20 août 2019, Bruxelles
17 ans. Fauché par une voiture de police : décédé
Vers 23:40 place de l’Albertine, face au Mont des Arts à Bruxelles, Mehdi reçoit un appel de sa mère qui lui demande de rentrer. Il dit au revoir à sept de ses ami.e.s de l’école d’art avant de prendre le dernier métro. C’est le dernier détail connu dans cette affaire. Son corps sera retrouvé au sol devant la galerie Ravenstein.
En traversant la rue Cantersteen par le passage pour piéton, Mehdi est percuté par une voiture de police banalisée roulant à contre-sens.
La voiture de police qui a fauché Mehdi rue Ravenstein roulait à 98 km/h et n’avait actionné ni sirène ni gyrophare, selon une information de Bruzz.
La version de la police
Selon la police, Mehdi fuyait une autre patrouille de police et traversait la rue quand il a été renversé par une voiture de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles filant vers le lieu d’un cambriolage.
Pourtant, les amie.e.s de Mehdi n’ont rien vu…
Le parquet de Bruxelles a ouvert une enquête, désigné un médecin légiste et un expert automobile, saisi les images de vidéo-surveillance à proximité du lieu de l’accident, et entendu des témoins, avant de conclure par un classement sans suite.
La version de la famille
Des mensonges sont parus dans la presse au sujet de Mehdi. Il a été dit qu’il fuyait un contrôle, sans aucune preuve. Il a également été associé à un « voyou » (notamment par le président du MR), alors qu’il n’avait aucun casier judiciaire. Cette vision empreinte de mépris et de racisme, qui associe presque systématiquement les jeunes non-blancs à des « voyous », sert à rendre coupable la victime, et donc à justifier la mort de Mehdi.
Lors de la mort d’un jeune homme non-blanc où la police est impliquée, c’est souvent le premier réflexe des médias, de la police et de la droite : trouver ou inventer un casier judiciaire, une faute, ou quoique ce soit qui servirait à décrédibiliser la victime et légitimer le coupable. Qu’il ait eu un casier ou non, qu’il ait fui la police ou non, Mehdi ne méritait pas la mort. Cependant, mentir sur les évènements et la personne qu’il était ajoute de la peine à ses proches, qui expliquent : « On essaye de salir le nom de Mehdi depuis le début. Mais nous tenons bon, pour lui ».
Ayoub, le frère de Mehdi :
« Nous demandons simplement un débat auprès de la justice pour avoir des réponses à nos questions. Est-il normal qu’un policier (qui roulait à 98km/h, à contresens et sans sirène) percute un jeune homme sans rendre de comptes? Quand un jeune est mourant, au sol, un policier a-t-il le droit de le fouiller sans d’abord lui porter assistance?”
La version de la justice
En suite de l’audience du 26 mars 2024, la chambre du conseil prononce le 16 avril un… non-lieu pour les 4 flics impliqués dans le meurtre de Mehdi. Pas de procès donc, c’est à dire pas de publicité, et pas de débat, à moins que la LDH, qui s’est portée partie civile avec la Liga voor mensenrechten et aux côtés de la famille de Mehdi, ne décide de faire appel de la décision…
Une enquête de Retrace publiée le 27 mars 2025 en collaboration avec Le Vif, révèle les circonstances de la mort de Mehdi. Elle met en lumière les décisions et événements qui ont eu pour conséquence son décès sur la base des éléments du dossier d’instruction (échanges radio, données GPS, etc.) et des données de sources ouvertes (cf. la vidéo ci-dessous).
Mobilisation générale
Toujours en attente d’une décision d’inculpation du policier par la Chambre du conseil, le comité Justice pour Mehdi organise régulièrement des journées de commémoration dont un tournoi de basket annuel dont 2023 verra la 3ème édition le 2 juillet au stade Roi Baudouin.
Le vendredi 20 août 2021 a été inaugurée la « Place Mehdi Bouda » sur la Place du Nouveau Marche aux Grains, à Bruxelles, une première en Belgique pour une victime de violences policières. Une stèle à son nom y a été apposée, portant des dessins de Mehdi, jeune artiste en herbe qui rêvait de bandes dessinées et de basket.
