Auteur/autrice : adminObs
18.12.2023 – Meurtre d’Adil : la thèse d’un accident remise en cause par une seconde expertise automobile
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 18/12/2023
Une contre-expertise pointe la responsabilité de l’inspecteur qui a fait barrage au scooter d'Adil et causé sa mort
[Nous reproduisons ici un communiqué du Comité zone-midi contre les violences policières après la publication par Blast, la RTBF et Le Soir des conclusions du nouveau rapport]
« Breaking News : la thèse d’un accident remise en cause par une seconde expertise automobile ! Le parquet avait pourtant de façon complètement prématurée plaidé le non-lieu, alors que l’ensemble des devoirs complémentaires n’avaient pas encore été réalisés, blanchissant la police préventivement en passant par-dessus le droit de la famille d’Adil à un procès équitable.
En mai dernier, c’était un rapport administratif qui venait révéler les propos du policier qui a tué Adil et qui consistait à la fois en un aveu du crime et en une incitation au meurtre raciste (« J’en ai sorti un de la rue »). Aujourd’hui, c’est un second rapport d’expertise automobile qui vient défaire la mythomanie policière. Nous résumons ici les principaux enseignements de ce rapport :
- Les déclarations des policiers selon lesquelles la mobylette n’était pas éclairée et donc difficilement visible tombent. Le deuxième expert indique, lui, qu’il n’en est rien. Pour ce faire, il se base sur l’exploitation des caméras de surveillance, images qui font l’objet d’un procès-verbal de la police judiciaire fédérale qui n’a pas été consulté par le premier expert. « Nous constatons que les images en question démontrent que le cyclomoteur était éclairé tout au long de la course-poursuite. […] Nous notons (également) que le cyclomoteur était éclairé quelques courts instants avant d’être percuté par le véhicule de police banalisé« . Le deuxième expert ajoute : « Il se pose inévitablement la question de savoir pourquoi ce procès-verbal a été écarté par monsieur l’expert judiciaire Van Lierde. Serait-ce un simple oubli ? Serait-ce des suites d’une sous-évaluation de l’importance de ce document ? Ou serait-ce parce que les enregistrements vidéo démontrent que le cyclomoteur était correctement éclairé ?«
Deuxièmement élément : selon les procès-verbaux de la police, Adil Charrot aurait plié sa plaque alors qu’il tentait d’échapper au contrôle. « Les policiers restent cependant en défaut de décrire comment Adil Charrot aurait concrètement procédé« , indique le deuxième expert. Troisièmement élément : le deuxième expert insiste également sur une omission qu’il estime troublante dans le chef du premier expert. Celle de la présence de casses-vitesse sur la chaussée en amont (186 mètres) et en aval (117 mètres) du lieu de la collision. Or, en visionnant les images de caméra de surveillance, l’on remarque qu’Adil Charrot passait entre lesdits casses-vitesse pour les franchir. Il se situait donc au milieu de la chaussée et était donc, selon la deuxième expertise, encore davantage visible pour un conducteur arrivant en sens inverse. Quatrième et point capital : « Lorsque le cyclomoteur d’Adil Charrot est arrivé à hauteur du véhicule du policier, ce dernier s’est déporté vers sa gauche, réalisant ainsi son objectif, à savoir faire barrage à la progression du deux-roues […] occasionnant une collision aux conséquences tragiques pour Adil Charrot ». Sur ce point encore, le deuxième expert insiste sur une nième omission : la première déclaration du policier qui a tué Adil (« On a essayé de faire barrage au niveau de l’école Erasme, il nous est rentré dedans ») ne se retrouve pas non plus dans la première expertise. Or, d’après l’expert, « Cette affirmation est (pourtant) particulièrement explicite et non équivoque, en ce sens qu’elle décrit une action et non pas une quelconque intention. […] » Cinquièmement, le second expert ajoute que « La présence d’une pastille de bridage dans le pot d’échappement démontre à elle seule l’impossibilité technique de dépasser les 45 km/h ». Ici, le deuxième expert indique que cette vitesse élevée (64 km/h) ne peut être objectivée. Et cela parce que le premier expert n’a procédé à aucune investigation technique du véhicule accidenté, ne le passant notamment pas sur des rouleaux. Ce qui est très important puisque le mobile de la course poursuite est justement la vitesse trop élevée.Ces premiers éléments du second rapport viennent une nouvelle fois fragiliser la version policière, prise pour argent comptant, sans analyses, ni contre-expertises, ni devoirs d’enquêtes complémentaires par le parquet dans sa mission de contre-insurrection préventive.Ceci montre une nouvelle fois, s’il fallait encore le démontrer, le rôle du parquet dans le blanchiment des crimes policiers. Plus que jamais, il nous faut agir de façon à soutenir les capacités d’interventions juridiques des familles.Le premier jugement rendu dans le cadre de l’affaire Ouassim et Sabrina condamne fermement et de façon extrêmement argumentée la technique du « barrage » (parechocage). Il nous faut continuer le pas gagné de façon à renforcer la jurisprudence qui pourra conduire à l’interdiction de la technique du parechocage et à la requalification des mises à mort par ce moyen en « homicide volontaire ». En plus du soutien politique aux familles dans leur combat judiciaire, nous devons ensemble construire une campagne d’interpellations citoyennes de l’ensemble des Conseils de Police des différentes zones de la capitale. »
- Étiquettes Adil C.
05.12.2023 – Condamnation des trois flics tueurs de Sabrina et Ouassim
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 05/12/2023
Trois inspecteurs reconnus coupables de la prévention d’homicide involontaire par défaut de prévoyance. Enfin ! 10 mois, 8 mois et 5 mois, avec la moitié de sursis six ans après les faits : tout ça pour ça ?
[Nous publions ici le compte-rendu de l’audience du 7 novembre à laquelle ont assisté des camarades d’Osvp & Bx Dévie, un article sur Stuut]
« Ce texte a été rédigé par quelques personnes présentent au procès. Nous étions attentif.ve.s à différents moments, et nous n’avons individuellement pas pris note tout au long de la journée. C’est donc un compte-rendu le plus complet possible que nous avons essayé de vous présenter, mais clairement pas exhaustif. Nous avons fait de notre mieux, et si vous avez des rectifications à nous faire, vous pouvez prendre contacte avec nous.
Les personnes présentent au procès sont :
Pour la défense :
- Gaston Dale, conducteur de la voiture poursuivante, patrouille 3346, représenté par Maître Delcoigne, qui remplace Sven Mary
- Samba Kane, passager de la voiture poursuivante, patrouille 3346, représenté par Maître Delcoigne, qui remplace Sven Mary
- Johnny Dewael, conducteur brigade canine 0369, représenté par Maître Haulotte
- Un avocat représentant Ethias Assurance (l’assurance de la voiture percutée), qui remplace Me Lorent
Pour la partie civile :
- Plusieurs membres de la famille des décédés
- Maître Joke Callewaert et Maître Lambert, représentant la famille de Sabrina
- Maître Lohisse qui défend la famille de Ouassim
- Un avocat représentant AG assurance (l’assurance de la moto de Ouassim)
La Cour :
- La juge Lannoy
- Le procureur du Roi
En premier lieu, la juge a fait remarquer que Maître Delcoigne n’a pas rendu ses conclusions par écrit, ce qui ne la rend pas obligée d’écouter sa plaidoirie, il a répondu par : « Je ne doute pas que vous le ferez ».
