilà, vous pouvez entrer, il est calmé !« . Alors que je pleurais toujours, et plus fort qu’avant ! Les policiers sont restés dans l’embrasure de la porte et j’ai dit devant tout le monde : « Pourquoi tu m’as frappé ? J’ai jamais vu un policier frapper un accidenté« . On a enfin commencé à examiner mon genou. Les policiers sont partis, sans plus. Personne n’a réagi à ma dernière question. Ni à ce moment-là, ni par la suite. Alors que tout le monde a très bien entendu… »

Renversement des rôles dans cette nouvelle affaire de violences policières illégitimes : à l’origine d’une infraction routière, les agents ne vont pas apprécier qu’on le leur rappelle et se montrer brutaux envers G., le piéton qu’ils ont failli renverser. Leurs divers collègues successivement rencontrés se révéleront quant à eux tantôt indifférents, tantôt solidaires des agresseurs impliqués, voire plus chargés encore en testostérone ! Récit d’une découverte pénible de l’abus de pouvoir légal…

« Ce matin d’août de bonne heure, je m’apprêtais à m’engager comme piéton sur un passage clouté lorsqu’une voiture de police a surgi par ma gauche, me coupant littéralement le passage et manquant de me rouler sur le pied. Ne pouvant s’engager immédiatement dans l’avenue, la voiture est restée à moitié à l’arrêt sur le passage en me barrant l’accès au passage pour piétons. S’agissant manifestement d’une conduite dangereuse et ne respectant pas une règle élémentaire de priorité aux piétons, je me permets d’attirer l’attention des occupants du véhicule en donnant une légère tape du bout des doigts sur le bord du toit du véhicule, de façon à ce que le signal puisse être entendu dans l’habitacle.

Immédiatement, 2 agents en uniforme sortent du véhicule. La passagère, manifestement en service, me fait remarquer de façon directe que je n’ai pas à faire cela. Je lui réponds d’un ton neutre tandis que le conducteur continue à se diriger vers moi. Il m’interrompt brutalement en me sommant de lui présenter ma carte d’identité. En voyant que je n’interromps pas immédiatement ma phrase et continue à m’adresser à sa collègue, il m’ordonne à nouveau sur un ton autoritaire de lui sortir ma carte d’identité faisant mine de m’avertir. Je lui demande, calmement, si l’on peut savoir la raison d’une attitude aussi autoritaire. Faisant alors mine d’insinuer que je refuse d’obéir à son injonction, il s’approche de moi, m’agrippe et me dit quelque chose comme « Bon ; insubordination, tu veux faire le malin, on t’embarque !« .

Dès le moment où je le préviens qu’il n’y a aucune raison de porter la main sur moi ainsi, alors que j’ai déjà sorti mon portefeuille de ma poche pour m’exécuter, il perd patience et se montre ouvertement agressif, m’ordonne de ne pas discuter et de m’exécuter, tout en continuant à me bousculer et me pousser dans la voiture. Il ne s’agit vraisemblablement pas d’un contrôle d’identité, il s’agit d’une agression pure et simple. Victime manifeste d’un cas où l’usage de la force n’est absolument pas nécessaire, je lui demande sans complaisance s’il croit sincèrement que je vais me laisser ceinturer sans aucune explication valable ? La suite est connue : l’agent tente alors de me plaquer contre la voiture à l’aide d’une clé au bras musclée et agrémentée d’une formule du genre « Il n’y a rien à discuter ! » et « Tu vas voir ce que tu vas voir !« . Au vu de plus d’une dizaine de témoins attablés à la terrasse du café en face et qui confirmeront ces déclarations, je me débats légitimement afin de résister à une situation aussi absurde que brutale.

Sans que je puisse expliquer comment ni pourquoi, deux policiers en civil (distinctement reconnaissables à leur brassard rouge), ont alors soudain surgi de nulle part, probablement de la terrasse de l’établissement en face, pour prêter main forte à l’agent et ils se trouvent finalement – selon les divers témoins – à 4 pour me ceinturer et me menotter : je ressens une douleur certaine, épaule et omoplate totalement pris en tenaille, je sens un craquement du coté de mes vertèbres cervicales. Ma chemise est notamment déchirée à hauteur de l’épaule. S’ensuivent les menottes serrées excessivement de manière à blesser sans raison, la brutalité (divers effets de clés de bras avec plaquage contre le véhicule).

Finalement menotté, je suis jeté dans la voiture de police, main sur la tête de rigueur. En atterrissant dans la voiture j’ai droit à une vive douleur d’écrasement de mes poignets au contact du dossier. Les policiers me conduisent toutes sirènes hurlantes au commissariat. Le conducteur, responsable de la situation, se fait un plaisir de m’expliquer que, comme j’ai résisté lors du « contrôle » je vais être écroué pour la journée. Je remarque rapidement que je ne suis plus en possession de mon GSM. J’insiste à 2 ou 3 reprises que je dois récupérer mon GSM, qui contient un répertoire important de contacts et de nombreuses informations importantes pour moi. Rien n’y fait, mes droits sont ignorés et ma demande reste sans réponse. On ne me demande pas non plus, à aucun moment, le numéro utile pour simplement appeler ou vérifier si quelqu’un décroche.

Une fois au commissariat, je suis conduit dans ce qui ressemble à un bureau, où on me fait m’asseoir sur une chaise et patienter sous la surveillance de la policière. La situation est alors la même, on m’annonce que je vais être écroué pour avoir résisté lors de mon interpellation et avoir troublé l’ordre public. A aucun moment on ne m’explique la raison précise de cette arrestation musclée et de cette escalade de brutalité. Après quelques instants un autre agent, apparaît qui me fait immédiatement me rasseoir de force sur une chaise d’un geste brusque sur l’épaule en me criant « Assis !« . Je me relève immédiatement en reculant la chaise du pied en lui faisant remarquer que c’est aux chiens qu’on donne des ordres de cette manière. Il prend donc l’initiative de m’empoigner par la trachée qu’il ne manque pas de serrer suffisamment pour me couper la voix, de me faire traverser tout en force la moitié de la pièce à reculons en me vociférant des mots d’une rare violence pour enfin me plaquer, toujours menotté, dos contre un bureau dont le rebord me taillade les lombaires. Il s’amuse encore un peu à me dominer et m’intimider, à me faire parler ainsi quelques instants alors que pratiquement aucun son ne sort de ma bouche et que je vire au rouge. Après quoi on m’explique simplement que si je me « calme« , on me promet de desserrer très bientôt ces douloureuses menottes trop serrées. Les collègues, assermentés comme il se doit, confirmeront la scène.

On m’explique ensuite que je vais être transféré au commissariat du centre pour y être écroué, sans raison déclarée. Demande réitérée d’avoir des nouvelles de mon GSM. Négatif. Les deux agents à l’origine de l’interpellation et moi-même reprenons la route. Au cours du trajet, l’agent au volant fait toujours autant preuve de vitesse et de jeux de sirènes inutiles, en continuant à m’agresser verbalement sur un ton pour le moins condescendant, tandis que la passagère lui fait remarquer qu’il pourrait rouler moins vite. Une fois sur place, l’agent conducteur se fait à nouveau un malin plaisir à me balader de droite à gauche par le bras comme au bout d’une laisse et s’assure que mes poignets continuent d’enfler dans les menottes. Une petite torture dont il semble visiblement se délecter. A l’intérieur du commissariat, on m’invite à signer un document dans lequel je reconnais être privé de liberté et un autre dans lequel je mentionne être bien en possession de mon ordinateur portable mais je précise clairement que mon GSM est toujours manquant, et que je n’en ai toujours aucune nouvelle. Ce ne sont déjà plus les mêmes policiers et ils sont encore moins au courant que les précédents de ce qu’a pu devenir le plus important de mes effets.