Violences physiques
Bousculade / projection | |
Coups de pieds, coups de poings, gifles | |
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage | |
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e | |
Coups sur les oreilles | |
Étranglement | |
Clés aux bras douloureuses | |
Doigts retournés | |
Arrosage | |
Morsures de chien | |
X | Pare-chocage (percussion par un véhicule de police) |
Plaquage ventral | |
Tirage par les cheveux | |
Serrage douloureux des colsons ou des menottes | |
Tirage par les colsons ou des menottes | |
Sévices sexuels | |
Usage de gants | |
Usage d’arme à feu | |
Usage de « Bean bags » (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb) | |
Usage de FlashBall | |
Usage de grenade assourdissante | |
Usage de grenade de désencerclement | |
Usage de grenade lacrymogène | |
Usage de LBD40 | |
Usage de matraques | |
Usage de spray lacrymogène | |
Usage de Taser | |
Usage de tranquillisants |
Violences psychologiques
Accusation de trouble à l’ordre public | |
Accusation de rébellion | |
Accusation de coups à agent | |
Accusation de manque de respect | |
Accusation de menace à agent | |
Accusation d’injure à agent | |
Accusation de manque de respect | |
Accusation de refus d’obtempérer | |
Menace avec une arme de poing | |
Charge sans avertissement | |
Course-poursuite | |
Agressivité, manque de respect, insultes | |
Appel à faire cesser les souffrances restés sans effet | |
Prises de photo / empreintes / ADN | |
Propos sexistes | |
Propos homophobes | |
Propos racistes | |
Violences de la part de collègues policiers | |
Passivité des collègues policiers | |
Défaut ou refus d’identification des policiers | |
Intervention dans un lieu privé | |
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation | |
Intimidation ou arrestation des témoins | |
Obstacle à la prise d’images | |
Refus de prévenir ou de téléphoner | |
Refus d’administrer un éthylotest | |
Refus de serrer la ceinture pendant le transport | |
Refus d’acter une plainte | |
Refus de soins ou de médicaments | |
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves | |
Confiscation, détérioration ou destruction d’effets personnels | |
Vol de données personnelles | |
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe | |
Flexions à nu devant témoins | |
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention | |
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention | |
Pression pour signer des documents | |
Absence de procès-verbal | |
Privations pendant la détention (eau, nourriture) | |
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière) | |
Complaisance des médecins | |
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière) | |
Position inconfortable prolongée |
- 31.03.2025 – Audience de la Chambre des mises en accusation sur les charges des policiers impliqués
- 16.04.2024 – Non-lieu prononcé par la chambre du conseil pour les 4 policiers incriminés
- 26.03.2024 – Audience de la chambre du conseil
- 17.08.2020 – Clôture de l’enquête sous la direction du juge d’instruction
- 00.00.2020 – Classement sans suite par le Parquet
- Ouverture d’une enquête par le Parquet de Bruxelles, désignation d’un légiste et d’un expert automobile. Saisie des caméras de surveillance du lieu de l’accident.
- 20.08.2019 – Parechocage de Mehdi
- 2024.03.25_BruxellesDevie_Affaire.Mehdi.La.Famille.Appelle.A.Un.Rassemblement.Pour.Les.Premieres.Audiences.pdf
- 2020.08.20_LaLibre_L.Enquete.Sur.Le.Deces.Du.Jeune.Mehdi.Bouda.Renverse.Par.Une.Voiture.De.Police.Est.Terminee.pdf
- 2022.01.19_StreetPress_Une.Voiture.A.Fauche.Mon.Petit.Frere_YouTube-sqJ-CTO-iBg.mp4
- Avocat :
- Collectifs : Collectif Justice pour Mehdi // @justicepourmehdi (Insta) // #Bruxelles // #JusticePourMehdi
- Cagnotte :
- Dernière mise à jour : il y a 1 jour - Publié le