Me Alexis Deswaef s’est retrouvé au tribunal le 15 juin dernier suite à une citation directe émanant du commissaire divisionnaire de la police de Bruxelles-Capitale/Ixelles Pierre Vandersmissen du chef de harcèlement et d’outrage. En fait P. Vandersmissen avait déjà déposé une plainte en 2016 auprès du parquet, cependant celle-ci fut classée sans suite. Raison pour laquelle il a tenu bon et décidé de citer Me Deswaef directement devant le tribunal.
Le tristement célèbre P. Vandersmissen estime qu’en raison d’une série de déclarations de Me Deswaef entre 2008 et 2016 il a été victime de « harcèlement » et « d’outrage ». Cette fois le ministère public estime la prévention de « harcèlement » établie– mais pas celle « d’outrage ». Il note, aussi que seules « 7 des 34 pièces » versées au dossier par la partie civile concernent en réalité Me Deswaef, le restant relevant de l’expression d’autres détracteurs du commissaire. Il s’agirait entre autres de Me Benkhelifa, déjà blanchie de son côté après avoir accusé en 2013, dans une carte blanche, le commissaire de « brute ». Au cours de sa plaidoirie, la défense a rappelé cet incident.
C’est surtout un tweet de Me Deswaef en légende d’une vidéo1 montrant le commissaire recevoir une tape amicale de la part d’un hooligan lors du rassemblement du 27 mars 2016 (quelques jours avant l’arrestation du 2 avril) qui n’est pas passé chez le policier. « Le Commissaire Vandersmissen a l’air comme un poisson dans l’eau parmi tous ces fachos racistes… »
P. Vandersmissen ne souhaite pas donner l’impression de s’acharner sur son adversaire : il ne demande qu’un euro symbolique en guise de réparation et de main tendue à Me Deswaef.
Cette « main tendue » est jugée hypocrite par les avocats du prévenu. « Le commissaire Vandersmissen poursuit Me Deswaef pour le museler », rétorque Me Christophe Marchant qui estime par ailleurs qu’il s’agit d’un délit de presse et donc des assises, donc le juge serait ici non-compétent.
Le bâtonnier Buyle, deuxième défenseur, prend pour cible le commissaire. « C’est un procès odieusement méchant par un fonctionnaire procédurier lâché par sa hiérarchie » 2 et l’accuse ensuite d’avoir menti :
- Quand il affirme avoir déposé sa plainte auprès de la zone de police Montgomery alors qu’elle l’a été dans le commissariat de la rue Marché aux Charbons où Pierre Vandersmissen travaille ;
- Quand il déclare résider sur son lieu de travail alors qu’il habite en Brabant wallon.
La défense accuse aussi le policier d’avoir « truqué » sa citation : il accuse Me Deswaef d’avoir tenu des propos en réalité proférés par d’autres quand il n’en invente pas carrément. « Ce que cherche la partie civile, c’est de réduire au silence un avocat », conclut la défense.
Le tribunal correctionnel de Bruxelles a rendu son verdict le 15 juillet et acquitté Me Alexis Deswaef. Se rangeant aux arguments de la défense, il s’est déclaré incompétent pour les propos tenus dans les médias et sur les réseaux sociaux, qui relèvent selon lui du droit de la presse, compétence exclusive de la Cour d’assises. Le tribunal a également considéré que les propos « outrageux« , n’ayant pas fait l’objet d’une publication, ne pouvaient constituer un délit de presse, et étaient donc protégés par la liberté d’expression.
- La Libre Belgique
- RTBF
- Belga
- Ligue des droits humains