Après avoir subi un interrogatoire et une fouille complets, mes effets sont confisqués et stockés dans un sac en plastique. Un autre agent prend des copies détaillées de toutes mes empreintes palmaires et digitales. Une photo de face et deux profils sont tirées pour alimenter leurs fichiers. Je suis vraisemblablement dès lors fiché, sans pouvoir dire ou refuser quoique ce soit, je n’ai rien à dire et aucun conseil ne m’est présenté. Je dois à présent encore me déshabiller pour raison de sécurité pour éviter « tout risque » en cellule. Je suis ensuite conduit au cachot « 11 » pour séquestration, mes affaires restent à la porte. La porte se referme et on me souhaite « une bonne après-midi« . Je séjourne, défroqué et à moitié-nu dans un lugubre cachot pendant plusieurs dizaine de minutes. Finalement, vers midi, deux autres policiers viennent pour m’en faire sortir. Je récupère mes affaires et je suis reconduit plus loin à l’extérieur par encore un autre agent. Ce dernier me fait remarquer que je n’ai pas le profil de leurs clients habituels. Je n’ai aucune information, aucun nom de personne de contact, aucune indication quant à la suite de la procédure. Tout est apparemment fait pour que je puisse recevoir le moins d’informations possible.

Les ecchymoses et différentes lésions issues de cette rébellion alléguée sont constatées par un médecin urgentiste directement après ma levée d’écrou : éraflures, contusions, érythème, ecchymoses. J’ai également fait constater aux différents intervenants l’état de ma chemise, déchirée au niveau de l’omoplate. Je souffre également depuis d’une vertèbre cervicale déplacée qui m’empêche d’effectuer des mouvements totalement naturels, constaté également. Je retourne ensuite au premier commissariat afin d’obtenir de plus amples informations quant à la suite à réserver à cet événement. On me dit à l’accueil d’attendre quelques instants. Quelques minutes plus tard, apparaît sur le seuil de la porte une personne d’âge mûr en civil se déclarant être le commissaire faisant fonction. Il ne décline aucun élément d’identité. Il m’explique que la procédure va suivre son cours et que je dois attendre la production du PV, en me précisant qu’une enquête est en cours et que cela peut prendre jusqu’à 2 semaines. Il me précise également que si je pense qu’il y a abus, je peux escalader l’affaire au comité P, compétent pour ce type de plaintes. Je ne suis pas informé faire l’objet d’une recherche, de troubler ou de pouvoir troubler l’ordre public d’une quelconque manière, avérée ou non. Je ne suis pas informé non plus de menacer le maintien de la sécurité publique. Je repars donc sans aucune information tangible. Sans les témoins présents sur les lieux, je n’aurais aucun élément me permettant d’attester la survenance même des faits.

En conséquence, je demande réparation du préjudice subi, la restitution sans délai de mon GSM, la communication immédiate du PV des événements, l’identité et grade des différents agents ayant participé à cette arrestation, ainsi qu’une communication rigoureusement exacte de leurs motifs. Je demande également qu’un avocat pro deo soit nommé pour prendre le relais juridique quant à ce dossier. »

Renate a décidé de parler. Brutalisée par des policiers, trompée par un médecin des urgences, humiliée dans sa féminité, puis dupée par les policiers qui lui font signer un P.V. sans ses lunettes, elle révèle les faits à la presse (c’est pourquoi, avec son accord, nous publions son identité) puis dépose une plainte auprès du comité P, et engage un avocat. Elle lance un appel à témoins.

« Je rentrais chez moi ce dimanche 23 juin 2013 jour de la fête de la musique, vers 5:00 du matin. Alors que je me trouvais rue du Belvédère, près du croisement avec la chaussée de Boondael, j’ai aperçu des jeunes gens (environ 20 personnes) ainsi que… trois policiers en uniforme et plusieurs voitures de police. C’était la fête de la musique. J’ai entendu les policiers leur dire « Rentrez chez vous car il y a des gens qui travaillent demain ! » J’ai dit gentiment : « Il y a peu de gens qui travaillent le dimanche. C’est le week-end de la fête de la musique. En plus, il y a si longtemps qu’il n’y a plus eu un week-end sans pluie, vous pourriez faire une exception pour ces jeunes gens. » Deux des trois policiers, qui faisaient comme un mur devant le groupe, se sont immédiatement retournés, ils m’ont menottée, mains dans le dos avec un collier de serrage en plastique et m’ont jetée dans une de leurs voitures. Les policiers ont encore parlé pendant quelques minutes avec le groupe. Ces personnes étaient choquées, j’ai entendu l’une d’elles exprimer que ce que j’avais dit n’était pas formulé d’une manière agressive.

Dès que la voiture a démarré, le policier assis à côté de moi (âgé d’environ 40 ans) m’a frappé l’œil gauche en disant « Tu vas en avoir sur ta gueule comme ça tu vas te calmer !« . Le conducteur et le policier qui m’a frappée ont échangé sur ce coup de poing. Le conducteur a demandé « C’était bien une droite, hein ?« . Celui qui venait de me frapper a confirmé. Le conducteur était un peu enveloppé, l’autre plus jeune, un peu plus grand, était d’une corpulence moyenne. Ils s’exprimaient en Français avec un léger accent bruxellois. J’étais très angoissée, je souffrais physiquement et je me sentais terriblement humiliée et totalement démunie en tant que citoyenne, femme, mère et grand-mère. J’ai demandé « Où m’emmenez-vous ? » Ils m’ont répondu « On va chez le docteur. » En rentrant aux urgences de l’hôpital d’Ixelles, mon nez saignait. J’ai interpellé une infirmière et le médecin de garde : « Regardez-ce qu’ils m’ont fait ! » Il n’y a pas eu de réaction, ni de la part du médecin, ni de l’infirmière. Ils ne m’ont posé aucune question. J’ai demandé un verre d’eau au médecin. Mais il est reparti chercher des papiers. Le policier m’a dit que c’est lui qui me donnerait le verre d’eau. Pendant l’absence du médecin, le policier a approché un gobelet de ma bouche. J’étais toujours menottée, je venais de recevoir un coup au visage et j’étais donc affaiblie et maladroite. J’ai donné un léger coup de tête dans le gobelet. L’autre policier m’a alors tenue par le cou tout en me décrochant une nouvelle droite à la mâchoire, côté gauche. Ces faits se sont passés devant le collègue du policier mais sans témoin extérieur, au sein des urgences. Au retour du médecin, le policier qui m’avait tendu le gobelet lui a expliqué que j’avais refusé de boire l’eau et que j’avais agressé les policiers. J’ai rétorqué : « Comment pourrais-je vous agresser alors que j’ai les mains liées derrière le dos ?« 

Après avoir reçu un document du médecin de garde, Dr K-M d’après la signature figurant au bas du document que je possède, les policiers m’ont emmenée au commissariat de police de la rue du Collège. A l’arrivée au commissariat de la rue du Collège, on m’a demandé : « Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes là ? » J’ai demandé qu’on me l’explique. Les policiers ont dit que la raison était l’état d’ivresse sur la voie publique. Ce fait n’est pas prouvé par l’examen clinique pratiqué les mains entravées par des colliers de serrage, et pendant lequel aucune prise de sang n’a été effectuée. Ensuite, une femme policière portant des gants en plastique est entrée et m’a libéré les mains. Elle m’a demandé de me déshabiller : « Manteau, chaussures, bas, chaussettes. » J’ai été emmenée par un autre policier dans une cellule, où je suis restée environ trois quarts d’heure. Après cela, on m’a mis des menottes métalliques pour me transférer à l’Amigo. J’ai exprimé mon désarroi à une femme policière : « Regardez ce que vos collègues m’ont fait. » Cette dame m’a répondu : « Je n’en ai rien à foutre. » Je suis arrivée au commissariat de l’Amigo vers 07:15. A nouveau, j’ai du enlever mes vêtements : manteau, bas, soutien gorge, bijoux et lunettes. Ces objets ont été mis dans un sac en plastique. J’ai été enfermée dans une cellule, cette fois-ci, on m’avait donné deux gobelets d’eau. Je n’ai reçu aucune explication entre les deux commissariats.

