29 septembre 2010, Bruxelles
Menacée, insultée, brutalisée, arrêtée et détenue
D. : « Un policier tire un couteau de la poche et dit qu’il aimerait bien couper quelques dreads et les pendre comme trophée auprès des autres chez lui au mur«
No Border Camp – extrait des dizaines de témoignages et plaintes reçus à l’occasion des arrestations arbitraires…
« Au cours de cette journée ensoleillée avec quelques nuages, un groupe de 6 personnes souhaite se promener dans Bruxelles. Comme il fait chaud j’emporte ma veste bleue à la main. En marchant le long du boulevard étant donné que le coin de la rue est en travaux […] nous traversons une rue et restons sur la bande du milieu où se trouve déjà une voiture de police.
Peu avant que le feu ne repasse au vert, un combi de police avec gyrophare bleu arrive en trombe, sans avertissement des agents de police sautent du véhicule. […] Au milieu de la rue un policier m’attrape au col et me tire brutalement vers l’arrière dans le groupe d’amis arrêtés, sans réagir à ma question de savoir ce qui se passe en fait.
Ce faisant il me touche aussi à la poitrine et me pousse brutalement. Étant donné que je ne me laisse pas traiter ainsi, je me plains « Je ne me laisse pas toucher ici par un garçon comme vous » . Immédiatement je suis attrapée à la ceinture et poussée avec pleine force sur le véhicule. « Shut up you bitch ! [Ferme ta gueule salope !, NDLR] Tu ne me dis pas ce que moi j’ai à faire ! » Je n’attrape plus d’air et mes pieds ne touchent plus le sol alors qu’il se place avec un large sourire de satisfaction tout près de moi.
Après il me lâche de cette prise d’étranglement, me tord la main gauche dans le dos et m’appuie la tête vers le bas, au sol il s’agenouille sur mon dos, me tient par le bras derrière le dos et tiré vers le haut en m’appuyant la tête fermement au sol. […] Je remarque comme les policiers tremblent d’agressivité. Lorsqu’un ami est poussé derrière moi, je […] réussis à reposer mon bras sur sa jambe mais mes poignets me font souffrir parce que les colsons sont en train déjà de me couper la main. Je remarque que ma veste et mon bonnet sont au sol et demande que l’on me les donne. Ils ne font que rire. En réponse à nos questions, pourquoi nous sommes arrêtés et pourquoi si brutalement, nous ne recevons aucune réponse et on nous insulte de « Left bastards » et « Stupid bitches » [« connards de gauchistes, stupides garces », NDLR] […]
Pendant que fièrement ils se moquent (« This is how Belgian police looks like« ), je demande une nouvelle fois que ma veste et mon bonnet me soient rendus. Le même flic me jette en réponse la veste sur la tête de telle manière que je ne peux plus rien voir. […] Arrivés au commissariat je suis jetée la première hors du véhicule et poussée par le même flic la tête poussée vers le bas et les bras derrière le dos et sortie du garage vers une petite cour sombre. […] On me demande de m’asseoir les jambes écartées à même le sol mouillé, froid et sale et on me pousse vers le bas. L’ami qui est assis derrière moi me chuchote à l’oreille qu’il a peur. Je n’ai pas la force de le calmer. Des policiers arrivent sans cesse dans la cour pour fumer et je me sens comme un animal de zoo sur lequel on lance des moqueries. Un policier tire un couteau de la poche et dit qu’il aimerait bien couper quelques dreads et les pendre comme trophée auprès des autres chez lui au mur. Finalement ils nous demandent nos passeports sans répondre à la question de savoir pour quelle raison nous sommes arrêtés. Quand ils voient que nous venons d’Allemagne, un policier plus âgé dit « Ach Deutschland ! » et recommence immédiatement, visiblement heureux de nous provoquer avec un « Deutschland Deutschland über alles ! » et nous humilier.
Lorsqu’un flic m’emmène, il me prend à nouveau brutalement par le bras et pousse ma tête vers le bas en me bousculant dans une pièce dans laquelle deux policières m’attendent. Après m’avoir défait les colsons, elles m’obligent à me déshabiller, ce que je ne fais pas. Elles me passent le pull par-dessus la tête, m’ôtent le foulard, me retirent chaussures et chaussettes […] Devant la pièce se trouve un des flics qui s’est déjà « occupé » de moi, celui du « Deutschland Deutschland über alles !« , celui de « Je vous coupe vos dreads. » Lorsque j’entends des personnes crier « No Border, no nation, stop deportation !« , le plus âgé des flics s’exprime : « No Deportation ! Extermination !« , et tous rient et s’amusent de cette expression de barbarie, et je me demande comment en tant qu’être humain on peut être ainsi outrancier et haineux. […]
Il m’est demandé de signer quelque chose mais je ne dis rien. Le flic du début n’hésite pas une seconde et me tire violemment le bras gauche vers l’arrière et le haut en le tordant de telle manière que j’entends un craquement dans le coude et crie de douleur, mais il ne lâche pas prise et me conduit vers la porte. Ils m’insultent avec avec des « Stupides gauchistes » et « Bitch ! » et font des remarques vestimentaires à la « Sexy woman« . Je les ignore et ne réponds pas à la question de savoir si j’ai encore besoin de ma veste. D’abord on jette la veste et le bonnet à côté de moi sur le banc, mais le policier du début les reprends et disparaît en riant par une autre porte. C’est la dernière fois que je vois ma veste contenant portefeuille et mon bonnet. Après je suis emmenée dans une salle dans laquelle un policier et une policière me demande si je parle français ou anglais et je réponds « I can speak in English or in French but it doesn’t matter, because I don’t speak with you. » La femme devient alors très agressive et me hurle « At least you have to answer yes or no or we will drop off your pants ! » [« Tu dois au moins répondre oui ou non sinon on baisse ton pantalon », NDLR] et m’indique les deux policières qui se trouvent également dans la pièce pour qu’elles m’enlèvent le pantalon. Après ils me conduisent dans une cellule vide juste à côté et m’ordonnent baisser le pantalon. Je ne dis rien et ne bouge pas. Immédiatement elles m’attrapent et tirent mon bras souffrant vers le haut, me jettent à terre sur un matelas pour m’enlever le pantalon et mon long sous-vêtement de corps. Ensuite l’une d’entre elles me tire par les cheveux, prend mon bras droit et me le tord dans le dos en me poussant devant elle pieds nus et en sous-vêtements brutalement. Elle me fait passer devant les policiers qui s’étaient moqués et deux autres policiers vers la cellule à la fin du couloir. Je remercie qu’elles m’ont presque cassé le bras et que j’ai pu passer devant les flics en sous-vêtements et suis poussée dans une cellule dans laquelle 4 autres femmes se trouvent déjà.
Les portes se ferment et pendant plusieurs heures nous ne voyons plus aucun policier même lorsque nous appelons haut et fort pour réclamer de l’eau en français et en anglais tout en tambourinant sur la porte. […] Environ vers 23:00 nous sommes relâchés sans savoir toutefois pour quelle raison nous avons été arrêtés et emprisonnés. »