Le procès s’ouvre sur l’instruction de la juge sur les 3 policiers impliqués. Elle leur pose des questions sur leur déroulé de l’histoire.
• « Est-ce que vous pouvez me raconter votre version des faits ?«
Dans les rue de Ixelles, la première patrouille constituée des inspecteurs Dale et Kane a repéré la moto de Ouassim , qui roulait vite, et ont remarqué que la passagère, Sabrina El Bakkali, ne portait pas de chaussures adéquates. Ils ont commencé à les suivre direction place Flagey, ont repéré un oubli de clignotant lors du tournant dans l’avenue Géo Bernier et ont voulu procéder à un contrôle. La moto ne s’est pas arrêtée, ils ont alors décidé d’entamer une course poursuite et en informent le dispatching. La plaque d’immatriculation est contrôlée et ils connaissent maintenant l’identité du propriétaire, et savent que la moto n’est pas signalée comme volée.
C’est à ce moment là que le 3ème policier, 1er inspecteur Dewael, décide de son propre chef d’intégrer la poursuite. Il promenait son chien policier au bois de la Cambre et prévient qu’il intègre la course en sortant du bois.
L’inspecteur Dale mentionne alors un nouvel élément, encore jamais évoqué auparaavant : on l’aurait informé à la radio, pendant la course poursuite, que Ouassim aurait l’habitude d’être armé et d’agir en bande, serait connu pour plus d’une vingtaine de faits, et qu’il « ressort en rouge à la BNG ». « À cette époque, nous étions en niveau 3 d’alerte attentat ».
Son collègue, Samba Kane, passager et en charge de la communication radio, ne peut pas certifier s’il avait appris avant ou après l’accident que Ouassim était signalé en rouge.
Dewael, ne peut lui non plus pas confirmer, il aurait été trop occupé à charger son chien et démarrer pour s’en rappeler.
La moto s’engage sur l’avenue Louise, roule très vite, fait demi tour à plusieurs reprises dont la dernière fois sur la place Poelaert, en prenant le rond point en sens inverse, et en repartant en direction du bois de la Cambre.
L’inspecteur Dewael décide d’aller se placer à la sortie du tunnel Bailli car « des demis tours ça arrive souvent dans les courses poursuites », à un endroit qu’il décrit lui-même comme dangereux, en franchissant une ligne blanche et une zone hachurée. Il est en code 3 (feux et sirènes allumés). La voiture poursuivante l’aperçoit au loin, sans savoir si elle est en mouvement ou à l’arrêt. L’inspecteur Dewael dit voir le phare de la moto se rapprocher, puis a un trou noir car il sera blessé par l’impact. Il mentionne aussi que lorsqu’il est sorti de la voiture, il pensait avoir eu un accident avec la mauvaise moto car il n’a vu que le corps de Ouassim. Celui de Sabrina avait été projeté plusieurs mètres plus loin.
• « Est-ce que vous avez suivi une formation en course-poursuite, avez-vous de l’expérience dans ce domaine ?«
Dale : Non, pas de formation concernant la poursuite de véhicule, une expérience de 10 ans de terrain et 2-3 courses poursuites. Il n’y a en général pas de débriefing, remarques, discussions après.
Kane : Non, pas de formation ni d’expérience concernant la poursuite de véhicule, 2 ans de service au moment des faits.
Dewael : Non, pas de formation concernant la poursuite de véhicule, 20 ans de carrière, expérience de terrain régulière en course poursuite.
• « Pourquoi le suivre alors que vous aviez la plaque ?«
Dale dit qu’il n’est pas certain de bien l’avoir lue, qu’ils s’apprêtaient peut-être à commettre un délit et que Ouassim avait une conduite inadaptée. Il proclame que malgré le stress et l’adrénaline il a pu penser aux risques encourus, mais que vu que la sirène et les lumières étaient en marche, ça attirait suffisamment l’attention pour que les autres usagers de la routent restent prudent et laissent la place. Il pensait aussi que Ouassim allait finir par s’arrêter.
Kane dit qu’il na fait aucune remarque sur la conduite dangereuse.
• « Est-ce que la Centrale vous a demandé de les poursuivre ou vous avez pris la décisions seuls ?«
Dale et Kane disent qu’ils n’ont pas reçu d’ordre de se lancer dans cette course poursuite par la Centrale et ont donc décidé seuls, ça leur semblait évident. Kane souligne qu’il y a eu très peu de communication entre eux.
Dewael déclare s’être naturellement lancé dans cette course poursuite car c’est le rôle de la brigade canine d’assister les collègues. Il décide de se mettre à la sortie du tunnel sans en informer la Centrale (ne demande pas non plus le motif de la course-poursuite, la position de la voiture et celle de la moto). Il dit qu’il ne veut pas encombrer les ondes, la priorité c’est la communication entre la voiture poursuivante et la Centrale. Les autres ne communiquent jamais dans ces cas là.
Il se positionne à cet endroit car il sait que la moto a fait demi-tour place Poelaert, mais dit ne pas être sûr qu’elle passera par là car il y aurait beaucoup d’intersections que Ouassim aurait pu prendre entre lui et la place.• Questions autour de la position de Dewael
Il répond que c’est pour éviter que d’autres voitures s’engagent dans les tunnels et ralentir la circulation. Il ne trouve pas d’explication à son positionnement aussi près de la sortie.
• « Avec le recul est-ce que vous estimez avoir correctement évaluer la situation ?«
Les trois affirment qu’avec le recul ils ont bien évalué la situation. Les trois sont encore en fonction, Kane toutefois a quitter le terrain pour du travail de bureau à Ixelles.
Viennent maintenant les plaidoyers de la partie civile.
Maître Callewaert : Elle commence par parler de Ouassim et Sabrina comme un jeune couple heureux et fiancé, qui suivent des cours de gestion d’entreprise et avaient le projet de lancer un centre de soins ensemble. Tout le monde parle d’elleux en bien et aucun caractère suicidaire n’était signalé.
Puis elle revient sur les faits et remarque que le terme « vitesse inadaptée » n’est pas clair, que ça ne semble pas être toujours le cas (tout le monde est d’accord pour dire qu’il s’est arrêté à un feu rouge, ce qui implique une vitesse maîtrisée).
Elle souligne que c’est la première fois que les policiers parlent de la nécessité d’arrêter la moto pour la sécurité des passants, et que l’argument du signalement de Ouassim en code rouge n’avait jamais été mentionné en 6 ans et demi de procédures.Elle remarque qu’il y avait jusqu’à 5 voitures impliquées dans cette course, ce qui parait tout a fait démesuré pour l’ampleur des infractions constatées (défaut d’équipement et absence de clignotant).