Après un certain temps, j’ai attiré l’attention en frappant à la porte afin de savoir combien de temps ils comptaient me garder. On m’a dit : « Cela dépend, maximum jusqu’à 17:00. » Vers 11:30, on m’a ouvert la porte. Puis dans le couloir, l’inspecteur m’a ordonné de plier la couverture, de remettre mes chaussures, mon manteau. Par contre, je n’ai pu remettre ni mes bas, ni mon soutien gorge. Mes lunettes ne m’ont pas été remises. Or, avant de sortir du commissariat, un P.V doit être signé. Je suis incapable de lire un document sans lunettes. J’ai donc signalé ce fait. Le policier m’a dit que je n’étais pas obligée de signer mais il m’a menacée : « Si tu n’arrêtes pas ton cinéma, tu retournes au cachot. » Alors, parce que je craignais pour ma liberté et que je me sentais menacée et diminuée dans ma féminité, sans soutien-gorge et sans lunettes, j’ai fini par signer un document que je ne pouvais pas voir, ni a fortiorilire. Après mon audition, l’inspecteur J. L. m’a demandé si je voulais faire une déclaration. J’étais dans un état de choc, j’avais peur qu’une déclaration ne puisse être utilisée contre moi. J’ai préféré m’abstenir. Il m’a dit « Pas de problème, Madame. » Cependant en se levant à mon départ, il a ajouté « Ah, Ah ! Je vous dis que ce n’est pas en votre faveur de ne pas faire de déclaration.« …

Il était environ 11:50 quand, sans bas ni soutien-gorge, désorientée, démunie, j’ai pris un taxi. Le conducteur m’a dit : « Vous êtes arrangée ! » C’est à ce moment là que j’ai regardé mon visage dans le miroir et que j’ai constaté les dégâts. Après avoir pris une douche, je me suis rendue à l’hôpital d’Ixelles, aux urgences où le docteur S. C. a effectué un constat de lésion. Je sais aussi que des jeunes ont filmé mon arrestation. J’aimerais retrouver ces images. S’ils se reconnaissent, ils peuvent se rendre au Murmure café (18, rue du Belvédère), où on leur donnera mes coordonnées. »

[Lire aussi les articles de Sudinfo.be et la DH]

Étrange réveil pour A. qui va se découvrir, pour une banale querelle de voisinage dans un immeuble mal insonorisé, la notion passe-partout si pratique de « troubles à l’ordre public ». Fort secouée par l’attitude de la police, elle a du entamer une médiation tandis que son compagnon craint des mesures de rétorsion…

« Je vais dormir chez des amis. Le matin j’allume mon GSM et j’ai plein d’appels en absence, dont un message vocal d’un ami de mon compagnon qui me dit que celui-ci a été arrêté dans le couloir de mon immeuble et emmené au poste pour trouble à l’ordre public. Il me raconte aussi qu’ils avaient essayé d’allumer la webcam pour filmer ce qu’on lui faisait subir et que les policiers l’ont éteinte. Je téléphone au commissariat où serait mon compagnon, je demande où il se trouve : il a disparu, mais il paraît qu’il serait chez eux… après un moment le policier me confirme qu’il est bien dans leurs locaux. Je lui dis sur un ton calme et poli qu’on ne fait pas cela aux gens … Il me répond que mon compagnon a été arrêté en train de faire la fête et de déranger le voisinage, pour me dire ensuite qu’il n’a pas à juger. En fait la voisine, qui est très sensible au bruit dans l’immeuble, a tendance à appeler la police à tout moment pour la télé, les voix… l’immeuble n’est pas insonorisé, et elle peut se plaindre juste parce que l’on parle dans le salon.

Entre-temps, l’ami qui est resté dans mon appartement pour attendre mon compagnon m’appelle à plusieurs reprises, la dernière fois pour me dire que la police est encore dans mon couloir, à 7 heures du matin, il veut me les passer mais j’entends « Non, on ne parle pas à Madame, elle a été désagréable avec notre collègue au téléphone« . L’ami insiste, mais ils ne veulent pas me parler et s’en vont. La voisine avait encore appelé, après qu’elle ait entendu parler chez moi. Peu après mon coup de fil, mon compagnon est relâché (alors qu’il était prévu qu’il sorte à 12:00), il me sonne, m’explique que la voisine avait encore appelé la police, qu’ils sont passés, que ça ne s’est pas bien passé : propos racistes, agression physique sur son ami dans mon appartement ; les policiers ont attiré mon compagnon dans le couloir l’ont alors arrêté pour trouble à l’ordre public. Il me dit qu’il a été mis au cachot toute la nuit, qu’on l’aurait frappé, et il m’annonce que son ami, quand il est sorti après le deuxième passage de la patrouille, a été arrêté dans la rue alors qu’il allait acheter du pain en bas, pour encore trouble à l’ordre public.

Je n’étais pas présente lors de ces événements mais j’ai été choquée de l’ampleur que les choses ont prise car mon compagnon et mon ami parlaient tranquille dans le salon (même si, étant Africains, ils ont tendance à parler fort…) J’ai été choquée que des policiers aient des attitudes pareilles et qu’ils emmènent des personnes aux cachot pour un problème de voisinage en invoquant des faits qui n’existent pas, comme le trouble à l’ordre public… Pendant des jours j’ai eu peur de revenir dans mon appartement et suis restée sous le choc. J’ai ensuit commencé les démarches pour un médiation : j’avais aussi besoin de partager ce que je vivais et quelque jours plus tard lorsque j’ai retrouvé un peu de calme, je suis moi-même allée au commissariat porter plainte contre la voisine pour harcèlement, mais ils ont refusé de prendre ma plainte, et j’en ai profité pour expliquer un peu ma version des faits par rapport à cette voisine, et à la tournure qu’ont pris les événements, tout en gardant du recul et le contrôle sur moi-même car l’accueil n’a pas été des plus chaleureux.

Voilà en gros ce que j’ai vécu, pas facile d’en porter témoignage. Mon compagnon, lui, n’ose pas remplir ce formulaire, par peur de riposte de la police. »

Tutoiement, coups, insultes racistes, humiliation, mensonge et duperie pour S., suite à l’interpellation de son ami étranger qui voyageait en bus sans ticket en sa compagnie.

« J’étais dans le bus De Ljin avec un ami français qui venait passer la nuit chez moi.

Mon ami n’avait pas de titre de transport et moi je n’avais pas mon abonnement annuel sur moi. Les contrôleurs nous demandent de descendre du bus. Je reçois un formulaire pour mon éventuelle amende, et mon ami étant français, les contrôleurs décident de contacter la police. La police arrive et ils décident d’emmener mon ami au commissariat. À ce moment je me permets de demander à la policière : « Madame s’il vous plaît, dans quelle commissariat l’emmenez-vous ? » Elle me répond très nerveusement et en criant « Tu recules et tu ne parles pas !!!! » Moi j’essaie d’expliquer que mon ami vient de France, qu’il ne connaît pas mon domicile et qu’il n a pas de téléphone pour que je puisse le joindre… Je n’ai même pas eu le temps de dire oui que le policier me saute dessus, me prend par la gorge et m’étrangle contre la paroi vitrée, dans un premier temps avec ses main puis avec sa matraque, puis se met à crier : « Assis-toi, Assis-toi !« , mais de la manière dont il me tenait, impossible de m’asseoir. Les 2 agents de sécurité de la compagnie de bus s’en sont mêlés et me bousculent, me traînent vers le banc. Une fois assis, je ne lève plus la tête, les policiers retournent vers mon ami et un policier me donne un coup de matraque et m’ouvre l’arcade sourcilière. Je saigne tellement qu’ils décident de me menotter et de m’emmener à l’hôpital.

