14 juin 2015, Anderlcht
Insultée, bousculée, étranglée, jetée au cachot
Mwadi : « Vous vous prenez pour qui, connasse, on n’est pas des racistes !«
Mwadi et son fils se sont rendus au commissariat pour faire une déclaration de perte de carte d’identité. Ils se sont retrouvés insultés, tabassés, puis mis en cellule. Elle raconte…
« Dimanche 14 juin mon fils est allé à la police Démosthène (Jaques Brel) pour faire une déclaration de perte de carte d’identité. Le policier présent a commencé à lui faire remarquer qu’il était connu des services des polices. Sur quoi mon fils a répondu qu’il n’y était pas là pour ça mais pour faire une déclaration de perte. Ensuite, les policiers l’ont menacé de le gifler, on refusé de faire sa déclaration et lui on dit de « dégager« .
Il est alors revenu à la maison vers 13:45 et m’a raconté ça. Je lui ai dit, « Écoute, je t’accompagne pour voir comment ça se fait qu’ils refusent. »
Je suis arrivée là-bas avec mon fils au alentour de 14:15. Je me suis adressée à la dame de l’accueil et je lui ai dit que je venais voir ce qu’il s’était passé avec mon fils, pourquoi ils lui ont refusé de faire sa déclaration de perte. Celle-ci m’a fait rentrer à l’intérieur en m’indiquant de quel policier il s’agissait. Mon fils lui, est resté dans le couloir.
Je me suis alors adressée au policier en question. Je lui ai demandé : « Monsieur, pourquoi vous refusez la déclaration de perte de mon fils ?« . Celui ‘a répondu sur un ton agressif: « On n’est pas obligé, ça se fait à la commune. » Je lui ai répondu que ce sont ses collègues de 1000 Bruxelles qui ont conseillé à mon fils, lorsqu’il s’y est rendu, de le déclarer par mesure de sécurité.
Une de ses collègues est arrivée durant la conversation en secouant une feuille devant moi et en disant « Vous savez lire ? On ne fait plus ça à la police on est pas obligé, ça se fait maintenant à la maison communale. »
Celui-ci me répond : « Ah oui, mais vous voyez comment votre fils me parle, il est impoli« . Je lui ai répondu : « Avec vous c’est toujours la même chose même si on vient pour une déclaration de perte, il y a toujours des problèmes, c’est toujours la fautes des autres. Vous, vous parlez soi-disant toujours gentiment et c’est toujours les autres qui vous agressent. La preuve, il y a une bonne connaissance à nous, Dieumerci Kanda qui est venu faire une déclaration de perte et qui est mort en cellule. J’ai peur de vous, que ça arrive aussi à mon fils et on qu’on ne maquille ça en suicide. »
Je leur ai également dit que j’en sais quelque chose, mon frère ayant été tué par la police. Je leur ai dit que pour toutes ces raisons, je me méfie beaucoup d’eux et que je ne leur faire pas confiance. Je lui ai dit : « Pour moi, avec le vécu que j’ai eu et que j’ai subi, la police tue, massacre et humilie et viole des innocents. Quand il s’agit de Noirs, d’Arabes, vous ne les considérez pas comme des personnes. »
Ses collègues, présents dans le bureau ont commencé à se mêler de la conversation, à m’agresser verbalement: « Vous vous prenez pour qui connasse, on est pas des racistes ! » L’un me disant : « La preuve j’ai pris la plainte d’une Africaine !« , en me montrant une feuille avec la photo de la dame en question.
Le ton a commencé à monter. Tous les policiers présents sont sortis de leur bureau et sont venus vers moi pour m’agresser verbalement. Il m’ont dit : « Maintenant vous vous calmez et vous sortez ! » en se dressant devant moi. Je me suis levée, leur ai demandé de ne pas me parler comme ça, « Parce que je suis pas une chienne, que j’ai une bouche pour parler et m’exprimer, que nous sommes en 2015 et qu’il faut respecter la liberté d’expression. » Dressés devant moi, ils ont commencé à me bousculer. Je me suis dirigée vers la sortie.
Une fois dans le couloir, je m’inquiète de ne pas voir mon fils. J’ai alors demandé aux policiers m’escortant où était mon fils. Et il m’ont répondu : « On ne sait pas » en me poussant vers la sortie.
J’ai refusé de sortir sans mon fils et j’ai insisté pour savoir où il était par peur de ce qu’ils pourraient lui faire. Ils m’ont poussé dehors mais je leur ai dit que je ne sortirais sans mon fils car il n’y avait pas de raison qu’ils le gardent. Ils ont claqué la porte devant mon nez. J’ai sonné et j’ai dit que je ne partirai pas et que j’attendais mon fils. Ils sont alors sortis à plus ou moins huit. J’ai hurlé en leur disant de ne pas me toucher. Ils m’ont fait une clé au niveau du cou, me coupant ainsi la respiration pour m’empêcher de crier. Ils m’ont fait rentrer de force dans le commissariat en me soulevant, et m’ont porté un coup sur le visage. Je leur ai dit : « Arrêtez, je n’arrive plus à respirer !« . Une fois à l’intérieur, je leur ai demandé de me lâcher. Ils m’ont jetée par terre, ils m’ont mis un pied sur le dos pour m’immobiliser et continué à me me faire une clé au niveau du cou. J’étais prête à m’évanouir. La femme qui m’a agressée verbalement plus tôt est arrivée, elle a arraché mes chaussures et mon soutien-gorge. Ils m’ont ensuite poussée dans un cachot. J’étais mal en point, j’avais mal au larynx, aux oreilles et j’avais du mal à respirer.
J’étais couchée par terre dans le cachot et j’ai sonné plusieurs fois sur un bouton en appelant à l’aide. Environ une heure après, des ambulanciers sont rentrés dans le cachot accompagnés de deux policiers. Ils ont pris ma tension, ont dit au policier qu’il n’y avait rien d’urgent et sont repartis.
Je suis restée au cachot jusqu’à ce qu’ils me fassent sortir. Il était alors 22:10. Mon fils est sorti au même moment. Ils nous ont fait signer des papiers de sortie et nous ont rendu nos affaires.
En sortant de là, nous sommes allés aux urgences pour faire constater les blessures et je me suis aperçue que je n’avais plus l’argent que j’avais avant mon arrestation (300€). »