18 décembre 2020, Waterloo
Jetés au sol, tabassés, étranglés, gazés, menottés, écrasés, menacés par des flingues, les témoins menacés : nez et une dent cassés pour Valérie, des traces d’étranglement, de multiples contusions et une nuit en prison
Le 28 décembre 2020 après 22:00, la police de Mazerine intervient pour un contrôle COVID chez Valérie G. et Jérôme S. à Waterloo, à la suite d’une dénonciation anonyme. Une soirée réunissant plusieurs jeunes majeur.e.s et mineur.e.s s’y déroulait.
La situation a dérapé quand Valérie G., qui filmait l’intervention de la police, a une altercation avec une policière qui ne voulait pas se laisser filmer. Valérie est « maitrisée« , jetée au sol et tabassé, Jérôme qui s’est interposé itou, ainsi que leur fille majeure. Les images tournées par la sœur de son compagnon font le tour des médias, grâce en particulier à leur fille très active sur les rézos : c’est l’affaire de la Lockdown Party.
Les flics font appel à des renforts des zones de Waterloo et Braine-l’Alleud. Au total 21 flics débarquent dans la propriété.
La version de la famille
La famille dit avoir été physiquement agressée par des policiers.
Jérôme explique :
« Quand nous sommes rentrés vers 22:00, nous n’étions pas contents d’avoir des invités chez nous, mais finalement, on a compris leur besoin de relations sociales. […] Il y avait une dizaine de policiers autour de la maison, des combis, des chiens, c’est totalement disproportionné. Alors que mes enfants avaient invité 3 amis à la maison et qu’on réglait le PV de manière cordiale avant que tout ne s’emballe. Ensuite, on a été traité comme des terroristes, il n’y a pas d’autres mots. »
Pour la famille, tout a dérapé quand Valérie, qui filmait la scène, s’ait fait « arracher son GSM » par une policière puis plaquer brutalement au sol, ce qui a fait réagir Jérôme, qui s’est à son tour fait « maîtriser« .
Jérôme :
« Ma femme hurlait et se faisait plaquer au sol violemment, je suis sorti et me suis demandé ce qu’il se passait. Les policiers m’ont alors barré le passage, avant de me plaquer au sol, de me mettre en joue avec un flingue et de me gazer à de multiples reprises jusqu’à en devenir aveugle pendant de longues heures. Le tout sous les yeux de mes enfants.«
Valérie :
« C’est scandaleux. On se serait cru en Amérique où des policiers se comportent en véritables cow-boys et dans un nouvel épisode de « I Can’t Breathe », parce que je me suis évanouie deux fois à force d’être étranglée. Alors, on le répète, qu’on n’était pas contraire au PV dressé pour infraction aux règles Covid. Mais c’est devenu un véritable règlement de compte. On se serait cru dans un film. […] Dans cette histoire, les victimes c’est nous. On a vécu une situation d’abus de pouvoir et de violence policière […] Notre fille de 13 ans a hurlé à son frère et à sa soeur qui étaient à l’intérieur: ‘Ils sont en train de tuer les parents !' »
Lorsqu’ils sont rentrés […] sans nous présenter aucun papier, j’ai pris mon téléphone et ai filmé la scène tant la situation était disproportionnée pour trois ados.
Notre aînée de 19 ans est alors sortie en leur disant qu’ils étaient fous, qu’ils m’étouffaient (ce qui est vrai, c’est le premier moment où j’ai perdu connaissance). Elle a voulu s’approcher de moi et s’est fait prendre violemment, les 2 bras dans le dos et soulever du sol sur plus de 10 mètres. Mon fils de 16 ans n’a pas calculé en voyant la scène, il a sauté sur le policier et s’est immédiatement fait plaquer au sol et menotter. C’est à ce moment-là que je me suis évanouie par étranglement la deuxième fois.
[Quand les policiers lui ont plaqué la tête contre sa voiture à plusieurs reprises] Les chocs étaient si violents que le phare de la voiture en est sorti du capot. J’avais du sang plein le visage, mes cheveux collaient sur ma peau et m’empêchaient de respirer, je les suppliais de me les enlever, ils me riaient au nez et tournaient encore un petit coup les menottes dans mon dos pour me faire mal ! Il faisait froid, je portais un petit pull, je leur ai demandé plus d’une dizaine de fois de me donner mon écharpe qui était dans ma cuisine, en vain ! […] «
Je ne dors plus depuis 3 jours, je n’arrête pas de pleurer, mes enfants sont choqués et ma cadette est complètement renfermée sur elle-même, elle ne parle pas de ce qui s’est passé, je pense que les dégâts psychologiques sont plus que graves…«
Poursuivie, la famille a lancé une citation directe contre une bonne partie des policiers, estimant qu’ils avaient utilisé la violence de manière non légitime
La version de la police
Marc Rézette, le procureur du Roi pour le Parquet du du Brabant wallon :
« Les policiers ont été appelés pour une fête ou un rassemblement plus conséquent que la limite autorisée. On parle de 11 à 15 personnes. L’infraction était donc bien réelle. Les propriétaires ont joué la montre en attendant qu’un mandat soit délivré pour les policiers. Et pas mal des personnes présentes se sont alors échappées de la maison.
Alors qu’elle filmait et qu’elle a été repoussée par les policiers, elle aurait porté une grosse gifle à une policière (dont la dent serait cassée, selon La Libre). L’homme et les enfants s’en sont également pris aux forces de l’ordre qui ont eu beaucoup de mal à les maîtriser. On se retrouve donc face à des cas d’agressions à répétitions sur des policiers.