Elle mentionne un témoin, Fabrice de la Lande, qui décrit ce qu’il voit comme une chasse à l’homme et qu’il estime que les possibilités d’arrêter cette moto sans dommage étaient nulles.
Elle reproche à Dewael d’être en code 3 sans connaitre la raison de la course-poursuite. Elle va ensuite s’attarder sur le fait qu’on ne sait pas exactement quand il s’est positionné a la sortie du tunnel. La voiture poursuivante l’aurait vue parce qu’elle n’était pas encore entrée dedans, quant à Ouassim, qui roulait à certains moments jusqu’à 200m mètres plus loin, était probablement déjà sous terre, et aurait donc vu la voiture au dernier moment.
Elle fait remarquer que la mise en situation faite dans le cadre de l’enquête n’est malheureusement pas une reconstitution correcte et est très approximative car faite avec une voiture et non une moto sportive (la position penchée en avant donne une vue différente). La reconstitution assume aussi que la voiture de Dewael était là depuis un bon moment et ne prend pas en compte la possibilité qu’elle se soit postée au dernier moment.
Elle reconnait que Ouassim n’aurait pas dû fuir le contrôle et qu’on ne saura jamais pourquoi il a réagi comme ça, elle évoque à demi-mots qu’il aurait pu avoir peur d’un contrôle…
Maître Laurent : Elle va plus spécifiquement parler du ratio légitimité-proportionnalité-nécessité, ainsi que du Code de la route et des directives du comité P en matière de course-poursuite.
Elle informe qu’à l’époque des faits, le Code de la route ne permettait pas de dérogation pour les véhicules prioritaire pour :
- rouler à une vitesse excessive,
- inciter d’autres véhicules à rouler à une vitesse excessive et
- franchir une ligne blanche continue.
Depuis, la loi a changé et ces infractions sont dépénalisées.
Elle souligne qu’en plus d’avoir franchi une ligne blanche et une zone hachurée, la voiture de Dewael n’atteint pas ses objectifs, car elle ne bloque pas l’entrée dans le tunnel suivant et ne ralentit pas la circulation. Elle constitue plutôt un blocage dangereux.
Concernant la légitimité, elle remet en question la nécessité de cette course-poursuite. En effet, les faits reprochés à Ouassim et Sabrina ne sont que des délits mineurs. Elle fait remarquer aussi que selon le comité P, le fait de fuir un contrôle de police, ou le refus d’obtempérer, ne doivent pas constituer un facteur aggravant et motiver une poursuite.
Concernant la nécessité, elle revient sur le fait qu’ils avaient déjà pris la plaque d’immatriculation, et par conséquent l’identité de Ouassim. Et ré-insiste sur le fait que c’est la première fois que les flics parlent du fait que la moto représentait un danger pour les autres usagers de la route.
Concernant la proportionnalité, elle parle du risque trop grand d’entamer une course-poursuite en milieu urbain et en particulier avec une moto.
Le comite P déclare qu’il ne faut pas poursuivre à tout prix et que la légitimité d’une course poursuite doit être requestionnée à chaque instant.
Elle signale aussi que ce n’est pas à chaque policier d’évaluer la proportionnalité prise de risques/besoin-d’arrestation, mais qu’il y a des règles et que celles-ci ne semblaient pas être respectées.Enfin, elle affirme que c’est à cause de la course-poursuite que la moto a accéléré et qu’il y a eu l’accident, c’est donc de la responsabilité des policiers si Ouassim et Sabrina sont morts.
Maître Lohisse appuie les arguments de ses consœurs. […]
Pause de midi, reprise à 14:30.
Les avocats de la partie civile demandent 30 000€ par parent et 15 000€ par frère et sœur (dans ce genre de procès pour infraction de la route, la partie civile ne peut demander que de l’argent et non des peines). Toutefois ces sommes sont supérieures à celles prévues dans la loi pour les cas d’homicide involontaire (elles s’appuient pour cette demande sur un cas de jurisprudence d’un braqueur tué par la police il y a quelques années).
La famille de Ouassim réclame l’argent à l’assurance Ethias. Celle de Sabrina aux policier eux-mêmes, en demandant de reconnaître leur responsabilité.
La parole est laissée aux parties civile : les frères et sœurs de Ouassim ont parlé.
La mère et le frère de Sabrina ont pris la parole et demandé à la juge de rendre justice. Iels partagent leur chagrin avec la salle.
La soeur de Ouassim s’est adressée aux trois policiers pour leur dire que sa mère pleurait tous les jours depuis la mort de son fils. Et en les regardant droit dans les yeux, elle leur a fait savoir qu’ils sont des criminels.
La parole est donnée au Procureur
Le procureur du roi représente les intérêts de la société, de l’État. Il demande les peines et est assis à côté de la juge présidente. Il parle de manière très soutenue et pompeuse tout au long de son argumentaire.
Il commence en faisant savoir qu’il a bien étudié le dossier, qu’il constate un drame humain tragique, mais ajoute que le tribunal n’est pas là pour guérir les personnes endeuillées de tous leurs maux, ni pour panser leurs plaies. En effet, un tribunal, ce serait un lieu où commence la compréhension.
Il dit que la réalité est vue de deux manières très différentes, voire opposées dans ce procès, et que lui cherche l’exactitude. Il fait un laïus sur le droit, qui serait une science, et donc, en bon scientifique, il a tenté de démentir ses hypothèses de départ, de réduire les biais et les interprétations de la réalité. Il ajoute que ce cas précis peut être chronométré à l’aide des retranscriptions radio, et qu’en étudiant celles-ci, on va trouver de l’exactitude.
Il relate de nouveau le déroulé des faits : Sabrina et Ouassim partent de la place Flagey, roulent vite et sans équipement de sécurité et donc attirent l’attention d’une patrouille. La moto s’arrête au feu, les policiers allument leur sirène et veulent procéder à un contrôle, c’est à ce moment que Ouassim prend la fuite et que les infractions plus signifiantes commencent (sens interdit sur le rond-point, brûlage de feu et vitesse très élevée). De là on peut retracer les évènements grâce à la radio, et on constate qu’il faudra 2 minutes et 22 secondes entre le début de la course-poursuite et l’accident, dit-il.
Débutent alors les arguments en défaveur des victimes : il prétend que la durée de la course-poursuite est trop courte pour pouvoir la qualifier de « à tout prix », que le drame est arrivé si vite qu’on ne peut pas dire que les policiers se soient acharnés. Il souligne à plusieurs reprises la capacité d’accélération de la moto. Il confirme que le fait de fuir après le feu est un comportement suspect, et qu’à cause du casque, les policiers ne pouvaient pas être sûrs que c’était effectivement Ouassim qui conduisait.
Il nous informe avoir vérifié, lors de la pause, auprès du commissaire Veurvot, le signalement de Ouassim à la BNG et confirme donc les déclarations calomnieuses de l’inspecteur Dale. Il dit qu’il serait effectivement connu pour de nombreuses arrestations, menaces, port d’armes et possession de stupéfiant (c’est une confirmation orale, la juge dit ne pas avoir reçu de preuve écrite pour l’instant).
