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14.10.2025 – Blocages et grève nationale : le fil d’info de Secours Rouge

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TÉMIGNAGES REÇUS
Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
T. : “Ses collègues veulent m’attraper, me giflent au visage et me crient dessus”

“Nous marchions tranquillement en nous éloignant des policiers car nous ne pouvions pas passer par la rue bloquée par ces derniers lorsqu’un policier en civil avec un bandeau rouge sprinte sur mon ami, je m’en rend compte lorsque le policier est à 2 mètres de lui c’est évidemment trop tard, il l’attrape et le plaque violemment au sol avant de le restreindre ventre et face contre sol avec un genou sur le dos. Ses collègues veulent m’attraper, me giflent au visage et me crient dessus mais je leur échappe.

Nous sommes 8 heures après l’événement toujours sans nouvelles de notre ami..”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
S. : “Ils m’ont ensuite frappé à la tête une fois et poussé à terre et donné 12 coups de matraque”

“Nous marchions pour rentrer vers la gare centrale de Bruxelles quand la police est arrivée en courant pour nous pousser, un ami s’est fait frapper sans aucune raison et je l’ai défendu, ils m’ont ensuite frappé à la tête une fois et poussé à terre et donné 12 coups de matraque jusqu’à ce que deux de mes collègues m’aident à me relever pour m’enfuir car ils ne comptaient pas s’arrêter là.

Mon ami et collègue a une grosse commotion cérébrale et un de mes collègues a pris des coups dans les jambes en m’aidant à me relever. J’ai de multiples hématomes, une légère commotion et peut-être un doigt cassé.

J’ai déjà fait constater mes blessures par mon médecin. Nous ne voulions en aucun cas casser ou provoquer, nous étions là en paix avec mes collègues et tout se passait bien pour nous jusqu’à ce que la police arrive et nous gaze au début pour nous frapper à la fin alors que ne faisions que partir.

Nous avons des photos de nos blessures et des témoins qui nous ont aider après l’altercation.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
D. :”Some people we were screaming from the balcony and two policemen threatened me twice”

“I opened the windows on my balcony and it was the apocalypse. Helicopter flying on the area. Policemen in riot gear blocking the square, there is also a water-cannon van. Policemen in disguise arresting people indiscriminately (what was the crime? Being in a square?). Intense violent scenes when the police charges, both riot police and the ones in disguise. Not a single ID number on policemen. After 30 minutes still full of police, with some people we were screaming from the balcony and two policemen threatened me twice.

On the square there was the blood of a protester they hit super hard multiple times and then arrested. We screamed from balconies (all the neighbours!) to call the paramedics but they didn’t.

Protesters were peaceful, they attacked with no reason. After charging a couple of times they left, a big group of protesters left to dance and play drums on the other side of the square.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
L. : “Ils m’ont signalé mon arrestation administrative après plusieurs heures de détention.”

“Ce mardi 14 décembre, en ramenant un ami gare du midi, je vis un gamin, ayant la tête entre le pavé et le genou d’un agent en civil. Ceux-ci n’étaient pas porteurs d’identification, pourtant requise par la « Loi du 4 Avril 2014 modifiant l’article 41 de la loi sur la fonction de police du 5 août 1992, en vue de garantir l’identification des fonctionnaires de police et agents de police tout en améliorant la protection de leur vie privée ». Après leur avoir vigoureusement signalé ce fait, l’agent en civil s’est écrié « Qu’est-ce tu m’as dit, connard ? » suivi de « On le choppe l’enculé ».

La suite est documentée sur l’extrait video ci-jointe. Malgré ma coopération et mon petit gabarit, ils se sont mis à deux pour me maîtriser. Ma tête fut frappée contre le sol par le genou de l’agent en civil. Ils ont utilisé des liens en plastique, me coupant la circulation sanguine.

Je rejoins la jeune personne au sol. Vint ensuite un homme, la face couverte de sang, le crâne ouvert par un coup de matraque. Nous fûmes rejoints par une personne au visage tuméfié. Plusieurs personnes m’ont rapporté s’être faites violenter par les policiers.

L’un d’eux me confiait que la police lui appliquait directement le CS dans les yeux, en poussant leurs doigts dans les globes oculaires. Ils n’ont donne aucune information à ma femme ni à mes camarades. Ils nous ont laissés en cellule pendant douze heures. J’ai eu droit a UN gobelet d’eau à moitié plein. Ils m’ont signalé mon arrestation administrative après plusieurs heures de détention.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
L. : “Sur le trajet l’un me dit qu’il aime tabasser ‘Les fils de putes dans mon genre'”

“j’ai été victime de violence policière à la manif du 14/10 à la Porte de Hall vers 15:00. Un groupe de policiers en civil avec brassard mais masqués rôdait sur la chaussée, au niveau de l’Avenue Henri Jaspar 115. Je les filmais de loin depuis le parc (au niveau du petit terrain de foot). Ils m’ont vu et ont commencé à se rapprocher. J’ai donc circulé sur le boulevard de Waterloo vers la gare du midi, avec un policier (en civil, masqué) dans mon dos qui me suivait de manière agressive, donc je me mets à filmer tout en continuant de marcher vers la Porte de Hal; je filmz celui derrière moi et les autres qui arrivent de devant pour m’encercler.

À ce moment celui dans mon dos m’attrape violemment par la nuque, me dit “Avec ton téléphone de merde là !” et me met 2-3 coups à la tête. Je me protège la tête et me mets à courir, mais me fais encercler par le reste du groupe de policiers en civil (masqués).