Une enquête est en cours pour faire toute la lumière sur la chronologie des faits. Pour ce faire, on tiendra compte des constatations des policiers, mais également des dires des citoyens. Pour que le juge ait toutes les versions en mains. Si au contraire il s’avérait que l’enquête mette en cause des policiers, une peine similaire mais doublée pourrait être d’application. D’habitude pour une telle infraction, les policiers arrivent sur les lieux, ils dressent les PVs et se retirent. Ici, face à des actes de violence, ils ont fait usage de la force, comme ils en ont le droit. »
La version de la Justice (?)
Après de multiples reports d’audience par suite de pénurie de personnel, de greffier, l’affaire (trois dossiers précisément) arrive enfin à l’audience devant le tribunal correctionnel du Brabant wallon en février 2025, près de 5 ans après les faits.
Le procureur Marc Rézette requiert la condamnation de Valérie et Jérôme à 80 et 120 heures de travail et la suspension du prononcé pour leur fille. Le ministère public a demandé l’acquittement des policiers : les policiers sont intervenus de manière légale et ont usé de la force de manière proportionnée.
Le 18 mars 2025, le verdict tombe :
- Les avocats de la famille contestaient la légalité de l’intervention policière, le tribunal dit le contraire dans son jugement.
- Les avocats de la famille avaient cité directement plusieurs policiers, estimant que ceux-ci avaient fait usage d’une force illégitime: le tribunal les a toustes acquitté.e.s.
- Valérie : condamnée à une peine de travail de 46 heures et une amende de 800 euros assortie d’un sursis pour la moitié du montant. Elle sollicitait une suspension du prononcé, le tribunal a estimé que cette mesure de faveur pourrait banaliser son comportement
- Jérôme : condamné à une peine de travail de 46 heures et une amende de 800 euros assortie d’un sursis pour la moitié du montant
- Léa : suspension simple du prononcé.
Violences physiques
X | Bousculade / projection |
X | Coups de pieds, coups de poings, gifles |
X | Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Arrosage | |
Morsures de chien | |
Pare-chocage (percussion par un véhicule de police) | |
X | Plaquage ventral |
Tirage par les cheveux | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Usage de gants | |
Usage d’arme à feu | |
Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
Usage de FlashBall | |
Usage de grenade assourdissante | |
Usage de grenade de désencerclement | |
Usage de grenade lacrymogène | |
Usage de LBD40 | |
Usage de matraques | |
X | Usage de spray lacrymogène |
Usage de Taser | |
Usage de tranquillisants |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
X | Accusation de rébellion |
X | Accusation de coups à agent |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
X | Menace avec une arme de poing |
X | Agressivité, manque de respect, insultes |
X | Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet |
Prises de photo / empreintes | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
X | Intimidation ou arrestation des témoins |
X | Obstacle à la prise d’images |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Confiscation, détérioration ou destruction d’effets personnels | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Absence de procès-verbal | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) | |
Position inconfortable prolongée |
- 18.03.2025 – Condamnation par le tribunal correctionnel du Brabant wallon de Valérie à une peine de travail de 46 heures et une amende de 800 euros assortie d’un sursis pour la moitié du montant; de Jérôme À la même peine; suspension du prononcé pour leur fille; acquittement de tous les policier.ère.s
- 18.02.2025 – Audience devant le tribunal correctionnel du Brabant wallon : plaidoiries
- 04.02.2025 – Audience devant le tribunal correctionnel du Brabant wallon : réquisitions
- 17.09.2024 – Report des audiences prévues près le tribunal correctionnel du Brabant wallon faute de greffier
- 00.00.2021 – Dépôt de plainte de la famille contre les policierspour coups et blessures et abus de pouvoir
- 25.01.2021 – Citation à comparaître pour rébellion, non armée en bande, coups et blessures volontaires sur trois agents de police dans l’exercice de leur fonction et d’infraction aux mesures Covid – Report des audiences prévues près le tribunal correctionnel du Brabant wallon par suite de pénurie de personnel
- 18.12.2020 – Agression de Valérie, Jérôme et leur fille
- 2020.12.18_Valerie.G-Jerome.S._Waterloo.BEL.mp4
- 2025.03.18_7sur7.be_Lockdown.Party.Qui.Degenere.A.Waterloo-Les.Jugements.Sont.Tombes.pdf
- 2025.02.04_RTLInfo_Une.Lockdown.Party.Degenere.En.Plein.Covid.A.Waterloo-Que.Risquent.Valerie.et.Jerome.pdf
- 2024.09.17_SudInfo_Le.Proces.De.La.Lock-down.Party.De.Waterloo.Remis.A.Fevrier.Faute.De.Personnel.Au.Greffe.pdf
- 2020.12.21_LaLibre_L.Affaire.Du.Controle.De.Police.Qui.A.Degenere.A.Waterloo.Sera.Portee.Devant.Le.Tribunal.En.Janvier.pdf
- 2020.12.21_LaLibre_Controle.De.Police.Qui.Degenere.A.Waterloo-Des.Versions.Des.Faits.Qui.S.Opposent.pdf
- 2020.12.21_LaLibre_Controle.De.Police.Qui.Degenere.A.Waterloo-Ma.Fille.A.Hurlé.Ils.Sont.En.Train.De.Tuer.Les.Parents.En.Voyant.La.Scene.pdf
- 2020.12.21_LaLibre_Intervention.Policiere.Musclee.Au.Cours.D.Une.Fete.A.Ohain.pdf
- Avocats : Abdelhadi Amrani et Martins
- Collectif :
- Cagnotte :
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