Il observe que la voiture de Dewael ne peut pas être considérée comme un barrage, car on peut l’éviter à gauche (où il y avait toute la bande d’à côté) et même à droite (où il y avait un court espace pour l’éviter). Il dit aussi que tout s’est passé très rapidement, qu’il n’avait pas le temps de réfléchir, et a donc fait de son mieux.
Il se permet de confier qu’il aurait préféré retirer le permis de Ouassim dans ce même tribunal pour sa conduite inadaptée, et insiste sur le fait que ce ne soit pas juste pour Sabrina, qui n’avait rien demandé. Il ose déclarer que Ouassim serait l’unique responsable de leurs mort.Il termine enfin sa déclaration injurieuse en soutenant que les policiers ont fait de leur mieux pour défendre la société. Il demande donc leur acquittement.
Certain.e.s membres des familles lèvent le ton, sont offusqués par le plaidoyer du proc’ et quittent la salle d’audience.
La parole est donnée à la défense des policiers
L’avocat de Ethias Assurance commence par s’exprimer au sujet des policiers qui conduisaient la voiture poursuivante. Premièrement, la course-poursuite était justifiée, ce n’est pas elle qui a mis en danger Ouassim et Sabrina.
Deuxièmement, comment les policiers auraient-ils pu être sûrs qu’il s’agissait bien de Ouassim sous le casque ?
Troisièmement, c’est Ouassim qui aurait mis Sabrina et lui-même en danger. Cette prise de parole se conclue par une requête d’acquittement.
Maître Delcoigne, l’avocat de Dale et Kane prend alors la parole. Après avoir expliqué l’honneur qu’il avait de défendre ces deux policiers, il commence par dire à madame la juge Lannoy que son jugement constituera un précédent pour la fonction policière, et que si elle en vient à condamner les policiers, cela constituera un passe-droit pour ceux qui veulent s’échapper à un contrôle policier.
Il poursuit en expliquant que « le dossier n’a pas été ouvert car les chaussures étaient inadaptées et qu’il manquait un clignotant. Le point de départ de cette course-poursuite ce ne sont pas ces deux broutilles mais le comportement du motard. » Il insiste sur le fait que « prendre la place Poelaert en sens contraire ce n’est pas une infraction de roulage, mais une entrave méchante à la circulation qui est punie d’une peine criminelle. ». Il continue en indiquant par ailleurs que « tout officier de police placé dans les mêmes circonstances aurait du réagir de la même manière. »
Il commente désormais dans son argumentaire la nouvelle information arrivée après 6 ans et demi de procédure, à savoir le fait que Ouassim serait connu des services de police. « C’est exact que c’est la première fois que monsieur Dale l’explique […] À quoi sert une instruction d’audience si elle ne sert pas à ce qu’un prévenu puisse expliquer des choses qu’il avait oublié d’expliquer, qui lui sont revenues entre-temps ? »
La juge Lannoy lève les yeux au ciel et indique qu’elle n’a toujours pas reçu ce document.
Maître Delcoigne rebondit en disant « qu’en toute hypothèse, on sait que l’information est exacte » et poursuit en disant que, si l’on considère que ces informations n’étaient pas connues au moment des faits, cela ne change rien, car quand quelqu’un prend tous ces risques, qu’est-ce qu’on attend de la part des policiers ? Est-ce qu’ils devraient renoncer parce que le risque d’accident est trop grand ? Alors qu’on ne sait pas ce qu’il va se passer, qu’on ne sait pas ce que ces personnes s’apprêtent à faire ? « Je rappelle à madame la présidente, qu’on était en période d’attentats. Pour le même prix, sur la moto, dont on dit qu’il ne fallait pas la poursuivre, on a deux terroristes armés de kalash qui vont arroser des terrasses de Bruxelles ».
La salle soupire, il ne s’arrête pas « C’est cela la question madame la présidente : quand deux policiers font face à quelqu’un qui prend tous les risques, faut-il se mettre sur le côté, ou faire le mieux possible en respectant la proportionnalité ? ».
Il appuie encore une fois sur le fait que si le jugement de la juge Lannoy reconnaît une responsabilité des policiers, celui-ci constituerait un laisser-passer pour celles et ceux qui tentent d’échapper à la police.
Il en revient au chronométrage, « […] Est-ce que coûte que coûte, jusqu’au bout, pendant des heures, ils ont poursuivi cette moto ? La réponse est négative. Deux minutes et 22 secondes. Au début tout se passe calmement, ça vient crescendo. Est-ce que ce n’est pas proportionnel ? » « Ils n’ont pas de prime à l’arrestation. Ils n’ont pas de prime aux procès-verbaux. C’est des bons flics. Le dossier le démontre. »Il exprime ensuite une requête à la Juge : « Je vous demande dans votre jugement de ne pas donner la responsabilité à personne morale (c’est-à-dire par exemple la police en tant qu’ilstitution) qui n’en n’est pas la cause : ces deux-ci [les inspecteurs Dale et Kane] ne représentent pas la police, ni la zone de police, ni l’état belge. » et lit ensuite un commentaire paru sous un article du Soir : « Pour info, hier soir cette moto roulait à fond, j’ai du m’écarter car une voiture de police la poursuivait. La fin tragique était prévisible, ça reste malheureux. Mais s’il n’y avait pas eu cette course-poursuite, une mère de famille aurait été tuée par cette moto. »
Il poursuit son argumentaire en répondant au raisonnement de la partie civile qui était « la course-poursuite a induit la vitesse qui a induit l’accident. » Lui dit que l’ordre des chose serait plutôt « la vitesse de la moto a induit la course-poursuite, qui a induit l’accident ».
Il finit par demander la suspension du prononcé (mais ce n’est pas pour autant qu’il reconnaît une quelconque responsabilité de la part des flics) en mettant en avant l’ancienneté des faits, le comportement adéquat des policiers, et « car pour eux, c’est plus que juste un procès. »
Maître Haulotte, avocat du 1er inspecteur Dewael, prend la parole.
« Indépendamment des faits et de la souffrance dramatique, je souhaiterais dans ce dossier que l’on reste factuel. Que l’on ne s’écarte pas des éléments du dossier pour verser dans l’affect. » En commençant avec ces mots, il suggère que la partie civile argumente avec un caractère affectif, et que lui s’apprête à nous livrer les faits de manière objective.
Après 6 ans et demi de procédure, il affirme que monsieur Dewael et ses collègues n’ont jamais pu réellement s’expliquer sur les circonstances.