Au croisement avec la rue Héger Bordet, je me fais balayer par un agent et mettre au sol collé aux buissons du parc de la Porte de Hal. Une fois au sol, un des agents me met un coup de poing au visage (j’ai un bleu au nez et un morceau de dent cassé) et me dit “Tu te souviens de moi à la Bourse”, par apport aux rassemblements quotidiens à la Bourse de Bruxelles en soutien au peuple palestinien auxquels je participe souvent. Évidemment je ne le reconnais pas mais lui, si. Lui ou un autre m’arrache mon téléphone des mains et me le vole.

Au sol, on me fait une clé de bras et on me menace de me faire mal si je bouge. Pendant qu’on m’attache les mains avec des colsons et qu’on place un genou sur ma tête, d’autres manifestants se rapprochent pour filmer mais une ligne de policiers avec boucliers arrive les repousser vers la porte de Hal.

À partir de ce moment, 2 policiers (en civil, masqués) me prennent et me traînent à pied jusqu’à l’avenue de la Toison d’Or 87; sur le trajet l’un me dit qu’il aime tabasser “Les fils de putes dans mon genre”. Je demande qui est le policier qui m’a volé mon téléphone, ils me répondent qu’ils ne savent pas.

J’ai été embarqué dans un fourgon, et puis mis en garde à vue au commissariat de X. jusqu’à tard dans la nuit. Nous étions une vingtaine en cellules, tous arrêtés en proximité de la manifestation, tous ayant subi des violences policières.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
P. : “Vous êtes tous les mêmes. Vous ne travaillez pas. Vous ne vous lavez pas. Même mon chien sent meilleur que vous.”

“À la manifestation nationale du 14 octobre 2025, devant l’Office des Étrangers à Bruxelles, j’ai reçu des coups de matraques à la main droite et sur le crâne, et d’autres coups, avant d’être violemment arrêté et emmené dans un parking où j’ai été victime et témoin de violences, de menaces et d’humiliations. Après un passage en cellule, j’ai été emmené à l’hôpital d’où je suis ressorti avec un plâtre – double fracture à la main droite.

Devant l’Office des Étrangers, je tenais une banderole. J’ai aperçu une ligne de policier·es en armures, une vingtaine de mètres plus loin. Des lacrymogènes se sont répandus. Il était difficile de garder les yeux ouverts, ça piquait. La panique s’est emparée des gens autour de moi. J’ai suivi un petit groupe qui s’est réfugié entre deux véhicules.

J’ai vu les policier·es qui arrivaient vers nous en brandissant leurs matraques. À côté de moi, une dame en vert, sans doute une syndicaliste de la CSC, avait l’air terrorisée. J’ai essayé de la protéger en me mettant entre elle et la police, et j’ai mis mes main en parapluie au dessus de sa tête. J’ai reçu un violent coup de matraque à la main droite. Les policier·es ont reculé, puis sont revenus pour frapper à nouveau. J’ai reçu plusieurs coups de matraque sur le crâne.

Je suis tombé assis sur le sol, sonné. Ma main droite me faisait très mal. Un homme avait le crâne ouvert et beaucoup de sang sur son visage. Plusieurs policier.es m’ont donné des coups de pied aux tibias, puis m’ont traîné par terre sur plusieurs mètres en tirant sur la capuche de mon pull, qui s’est déchirée.

Les policiers m’ont plaqué au sol en me tordant les jambes, ce qui faisait très mal, tout en me criant dans les oreilles. « Alors comme ça on s’attaque à la police ? On envoie des mortiers sur la police ? » Ils m’ont tordu les bras dans mon dos et ont attaché mes poignets avec un coleçon. Ils m’ont tiré par les bras pour me mettre debout dans une position qui m’empêchait de voir devant moi. Tête vers le sol, les bras en l’air, ils m’ont poussé dans une direction. J’ai entendu quelqu’un dire « Où est-ce que vous l’emmenez ? » J’ai eu un sentiment de terreur car j’ai pensé qu’ils allaient continuer à me tabasser à l’abri des regards.

Ils m’ont poussé à l’intérieur d’un parking, puis m’ont forcé à m’asseoir dans la position de « la chenille » derrière cinq-six personnes qui avaient été arrêtées. Une personne avait le visage en sang et une autre qui semblait perdre connaissance. D’autres personnes ont été assises derrières moi, dont une qui hurlait de douleur et demandait de l’eau. La policière qui nous surveillait a refusé de lui en donner. Plusieurs militant·es ont réclamé un médecin pour s’occuper des blessé·es. Un policier s’est appliqué à resserrer les coleçons aux poignets de chaque personne, malgré les protestations et les cris de douleur. Nous recevions des quolibets, des moqueries et des insultes, et celleux qui osaient répondre étaient giflé·es. Nous sommes resté·es plusieurs heures dans la position de la chenille et j’ai perdu la notions du temps.

Un policier a essayé de nous intimider : « Vous allez tous aller directement au tribunal. Nous savons tout ce que vous avez fait, car parmi vous il y a des nôtres, qui filment tout. »

Des ambulanciers sont arrivés et ont demandé à chaque personne si elle avait mal quelque part. J’ai dit que j’avais mal à la main, et l’ambulancier a répondu que ce n’était qu’une égratignure. Plusieurs personnes ont été emmenées par les ambulanciers pour être soignées, y compris celle qui était juste devant moi dans la chenille, qui avait mal aux côtes.

Pendant ces longues heures passées dans le parking, certaines personnes ont été relâchées ou emmenées par des ambulanciers, tandis que de nouvelles arrestations avaient lieu et que de nouvelles personnes affluaient. Ma main blessée à commencé à gonfler.