Je pensais que c’était la fin de mon cauchemar mais non !!!!!!! Ils m’ont soulevé par les menottes vers le haut jusqu’à ce que je tombe sur le genoux puis m’ont demandé de me relever. Ils ont fait ça 4 fois de suite, je n’en pouvais plus. Ils rigolaient et se moquaient de moi en me disant que je n’étais qu’ « Un voleur, comme tous les Arabes « . Je criais à l’hôpital, je demandais de l’aide mais rien, personne ne réagissait. La secrétaire médicale a vu comme ils m’ont traité, mais elle n’a pas réagi. Ensuite ils m’ont emmené en cellule.

Au moment de mon audition j’explique tout cela au policier qui prend ma déposition, mais il n’écrit pas tout ce que je dis. Moi, le voyant tellement gentil que lorsque je me suis mis à lire mon audition il me dit « Ça fait 10 ans que je fais ce travail, je ne vais pas t’arnaquer« , moi confiant, je signe mais malheureusement il n’a pas vraiment noté tout ce dont je lui avais parlé. »

En juin 2012, le Parti populaire, suivi par le mouvement Nation, avait organisé une manifestation contre le fascisme islamiste. La JOC et les jeunes FGTB avaient organisé une contre-manifestation pour dénoncer tous les fascismes. Les policiers avaient violemment interpellé des jeunes dans la station de métro Trône à Bruxelles. C. était parmi eux…

« Nous avons d’abord déambulé pacifiquement dans les rues de Bruxelles lors de ce rassemblement qui se voulait une manière de réprouver la venue du fascisme et de l’extrême droite dans la Capitale. La police en vélomoteur nous guidait le long du parcours et la matinée était plutôt conviviale. Tout se passait bien jusqu’à ce que la police, voulant sans doute nous empêcher de rejoindre le groupuscule fasciste, nous immobilisa dans la rue Montoyer en bloquant les accès de la rue par des auto-pompes et des véhicules d’intervention.

Ceci nous a coincés dans cette artère vide et certains d’entre nous, dont mon amie et moi, avons décidé de prendre le métro (station Trône de la rue Montoyer) afin de rentrer chez nous puisque notre marche s’arrêtait inopinément là. Nous sommes descendus à notre aise dans le métro et nous avons attendu sur le quai qu’un métro arrive. Aussitôt le métro arrivé, les portes de celui-ci sont restées définitivement fermées et quelle ne fut pas notre surprise qu’à cet instant, deux cohortes de policiers (casqués, matraque à la main et bouclier) ont lancé l’assaut sur nous qui étions sur le quai. Les hordes de policiers sont venues des deux côtés du quai, nous empêchant de nous échapper tant l’allure était violente et laissait présager un désastre pour les manifestants impuissants et médusés.

La police a chargé au travers des personnes stagnant sur le quai, ne faisant plus la différence entre les voyageurs qui attendaient le métro et les jeunes manifestants syndicalistes. Il n’y a eu aucune mise en demeure, chaque policier s’emparait d’un jeune et le matraquait sans discuter ni même demander des papiers d’identité. Certains ont eu la vie sauve car nous avons fait semblant d’être des voyageurs qui attendaient le métro. La police chargeait ensuite faisant le tri entre les personnes du quai : tout ce qui ressemblait à un jeune avec un sweat-shirt et un jean était tabassé sans ménagement.

La jeune fille qui m’accompagnait a été traînée sur le côté, frappée à plusieurs reprises et comme si cela ne suffisait pas, le policier qui s’occupait d’elle, a arraché les fils de frein de son vélo et à saccagé celui-ci devant mes yeux médusés. Ils ont perdu tout contrôle et frappaient au visage des jeunes sans défense, c’était un spectacle horrible et nous étions impuissants car j’ai voulu à quelques reprises secourir ces jeunes, qui avaient l’âge de mes enfants, et à chaque fois j’ai été bousculée par la police qui me hurlait dessus. Finalement, j’ai réussi à mettre fin aux coups en appelant des journalistes munis de caméras qui ont accouru pour filmer ces scènes apocalyptiques. Aussitôt, la police a cessé les coups et à menotté les jeunes. Je suis profondément choquée par ce qui est arrivé, et je m’en suis sortie sans coup uniquement parce que je suis sans doute moins stigmatisée que les jeunes, étant une femme de XX ans, avec une apparence plus « traditionnelle ou conventionnelle » que certains jeunes.

Je souhaite vous faire part de mon témoignage car je pense que la police a manqué de professionnalisme et a perdu le contrôle. Les scènes de violence étaient épouvantables, d’autant plus épouvantables que la violence s’adressait à des jeunes filles et jeunes garçons sans arme, sans défense et non menaçants. Les caméras de la station de métro attesteront de mes observations. »

[Voir cette vidéo montée à partir des images d’équipes TV, et cette vidéo tournée par un témoin qui attendait sur l’autre quai]

M. raconte son interpellation musclée en mars 2013 à Bruxelles. La soirée avait pourtant bien débuté...

« On avait passé une excellente soirée ma femme et moi, petite sortie resto et karting. On rentrait vers la maison lorsqu’on a entendu une sirène et on a vu des gyrophares bleus. Je me suis arrêté à droite pour les laisser passer, et là, un inspecteur en civil sort du véhicule banalisé arme au poing dans ma direction, braquée sur moi et me criant de couper le moteur. J’ai immédiatement obtempéré, déposé mes mains sur le tableau de bord. Et là cet inspecteur m’a agrippé à la gorge d’une main en me serrant la carotide tout en continuant à me braquer avec son arme.

Ensuite, tout me parait un peu vague tellement j’étais choqué.

Le même inspecteur a commencé à s’en prendre verbalement à mon épouse qui lui demandait de me lâcher et de se calmer, qu’il n’avait pas le droit de me toucher et de me brutaliser. « Toi, tu fermes ta gueule« , a été sa seule réponse. Il m’a alors dit : « T’as vu comment tu roules ? Tu roules comme un fou« . A ce moment là, une inspectrice est venue et l’a écarté de ma voiture, en reculant il a encore dit à propos de mon épouse qui demandait seulement si c’était normal un tel comportement de la part de policiers, qu’elle la ferme ou bien… L’inspectrice m’a demandé de présenter les documents du véhicule ainsi que ma carte d’identité et celle de mon épouse. J’ai redemandé la raison de cette interpellation, à cela on m’a répondu que je roulais comme un maft, autrement dit comme un fou. Ce que je conteste et là-dessus on me dit qu’en fait c’est un simple contrôle de routine.

J’estime que pour un simple contrôle de routine, la méthode était plutôt musclée. On nous a également signalé, pour justifier ce contrôle, que c’était aussi à cause du type de voiture que je conduisais, une F., modèle très prisé par les voleurs, un véhicule de plus de 15 ans !

L’inspectrice nous a remis nos papiers, en nous invitant à dégager. Quand ma femme a répondu qu’on allait porter plainte, on nous a dit de surveiller notre boite aux lettres dans les jours qui viennent, qu’on aurait un petit cadeau. Nous n’avons jamais été ni impolis, ni grossiers ou outrageants vis-à-vis des inspecteurs. On a obtempéré à la moindre injonction qui nous a été faite, du début à la fin. »

S. et son compagnon racontent leur incroyable mésaventure. Où l’on voit que la hiérarchie policière reconnaît le comportement inadapté ou illégal, mais se montre particulièrement clémente dans la sanction…

« Mai 2011, en début de soirée. Mon compagnon était en train de pêcher et moi je l’accompagnais. Nous étions dans un champ quand c’est arrivé. Dans un premier temps, nous avons entendu des coups de feu au loin. mon compagnon X. est aussi chasseur et nous savons que la chasse n’est plus autorisée à cette période de l’année. X. pensait dans un premier temps que quelqu’un tirait sur des ramiers. Mais vu que les coups de feu étaient loin de nous, on a continué à avancer.

