Avril 2015, Bruxelles
Brutalisé et arrêté devant un témoin qui tente de filmer la scène
N. : « Le policier, visiblement stressé et un peu agressif, me dit qu’il est interdit de filmer. Je lui réponds que c’est faux et que je suis en droit de filmer l’intervention, ce à quoi il me rétorque qu’il est interdit de filmer la personne arrêtée«
Intervention musclée sur un jeune homme à Bruxelles. N., témoin actif de la scène, raconte…
« En traversant le Ring, mon attention a été attirée par une voiture de police arrêtée sur la contre-allée avant l’entrée de la station service et par les cris de quelqu’un que je voyais pas encore. Me rapprochant, je découvre la scène : 2 policiers maintiennent un jeune homme plaqué au sol sur le ventre, les mains menottées dans le dos tandis que l’un des policiers lui appuie sur les poignets pour l’empêcher de bouger les bras.
Le jeune homme a le visage griffé et éraflé, probablement suite aux frottements sur le bitume. Il hurle qu’il a mal et demande de l’aide, et crie qu’il n’a rien fait. Il me donne le numéro de GSM de sa mère, que je préviens immédiatement. Elle me dit que son fils était parti pour emmener la petite voiture qu’il vient d’acheter chez le garagiste. La voiture est en effet garée à l’entrée de la station service.
La scène est masquée par le véhicule de police coté chaussée et des bacs poubelles côté trottoir. Des gens prenant de l’essence à la station, ainsi que des passants, tentent de voir ce qui se passe et d’où viennent ces cris, sans toutefois s’approcher.
Je me tiens ostensiblement à 3 mètres des policiers, le GSM prêt à prendre des photos en cas de débordements…. Le policier qui maintient la personne au sol me demande de reculer d’un mètre, je m’exécute sans perdre de vue la scène et à portée de voix. Voyant que je prends des photos, l’autre policier, visiblement stressé et un peu agressif, me dit qu’il est interdit de filmer. Je lui réponds que c’est faux et que je suis en droit de filmer l’intervention, ce à quoi il me rétorque qu’il est interdit de filmer la personne arrêtée, ce qui me porte à rire. Le policier me dit alors qu’il va saisir mon GSM, puis m’enjoint de circuler ou bien il m’arrête dans 10 min.
Il se rend alors dans le véhicule et demande du renfort à la radio. Puis les deux policiers relèvent la personne menottée, qui, non sans quelques difficultés, finit par entrer dans la voiture. Le policier qui le maintenait au sol s’assied à l’arrière à coté de lui et tente de le maîtriser tandis que le jeune homme donne des coups de tête dans la vitre de la portière arrière et hurle à l’aide. Le second policier ouvre la portière et repousse le jeune homme, qui essaye de sortir les jambes de la voiture. Il reçoit alors un violent coup de botte derrière le genou, qui le fait hurler de plus belle. La porte se referme, la personne se calme et pleure dans la voiture. Dix minutes plus tard, quatre autre véhicules dont un combi arrivent. Avant que le convoi s’ébranle, j’ai le temps de demander sa destination : le commissariat de l’Amigo, de sinistre réputation…
Le soir, le jeune homme m’appelle et me raconte qu’il a été « tabassé » au commissariat et m’annonce qu’il va porter plainte… »