Une femme avec des cheveux roses a été giflée à l’instant où elle a été poussée à l’intérieur. L’homme qui était assis devant moi a été giflé lui aussi car il s’insurgeait contre le coup qui venait d’être porté. Une personne (elle avait l’apparence d’un homme, mais j’ai appris plus tard qu’on se referait à elle par le pronom elle) avait le visage ensanglanté. La policière lui a dit « Tu as pleuré comme une pétasse ».

Un policier m’a dit : « Vous vous conduisez comme des animaux, alors on vous traite comme des animaux. » et puis encore « Vous êtes tous les mêmes. Vous ne travaillez pas. Vous ne vous lavez pas. Même mon chien sent meilleur que vous. »

Les militant·es qui avaient leur carte d’identité étaient progressivement relâchées. Je n’avais pas ma carte d’identité. J’ai entendu un autre policier dire à un autre : « On fait quoi de ceux qui n’ont pas leur carte d’identité ? On les balance dans le canal ? »

Nous n’avons pas été balancé·es dans le canal mais dans un bus où nous avons été fouillé·es. J’ai poussé un cri de douleur lorsqu’un policier a tiré sur le coleçon qui serrait mes poignets. Il a demandé ce que j’avais. J’ai dit que j’étais blessé à la main, suite à un coup de matraque. Il m’a répondu que je n’avais qu’à pas mettre ma main sous une matraque.

Nous avons été emmenés à la caserne d’Etterbeek où j’ai été enregistré sous une fausse identité (Benjamin Netanyahu). Une fois en cellule, un militant a demandé un médecin pour son bras et je me suis joint à sa requête. Nous avons été emmenés tous les deux en ambulance et relâchés.

A l’hôpital, on a procédé à une radiographie de ma main droite qui a montré des fractures au niveau des mes troisième et cinquième os métacarpiens. On m’a posé une attelle plâtrée et des amis sont venus me chercher. Des policiers sont apparus dans la salle d’attente des urgences et nous avons soupçonné qu’ils soient venus se renseigner de nos identités auprès des urgentistes.

J’ai actuellement la main droite plâtrée, maintenue par une écharpe de bras, des douleurs lancinantes et l’impossibilité de travailler. Je suis droitier et ma main est mon instrument de travail.

J’ai des crises de tristesse récurrentes, je suis pris par des sanglots incontrôlés. Je suis déprimé et impuissant. Je me sens diminué.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
C. : “Il avait la gueule cassée, en cellule, la joue gonflée, les bras écorchés, l’œil au beurre noir”

“J’étais le 14 dans la manifestation. Aux alentours de 15 heures, à la gare du midi, des policiers en civils se sont montrés très violents envers des manifestants, mais aussi de simples passants. Les chiens ont été lâchés sur plusieurs personnes, elles ont été mordues. En cellule, il y avait de nombreux camarades avec des blessures commises par la police. Voici les histoires :

Il passait juste dans ma rue, près du parvis de Saint-Gilles, a été intercepté sans raison, étranglé, poing dans la figure, insulté, et lorsque la camionnette cachait la scène, ré-étranglé après avoir entendu “Tiens, regarde ça”. On a failli lui casser le bras.

Il menait un cortège, encourageait la foule à continuer à manifester, et s’est fait alors mettre à terre, par trois policiers, il a reçu des coups de genoux dans la tête et des coups de matraques/poings. Il avait la gueule cassée, en cellule, la joue gonflée, les bras écorchés, l’œil au beurre noir.

Deux camarades ont reçu 5 points de suture au crâne après avoir été frappés sans aucune raison à la tête avec des matraques.

Ce ne sont que trois exemples parmi les nombreux vus et entendus au cours de cette journée sanglante.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
J. : “Je vais ensuite attendre deux heures pour recevoir six points de suture au niveau de la tête et un autre au niveau du tibia”

“Mon interpellation a été filmée par X. ; on me voit être frappé par 4 policiers en civil alors que je suis à terre !!

J’étais présent lors de la manifestation du 14 octobre à l’arrière du bloc antifa.

A 11h, le cortège s’élance ; nous avançons très lentement, à tel point que nous n’arrivons à parcourir qu’une centaine de mètres en une heure. Arrivés à un croisement, nous empruntons les marches qui nous mènent au boulevard Pacheco, plus précisément à l’Office des Étrangers.

Là, je vois plusieurs manifestants casser les vitres de l’Office. Curieux, je m’approche pour mieux voir ce qu’il se passe, sans savoir que je me dirige droit vers un piège.

J’arrive au niveau de la rue qui borde l’Office des étrangers. Une grenade lacrymogène explose pas très loin de moi, signe que la police s’apprête à investir les lieux. Je m’écarte du nuage de lacrymogène qui attaque déjà mes voies respiratoires et tente de fuir les lieux. En vain. Une nasse est en train de se former et l’étau est déjà refermé sur le groupe de manifestants dont je fais partie.

Ce même groupe va s’entasser entre deux camionnettes pour fuir le nuage de gaz qui se répand petit à petit. Je manque de m’étouffer dans cette grande bousculade. Il me vient une idée : la nasse est toujours en train de se former, ce qui veut dire qu’il existe encore des points de fuite.

Ainsi, je quitte le groupe de manifestants entassés entre les deux camionnettes. Je cours, cherchant une issue que je crois trouver au bout de la rue. Je cours vers cette échappatoire. Malheureusement, une poignée de policiers en civil se pointe, brassards au bras, sans matricule, armés de matraques. Ils me poursuivent en criant.