Quelques minutes plus tard, je me souviens d’avoir entendu un coup de feu et un sifflement passé près de moi. J’ai vu la balle traverser le buisson à deux mètres de moi. Très vite, il y a encore eu deux ou trois coups de feu. Les balles étaient encore près de nous, mais je serais incapable de dire où elles ont atterri. Pris de panique, X. et moi avons commencé à courir vers la voiture. Au moment où on a commencé à courir, d’autres coups de feu ont suivi très rapidement.

Nous n’avons pas été touchés, mais nous étions pris de panique. X. a directement téléphoné à son père et en repartant, nous avons croisé 4 jeunes hommes. L’un des quatre est policier. Il a dans un premier temps nié toute l’histoire. Mais, un de ses copains à avoué.

Par la suite, les policiers sont venus, dont une connaissance du policier qui nous a tiré dessus. Le jeune policier est reparti avec ses copains au commissariat pour leurs dépositions. X. et moi avons été entendus sur place. Le policier qui m’a entendue a minimisé la situation. D’après lui, il ne l’a pas fait exprès et le principal c’est que nous soyons ressortis indemnes de cette mésaventure. Nous avons porté plainte, et nous avons même été entendus par la Procureure du Roi de M., qui nous a pris pour des imbéciles. Elle ne comprenait pas pourquoi on maintenait notre plainte alors qu’on était pas touchés.

Cependant, il faut savoir, que le policier a été transféré à Z. , à 10 km de M.. Et il a eu une réduction de salaire pendant deux mois. Mais, à l’heure actuelle il travaille toujours avec son arme de service. Le policier a également provoqué X. à plusieurs reprises dans une soirée. C’est également pour ça que nous continuons notre plainte car il n’a pas le moindre remord.

L’affaire est toujours en cours et nous avons été entendus une deuxième fois par un membre du Comité P de Bruxelles car la police de M. n’a fait que le strict minimum pour l’enquête. Cela fait presque un an que j’ai été entendue par le Comité P et personne ne veut me donner des nouvelles. Les copains du jeune policer sont considérés comme témoins. Alors qu’ils se sont peut être amusés avec l’arme également. Le policier n’était pas en service ce jour-là. Il a prétendu que la veille, il avait été épuisé par sa garde et qu’il avait oublié de ramener l’arme au commissariat.

Je n’ai pas été agressée physiquement, mais j’ai eu l’impression à chaque instant qu’on nous prenait pour des fous. Nous sommes scandalisés que certains policiers, et la Procureure du Roi de M. minimisent la situation car nous n’avons reçu aucune balle. Il est vrai, nous n’avons pas été touchés, mais si ça avait été le cas, que se serait-il passé ? Les conséquences auraient pu être différentes, mais les faits eux restent les mêmes. Un flic qui appelle ses copains pour aller jouer au pistolet. Sauf que ce n’était pas du plastique. Et que des douilles ont été retrouvées sur le chemin de terre en face du champ où nous étions. Ils disent ne pas nous avoir vu. Mais nous ne le saurons jamais car le flic et ses copains sont allés ensemble au commissariat et ils ont certainement discuté de ce qu’il ne fallait pas dire. Cela restera un mystère jusqu’au bout. Ce que je comprends dans cette histoire, c’est que les loups ne se mangent pas entre eux. »

En avril 1997, T. interpellée pour un banal contrôle d’alcoolémie à Bruxelles, est loin de s’attendre au traitement qui va lui être infligé. Et qu’elle revit encore, jour après jour, depuis ce cauchemar…

« J’ai été amenée au commissariat après un accident de voiture, pour un contrôle d’alcoolémie. Le policier me demande de souffler dans l’alcootest et, en s’ accroupissant en face de moi à mes genoux, il me donne l’appareil et me met ses deux main sur les genoux comme pour les écarter. J’ai pris peur et n’ai pas soufflé dans l’appareil. Il m’emmène alors dans un bureau et me fait asseoir sur une chaise à roulettes.

Quelqu’un est arrivé derrière moi et a retiré la chaise sur laquelle j’étais assise. Je tombe violemment à terre et mon genou a littéralement explosé. Les policiers me relèvent et me font rasseoir sur la chaise. Il m’ont gardée dans ce bureau la jambe pendante et dans d’atroces souffrance, il m’ont sommée pendant des heures de signer une déclaration comme quoi je refusais l’alcootest. Quand ils ont vu mon pantalon se distendre à cause du gonflement de mon genou, ils ont appelé le médecin, pas pour mon genou, mais pour faire constater que je refusais et l’alcootest et la prise de sang.

Je n’étais à ce moment plus en mesure de décider ou pas, la seule chose que je pouvais faire c’était les supplier d’appeler une ambulance. Le médecin, qui m’avait demandé si j’acceptais ou pas de faire une prise de sang pour l’alcool, a discrètement dit à l’un des policiers qu’il redoutait effectivement un problème au genou : à ce moment-là toute ma jambe avait enflé…

8 heures après être arrivée au bureau de police, ils ont enfin appelé une ambulance. Pour moi l’enfer n’était pas fini. Diagnostic : fracture du genou avec arrachement osseux.

Ma plainte à la gendarmerie n’est jamais arrivée au Comité P car elle n’a jamais été transmise par la gendarmerie. Il m’a fallu 1 an pour me remettre de cette violence, de la fracture, de la dépression et des multiples hospitalisations. Des années d’angoisse à l’idée de rencontrer les policiers qui m’ont fait vivre un enfer… Aujourd’hui, 16 ans après, j’y pense tous les jours que Dieu fait en me disant que j’ai eu de la chance de ne pas avoir été violée ou plus encore.

L’histoire de Jonathan Jacobs m’a bouleversée. j’ai pour lui et ses parent une pensée et je prie pour que plus jamais ça n’arrive à personne. Merci pour ce site, ce sera pour moi la seule réparation à toutes les souffrances que j’ai vécues à cause de ce que j’appelle encore aujourd’hui un traitement barbare. »

En août 2012, G. fait une mauvaise rencontre en rentrant chez lui. Dans son quartier, poser des questions aux policiers qui vous interpellent peut s'avérer risqué...

« Rentrant, j’en ai profité pour faire un détour par une épicerie pour faire un raccourci, je passe par la rue D. Je suis presque arrivé au parc qui longe cette rue quand une patrouille de police fait hurler ses sirènes, me demande de m’arrêter et de lâcher ce que j’ai en main. Je m’exécute immédiatement quand un premier policier m’attrape violemment le bras et me tire en arrière pour me plaquer contre la façade d’une maison. Le second (ils étaient 3) me demande ma carte d’identité, en la cherchant dans ma poche et les sentant assez tendus je leur demande leurs matricules. Et c’est la que tout s’envenime : sans rien comprendre j’ai reçu un coup dans le genou droit (peut-être avec une matraque) et je me suis effondré sur le trottoir la bouche la première. Je suis resté au sol et ils sont repartis, en s’en allant je les ai entendus dire : « De toutes façons, il ne correspondait pas« .

N’habitant pas loin, je suis vite rentré chez moi me soigner. J’ai longtemps pensé à aller porter plainte, mais il faut dire que le commissariat du quartier (D.) n’a pas bonne réputation, donc je me suis résigné a ne pas déposer plainte… »

G. a accepté que nous publiions le récit de ses déboires. La scène se passe en avril 2007 à C., après une altercation avec un contrôleur SNCB...

