Nuit du 30 au 31 janvier 2014, Ixelles
Arrestation puis punition au Bois de la Cambre : coups, insultes, menaces intimidation, GSM jeté
La nuit du 30 au 31 janvier 2014 se déroule une fête au 7/7, un bar du cimetière d’Ixelles, privatisé par des étudiants célébrant un départ en séjour Erasmus. La soirée, arrosée, se déroule bien, jusqu’au moment où, selon la version des victimes, le videur du bar n’a pas voulu laisser entrer un participant à la fête car il portait un béret. Le ton monte et le videur leur lance : « Je vais appeler quelqu’un ». Une patrouille de police arrive sur les lieux et, selon le jeune homme, l’un des agents met à terre un jeune.
Son camarade Germain raconte
« En fait, c’était la police. Avec mon camarade Benjamin, nous protestons et nous sommes embarqués dans le fourgon, qui démarre.Benjamin leur demande où ils comptent nous emmener et ramasse deux coups de poing. Puis, ils prennent nos GSM et les jettent par la fenêtre.
Ils nous ont fait mettre à genoux à côté du lac. Puis ils ont demandé à Benjamin d’enlever son pantalon et sa veste, puis de sauter dans le lac. Il faisait – 5°C cette nuit-là ! Il a refusé, un policier s’est rué sur lui, lui a mis des coups de pied et de genou dans les côtes. J’ai tenté de le protéger, j’ai aussi pris des coups. Puis ils sont partis. On a déposé plainte à l’inspection générale le lendemain, sans trop d’espoir. »
Les flics abandonnent ensuite les deux étudiants dans le bois de la Cambre.
Après plusieurs auditions, l’un des policiers mis en cause finira par reconnaître qu’il « a ressenti un certain malaise ce soir là, même s’il a manqué de courage pour s’opposer à ses collègues« . Devant les enquêteurs, il finira par craquer et avouer totalement les faits. Les autres ont suivi partiellement.
Constitués partie civile, Germain Misson et Benjamin Chamblain demandent que la sanction ne leur leur permette plus d’être policiers.
La même équipe de policiers avait déjà été accusée d’une même expédition punitive sur le même lieu, qui n’avait pas été prouvée car la balise de la voiture avait été éteinte. Exactement ce qui s’est passé la nuit du 30 au 31 janvier 2014 quand elle s’est approchée du Bois de la Cambre.
« Les policiers mis en cause voulaient apprendre aux étudiants à répondre aux injonctions de la police mais cela a conduit à un dérapage inadmissible dans le chef des forces de l’ordre. », reconnaît Me Nathalie Gallant, avocate du principal accusé. Pour ce prévenu, le procureur du roi a réclamé une peine de prison de 15 mois de prison avec sursis, ainsi que des peines plus légères pour les autres prévenus.
Condamnation des 4 policiers le 25 janvier 2017
Condamnation du tribunal correctionnel de Bruxelles qui a condamné le 25 janvier dernier trois policiers à des peines de 8 à 12 mois de prison avec sursis. Ils ont été reconnus coupables d’avoir mené une expédition punitive sur deux étudiants, en janvier 2014, dans le Bois de la Cambre à Bruxelles.
Le tribunal a condamné le principal prévenu à une peine de 12 mois de prison avec sursis pour détention arbitraire, faux rapport d’activité et pour traitement inhumain et dégradant ainsi que violences illégitimes.
Deux autres policiers ont été condamnés à une peine de 8 mois de prison avec sursis pour détention arbitraire et faux rapport d’activité.
Un dernier policier prévenu a été condamné pour ces deux mêmes préventions à une peine de travail de 150 heures.
Un verdict exceptionnel dans une affaire de violences policières. On n’ose penser que si Germain et Benjamin n’avaient pas été blancs…