Je fais machine arrière pour tenter de rejoindre le groupe de manifestants. Je n’y arrive pas. Je suis rattrapé par 4 policiers en civil qui me plaquent par terre, me donnent des coups de matraques, de pieds et poings partout sur le corps, en particulier la tête qu’ils visent avec insistance.

Je suis tabassé pendant une poignée de secondes où je vais être insulté de “fils de pute” avant d’être mis sur le ventre. Je reçois encore quelques coups. Les policiers me mettent ensuite les mains derrière le dos, me relèvent pour m’emmener vers un parking.

Nous entrons. Je suis courbé en deux, je ne peux donc pas voir les personnes présentes dans le parking. J’entends par contre des cris – de douleur, à en juger l’intonation.

On me jette par terre. Je suis face contre sol. Mon arcade sourcilière droite est pétée et j’ai une entaille de cinq centimètres au niveau du crâne. Ainsi, je saigne abondamment sur le béton.

Je crois un instant que la violence est finie, que le pire est passé. Je comprends l’inverse quand l’un des policiers me met son pied sur la nuque. Son collègue va ensuite me tabasser le visage à coups de pieds. À ce moment-là, je me rends compte qu’il y a d’autres manifestants également en train d’être passés à tabac par des flics en civil – les plus violents de tous. J’ai alors une réflexion, peut-être disproportionnée, mais légitime : ils nous ont trainé à un endroit à l’abri des regards pour nous tabasser à mort, je vais mourir.

Mais là, on me passe les menottes et je suis placé dans une rangée de manifestants. Je réalise l’ampleur des dégâts : le mec derrière moi s’effondre quelques fois sur le béton, en pleine commotion cérébrale ; un autre a la moitié du visage en sang, manque de s’évanouir ; d’autres ne parlent même plus, traumatisés par l’expérience qu’ils viennent de vivre.

Nous allons attendre une heure et demie dans ce parking avant d’être menés aux urgences.

Une heure et demie à se faire menacer par les flics qui nous disent qu’on va en garde-à-vue judiciaire, qui nous reprochent d’avoir violenté un enfant – qui, en réalité, a été gazé par des flics. Nous ne recevons que très rarement de l’eau, au bon vouloir des flics qui ne se préoccupent pas de notre état.

Heureusement, des urgentistes sont venus pour assigner certains blessés aux urgences. Je vais en faire partie.

Après une heure et demie donc, nous sortons du parking pour être mis dans un van de police. Il nous emmène ensuite vers l’hôpital. Nous sommes pris en charge l’un à la suite de l’autre, lentement. Je vais sortir du van après une heure pour enfin être pris en charge par les urgentistes qui vont m’appliquer un bandage et me donner un antidouleur.

Je vais ensuite attendre deux heures pour recevoir six points de suture au niveau de la tête et un autre au niveau du tibia.

Depuis, j’ai un suivi psychologique et souffre d’un état de stress post-traumatique.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
A.F. : “Visage et yeux en feu, en pleine crise d’angoisse, entre les frissons et les vomissements, je n’étais pas capable de me lever pour fuir les lieux”

“Je suis enseignante et ce mardi, j’ai manifesté à Bruxelles au côté de milliers de personnes. J’étais d’abord accompagnée de collègues puis j’ai rejoint des travailleurs et militants d’un mouvement sociopédagogique. La marche de Rogier à la gare du Midi s’est déroulée dans la bonne humeur. J’ai bien remarqué que ça chauffait un peu devant l’Office des étrangers Boulevard Pachéco mais nous ne nous sommes pas arrêtés et avons poursuivi notre route.

Arrivés à la gare du Midi, nous avons décidé de nous poser en terrasse pour partager un verre avant de nous quitter. Vers 16:00, on se dit au revoir. Certains partent en direction de leur train. Nous sommes encore 5. L’une de nous va prendre un vélo partagé et nous l’accompagnons voir s’il y a en a un disponible. Non.

Nous apercevons alors quelques policiers en tenue d’intervention (casque, bouclier, matraque). Je ne comprends pas pourquoi ils sont là à marcher vers la gare. Je me dis qu’ils s’assurent sans doute que tout le monde parte. Je prends une photo et me retourne pour aller prendre mon tram et puis là, tout a été très vite.

J’ai juste le temps de voir un policier au sol en train de recevoir des coups de plusieurs personnes. Je suis projetée au sol par un coup de matraque reçu dans mon dos. Mon téléphone se retrouve quelques mètres plus loin. Il est ramassé par un jeune gars masqué que j’interpelle. Il me le rend. Puis comme un tourbillon… Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je me retrouve les yeux et le visage en feu, couchée à l’entrée de la gare.

On peut voir sur une vidéo des gens passer et des policiers (matraque à la main) sans rien faire. Heureusement le collègue de mon amie m’a vu et est venu à mon secours. Les personnes avec qui j’étais ont pris soin de moi pendant 1 heure environ.

Visage et yeux en feu, en pleine crise d’angoisse, entre les frissons et les vomissements, je n’étais pas capable de me lever pour fuir les lieux. Deux soignants sont ensuite venus. Une jeune fille masquée est restée à mes côtés pendant un certain temps. Elle a dit que j’avais reçu plusieurs coups de matraque et gazée par un policier.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
R. : “Un autre me rentra dedans, ce qui me fit tomber en arrière, la tête la première sur une barrière”

“Le 14 octobre dernier, j’ai participé à la manifestation nationale de Bruxelles, accompagnée de mes amis. Au début de l’après-midi, je me suis retrouvée bloquée avec d’autres manifestants dans une rue. Une ligne de policiers avançait vers nous avec un canon à eau et des bombes lacrymogènes. Cela nous a contraints à avancer dans le sens opposé.