Il va développer les analyses de l’expert en accidentologie qui a reconstitué l’impact menant à la mort de Ouassim et Sabrina. Il essaye de prouver que la visibilité était optimale ce jour-là et que Ouassim aurait du voir la voiture, et donc pouvoir ralentir afin d’éviter la collision et l’accident (et de ce fait suppose qu’elle était déjà en place plusieurs dizaines de secondes avant l’impact). Il reprend les études qui déterminent la vitesse potentielle qu’avait la moto. Les analyses de l’expert, dont il martèle le sérieux et l’objectivité de nombreuses fois, estiment la vitesse de la moto entre 90 et 100km/h. Parce que son client aurait eu un trou de mémoire, il ne saurait pas indiquer si au moment de la percussion, sa voiture était à l’arrêt ou si elle était en mouvement, élément pourtant déterminant.L’enquête a tenté d’exploiter les images de vidéo-surveillance et de radars. Nombre de ces appareils se sont montrés défectueux, mais une image de caméra indique que la voiture de police avait bien ses feux bleus allumés. Un des radar a flashé la voiture poursuivante à 141 km/h, la moto n’a par contre pas été détectée.
Il continue en parlant des témoins : « Toute une série de témoins ont été entendus, ils sont à prendre avec la plus grande circonspection. […] On a évoqué une éventuelle marche arrière [de la voiture de Dewael], elle n’est corroborée par absolument aucun élément objectif [en insistant sur le mot objectif] du dossier et est au demeurant contestée. »
« Voilà en ce qui concerne les éléments objectifs du dossier. Sur cette base nous pouvons répondre à la question de la responsabilité de monsieur Dewael ». Il serait intervenu non pas comme un cow-boy, mais dans le seul but de sécuriser ses collègues, de leur prêter main forte, « C’est son devoir ». Il n’y aurait eu en aucun cas un barrage, car c’était possible de passer à gauche et à droite.
« S’il y a un responsable dans ce tragique accident, ce n’est pas monsieur Dewael, ce n’est pas ses collègues. Dans une opération post-attentat, le seul responsable c’est le motard. […] »Il revient sur la proportionnalité de la course poursuite et sa légitimité : « […] Pour la nécessité de la mission les policiers étaient légitimes de ne pas respecter les règles du Code de la route ». Ils étaient en « mission urgente code 3, selon l’article 37 de la loi de police ».
Il rappelle que les policiers étaient dans climat post-attentat, et demande à la juge Lannoy de, même si elle décide de lui estimer une responsabilité, suspendre le prononcé. Sa demande se justifierait par l’ancienneté des faits et les traumatismes physiques et psychologiques de Dewael.Il précise aussi en fin de plaidoyer qu’il a déposé en début d’audience une pièce qui confirme que Dewael n’a jamais reçu la moindre formation.
Tour de réplique – la parole est donnée à la partie civile
Maître Callewaert prend la parole en premier.
« Il faut répéter que la mise en situation n’est pas claire ». La reconstitution de l’accident a été effectuée uniquement avec des voitures et non pas avec une moto. Elle revient sur la temporalité de l’arrivée de la voiture de Dewael, qui est capitale pour comprendre comment l’accident s’est réellement déroulé. « Il faut tout de même poser la question de quand est-ce que monsieur Dewael est arrivé [sur le lieu de l’impact]. La reconstitution est faite comme si la voiture était déjà là. »
Elle relate le témoignage d’une personne qui était dans le tunnel avec Ouassim et Sabrina. Après en avoir passé la moitié, la témoin s’est faite dépasser par la moto par la gauche, et ce serait à ce moment-là qu’elle a remarqué la voiture de l’inspecteur Dewael à la sortie. Elle dit aussi ne pas avoir vu les phares de freinage de la moto. Elle en déduit que si Ouassim avait vu la voiture, il aurait freiné. Or il ne l’a pas fait.
Elle continue et réagit aux commentaires de la défense, elle dit que ce n’est pas parce que Ouassim était signalé rouge à la BNG, ou parce qu’ils étaient peut être des terroristes, que la course-poursuite a commencé. C’était juste pour que les policiers lui donnent une remarque.
« Sabrina ce n’est pas juste «un dommage collatéral », ils ont continué la course poursuite en risquant sa vie, et elle en est morte. »« Les policiers continuent de dire que c’est tout à fait juste ce qu’ils ont fait. On a deux policiers qui continuent une course-poursuite alors que c’est hyper-dangereux, et un autre qui vient bloquer la route. Il n’a pas été se mettre 100m plus loin que la sortie du tunnel, il a été là. Et il a pas bougé. C’est donc un blocage. »
Maître Lambert de la partie civile prend à son tour la parole.
« La jurisprudence est constante pour dire que la faute de la victime ne fait pas disparaître la responsabilité des auteurs. On vous dit aujourd’hui que votre décision pourrait donner un blanc-seing [passe droit] à ceux qui fuient les courses-poursuite, alors qu’en réalité, vous donneriez un blanc-seing à tous les policiers qui voudraient tout le temps faire des courses-poursuite ».
Elle revient également sur le cadre dans lequel on doit effectuer les courses poursuites : « Avant chaque course-poursuite on doit prendre une série d’éléments en compte pour savoir si on la commence ou pas […] et pendant aussi ».
Et en réponse à l’argument des « 2 minutes et 22 secondes » elle dit que, prendre des décisions adéquates en quelques secondes qui suivront les recommandations du comité P, c’est justement ça le rôle des policiers. Et que Ouassim a lui aussi du prendre des décisions en quelques secondes.
Elle argumente également au sujet du code 3 en disant que « C’est le policier qui active le code 3 et donc qui se donne tous les droits. »Les autres avocats du partie civile n’ont pas de réplique à donner. La parole est donnée aux avocats de la défense.
L’avocat de Ethias Assurance, parle de l’absence de freinage de Ouassim car il aurait perdu le contrôle de sa moto.
Maître Haulotte, avocat de l’inspecteur Dewael, parle de la position de la voiture. Il n’y a pas eu de sur-accident, donc elle était parfaitement visible. S’il avait été se mettre 100 mètres plus loin, c’est justement là qu’on n’aurait pas pu la voir.
Maître Delcoigne, l’avocat des inspecteur Dale et Kane, nous informe que ses clients n’ont été sanctionnés par personne, ni par leurs supérieurs ni par le comité P, ce qui montre bien qu’ils n’ont pas commis de faute grave.
La parole est donnée aux prévenus.
Dale, conducteur de la voiture poursuivante : « Je rappelle mes condoléances à la famille. Je ne suis pas un assassin, pas un tueur, je sais ce que c’est de perdre un frère ».
Kane, passager de la voiture poursuivante : « Je présente sincèrement mes condoléances. Notre objectif était d’essayer de faire notre boulot le mieux possible. Chaque jour, je repense à cette mort, chaque jour je repense à la famille ».
Dans la salle, un.e proche des familles murmure « Nous, on vit plus… »
Dewael, conducteur de la voiture de la brigade canine : « Je veux juste signaler qu’en plus de 20 ans, je n’ai jamais reçu de recommandation du comité P. Je n’aurai jamais cru que ça se serait passé. Je n’ai vraiment pas souhaité que cet accident soit arrivé, ce n’était pas le but de cette opération. » Il ne prononce pas d’excuse.
