Nous apprenons que le prochain conseil de police du 19 février prochain, lors duquel le PTB va déposer une motion exigeant un audit externe sur le commissariat de Démosthène aura lieu … derrière les murs du commissariat de Démosthène. Seules quelques personnes seront autorisées à y assister.
Le Comité contre les violences policières Zone midi nous informe de cette tentative de cache-misère. Risible, indigne, révélatrice, rageante et perverse.
Le Président Spinette, toujours si prompt à faire la leçon de démocratie lors des conseils (voir ici et ici), nous offre ici un visage tout différent.
Comme le rappelle le comité :
Depuis le processus de politisation du conseil à travers des interpellations citoyennes et un travail activiste de terrain, cet acte représente clairement une reprise en main policière.
Les conseils de police doivent se passer dans la maison communale du président de conseil pour en garantir l’accessibilité démocratique. Organiser le conseil de police du 19 février derrière les murs du commissariat de Démosthène représente un tournant réactionnaire extrêmement dangereux et semble indiquer aux citoyens de la zone comme aux conseillers communaux critiques où se situe le véritable pouvoir : entre les mains du chef de zones et derrière les grilles du commissariat, là d’où les vidéos des violences racistes quotidiennes ne sortent jamais. Le temps où nos communes étaient un far ouest policier, où les commissaires racistes et d’extrême-droite faisaient la loi et jouaient au shérif est fini !
Anderlecht est la commune la plus jeune de Belgique, un nouvel électorat conséquent issus de l’immigration post-coloniale votera pour la première fois en octobre 2024, il s’agirait de ne plus l’ignorer.
La dégradation de la relation de confiance entre la police et les citoyens qui est la conséquence du racisme institutionnel représente pourtant un danger que les habitants des quartiers populaires de Anderlecht, de Saint-Gilles et de Forest sont les premiers à subir. La crise économique et énergétique qui se prolonge en une crise du chômage, du logement et de l’inflation entraîne des conséquences en cascade sur la vie de nos quartier en termes de violences liées au marché capitaliste de la drogue.
Nous sommes coincés entre une police où le racisme est à ce point institutionnalisé qu’elle fait légitimement peur aux habitants et des mafias armées qui font régner la terreur dans nos quartiers.
L’inflation va continuer de peser lourdement, les pressions de la Commission européenne en matière de déficit aussi. Le démantèlement de ce qui reste d’Etat fédéral sous l’effet d’un deal PS-NVA va couler Bruxelles dans un abysse de dettes qui va détruire toute capacité de mise en place de services publiques de qualité. La politique libérale autoritaire de non régularisation des travailleurs sans papiers va encore se durcir tant au niveau de l’Europe que du gouvernement fédéral et c’est Bruxelles qui, une nouvelle fois, en subira les conséquences. Les bourgmestres PS et Ecolo de Saint-Gilles, de Forest et de Anderlecht ne peuvent ignorer cette réalité.
C’est de eux seuls que dépend l’implémentation d’une politique de tolérance zéro envers les actes racistes, préalable indispensable au rétablissement d’une relation de confiance avec la police.
Comme le Comité contre les violences policières Zone-Midi, exigeons :
- Que le conseil de police du 19 février ait lieu de façon démocratique comme cela est prévu par le R.O.I. dans la salle du conseil de la maison communale de Saint-Gilles de façon à en garantir l’accessibilité. Depuis ce que nous savons de ce commissariat, il nous est impossible de nous y rendre ni d’appeler qui que ce soit à rentrer dans Démosthène.
- Que la motion du PTB demandant un audit externe sur le commissariat de Démosthène soit étendue à toute la zone de police. Si le commissariat de Démosthène a cristallisé beaucoup de tensions et représente une sorte de fort suprémaciste avec une section entière où opéraient des policiers néo-nazis, nous ne pouvons pas oublier que les deux policières qui se sont filmées en train d’insulter les habitats de Cureghem lors d’un safari colonial en janvier 2021 venait de la brigade canine de Neerpede. Nous ne pouvons pas non plus oublier le nombre de sans-papiers tabassés dans le commissariat de la gare du midi. Les violences policières ayant eu lieu le soir du nouvel an ont eu lieu à Forest et les violences policières dans les commissariats de Saint-Gilles sont également très bien documentées.
- Qu’une réelle politique de tolérance zéro soit enfin mise en place de façon concrète et effective, autrement qu’à travers un plan diversité lunaire : les policiers qui commettent des actes racistes doivent être virés, comme ils le seraient dans n’importe quelle autre fonction publique, la commune doit se porter partie civile
dans chaque cas sur le plan pénal et civile, les policiers d’extrême-droite doivent être virés, les policiers lanceurs d’alertes doivent être protégés de façon beaucoup plus sérieuses, les enquêtes disciplinaires doivent être effectuées par un organe indépendant et les enquêtes judiciaire doivent être dépaysées de façon à briser la culture de l’impunité.
Mise à jour du 16.02.2024
« Le débat sur l’audit externe de la police de la zone Midi, sur les bodys cam, les récépissés et une politique disciplinaire pro-active en matière de racisme dans la police est reporté.
Spinette utilise l’émotion sur les fusillades de ces derniers jours pour tenter d’enterrer le débat. Cette manœuvre est purement opportuniste. Le conseil de Police ne pourra pas faire grand chose et c’est surtout avec Verlinden et Van Tigchelt qu’il faudra négocier.Il aurait suffi d’une motion commune en début de séance. Mais dans le climat actuel le bourgmestre de Saint-Gilles joue son image de marque et un conseil de police dans le commissariat de Démosthène n’aurait pas été électoralement vendeur. Jouer l’émotion légitime des habitants du square Jacques Frank contre la nécessaire transformation de la politique anti-raciste du Collège est politiquement bas et irresponsable.En effet, les violences liées à la mafia de la drogue n’ont pas lieu dans le haut de Saint Gilles ni dans les beaux quartiers de Anderlecht ou de Forest. Ces violences ont lieu dans les quartiers qui vivent directement les violences policières racistes et sont la conséquence de l’abandon des politiques publiques.C’est au contraire parce que les habitants du Peterbos, de Cureghem ou du square Jacques Franck ont besoin d’être protégé de la violence liée au « capitalisme de la drogue » comme l’appelle Spinette qu’il faut une politique de tolérance zéro en matière de racisme dans la police. Sinon on ouvre la porte aux policiers cow-boy qui se comportent dans ces quartiers comme au Far West. C’est ce qu’on avait vu au Peterbos en mai dernier lorsque des policiers avaient braqué avec des armes de poings des enfants lors d’une fête de quartier.Les habitants des quartiers populaires ont le droit à la sécurité et d’être protégés des violences policières racistes. Il est inacceptable de les prendre en otage entre les deux pour des raisons électoralistes.Le Comité Zone Midi prend acte du report de ce débat pourtant urgent dans le contexte actuel et fera tout pour qu’il ait lieu lors du prochain conseil de Police en mars en poussant pour des engagements concrets et substantiels en matière de lutte contre le racisme et l’impunité. »
- 2024.02.14_Comite.Contre.Les.Violences.Policieres.Zone.Midi_Communique.Presse.pdf
- 2009.02.20_CE_190.728_DARVILLE.Hector.c.Region.Wallonne.pdf
18.07.2023 – Meurtre d’Adil : une interpellation citoyenne, une parodie de « démocratie »
15.01.2024 – Meurtre d’Adil : 4ème interpellation du Conseil de police de la Zone Midi