Beaucoup d'émotions lors de ce rassemblement organisé par la plateforme de soutien à Rita, la maman de Mathis, devant le palais de Justice de Bruxelles ce dimanche...
Plus de 400 personnes se sont unies sur la place Poelaert vers 14:00 pour dénoncer le racisme et les violences policières infligées à Mathis, un enfant noir de 9 ans, dans l’enceinte de son établissement scolaire le 5 septembre dernier à Ham-sur-Heure (Nalinnes).
Tristesse, compassion, empathie, solidarité, mais aussi colère, indignation, frustration, désir de s’organiser pour briser les fers qui maintiennent les communautés racisées dans un système d’oppression institutionnelle.
Courageuse et digne, Rita, la maman de Mathis, raconte d’abord cette journée terrifiante, depuis les appels de l’école à son arrivée sur place pour découvrir ce flic agenouillé sur la nuque de Mathis, et les propos de la directrice qu’elle doit interroger pour connaître le véritable fond de l’histoire… Appelée parce que son fils « fait une crise » (épilepsie ? catalepsie ? angoisse ? crise de quoi ?), il s’avère, comme le rappellera opportunément une des oratrices plus tard, que Mathis n’a rien « fait« , il a été insulté par un camarade, qui lui a ensuite donné un coiup de poing. Mathis a juste répondu aux coups, et fait un doigt d’honneur à la directrice qui le menaçait de le renvoyer… Une version légèrement différente de celle qu’on a pu lire dans la presse (comme d’habitude ?)…
D’autres personnalités et collectifs se succèdent au micro :
- Dido
- Mwamba, activiste et créateur de la Plateforme associative et citoyenne
- Véronique Clette-Gakuba, sociologue et membre du Collectif Présences Noires
- Le Collectif Susu, collectif citoyen Afroféministe et Anticapitaliste
- Le Collectif Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations
- Kodjo Yves Lodonou, du MRAX
- Le Comité Ujamaa,Cercle étudiant panafricain ULB, Bruxelles
- Nordine Saidi, de Bruxelles Panthères
- D’autres mères de victimes (Abdoulaye)
- Le Collectif Afroféministe Mwanamke
Les revendications exprimées :
- Abandon total de toutes les plaintes, pénale contre Rita (« bashing« ) et disciplinaires (« indiscipline » et « mise en danger de mineur ») contre Mathis. et effacement de toute trace dans leur dossier
- La Ministre de l’Enseignement et le PO de l’école de Mathis doivent condamner fermement l’attitude de laisser faire de l’école et la violence de la police
- La fin de la relégation des enfants racisés dans les écoles spécialisées
- Refonte de la circulaire autorisant la police à intervenir dans les écoles
- Mettre fin aux violences policières contre les mineurs racisés dont on constate l’augmentation récente.
- La fin des institutions inégalitaires et oppressives
- La tolérance zéro au racisme dans nos écoles et nos universités
- La protection sans distinction de tous les enfants de notre jeunesse
- Le soutien indéfectible à l’action Stop Violences policières
- L’arrêt du vote des lois visant spécifiquement les catégories socioéthniques de la population
- La protection de l’égalité devant la loi, la séparation des pouvoirs, la présomption d’innocence, le respect de la Constitution et des droits fondamentaux
Et les propositions :
- S’organiser pour mobiliser les forces vives (avocats, professions de santé, financiers et.) et arriver à une responsabilisation collective des acteurs de la société civile (« Don’t agonize, organize !« ). Un talent à la lutte ? dîtes-le !
- Créer un rapport de force avec la police, un contre-pouvoir
- Se constituer en comités de parents
- Signaler, dénoncer, rapporter les injustices aux associations et institutions existantes
- Récolter les traces, constituer des preuves
- Contribuer financièrement au soutien aux victimes, aux familles dans leur démarches juridiques, médicales, administratives etc.
- Utiliser les outils techno pour s’organiser et favoriser notre intelligence collective, et notamment une plateforme unique pour tous les témoins et victimes sur les réseaux sociaux
- S’emparer des études scientifiques, produire des études socialement situées
- Prendre le pouvoir économique, comme d’autres communautés ont su le faire
Minute de silence, genou à terre et poing levé… Une cagnotte de soutien circule, des contacts se nouent. On se sépare sur une toute autre gamme d’émotions. Naissance d’un mouvement.
« Justice pour Mathis ! Justice pour Abdoulaye !«
- ObsPol