La juge lève l’audience en annonçant que le jugement sera prononcé le 5 décembre à 9:00, dans la même salle. »
- Étiquettes Bruxelles, Ouassim Toumi, Sabrina Elbakkali
22.10.2023 – Un homme roué de coups de matraque par la police à la gare du Nord à Bruxelles
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 22/10/2023
Nous reproduisons ici l’article et la vidéo publiée par Bruxelles dévie :
Selon les images qui témoignent de l’extrême violence des faits, deux agents de police auraient poursuivi puis violemment matraqué l’homme, et l’auraient finalement plaqué au sol aidés par deux autres agents. Les policier.es ont également empêché les témoins de filmer, en les menaçant eux aussi de se faire matraquer.
Malgré les tentatives systématiques des forces de l’ordre d’empêcher les témoins de filmer les scènes de violences policières, il est capital de continuer à filmer pour exposer les violences structurelles de la police et pouvoir constituer des preuves de la nature de ces violences pour les victimes.
- Bruxelles dévie
- Bruxelles dévie sur Instagram
Source : Images de témoins, Bruxelles Dévie.
- Étiquettes Arrestation, Bruxelles, Intimidation, Matraque, Victime racisée
15.10.2015 – L’Observatoire International des prisons et la Ligue des droits humains dénoncent l’arrestation arbitraire de citoyen·nes aux abords de la prison de Haren
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 15/10/2023
Une personne membre de l’OIP et une vidéaste ont été arrêtées ce dimanche 15 octobre 2023 alors qu’elles réalisaient une interview filmée d’un riverain aux abords de la prison de Haren. Cette interview s’inscrivait dans le cadre de la réalisation d’un court-métrage en vue d’un colloque organisé sur la maxi-prison le 18 décembre 2023 par plusieurs associations et universités belges. L’Observatoire International des Prisons et la Ligue des droits humains dénoncent ces arrestations arbitraires.
Communiqué de l’Observatoire international des Prisons et de la LDH :
« Lors de cette arrestation par la police, ces personnes, ainsi que le riverain, ont fait l’objet d’un contrôle approfondi d’identité et d’une fouille, sans motif légitime. Par suite du refus qu’elles ont opposé à l’inspecteur qui voulait accéder au contenu de leur téléphone et visionner les images prises, elles ont fait l’objet d’une arrestation administrative, manifestement arbitraire et vexatoire.
“Comportement suspect”
Selon la police, la raison de leur arrestation était qu’elles avaient « un comportement suspect » dans une zone « à risque ». Aucune précision complémentaire n’a pu être donnée à ce prétexte fallacieux. La vidéaste, la membre de l’OIP et le riverain ont collaboré calmement à l’intervention policière malgré les pressions subies.
Elles ont, par l’intermédiaire de leur avocate, justifié leur travail pour ce colloque relatif à la prison, alors qu’elles étaient encore sur les lieux. Ce qui a été confirmé ultérieurement à l’inspecteur par le directeur de la Ligue des droits humains.Tant l’interpellation que la fouille et l’arrestation qui s’en sont suivies sont manifestement illégales. Il n’existe pas de signalement de « zone à risque » ou de liste reprenant des lieux qu’il serait interdit de prendre en photo ou en vidéo. Les abords des prisons sont accessibles à n’importe quel observateur. Il n’y a pas de périmètre de sécurité ou d’accès contrôlé au-delà de l’infrastructure carcérale.
Arrestation vexatoire et arbitraire
L’objet véritable de cette interpellation s’apparente davantage à une contrainte illégitime et vexatoire dans l’objectif d’entraver un travail militant et citoyen. Après avoir fait pression pour que les images soient remises et après avoir tenté sans succès de les auditionner hors présence d’un avocat, le policier a été contraint de relâcher ces trois personnes, plusieurs heures après leur arrestation. Force était de constater qu’il n’y avait aucune obligation de remettre ces images et que les téléphones ne pouvaient légalement être saisis ni analysés, à défaut de suspecter une infraction et avec autorisation d’un magistrat.
Elles seront cependant convoquées pour une audition en catégorie de suspect d’une infraction… qui n’existe pas ! La police et un magistrat du Parquet ont donc décidé de donner une tournure judiciaire à cette arrestation, ce qui est aussi incompréhensible que regrettable.
L’État de droit à nouveau en question
Cette façon de procéder doit interpeller toute personne soucieuse de préserver le caractère démocratique de notre société. L’usage de l’arsenal répressif et judiciaire ainsi que de la privation de liberté comme moyen de contrainte sont indignes d’un État de droit. Le travail d’information ne peut jamais conduire à une fouille, à une arrestation et à l’ouverture d’une information judiciaire alors même qu’aucun comportement infractionnel n’a pu être identifié. »
01.10.2023 – Une preuve irréfutable et par dessus tout inquiétante de l’inclusion d’éléments d’extrême droite racistes dans la police en Allemagne
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 01/10/2023
Un article de Frag Den Staat fait état d’une enquête prouve ce que l’on craignait, voire observait à titre individuel: L’extrême droite se complait au sein de nos polices européennes...
Un récent article de FragDenStaat du 1er octobre 2023 faisant rapport d’une enquête menée conjointement avec le magazine de la télévision allemande ZDF Magazin Royale, nous prouve ce que l’on craint, voire observe à titre individuel ou autre. Cette récente publication met à jour l’irréfutable ! L’extrême droite se complait au sein de nos polices européennes.
Ici l’étude souhaitait éclairer ce dont on parle, et dévoiler à qui l’on risque d’avoir affaire lorsqu’on s’adresse à la police.
Bien entendu nous ne souhaitons nullement indiquer par là qu’il s’agit de généralités, mais le fait que de tels éléments existent nous pose question. Quels sont les investigations menées pour détecter de tels éléments et quels sont les suites éventuellement données ?
C’est suite à des évènements brutaux, voire mortels qui ont eu lieu à l’encontre de personnes racisées que ces questions nous semblent pertinentes.
Quelques exemples reprenant les faits dévoilés par FragDenStaat
Pendant an, des policiers de Francfort-sur-le-Main (Allemagne) ont partagé dans un groupe WhatsApp des contenus d’extrême droite, antisémites et misanthropes. Nom de leur groupe : « Itiotentreff » (Rendez-vous des idiots, NDLR).
Dans les 1619 messages des participants, la police judiciaire du Land de Hesse a ainsi répertorié plus de 200 délits potentiels. Les participants relativisent l’holocauste et glorifient le national-socialisme. Par ailleurs ils se moquent des personnes handicapées et s’amusent de viols. « C’est tellement répugnant que l’on en a l’estomac retourné« , commente un enquêteur principal.
En collaboration avec le magazine ZDF Magazin Royale“, FrageDenStaat publie pour la première fois le contenu complet du chat, afin que l’on puisse se faire une idée du comportement toléré au sein de la police de Hesse (Allemagne).
Les messages du groupe de discussion sont inhumains dans toutes les dimensions imaginables. Ils sont racistes, antisémites, sexistes, xénophobes, queerphobes, islamophobes, pornographiques et misogynes. FragDenStaat a décidé (malgré tout) de les rendre public, afin de faire comprendre de quoi il s’agit lorsqu’on parle de groupes de police d’extrême droite.
