13 septembre 2020, Bruxelles
Gazé.e.s, tabassé.e.s, étranglé.e.s, menotté.e.s, arrêté.e.s
Manifestant pacifiquement avec le Collectif Santé en lutte, la nasse s’est refermée sur eux en fin de rassemblement, une spécialité VDS bien connue… Avec à la clé un déchaînement inexpliqué de violences policières.
Loïc raconte au Soir avoir quitté la manifestation une dizaine de minutes plus tôt pour prendre son vélo en haut du Mont des Arts et s’être retrouvé dans un « piège à rats« , avoir laissé son engin au sol pour s’approcher de la personne gazée et tenter de lui donner de quoi se rincer les yeux.
« En revenant, je suis tombé sur un agent en civil qui plaquait quelqu’un au mur. Je lui ai demandé d’arrêter. L’agent s’est retourné vers moi, matraque à la main. J’ai essayé de partir et c’est le moment où je me suis fait plaquer au sol. »
Le plaquage est arrosé d’une dose de spray irritant. Une partie de séquence, filmée par LN24, en témoigne.
« Quelqu’un me met un genou sur les côtes et me crie de me mettre sur le ventre. J’ai crié plusieurs fois que je n’y arrivais pas, que j’avais du mal à respirer. »
Kali, enseignante, explique avoir voulu rentrer tôt avec son compagnon Raphaël, pour préparer son cours du lendemain. Se dirigeant vers le petit Sablon, ils voient débouler plusieurs véhicules de police, passent un barrage qui prend forme devant eux, avant d’être pris en étau entre cette ligne et une seconde rangée de policiers un peu plus loin. Ils assistent alors à l’interpellation de Loïc.
« On est choqué. On voit aussi d’autres gens en train d’attendre le tram se faire compresser dans un coin. Je demande de pouvoir passer. On me dit de parler à quelqu’un qui a du rouge sur son casque. Je vois ça comme une ouverture, je cherche cette personne, je ne la trouve pas, je redemande. Là, tout à coup, un bouclier me pousse et un policier en civil me tombe dessus, me dit de circuler. Je dis que ce n’est pas possible, que c’est fermé. Il me pousse à deux mains. »
Là, une équipe en civil surgit du cordon. Kali est « étranglée en l’air« , selon Raphaël. Puis elle est plaquée au sol par une clé d’étranglement, maintenue à terre genou sur le dos, (voir la vidéo LN24. Raphaël aussi est plaqué au sol après avoir tenté de s’approcher pour calmer le jeu. « Je me fais balayer d’un coup de pied dans le tibia. »
Kali, Raphaël et Loïc sont arrêtés judiciairement pour « rébellion« . Kali reçoit un arrêt de dix jours, Loïc de deux jours. Elle dit encore boiter, lui se plaint d’une douleur au thorax.
Pauline, kinésithérapeute interpellée devant le Jardin des Sculptures raconte au Soir :
« Aujourd’hui, j’ai un hématome sur le bras et j’ai eu, pendant 3 ou 4 jours, de grosses douleurs au côté gauche. »
Édouard, commercial pour une société pharmaceutique, dit avoir reçu un coup de matraque dans la cuisse, qui lui vaut un sérieux hématome, constaté par médecin. Peu habitué des manifestations, il est en état de choc. Des mineurs sont eux aussi pris dans le filet.
Isabelle, mère de Nils (arrêté administrativement avec deux amis), dit ne pas avoir été informée par la police de la détention provisoire de son enfant, mais par un SMS de celui-ci. « Il a été emmené au commissariat où il est resté trois heures. Il n’a signé aucun document, n’a reçu aucun PV, nous n’avons pas été prévenus.«