Tout à coup, certains policiers se mirent à courir après nous et attrapèrent un ami qui m’accompagnait. Ils le jetèrent violemment au sol, et il se retrouva rapidement entouré de cinq policiers. J’accourus, apeurée, vers mon ami que je vis allongé sur le dos, se protégeant avec ses bras des coups de matraques télescopiques portés par les policiers. Mon ami avait les bras en sang et ne se défendait pas ; cela n’empêchait pas les policiers de continuer à le rouer de coups violents, au visage, aux jambes, au torse et à divers autres endroits.

Rongée d’inquiétude et de peur, je suppliais qu’ils arrêtent, que mon ami n’était pas violent. C’est à ce moment-là que je me fis pousser par deux policiers qui me criaient « Dégage ! » à maintes reprises. Puis je fus projetée au sol ; là, je me fis encercler à mon tour et huer de « Dépêche-toi ! », « Avance ! », sans pouvoir me lever car ils m’en empêchaient. Ensuite, deux policiers me tenaient par les bras et me traînaient plus loin. Je fus à nouveau projetée au sol.

J’essayai alors de me relever et demandai au policier d’arrêter de me pousser afin que je puisse m’éloigner sans tomber. Un autre vint alors me bousculer à nouveau, puis un autre me rentra dedans, ce qui me fit tomber en arrière, la tête la première sur une barrière. Je finis en pleurs, incapable de me lever, continuant désespérément d’expliquer, avec le plus de calme possible, mes intentions, qui étaient de comprendre pourquoi mon ami avait été pris pour cible et frappé.

Des personnes ayant vu la scène essayaient de m’aider à me relever, mais à peine s’étaient-elles approchées de moi qu’elles furent aspergées de bombes lacrymogènes par les mêmes policiers, qui continuaient de me hurler dessus. Je pus alors enfin m’éloigner, marquée de coups sur les jambes. Je n’ai eu de nouvelles de mon ami qu’aux alentours de 6 heures du matin, complètement amoché au visage et sur tout le corps.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
F. : “Plus tard près de la gare centrale un policier en uniforme classique s’inquiétait d’une jeune fille inconsciente au sol. C’est le seul que j’ai vu s’inquiéter pour nous manifestants

“J’étais prise dans la nasse devant l’office des étrangers. Avec deux copains je suivais le cortège de la manif comme d’habitude jusqu’au virage devant le ministère où j’ai entendu crier « Attention gaz ! » et vu tout le monde s’enfuir sans comprendre ce qu’il se passait car je n’avais jamais été confrontée à une telle situation.

J’ai réalisé quand mes yeux et ma gorge se sont mis à brûler, alors aveuglée, je me suis accrochée au sac d’un mec devant moi qui m’a demandé si j’allais bien. C’était un Antifa adorable et prévenant, moi complètement aveuglée il m’a dit que tout allait bien, qu’il ne me lâchait pas et qu’on devait se mettre à l’abri.

J’ai alors ouvert les yeux et vu la colonne de flic nous charger en courant, j’ai à peine eu le temps de me protéger la tête par réflexe que j’ai senti le spray au poivre et les coups de matraque sur ma tête et mon dos tout en étant coincée contre le bus en première ligne. Piégés par les flics je réalise qu’autour de moi les gens sont en état de choc le regard vide et le crâne dégoulinant de sang, mais aussi une immense solidarité, tout le monde s’inquiète pour son voisin, j’entends qu’on se passe des daphalgan, des bandages, du sérum phy, de l’eau. On se rassure les uns les autres et on essaye de se calmer.

Les policiers créent un cordon d’isolement, aucun n’est identifiable par un badge ou autre. Je vois une arrestation musclée devant nous, ils plaquent un gars au sol à 3 policiers, l’écrasent, le menottent, tandis ce qu’un policier relève le gars, un policier en combinaison de combat lu chotte dans le dos pour se défouler.

En face du tunnel, une grande solidarité de la foule qui reste pour nous soutenir et observer et les agissements de la police. Ils font sortir quelques personnes choquées dont un petit garçon pris au piège avec nous. Au pied des flic une jeune fille le crâne ouvert est restée 45 minutes avant qu’ils ne la fassent sortir.

Mon pote veut téléphoner et un des flics lui crient de ranger son téléphone, qu’il n’a pas le droit, qu’il n’a plus aucun droit. À un moment j’ai vu 3-4 personnes de la CSC se placer entre nous et les flics et discuter mais sans plus. Après une heure environ ils nous déplacent de l’autre côté du bus à l’abri des regards de la foule en nous gazant allègrement tout en nous écrasant contre le bus (on était une bonne cinquantaine).

Après 15-20 minutes un camion à eau est passé devant pour disperser le cortège de la manifestation. Ils nous ont gardés coincés de 12:20 à 13:47 et nous ont laissés partir quand le cortège était passé. J’ai tout en images si ça peut aider. Plus tard près de la gare centrale un policier en uniforme classique s’inquiétait d’une jeune fille inconsciente au sol. C’est le seul que j’ai vu s’inquiéter pour nous manifestants.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
A. : “Un policier a dit à l’autre ‘Assied-le ici’ puis m’a donné un violent coup sur la tempe en ajoutant : ‘C’est pour lui, sa p’tite gueule de merde'”

“Je me suis fait arrêter près de l’office des étrangers à Pacheco ce 14 octobre dans le cadre de la manifestation nationale. Nous nous sommes fait nassés vers 12:30. J’étais habillé en noir. A peine ai-je vu la ligne policière se former devant moi que j’ai senti des coups de matraque dans mon dos. Dans la précipitation, je n’ai pas pu identifier si c’était des robocops, je sentais juste des coups se perdre ici et là, de façon désordonnée (à part leur plaisir de se défouler, je ne comprend pas à quoi servaient ces coups, nous étions déjà nassés, ils ne pouvaient pas ne pas le savoir). J’ai senti le gaz lacrymogène me piquer les yeux. Nous étions entre 2 voitures. J’ai entendu une personne d’un certain âge dire aux policiers : “Monsieur, il y a des enfants !