Tous les policiers qui étaient membres de ce groupe de discussion sont encore aujourd’hui des fonctionnaires de la police de Hesse (Allemagne). Cinq policiers qui ont participé de manière particulièrement active ne peuvent actuellement pas travailler dans leur fonction, cependant ils continuent presque tous à être payés à plein temps depuis environ cinq ans.
Au cours de cette période, le Land de Hesse a versé aux cinq policiers une rémunération totale d’environ un million d’euros. Jusqu’à présent, aucun membre du groupe n’a été jugé pour ces faits.
En février 2023, le tribunal régional de Francfort a refusé d’ouvrir une procédure contre les membres de ce groupe. Il semble en effet que les contenus de ce chat ne soient pas punissables en ce qu’ils n’ont pas été diffusés publiquement (!). En outre, une partie du contenu du chat relevait de la satire et serait donc couverte par la liberté artistique. Le parquet général a fait appel de cette décision. On ne sait pas pour l’instant si un procès aura lieu et si oui, quand.
L’organisation FragDenStaat estime quant à elle que le public a le droit de savoir qui vient quand il appelle à l’aide !
Quelques explications
- Le nom de leur groupe : Itiotentreff. (rendez-vous des idiots)
« Le groupe devient beaucoup trop « mééééchant » … excellent ! 😁 »
Telle est la première phrase lorsque ce groupe WhatsApp fut créé. Il est un peu plus de minuit, un jeudi d’octobre 2015, et l’expéditeur est un commissaire de police de la police de Hesse. Quelques secondes plus tard, un autre homme envoie trois images dans le chat. Lui aussi est commissaire de police en chef et membre du groupe de service 3 du premier commissariat de police de Francfort. Les images envoyées par le deuxième policier : Une image qui se moque des grosses femmes, une autre sur les femmes violées et une sur lequel on peut voir Adolf Hitler. Le ton est donné : sept policiers de Francfort et la compagne de l’un d’entre eux vont désormais s’exprimer dans le groupe de discussion. Dans leurs messages, ils glorifient le nazisme et l’holocauste, s’amusent des viols et des personnes handicapées, partagent en masse des contenus racistes et se moquent de la mort d’un enfant qui a fui son pays.
- Les motivations
Ce groupe de discussion des policiers de Francfort a manifestement été conçu dès le départ pour dépasser les limites morales et parfois même pénales.
Dès les premières heures du groupe de discussion, les policiers partagent des dizaines d’images qui glorifient l’Holocauste et le nazisme, méprisent les personnes handicapées et relativisent les viols. Un policier demande aux autres membres du groupe de « ne pas seulement profiter, mais aussi d’envoyer des trucs de malade« . Au cours des douze mois suivants, les membres du groupe s’envoient plus de 750 photos et vidéos, presque toutes au contenu inhumain.
Le 2 octobre 2015, lorsqu’un policier envoie au groupe de nombreuses images racistes en utilisant le mot N, un de ses collègues lui répond : « Hahahaha c’est probablement le jour du racisme« . Trois jours plus tard, les policiers déclarent la « journée d***i » et envoient de nombreuses images méprisantes pour les personnes atteintes de trisomie 21.
- Fachos
En outre, le chat contient à plusieurs reprises des indications sur l’orientation d’extrême droite de certains membres. Le 20 avril, plusieurs policiers envoient des vœux d’anniversaire sur le chat. Aucun des membres ne fête son anniversaire ce jour-là – c’est la date de naissance d’Adolf Hitler.
- Tombent sous le coup de la loi
Dans les quelque 1600 messages échangés par les membres du groupe de la police en l’espace d’un an, la police judiciaire a trouvé 211 messages relevant de faits pénalement punissables.
La liste des délits présumés comprend entre autres : 94 incitations à la haine, 39 diffusions de signes terroristes et anticonstitutionnels tels que la croix gammée, 16 dénigrements d’une personne décédée, et 13 représentations faisant l’apologie de la violence inhumaine.
Pour une centaine d’infractions, le parquet de Francfort a finalement porté plainte en janvier 2022 contre six membres du chat qui y avaient participé de manière particulièrement active.
Chez nos voisins
En France on observe que certains policiers sont sans gène pour manifester leur orientation politique par exemple au travers d’une large panoplie de signes, insignes, symboles, slogans, etc, que des policiers visiblement sans honte ni crainte de leur hiérarchie et affichent publiquement, leur amour de la violence, du thème de la vengeance, et parfois, du racisme, de la mort, voire des idéologies nazie ou fasciste.
Ces comportements chez la police, sont tellement gênants, que même le journal (centre-droit) le Point les exposé dans l’article : Des nazis dans la police. Ces agents de police, en totale adoration de l’extrême droite, cherchent des symboles qui puissent définir et représenter leur identité. Ils s’identifient à des personnages de BD Marvel ou DC Comics, ils sont un Punisher, un Captain America.
Et chez nous ?
En Belgique plusieurs témoignages nous rapportaient qu’à l’occasion d’arrestations préventives notamment, des chants, musique et saluts nazis avaient été proférés dans les « Casernes » à Bruxelles.
01.10.2023 – Rassemblement Tolérance Zéro au Racisme dans les écoles
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 01/10/2023
Beaucoup d'émotions lors de ce rassemblement organisé par la plateforme de soutien à Rita, la maman de Mathis, devant le palais de Justice de Bruxelles ce dimanche...
Plus de 400 personnes se sont unies sur la place Poelaert vers 14:00 pour dénoncer le racisme et les violences policières infligées à Mathis, un enfant noir de 9 ans, dans l’enceinte de son établissement scolaire le 5 septembre dernier à Ham-sur-Heure (Nalinnes).
Tristesse, compassion, empathie, solidarité, mais aussi colère, indignation, frustration, désir de s’organiser pour briser les fers qui maintiennent les communautés racisées dans un système d’oppression institutionnelle.
Courageuse et digne, Rita, la maman de Mathis, raconte d’abord cette journée terrifiante, depuis les appels de l’école à son arrivée sur place pour découvrir ce flic agenouillé sur la nuque de Mathis, et les propos de la directrice qu’elle doit interroger pour connaître le véritable fond de l’histoire… Appelée parce que son fils « fait une crise » (épilepsie ? catalepsie ? angoisse ? crise de quoi ?), il s’avère, comme le rappellera opportunément une des oratrices plus tard, que Mathis n’a rien « fait« , il a été insulté par un camarade, qui lui a ensuite donné un coiup de poing. Mathis a juste répondu aux coups, et fait un doigt d’honneur à la directrice qui le menaçait de le renvoyer… Une version légèrement différente de celle qu’on a pu lire dans la presse (comme d’habitude ?)…
D’autres personnalités et collectifs se succèdent au micro :
- Dido
- Mwamba, activiste et créateur de la Plateforme associative et citoyenne
- Véronique Clette-Gakuba, sociologue et membre du Collectif Présences Noires
- Le Collectif Susu, collectif citoyen Afroféministe et Anticapitaliste
- Le Collectif Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations
- Kodjo Yves Lodonou, du MRAX
- Le Comité Ujamaa,Cercle étudiant panafricain ULB, Bruxelles
- Nordine Saidi, de Bruxelles Panthères
- D’autres mères de victimes (Abdoulaye)
- Le Collectif Afroféministe Mwanamke
Les revendications exprimées :
- Abandon total de toutes les plaintes, pénale contre Rita (« bashing« ) et disciplinaires (« indiscipline » et « mise en danger de mineur ») contre Mathis. et effacement de toute trace dans leur dossier
- La Ministre de l’Enseignement et le PO de l’école de Mathis doivent condamner fermement l’attitude de laisser faire de l’école et la violence de la police
- La fin de la relégation des enfants racisés dans les écoles spécialisées
- Refonte de la circulaire autorisant la police à intervenir dans les écoles
- Mettre fin aux violences policières contre les mineurs racisés dont on constate l’augmentation récente.