« Lors de mes trajets M.-C. (pour aller au travail) un contrôleur de la SNCB m’a pris en grippe. Après avoir signé dans un contrat de travail, j’ai du prendre le train la première semaine sans avoir d’argent pour le payer : je commençais en intérim, il me fallait une semaine avant d’avoir de quoi payer mon titre de transport.

Durant cette semaine, j’ai donc pris le train en prenant soin d’avertir chaque jour le contrôleur de ma situation. En milieu de semaine, je tombe sur le contrôleur L., qui n’a pas du apprécier que je le dérange pour demander un ticket sans argent, car il s’est mis à me critiquer ouvertement devant tous les autres passagers en me disant que quand on a pas d’argent pour acheter du pain, on ne mange pas, et qu’il en était de même pour le train.

Révolté par l’attitude de ce contrôleur, j’ai remarqué qu’il n’avait pas contrôlé les billet de train durant le trajet, il s’était plutôt assis en charmante compagnie pour discuter durant le service. Au moment de descendre à M., je lui ai signalé que la prochaine fois que je le verrai, je ne prendrai plus la peine de lui annoncer ma situation puisqu’il semblait qu’il ne travaillait pas durant son service, j’aurai donc très bien pu faire l’économie du billet de train et de l’amende administrative.

La semaine suivante, je touche mon premier salaire intérimaire, je paye mes dettes à la SNCB et j’ai la possibilité de m’acheter mes propres billet de train. Il faut savoir que je bossais à G., en plus du train, je devais prendre un bus pour me rendre sur mon lieu de travail.

En revenant le soir, il arrivait souvent que je ne puisse prendre mon billet à la gare faute de temps, je prenais alors soin d’avertir le contrôleur non plus pour signaler mon impossibilité de payer, mais bien pour signaler que je prendrai mon ticket durant le trajet. Tout s’est bien passé durant quelques semaines, jusqu’au jour où je tombe pour la seconde fois sur ce contrôleur. Je l’avertis de ma situation mais il refuse de me laisser monter dans le train, je reste pantois quant à sa réaction, lui de son coté ricane. Je prend le train suivant pour me rendre sur mon lieu de travail où j’arrive en retard.

Quelques jours plus tard de nouveau, sur le chemin du retour, en voulant signaler que je vais payer mon billet dans le train, je me rend compte que c’est de nouveau L. qui contrôle. De nouveau celui-ci me refuse le droit de prendre mon ticket, malgré le fait que je lui montre que j’ai de l’argent pour payer, je lui montre aussi les tickets de la semaine pris de la même manière qu’aujourd’hui, mais rien n’y fait, il me demande de descendre du train. J’explose de colère, je refuse et m’assieds fermement en refusant de quitter le train. Le contrôleur fait de l’excès de zèle : il appelle d’abord le chef de gare qui en comprend pas la réaction de ce contrôleur; après avoir essayé de lui faire entendre raison, le chef de gare me regarde d’un air gêné et m’explique que le contrôleur est allé chercher la police des chemins de fer.

Trois policiers arrivent, j’essaye d’expliquer la situation mais je n’ai pas droit à la parole : au lieu de m’écouter les policiers me demandent de sortir du train. Je refuse en expliquant que c’était la troisième fois que cet homme me prenait en grippe et que je refusais de descendre, que j’avais de quoi payer et que ce n’était pas normal de subir cela. L’un des policiers me demande de me calmer, je lui explique que c’est difficile de revenir au calme face à un contrôleur obstiné. Le policier m’explique que si je continue comme cela, il va me menotter. Je lui réponds que si cela lui fait plaisir, il peut le faire. 10 secondes plus tard, j’étais évacué du train, les main menottées derrière le dos.

Je suis entouré de 4 policiers, j’enrage, énervé mais pas violent pour un sou, la seule chose que je veux, c’est être entendu réellement. On me fait rentrer dans le poste situé dans l’enceinte de la gare, direction le bureau.

Les policiers changent alors de ton : sans aucune raison, je suis plaqué au mur par deux policiers, un troisième en rentrant dans le bureau me lance sa main au visage en me disant qu’il allait bien s’amuser avec moi. Je ne comprend plus rien, je sens une main sur ma gorge qui me coupe la respiration, je demande pourquoi, je n’ai à aucun moment fait preuve de violence ni d’agressivité, mais rien n’y fait.

Au bout de quelques secondes, celui qui doit être le supérieur du poste envoie deux des policiers m’ayant violenté dans leur bureau, j’ai enfin le temps de m’exprimer. En regroupant les faits, les policiers se rendent compte que mon histoire tient la route. J’ai de l’argent, j’ai les tickets de train de la semaine pris de la même manière qu’aujourd’hui, mes raisons pour prendre mon ticket dans le train sont tout à fait valable. Quand je leur demande de prendre contact avec le chef de gare pour qu’il confirme que lui-même n’a pas compris la réaction de ce contrôleur, le ton des policiers change.

Après 45 minutes les choses commencent enfin à se débloquer. Au moment ou les policiers comprennent que je suis la victime, sans plus attendre ils mettent fin à l’audition. Motif invoqué, ils sont appelés en renfort sur une autre affaire (je n’ai entendu aucun appel, aucune demande, ils essayent en fait de se débarrasser de moi). Je demande le noms des agents qui m’ont agressés, mais pour toute réponse, on me rend mes affaires et on me jette dehors.

Révolté, j’ai d’abord tenté de porter plainte au bureau de police officiel de C.. On n’a pas voulu prendre ma plainte, l’agent d’accueil m’a timidement indiqué le comité P en soutien. Je ne voulais pas en rester là, j’ai déposé plainte contre ce contrôleur au bureau de police des chemin de fer de M., les policiers ont pris le temps de regrouper les informations et le chef de gare impuissant a confirmé que c’était bien le contrôleur L. qui avait bien pété un plomb. Le soir, j’étais de nouveau au bureau de la police des chemins de fer de C. pour rencontrer le chef de ces policiers. Cette personne n’a pas voulu prendre de plainte, j’ai quand même eu la possibilité de rencontrer le chef de l’unité qui m’a intercepté, celui-ci s’est excusé pour son attitude, mais à aucun moment je n’ai pu obtenir les noms des agents qui m’ont violenté.

J’ai voulu prendre le temps de raconter mon expérience, car j’ai entendu ce matin Monsieur V. G., enquêteur, s’indigner de l’existence d’un site comme ObsPol. Je voulais juste qu’il sache que si la hiérarchie ne cherchait pas à cacher sans cesse les débordements de ses troupes, nous n’aurions peut-être pas le sentiment d’être obligés de venir raconter notre expérience. J’ai à tout moment de ma vie respecté l’uniforme ainsi que ceux qui mettent leur vie au service de la population, mais les agents à qui j’ai eu à faire ce jour n’avaient de policier que l’uniforme. Habillés en treillis et combat shoes, j’aurai pu les apparenter à n’importe quel groupuscule nazi. »

Et comme si cela ne suffisait pas, huit mois plus tard, un autre dérapage impressionnant se déroule en Belgique. Le samedi 7 mai, R. se rend à un festival en soutien aux étrangers détenus dans un centre fermé. Alors qu'il arrive à proximité du centre devant lequel le festival se déroule, ce jeune fait l’objet d’un contrôle d’identité qui va déraper de manière incompréhensible.

