Qui ne se souvient des images insoutenables d’une « équipe spéciale d’assistance » vêtue d’habits noirs, gantée, cagoulée, armée de bâtons, s’acharnant sur un homme nu, étendu dans une cellule de commissariat ? La justice a rendu son verdict : une décision qui donne froid dans le dos…
Ces policiers s’étaient défoulés en portant leur « assistance » au point de tuer le jeune homme. L’autopsie avait révélé qu’il avait succombé à une hémorragie interne, provoquée par cette intervention « musclée » donc de leurs coups. Lorsqu’on considère que, de facto se trouver en cellule dans un commissariat fait de vous une personne particulièrement vulnérable, cette violence mortelle ne peut qu’éveiller l’effroi. A quand le suivant ?
Sur simple demande d’un d’un commissaire, les forces de l’ordre peuvent se rendre au fond d’une cellule et battre son occupant. Si des témoignages de tabassage de personnes au sol dans des commissariats parviennent régulièrement à ObsPol, cette affaire en illustre bien le paroxysme, par les images des caméras de sécurité et l’extrême violence mise en œuvre, tant de la part de :
- la hiérarchie policière : le commissaire qui donne l’ordre à un médecin d’administrer un tranquillisant au détenu,
- le corps médical, qui obtempère complaisamment à l’injonction,
- les gros bras de l’équipe d’intervention, protégés par leur armure Robocop et leur bouclier, qui n’ont visiblement cherché à aucun moment à immobiliser le détenu pour l’injection mais se sont immédiatement attachés à le rouer de coups.
À l’époque, soit trois ans après les faits, lorsque Joëlle Milquet, alors ministre de l’Intérieur, prit connaissance des images, elle s’était dite « choquée« . Le Comité P n’avait alors entamé aucune enquête sur cette affaire. Par ailleurs, aucune procédure disciplinaire n’avait été prise à l’encontre des policiers impliqués qui pouvaient donc poursuivre leur besogne sans obstacle. Ce n’était qu’en raison de la diffusion des images par la VRT, que les choses se sont mises à bouger !
Autre élément « choquant » : alors qu’il y a trois ans que tout le monde impliqué tentait d’étouffer l’affaire, la fameuse unité spéciale d’intervention anversoise avait déposé plainte contre le père pour diffusion des images car, « cela perturberait le travail de la justice » (d’après l’avocat de la police) !
Le 25 juin 2015, le tribunal correctionnel d’Anvers a prononcé son verdict :
- Le psychiatre du centre Broeders Alexianen (province d’Anvers), ainsi que le directeur de l’époque ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis pour négligence coupable.
- En ce qui concerne les policiers, les faits ont été requalifiés en « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner« ! Quiconque a pu visionner la vidéo avant son retrait du site de la VRT n’a pu manquer à quel point les coups étaient bien « volontaires« .
Mais peut-on encore douter, devant la fréquence des coups, la totale absence de retenue dans la force, le nombre de policiers qui s’y sont adonnés, et les parties du corps visées, qu’il n’y ait eu volonté délibérer de réduire le détenu au silence ? Selon l’article 401 du code pénal, l’auteur risque une peine de réclusion allant de cinq ans à dix ans s’il n’y a pas de préméditation, mais sera puni de la réclusion de dix ans à quinze ans, s’il a commis ces actes de violence avec préméditation… :
- Le commissaire de police de la zone Minos, qui avait appelé l’équipe « spéciale d’assistance » est acquitté.
- Un membre de cette unité, parce qu’arrivé en fin d’intervention, également.
- Et pour les sept autres ? Quelle sanction pour la mort d’homme ? Quatre mois de prison avec sursis et une amende de 275 euros…
Ainsi, ravir la vie à Jonathan Jacob, âgé de 26 ans, dans la cellule d’un commissariat de police ne vaut que quatre mois de prison avec sursis ! Une nouvelle fois ceci révèle le constat tant de fois renouvelé de la quasi-impunité des policiers lorsqu’ils se rendent coupables de violences à l’égard des personnes enfermées ou non.
Rappelons ici que le tribunal correctionnel de Bruxelles avait acquitté le 28 mai dernier neuf policiers de la zone Bruxelles-Midi qui avaient été poursuivis pour coups et mauvais traitements administrés à la prison de Forest en octobre 2009 à l’encontre de prisonniers qui s’en étaient plaints soutenus par leur direction. Cependant, un seul aura osé porter plainte et le tribunal a proclamé ne pas disposer de preuves pour condamner les policiers.
La liste est longue et les témoignages continuent d’affluer confirmant que la révoltante constatation des deux poids, deux mesures appliqués par les magistrats entre le citoyen et les forces de l’ordre est loin de s’améliorer.