En Belgique sur un laps de temps de 35 jours, quatre personnes ont été abattues par des policiers qui ont fait usage de leur arme à feu contre des civils.
Le 2 mars 2023 à Waret-l’Evêque
Loïc blesse au visage et à la jambe un policier qui intervient à son domicile à la demande de sa mère. Sous réserve de l’enquête, il semble que Loïc, 27 ans, ait été abattu par un policier. Le jeune homme souffrant de problèmes psychologiques était reclus dans la cave de la maison familiale et se serait emparé d’un couteau. En riposte, un policier tire. Le jeune homme serait mort seul, réfugié dans la cave du domicile familial.
Une voisine estime que le policier aurait pu tirer dans les jambes, qu’on ne met pas fin comme cela à la vie d’un jeune homme. Estimant qu’il y avait d’autres réactions possibles, les parents du jeune homme ont annoncé leur intention de déposer plainte contre le policier auteur du tir.
L’usage des armes à feu par la police est très clairement précisé dans la loi, aurait-il été abusif ?
L’usage de l’arme de service est considéré comme étant une mesure de contrainte policière à laquelle les policiers peuvent recourir dans les limites des principes généraux de :
- la légalité et la légitimité, à savoir respecter la loi et poursuivre un objectif juste ;
- la subsidiarité, c’est-à-dire envisager si le but visé ne peut pas être atteint d’une manière moins contraignante (ex : la négociation) ;
- la proportionnalité ou de l’équilibre entre la force utilisée et la résistance opposée.
- l’avertissement préalable : tout recours à la force doit être, dans la mesure du possible, précédé d’un avertissement pour autant que celui-ci ne rende pas le recours à la force inopérant. Ainsi, la personne avertie aura encore la possibilité d’éviter d’être contrainte en s’exécutant ou en adoptant le comportement attendu.
Le 21 mars 2023 à Uccle (Bruxelles)
À l’Institut psychiatrique Fond’Roy un patient décrit comme agressif, âgé de 49 ans, portant une arme blanche a été tué. La police avait été appelée par le personnel de l’établissement, parce qu’il n’arrivait pas à le gérer. Le policier se serait senti menacé par le patient.
S’il est évident que la la violence en psychiatrie est un problème majeur pour le patient tout comme pour le personnel il est interpellant qu’il faille faire appel aux forces de l’ordre non préparées ni formées dans le cadre des recommandations internationales existantes.
Tirer sur un malade et le tuer, est-ce donc l’unique solution ?
« Pendant le déroulement des opérations, les policiers intervenants ont été amenés à utiliser leur arme de service » […] « Une aide psychologique a été proposée aux policiers, sous le choc de ces événements« , relate le parquet.
Le 23 mars 2023 à Seneffe
Imed, 42 ans, père de deux enfants, a lui aussi été tué par la police après une course-poursuite à Seneffe. Il aurait été poursuivi par les forces de l’ordre depuis Nivelles.
Il roulait à toute vitesse et, ne sachant l’arrêter, les policiers ont ouvert le feu pour le neutraliser!
Des proches d’Imed sont retournés à l’endroit où il a été tué. Pour eux, il a fait les frais d’un acharnement policier. Ils ont constaté la présence de 5 impacts de balles sur le véhicule ! Pour Ouafah, la sœur d’Imed,les membres des services d’ordre ont fait preuve d’acharnement…
Le 3 avril 2023 à Gouvy
La police a abattu Jacky, un homme de 40 ans apparemment alcoolisé et au comportement agressif dans un camping.
Le drame s’est déroulé en début de soirée, la victime était en visite chez sa mère qui réside dans le camping. En état d’ébriété il aurait troublé l’ordre public. La police locale a été appelée sur place. À l’arrivée des policiers, Jacky a exhibé des couteaux et s’est montré menaçant. Un des policiers a alors ouvert le feu. L’homme est décédé des suites de ses blessures. Le Procureur du Roi a confirmé ces faits sans faire davantage de commentaires.
Alors ?
- Dans chacun des cas, les sommations d’usage ont-elles été faites ?
- Était-il nécessaire de tirer pour tuer ? Les policiers ne pouvaient-ils pas viser pour neutraliser, tirer dans les jambes par exemple ?
- Pourquoi autant de coups de feu à chaque fois ?
- Verra-t-on police et justice faire bloc comme souvent ?
- Des témoins, des images vont-ils faire surface ?
- Les policiers se sentent-ils si menacés qu’un couteau suffit à déclencher un shoot-to-kill ? Quelles conclusions en tirer sur leur formation,la gestion du stress et la désescalade ?
- Le degré de violences de la police en France sans précédent depuis les Gilets jaunes (et les rares condamnations de flics violents) a-t-il une influence
- Et surtout : en cautionnant l’usage des armes dans ce genre de contexte (cul-de-sac pour Imed, hôpital psychiatrique pour le patient), ne risque-t-on pas d’encourager les policiers à défourailler ?