J’ai senti un policier tenter de me tirer en arrière. Je me suis accroché aux gens autour de moi. Ils m’ont relâché une première fois. J’ai entendu l’un d’eux dire : “On les sors un par un”. Me sentant pris au piège, j’ai sauté dans le tunnel et tenté de traverser. Des policiers m’ont rattrapé alors que j’essayais de m’enfuir. Ils ont crié “Arrestation” en me plaquant au sol. Ils m’ont tordu les bras puis m’ont amené (je pense) derrière leur ligne de policiers. Un policier me maintenait au sol puis le deuxième est revenu et ils m’ont emmené dans un parking (le parking pacheco). Là, j’ai vu une file de personnes assises devant moi (on a été une dizaine de personnes en tout car des personnes sont arrivées après moi) jambes tendues mais je ne connais pas le nombre exact. Ils m’ont fait asseoir et un policier a dit à l’autre “Assied-le ici” puis m’a donné un violent coup sur la tempe en ajoutant : “C’est pour lui, sa p’tite gueule de merde”.

Je prend une ligne pour préciser qu’à partir de ce moment-là, tous les policiers vont tenter de décrédibiliser nos plaintes, considérer implicitement ou explicitement qu’on l’a “bien cherché”, qu’on a été violents avec des gens “juste parce qu’ils sont policiers” et qu’on n’a pas à se plaindre, chialeur.euses que nous sommes qui hurlent “comme des salopes” dés qu’on nous rend la monnaie de notre pièce.

Quand on repliait nos jambes, ils nous forçaient à les garder tendues. À un moment, j’ai laissé la personne devant moi s’appuyer légèrement sur ma jambe pour que ce ne soit pas trop inconfortable. C’est un processus de délégitimisation pour nous décourager de porter plainte ou juste de revenir en manifestation. Je ne vais pas me laisser faire mais je réalise qu’il m’est douloureux de raconter tout ça, notamment parce que j’ai encore en tête leur rhétorique humiliante, déshumanisante et leurs ricanements. Durant un bon moment, les policiers vont frapper quiconque dit quelque chose. Je ne voulais rien répondre parce que je savais que quoique je réponde j’allais me prendre un coup.

Je précise que ces policiers n’avaient rien trouvé contre nous, à part le fait de nous avoir trouvé en noir. Nous avons été laissés seuls avec une policière femme (on repassera pour le sexisme policier mais bon c’est gros quand même, les femmes font “garderie”, les hommes retournent au combat). Quand elle était là, elle nous a aussi humiliés plusieurs fois mais elle ne nous donnait pas de coups quand nous parlions ( je me rend compte que j’en suis presque surpris).

Derrière moi, une personne a dit “Je vais tourner de l’oeil, j’ai besoin d’eau”, la policière a répondu “Il fallait y penser avant”. La personne a dit “J’ai besoin d’eau, vraiment”, la policière a répondu qu’elle n’était pas médecin.

Je lui ai alors poliment fait remarquer qu’elle aurait des problèmes s’il arrivait quelque chose de grave à la personne qui demandait de l’eau ce à quoi elle a finalement répondu qu’elle n’avait pas d’eau. Une personne a indiqué qu’elle en avait et la policière est allé en prendre dans son sac. Elle lui a donné de l’eau.

Régulièrement, des policiers revenaient dans le parking chaque fois en cognant très fort la porte. À un moment, un policier est revenu et nous dit : “Vous êtes en judiciaire, vous êtes dans la merde, il y a des gens chez vous qui travaillent pour nous, notre procureur n’a aucune tolérance et vous allez être jugés tout de suite.

Nous sommes restés en silence, conscients sans doute que la police retiendra tout contre nous. Je suis en mesure d’identifier ce policier. Je sais que c’est illégal mais ce processus de “fake news” met en doute dans l’esprit, on se demande “est-ce qu’ils vont suivre la loi”, “ est-ce qu’ils la connaissent même ?”. Parfois, ils étaient plusieurs à passer par le parking. À un moment, j’ai entendu l’un des policiers appeler l’autre Françis”, Le deuxième a répondu : “Ici, c’est René”. Ils se donnent des faux noms pour ne pas qu’on les retrouve, parce qu’ils savent bien que c’est illégal de nous frapper ainsi. Je peux aussi identifier ce policier-là.

Les ambulanciers sont arrivés et ont regardé ce que nous avions. Plusieurs personnes ont indiqué ressentir des malaises, des baisses de tensions etc. (au moins l’une d’entre elles avait le visage complètement en sang). Les ambulances ont pris énormément de temps à passer. La policière qui nous gardait depuis le début a glissé à l’un des ambulanciers : “Je ne suis pas médecin mais comme par hasard, tout le monde a mal quand vous arrivez”.