R. ne comprend pas le néerlandais et le policier ne s’adresse pas à lui en français. Il s’en suit une remarque désobligeante de la part du festivalier. R. aurait demandé, non sans humour, s’il pouvait avoir des sous-titres. Les deux policiers se mettent alors à discuter en néerlandais. L’un deux répond « ja ja » calmement. Puis soudainement, survient une inattendue explosion de violence envers le jeune homme. G., qui a assisté à toute la scène nous l’a décrite :

« C’était d’une violence terrible, le premier coup semblait prévu pour tuer ou briser ! J’ai cru qu’il allait lui casser la tête tant il lui donnait de coups… Le sang a véritablement giclé… Pourtant, à aucun moment le jeune homme ne s’est montré menaçant, il demandait plutôt grâce ! Ensuite, alors qu’il était ensanglanté, effondré à terre, les policiers ne lui ont apporté aucun soin ! Au contraire, celui qui l’avait frappé s’est encore assis sur lui pour le menotter… Le jeune homme hurlait, le policier lui a alors gueulé de se calmer, alors qu’il venait de lui arracher un bout de lèvre, ou de joue, qui pendait de la mâchoire… C’était effroyable !« .

L’autre policier,  présent et actif sur les lieux, n’a pas pris la peine de retenir son collègue. Il est resté posément sur le côté, à assister tranquillement à ce déchaînement de violence.

La victime s’est vu poser une vingtaine de points de suture, avant qu’un scanner ne révèle de multiples fractures aux mâchoires et la perte de plusieurs dents, nécessitant une opération immédiate. Son immobilisation et sa rééducation vont durer plusieurs mois. Personne ne peut dire dans combien de temps il pourra, simplement, se remettre à manger et à parler comme avant.

Rien ne peut excuser cette agression de la part des forces de l’ordre. Tout policier qui cède à la colère pour des mots qu’on aurait pu lui proférer ne possède pas une maîtrise suffisante de soi pour assurer l’ordre public. Une telle responsabilité est au-delà de ses capacités.

Racontez-moi depuis combien de temps vous êtes dans les centres fermés

Depuis le […] [N.D.L.R. : 2011]

Vous êtes arrivé en Belgique à ce moment là ?
« Oui, je suis arrivé à l’aéroport et j’ai demandé l’asile. On m’a amené dans le centre […]. J’y suis resté environ […] semaines. Puis on m’a donné une réponse négative. Ils ont prévu un jour de départ pour moi, c’était le […]. Je suis allé à l’aéroport mais j’ai refusé d’être rapatrié. Alors on m’a envoyé dans le centre de B. où je suis resté 1 mois. Puis ils ont prévu une nouvelle expulsion. C’était le […]. Quand je suis arrivé à l’aéroport, je leur ai expliqué que j’avais invoqué des éléments nouveaux, que mon avocat avait envoyé ça chez l’assistante sociale, mais qu’elle ne les avait pas envoyé à l’office. Comment pouvaient-ils me rapatrier dans ces conditions ?
Ils m’ont dit que ce n’était pas leur problème, que c’était la décision de l’office et qu’il fallait que je parte. Comme ils voulaient me rapatrier, un policier m’a frappé, je suis tombé par terre. Ils m’ont attaché les pieds. Ils voulaient aussi m’attacher les mains, mais comme j’ai résisté, un policier m’a donné un coup de pied dans la nuque. Ma tête a cogné le bitume et ça m’a cassé deux dents.
Ils ont dit : « Puisque c’est comme ça, on va appeler le docteur de l’aéroport, il va te faire une piqûre, tu ne vas plus rien comprendre et on va t’emmener comme ça. » Quand le docteur est arrivé, j’ai refusé la piqûre car j’avais entendu ce que les sold… euh, les policiers avaient dit. Donc le docteur ne m’a pas fait la piqûre et m’a dit de rester calme, que la voiture du centre allait venir me chercher. Je suis retourné au centre de B. C’était le week-end, il n’y avait pas de docteur, donc je suis resté comme ça en train de saigner.
Le lendemain, le docteur m’a seulement donné un médicament et fait une attestation médicale. On m’a mis dans une cellule séparée du groupe parce que j’avais les dents cassées et le mardi, ils m’ont changé de centre. Maintenant je suis ici au centre fermé. »

Et vous venez de quel pays ?
« Je suis d’origine c., mais j’ai pris l’avion en A. »

Et ils ont voulu vous renvoyer en A. ?
« Oui »

Et vous avez fait constater ces blessures par le médecin ?
« Oui, il a constaté, il a fait une attestation. »

Et maintenant, vous attendez des suites à tout ça ? Vous allez encore être expulsé ?
« Mon avocat a demandé une liberté provisoire à cause de ma santé. Vu comme je souffre, je ne peux pas rester dans un centre fermé. Le tribunal a accepté la mise en liberté, mais les gens de l’office des étrangers ont fait appel. Je ne sais pas, il faut que je reste ici, dans ce lieu de détention. »

Et comment ça se passe dans le centre ?
« Pour moi c’est vraiment très difficile parce que je suis souffrant, je n’arrive pas à dormir. Pendant la journée ça va encore, mais pendant la nuit, ma tête chauffe, ça bat très fort. Et puis là où les dents entrent dans la chair, ça me fait tellement mal ! »

Et on ne vous a pas fait des radios ?
« Non. Les médecins ont juste constaté. »

Et vous recevez des médicaments ?
« Ils me donnent seulement des médicaments pour les maux de tête et des médicaments pour dormir. Mais je n’arrive pas à dormir. Je ne fais que pleurer. »

[Source : Getting The Voice Out !]

Banksy_Birds
Dr. Marianne Maeckelbergh is a professor and researcher at the University of Leiden in Holland. She is the author of The Will of the Many – How the Alterglobalisation Movement is Changing the Face of Democracy and a long-time global justice, political prisoner solidarity, environmental, and animal rights activist. Marianne worked with Wetlands as a volunteer in the nineties, eventually joining our staff as the coordinator of our Animal Rights Action Team.

Last Friday [October 1st, 2010, NDLR], during the No Border Camp, « a convergence of struggles aiming to end the system of borders that divide us All”, Wetlands veteran Marianne Maeckelbergh was arrested for taking pictures while police were making arrests in Brussels, Belgium. Having just entered Belgium two and a half hours earlier, she was on the terrace of a café with friends when she witnessed violent arrests on the street. She went to take pictures and was herself arrested by the police chief. She was taken into police custody where she was violently dragged by her hair, chained to a radiator, hit, kicked, spat upon, called a whore, and threatened with sexual assault by the police. She also witnessed the torture of another prisoner also chained to a radiator.

This took place not in a dark corner of the police station but out in the open, directly witnessed by police station authorities who gave the impression that this was standard practice. Police removed her ID card, USB stick, the camera with the photos on it, and 25 euros in cash from her property and have refused to return them. Roughly 500 people were arrested, many preemptively, including people involved in the No Border Camp and other protest activities including an alleged attack on a police station. As of Wednesday 6 October, 2010 at least four people are still incarcerated.

