Plusieurs témoignages ont été portés à notre connaissance dans le cadre du rassemblement ce 27 novembre 2020 à Anderlecht (Bruxelles). Ce rassemblement s’est organisé suite à l’information que le Parquet de Bruxelles requiert un non-lieu pour les policiers impliqués dans la mort du jeune Adil, fauché par une voiture de police en avril dernier (2020).
Force est de constater qu’au lieu de privilégier le dialogue et la prévention, une fois de plus, les forces de l’ordre ont fait étalage de leur sur-puissance. En effet, quelques instant après que la marche ait démarré, les manifestant.e.s qui n’avaient parcouru qu’une centaine de mètres voient s’interposer devant eux une rangée de policiers « harnachés, casqués, et brandissant boucliers et matraques, immédiatement suivis par une autopompe« , comme en témoigne Marc De Koker, coprésident du conseil de prévention de l’arrondissement de Bruxelles, et directeur de l’association d’aide en milieu ouvert AMO Rythme dans la Libre du 2 décembre 20201 :
« Je m’attendais à voir arriver un peu de police mais je ne m’attendais pas à en voir autant. Nous n’avions pas marché 100 mètres quand est arrivée vers nous une ligne de policiers anti-émeutes, une auto-pompe, des chiens et une section de policiers en civil et cagoulés » raconte un.e manifestant.e. « Nous avons arrêté de marcher, mis les mains en l’air et nous nous sommes agenouillé.e.s à terre.«
Quelques minutes plus tard, un deuxième cordon de Robocobs se met en place derrière les manifestant.e.s pris au piège.
« Nous étions donc nassé.e.s entre deux ligne et deux auto-pompes, et les deux lignes se rapprochaient pour nous serrer en étaux. Il y avait un nombre impressionnant de policiers« .
À ce moment des policiers cagoulés entrent dans la nasse pour extraire des gens de force, brutalement. Qui ordonne donc ce comportement agressif et intimidant, clairement destiné à faire peur ?
» Je les ai vus le [manifestant, ndlr] traîner par terre, s’agenouiller sur lui et lui faire des clefs de bras et de jambes« .
Un autre témoignage indique :
« On leur a demandé de nous laisser partir en promettant de se disperser. Ils n’ont rien voulu entendre et ont commencé à arrêter les gens un à un. Plusieurs personnes ont été violentées gratuitement lors de ces arrestations.«
Certain.e.s ont été emmené.e.s aux casernes d’Etterbeek, d’autres au commissariat à Anderlecht. Les policiers s’y en donnent à cœur joie !
« J’ai été amenée au commissariat de Démosthène. Là, deux policières m’ont prise à part dans une pièce et m’ont ordonné de me déshabiller complètement (sous-vêtements compris) et de faire des génuflexion » […] » Ensuite j’ai pu me rhabiller avec une seule couche.[…] Elles m’ont aussi confisqué mes lunettes. Je leur ai dit que j’étais ultra myope, quasi aveugle sans lunettes et que ça m’angoissait de ne pas pouvoir les avoir avec moi.«
Mais rien n’y fait et le traitement gratuitement humiliant se poursuit lorsque, n’étant pas en mesure de lire le document à signer en raison de sa myopie, c’est le policier qui a lu le papier ! Même lors de son transfert en bus vers un autre lieu de privation de liberté, les lunettes de cette personne ne lui sont pas remises !.
« Je sais que trois autres filles ont été enfermées de façon similaire. Au moins une d’entre elles a subi une fouille à nu également.«
Pourtant il semble qu’ici une simple fouille de sécurité aurait pu suffire. Quel plaisir trouver à bafouer le droits au respect et à humilier les personnes en les mettant à nu ?
Certaines personnes arrêtées ne participaient même pas au rassemblement (comme déjà constaté lors du nassage de la manifestation des personnels de Santé en lutte le mois dernier…), l’une d’elles aurait présenté des traces de strangulation. Le transport vers les casernes ne s’est pas non plus déroulé correctement sans incident, certain.e.s rapportent des violences dans le bus par des policiers et policières ayant pris la précaution de retirer leur matricule.
Vers 20:30, les personnes ayant été privées de liberté sont ramenées en bus vers la gare du Midi. Une expression citoyenne de plus réprimée dans la démonstration de force et truffée de violences policières.
- Témoignages ObsPol