Par la suite, j’ai appris que non seulement près de LA MOITIÉ des personnes retenues étaient hospitalisées mais en plus, les ambulanciers n’avaient même pas emmené la personne qui était derrière moi alors qu’elle avait la main cassée. Plus tard, l’une des personnes qui étaient devant moi s’est pris une gifle pour avoir contesté une de leurs décisions. Derrière moi, deux personnes sont arrivées dont l’une avait le visage transformé par les bosses. Comme il leur répondait des choses comme “et quoi, vous allez encore me frapper ?” les policiers l’ont frappé une nouvelle fois. Cela s’est encore produit lorsqu’ils l’ont fouillé parce qu’il ne levait pas les bras ou pas assez vite…

La deuxième personne a été amenée, je dirais à peu près au même moment et elle hurlait aussi dès qu’elle se prenait des coups. Là aussi, comme nous lorsque nous nous étions fait arrêter un peu plus tôt, elle se faisait frapper dès qu’elle causait avant qu’il ne se calme (un peu). Lorsque l’une des personnes qui avait le visage en sang est partie (sans doute pour aller vers l’ambulance, la policière a déclaré : “Toi, t’as crié comme une salope tout à l’heure, t’as jeté des pétard sur un enfant, on dit que la police est violente mais j’ai pas vu ça aujourd’hui”. La fille arrêtée a dit : “T’as vu les gifles aussi ?” et elle a répondu : “non”.

Nous avons été finalement relâchés une heure et demie plus tard. J’ai donné ma carte d’identité et mon nom. J’ai trouvé des personnes inconnues à la sortie qui m’ont indiqué que la police avait frappé tout le monde. J’ai vu l’un des policiers tortionnaires (qui demandait qu’on ne l’appelle pas par son nom) et lui ai dit “C’est quoi votre matricule ?”, il m’a répondu “C’est pas de vous que je me suis occupé, je n’ai pas à vous le donner”.

Je pense quand même avoir vu un peu de peur dans ses yeux, je ne me fais pas d’illusions sur le comité P mais j’aimerais déjà leur faire un peu peur (ils ne viennent quand même pas sans matricule pour rien je me dis). Le nombre de plaintes (pourtant déjà conséquent) est diminué par la lassitude de savoir qu’il y a très peu de chances qu’elles aboutissent. N’hésitez pas à me recontacter si vous désirez que quelqu’un témoigne (dans le cas d’une plainte collective par exemple), à voir dans quelles conditions bien sûr.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
A. : “À ce moment-là j’ai reçu plusieurs coups de matraque par derrière dont un au somment du crâne”

“Lors de la manifestation du 14 octobre contre le gouvernement Arizona, les forces de police ont foncés dans le tas sans distinction.

Moi, ainsi que d’autres manifestants (dont des enfants et des personnes âgées) nous sommes retrouvés acculés contre un muret, lacrymogenés et nassés. À ce moment-là j’ai reçu plusieurs coups de matraque par derrière dont un au somment du crâne.

Alors que nous sommes immobilisés et blessés pour certains, d’autres policiers viennent de l’autre coté nous envoyer du gaz lacrymo dans le visage et les yeux. Un policier continue à frapper de manière répétée un manifestant au sol et sans défense.

Nous sommes au moins 3 personnes à avoir le crâne ouvert et la tête en sang, mais les policiers en face de nous refusent de nous laisser sortir de la nasse pour avoir accès à des soins. D’autres plus haut finissent par accepter.

Je me retrouve seule, perdue et en état de choc sans aucune prise en charge ou accompagnement à un poste de secours. Des manifestants me guident jusqu’aux urgences. Là-bas je me retrouve en compagnie de nombreuses personnes qui comme moi ont été victimes de violences policières.”

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Manif Grève nationale du 14 octobre – Bruxelles
A. : “Je ne peux plus bouger et me fais frapper plusieurs fois sans comprendre, je perd connaissance”

“Avec un groupe de manifestants nous sommes rentrés dans le hall de l’hôtel Hilton dans le but de faire du bruit et prendre de la place la journée du 14 octobre 2025. Lorsque nous entrons, (en chantant et faisant du bruit) je marche un peu, essaye de soulever une table qui est trop lourde alors je la laisse au sol. Plus loin je vois des petites lampes posées sur des tables (tables pour manger), des lampes qui ne sont pas fragiles, que je prends (une dans chaque main) pour les brandir puis tente de les frapper l’une contre l’autre deux fois afin de faire du bruit mais elles n’en font pas (les gestes ne sont pas violents). Je les repose sur ce que je pense être un bar ou une réception (je ne me souviens plus exactement) et après ça je me tiens dans le fond de la pièce, face à l’entrée.

Là, voyant un pot de plantes devant moi je prends une poignée de faux gravas (des petites boules rondes) que j’éparpille sur le sol, elles roulent autour. Avançant encore un peu, je vois une petite bouteille d’huile d’olive sur une des tables pour manger, la prends, enlève le bouchon et la pose à l’horizontale sur le sol afin qu’elle se vide sur le petit tapis en dessous de la table (aucun geste brusque encore). Après ça je pars en continuant à marcher vers l’entrée, mais à ce moment là, des policiers arrivent et gazent très fort l’entrée du lieu, nous enfermant à l’intérieur: les gens courent dans tous les sens et moi je tente d’aller me cacher également dans le couloir (qui se trouvait alors sur ma droite).

En courant pour partir je trébuche sur un présentoir en plastique tombé sur le sol. Au sol, je me rattrape mais je ne peux plus bouger et me fais frapper plusieurs fois sans comprendre, je perd connaissance et lorsque je reprend mes esprits, le son me revient et je sens que je suis blessée à la tête, je me retourne et voit un policier partir en courant. Je me relève et oublie mon sac à l’intérieur, je me faufile par l’entrée qui à ce moment est dégagée. Ayant pu sortir je me fais récupérer par un groupe de manifestants qui m’aident à retrouver des amis à l’extérieur et aller à l’hôpital. Mon sac a été confié à un commissariat de police après cela, mais je ne le savais pas puisque je me faisais recoudre le front à l’hôpital.