Below is her story :

« There are moments in everyone’s life when, suddenly, after a tragic experience, the whole world looks different. On Friday 1 October 2010, the Belgian police provided me with such an experience. When they looked at me with the anger and hate of complete aggression in their eyes; when they raised their fists in violence towards me; and when I felt the hand of the state collide hard and painfully against the side of my face, that was when I realised – the world, my world, would never be the same again.
On Friday I travelled to Brussels to catch the last two days of the No Borders Camp, a bi-annual meeting of the No Borders Network that brings together people from all over the world “to end the system of borders that divide us all” and the systems of repression that “multiply the borders everywhere in all countries.” My research explores how these international networks are developing highly complex and effective models of democracy. So it is very ironic that when I began to take pictures on a public street, the police responded by unjustly arresting me and robbing me of my most fundamental democratic rights. »

The Violence

« For fourteen unforgettable hours I was held in custody and subjected to their violence, their authority, their every whim. I was beaten, spat upon, repeatedly called a ‘dirty whore’ and chained to a radiator until 4am right outside the open door to the office of the chief of police, who observed it all and reacted only with silence. The police chief and I also witnessed the violent beating of another arrestee, also chained to a radiator, upon whom the police unleashed a fit of rage like none I’d ever seen – the young man fell to the ground screaming the only French word he knew, ‘non, non, non’. As I watched this, chained myself right next to the police chief, I wondered what country I was in, how such a thing could happen at all in this world, and where oh where had democracy and justice gone? »

The Crime – Being Socially Engaged

« And what was my alleged crime? I was only taking pictures and the police knew it. The chief of police arrested me himself, dressed in plainclothes and without giving me any warning or dispersal order. He knew what I was doing and he knew it was only taking pictures. But it didn’t matter to these police officers. They were 100% convinced that I was a protestor and as they put it, a ‘leftist’, and that was all they needed to know in order to feel fully justified in beating me and others. They used the European Trade Union demonstration from Wednesday 29 September 2010, attended by over 56,000 people, as evidence against me even though I wasn’t even there, arguing that being a part of that demonstration justified their treatment of me. They were mad because someone had smashed the windows of their police station, and they were sure, despite all evidence to the contrary, that I had been a part of that and that being a part of that somehow justified their behaviour.

In this police station, any association with the No Borders Camp and any desire to help those who live their everyday lives in the insecurity of having no papers and nowhere safe to turn, was a justification for severe violence. The police laid their values on the table for me, clear as day. For them the safety, physical and mental well being and the democratic rights of the human beings whose care they were responsible for was irrelevant. All of those arrested should have been treated as innocent until proven guilty – and none of them, regardless of the crime, deserved to be beaten by representatives of the government. Once again I wondered what country I had ended up in and where democracy had gone. But I didn’t even dare to raise my eyes to meet theirs, much less contradict them, for fear of the raging fists flying at me. »

The Set Up – Police Intentionally Lie to Frame Me

« Even one of the ‘friendlier’ police officers felt the need to frame me for the crime. There could have been no doubt that I was doing nothing more than taking pictures, not only because the chief himself saw me, but also because I had a perfect alibi for the whole evening – I was sitting on the terrace of a café with two friends and I told them that if they went there right now they would find many people who could confirm this fact. I described the café in extensive detail because unfortunately I didn’t know the name. Despite his claim that he believed me, and despite overwhelming evidence that I had done nothing, the police officer intentionally put a blatant lie in the statement he wanted me to sign. He assured me over and over that the name of the café where I was seated was the “Volle Brol” even though this café bared no resemblance to the description I had given. I told him I couldn’t sign a statement of which I wasn’t 100% sure that all the information was correct. In the end this was a crucial decision. It was only the next day, however, when I came before the judge that I realised the consequences of what this officer had tried to do to me. To this day, I cannot imagine what the police stood to gain by falsifying my statement in this way. »

Theft

« When I was finally released by a judge fourteen hours later, I received a plastic bag with my belongings in it. But many items were missing. Most importantly, my Identity Card, but also my USB stick, the camera I had with me and twenty-five euros cash. When I returned to the police station to reclaim my items – together with friends because I literally feared for my life – they laughed at me and said they were keeping my money as ‘financial compensation’ and taking the camera and the USB stick for investigation. I asked for a written record that these items were being confiscated and received none. I requested my ID card back and they just laughed. When I returned two days later for my ID card, they told me they had lost it somewhere in a ‘combi’. »

Lessons to be learned

« As a university teacher specialised in democracy and social change, I spent the duration of the horrible night and every day since wondering if this experience can teach us anything about power, the state or democracy? I found very few answers.

The violence I experienced and witnessed was not the random act of a single police officer that had gotten out of hand. It was apparent from the very first beating that for these police officers, in this police station, this unimaginable violence was completely normal behaviour. They did not feel the need to hide me in a cell in order to beat me; they did not shelter their violence from the eyes of their superiors or their colleagues; their colleagues did not even look up from their paper work. Why would they? They obviously saw this everyday.

I, on the other hand, held this type of violence as unimaginable. I had seen police be violent on the street and heard of beatings in cells, but to experience and witness such an extreme degree of violence under the controlled circumstances of an everyday police office, in plain sight of police superiors, but fully sheltered from the eyes of the public, was an experience that engraved itself onto my heart and will forever be rooted in my mind.

Perhaps it is a function of my privilege that being faced with such violence on the part of those that are supposed to protect us shocked me so thoroughly. I am not the poor person, the migrant, the person without papers or money, who doesn’t speak the language of the police and who lives in a poor neighbourhood. I have a PhD and get by in six languages. I am a university lecturer and a published author. People like me don’t often become the ones that catch the unbridled rage of the police state. Until, of course, we dare to stand up for those whose life is defined by this kind of fear and insecurity.

This too, is part of the trauma I am left with. Not only was I subjected to bodily violence and witness to what can only be called torture, I am left with a question that I cannot let go, a question that keeps me up at night and makes me lose my appetite. How is it possible that we live in a society where these kinds of people are allowed to represent the law? And why is it impossible to do anything about it? Even the judge told me the only thing I could do was to register a complaint – as if the police had made an administrative mistake. How can I come up with an explanation for this experience? There is no explanation. There is actually no reason at all why this kind of violence should be possible. »

Why all this matters

The violence I witnessed on the night of 1-2 October is worrying for at least three reasons. First, the way the police operated was based on an assumption of guilt by association – this is a much larger trend that we see across Europe as categories of people are being created as ‘evil’ regardless of whether or not individuals have committed a crime. The pre-emptive arrest of hundreds of people who were on their way to a legal demonstration on Wednesday 29 September 2010 is an example of this trend. It is an example of the increasingly powerful idea that it is okay to rob people in general of their freedom on the off chance that maybe, at some point in the future, someone (statistically not even likely to be the person robbed of their freedom) might do something slightly illegal.

Second, the idea that you can base someone’s guilt on ideas and not actions – what we might refer to as thought-policing. For the police officers, the idea that I might have left-leaning politics at all was enough to prove my guilt in this very specific case. This too seems to be a growing trend. It was in this frightening combination of guilt by association to a vaguely defined category of people and guilt by association to a general set of ideas, that this police violence was made possible. Once the police had labelled me a certain way, it no longer mattered what happened to me. This is a type of prejudice that democratic societies cannot and should not support.

Finally, what worries me today is that everyone keeps telling me that there is nothing I or the many other people subjected to abuse by the police throughout the duration of the no borders camp can do about it. I worry about the four others arrested at the same time, held in the same station, subjected to the same violence, but who are still being held in custody. The more I delve into the history of police violence in Belgium, the more I realise it is actually a chronic problem and that my experience is anything but the exception. Belgium as a country and we as its people have the responsibility to examine this chronic problem and to begin to take steps, serious steps, to rectify it.

What worried me most, however, is the idea that guilt in this matter would somehow justify the violent beating of citizens by the representatives of the state. Since when do we live in a society where the police are empowered first to pass judgement and then to deliver violent reprisal ?

Making sense of the unimaginable

The only sense I can make of all this, a week after the facts, is that what I witnessed is the ultimate example of why it is necessary to struggle for a more just society. The one we have now, even as it is legitimated by rhetoric of democracy, is prepared to violate the most basic principles of a democratic society as soon as it feels even slightly threatened. That is not the world I want to live in, nor the world I want others to be subjected to and judged by.
And so, after all is said and done, and once the nightmares subside, I will remember this day as the day I understood, for real, how big the problems are that face our society today and how deeply undemocratic Europe still is. It will be the day that I understood with every inch of my scared, shaking and shivering body how important it is to keep working for a society in which we can all feel free and safe. »

[SourcesWetlands Preserve – Mondiaal Nieuws , 11 octobre 2010]