Le soir, j’ai retrouvé mon sac (un ami avait été le chercher) avec dedans mes airpods volés et la boîte laissée vide et cassée, mon téléphone volontairement cassé (trois coups visibles sur l’écran), mes lunettes de soleil cassées. Je n’accuse pas la police pour tous les objets cassés dans mon sac je ne fais que citer l’état de mes effets personnels après l’agression.”

V_e2025.10.15.16.03.29

ANALYSE

Les chiffres ci-dessous seront actualisés régulièrement au fil des nouveaux témoignages que l’on recevra et des réponses obtenues de nos répondant.e.s.

Ces chiffres sont loin de refléter l’entièreté du drame qui s’est déroulé le 14 octobre dernier :

Si vous connaissez des gentes qui ont été battues ou qui en ont vu d’autres se faire battre, demandez-leur de témoigner ici : https://voices.obspol.org/esolu/victim.php

Répression du 14 octobre 2025 : les profils

Profil des victimes des charges policières du 14 octobre, jour de grève nationale
Genre
Femme7
LGBTQ+
Homme11
Tranche d’âge
14-15 ans
16-17 ans
18-30 ans8
31-50 ans9
51-70 ans
70+ ans
Lieu
Rogier
Pacheco / Office des étrangers9
Midi5
Gare centrale / Hilton2
Carré de Moscou / Parvis7
Rue de Rome
Exposition
militant.e associatif.ve2
militant.e politique7
militant.e syndical.e
militant.e religieux.se
aucun engagement particulier9
Presse

Répression du 14 octobre 2025 : les violences physiques

Typologie des violences physiques recensées lors des charges policières du 14 octobre, jour de grève nationale
Arrestation40+
Détention11
Bousculade / projection12
Plaquage ventral mise à plat-ventre / décubitus ventral12
“Pliage” (maintien d’une personne en position assise, la tête appuyée sur les genoux)
Clés aux bras douloureuses4
Coups de pieds, coups de poings, gifles13
Pied/genou sur la nuque, le thorax ou le visage8
Coups à terre ou alors que la victime est maîtrisé.e14
Coups sur les oreilles2
Étranglement5
Doigts retournés
Arrosage3
Morsures de chien3
Tirage par les cheveux2
Serrage douloureux des colsons ou des menottes7
Tirage par les colsons ou des menottes4
Sévices sexuels
“Tamponnage » / “Parechocage“ (percussion par un véhicule de police)1
Usage de gants1
Usage d’arme à feu
Usage de "Bean bags" (un sac de coton contenant de minuscules billes de plomb)
Usage de FlashBall
Usage de grenade assourdissante
Usage de grenade de désencerclement
Usage de grenade lacrymogène5
Usage de LBD40
Usage de matraques20
Usage de spray lacrymogène13
Usage de Taser
Usage de tranquillisants
Expulsion
Disparition
Serrage du visage
Marcher sur les jambes

Répression du 14 octobre 2025 : les violences psychologiques

Typologie des violences psychologiques recensées lors des charges policières du 14 octobre, jour de grève nationale
Accusation de trouble à l'ordre public7
Accusation d’entrave à la circulation
Accusation de rébellion3
Accusation de coups à agent4
Accusation de manque de respect
Accusation de menace à agent
Accusation d'injure à agent
Accusation de manque de respect
Accusation de refus d'obtempérer
Agressivité, manque de respect, insultes16
Intimidation, chantage, menaces14
Contrôle d’identité à titre vexatoire ou d’intimidation1
Intimidation ou arrestation des témoins1
Obstacle à la prise d’images4
Appels à faire cesser les souffrances restés sans effet7
Position inconfortable prolongée6
Non-assistance à personne en danger5
Prise de photos, empreintes, ADN1
Menace avec une arme de poing2
Tir dans le dos2
Charge sans avertissement9
Nassage (enfermement de manifestants dans une souricière)9
Course-poursuite3
Propos sexistes4
Propos homophobes3
Propos racistes2
Intervention dans un lieu privé
Problèmes de santé mentale
Harcèlement1
Fouille6
Perquisition
Violences de la part de collègues policiers
Passivité des collègues policiers9
Défaut ou refus d’identification des policiers9
Refus de prévenir ou de téléphoner2
Refus d’administrer un éthylotest
Refus de serrer la ceinture pendant le transport
Refus d’acter une plainte1
Refus de soins ou de médicaments2
Mensonges, dissimulations, disparition de preuves3
Déshabillage devant témoins de l’autre sexe
Flexions à nu devant témoins1
Insuffisance ou absence de surveillance pendant la détention
Absence de signature du Registre des effets personnels lors de la détention
Privations pendant la détention (eau, nourriture)3
Conditions sanitaires inappropriées pendant la détention (température, hygiène, lumière)3
Confiscation, détérioration, destruction des effets personnels5
Pression pour signer des documents1
Absence de PV10
Complaisance des médecins2

Répression du 14 octobre 2025 2025 : les suites

Les conséquences des violences exercées lors des charges policières du 14 octobre, jour de grève nationale
Incapacité 1-3 jours3
Incapacité 4-7 jours1
Incapacité 8-14 jours2
Incapacité 15-21 jours1
Incapacité > 22 jours2
Plaies à la tête ou au visage13
Plaies aux membres4
Trauma crânien / commotion4
Contusions aux membres4
Contusions au dos
Contusions au torse
Suivi psychologique1

[Source : SudInfo]

[Source : La Libre]

[Source : RTL Info]

[Source : FB]

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