- La fin des institutions inégalitaires et oppressives
- La tolérance zéro au racisme dans nos écoles et nos universités
- La protection sans distinction de tous les enfants de notre jeunesse
- Le soutien indéfectible à l’action Stop Violences policières
- L’arrêt du vote des lois visant spécifiquement les catégories socioéthniques de la population
- La protection de l’égalité devant la loi, la séparation des pouvoirs, la présomption d’innocence, le respect de la Constitution et des droits fondamentaux
Et les propositions :
- S’organiser pour mobiliser les forces vives (avocats, professions de santé, financiers et.) et arriver à une responsabilisation collective des acteurs de la société civile (« Don’t agonize, organize !« ). Un talent à la lutte ? dîtes-le !
- Créer un rapport de force avec la police, un contre-pouvoir
- Se constituer en comités de parents
- Signaler, dénoncer, rapporter les injustices aux associations et institutions existantes
- Récolter les traces, constituer des preuves
- Contribuer financièrement au soutien aux victimes, aux familles dans leur démarches juridiques, médicales, administratives etc.
- Utiliser les outils techno pour s’organiser et favoriser notre intelligence collective, et notamment une plateforme unique pour tous les témoins et victimes sur les réseaux sociaux
- S’emparer des études scientifiques, produire des études socialement situées
- Prendre le pouvoir économique, comme d’autres communautés ont su le faire
Minute de silence, genou à terre et poing levé… Une cagnotte de soutien circule, des contacts se nouent. On se sépare sur une toute autre gamme d’émotions. Naissance d’un mouvement.
« Justice pour Mathis ! Justice pour Abdoulaye !«
- ObsPol
23.09.2023 – Meurtre d’Imed : 200 personnes retournent sur les lieux du crime pour ne rien oublier
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 23/09/2023
Dignité, recueillement, tristesse, plus que colère lors de cette marche du souvenir bouleversante...
Près de 200 personnes se sont rassemblées avaient à Seneffe. Beaucoup avaient fait le trajet pour rejoindre les voisins, les amis et la famille d’Imed ce samedi sur la place Penne d’Agenais.
Le cortège s’est ébranlé lentement et dignement du centre ville, par la rue de l’Yser, la rue Plasman, l’avenue des Tulipes pour rejoindre le clos des Lilas, l’impasse où Imed avait engagé sa voiture, probablement pour mettre fin à la course-poursuite et se rendre. Il avait fait faire demi-tour à sa voiture, puis arrêté le moteur. C’est à cet endroit qu’il a été exécuté.
Une minute de silence a ponctué cette marche, lourde d’émotion pour toustes.
Dans l’impasse funeste, des paroles se sont relayées pour évoquer le souvenir d’Imed, sa famille, Marylène, son ex, Ouafah sa soeur, la voix et le coeur serrés, la main mal assurée. Puis Selma Benkhelifa, l’avocate de la famille, et puis Ayoub, le frère de Mehdi venu soutenir ses frères et sœurs de malheur comme toujours et comme d’autres familles aussi, celles de Sabrina et Ouassim, celle de Lamine et d’autres encore…
La communion s’achève sur un lâcher de ballons, aux cris de « Justice pour Imed !«
On lâche rien !
- ObsPol
- Étiquettes Imed Haddaji
18.07.2023 – Meurtre d’Adil : une interpellation citoyenne, une parodie de « démocratie »
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 18/09/2023
Une instructive comédie institutionnelle s'est déroulée dans une école de Forest, qui laisse un goût amer tant sur l'implication des autorités communales dans la recherche de la vérité et la protection des lanceurs d'alerte policiers, que sur la soupape sociale que constitue le mécanisme de l'interpellation citoyenne...
Le Comité Anderlechtois contre les violences policières aura du patienter. Longtemps. Tracasseries administratives ou peu d’empressement du Conseil de police de la zone de Bruxelles-Midi à prendre position sur un problème qui lui fait mal au fondement ?
Une soixantaine de citoyen.nes étaient réuni.e.s devant une école de Forest ce lundi depuis 18:30, à attendre de pouvoir pénétrer dans le saint des saints, pour écouter les réponses de Mme El Hamidine et MM. Cums et Spinette, ainsi que du chef de corps.
Premier obstacle à franchir pour le.la citoyen.ne : être autorisé.e à entrer
La porte ouverte, on nous informe que la présidente de séance, Mme El Hamidine, du haut de son pouvoir discrétionnaire de faisant fonction, a limité le nombre de participant.e.s à 45. Pourquoi pas 15 de plus ? Mystère. Chat échaudé craint l’eau froide, réminiscence des remous dans la salle au mois de juin sans doute…
La salle où se tient le conseil n’est qu’à moitié remplie de chaises, des piles de chaise non utilisées sont alignées sur les côtés, toute la salle est amplifiée par des hauts-parleurs.
Tant pis pour ceux.celles qui se dévouent pour laisser leurs camarades assister au spectacle de la démocratie en action.
Second obstacle : filmer le conseil de police
Malgré les caméras, mixettes, perches et autres matériels envahissants installés par la presse dans la salle, lorsque l’on pose un pauvre micro devant les principaux intéressés, la Présidente se rebiffe et fait remarquer qu’ELLE n’a pas autorisé les enregistrements. Non mais. Toujours ce fameux pouvoir discrétionnaire parfaitement « démocratique ». Veuillez arrêter l’enregistrement Monsieur !
Les journalistes eux, ne veulent pas s’en laisser compter, c’est de la liberté de la presse qu’on cause, non ?
Troisième obstacle : conserver son temps imparti d’interpellation
L’interpellation du Comité est la seconde à l’ordre du jour. La première a largement débordé sur l’horaire, et la Présidente avertit d’emblée l’orateur qu’il devra faire court.
S’agit-il d’une simple réunion de travail, ou bien d’une tribune pour les citoyen.nes face à leurs élus ? Peut-on abréger la parole citoyenne pour des questions de timing, alors qu’il leur a été si compliqué d’arriver à se hisser à cette tribune ? L’horaire prime sur l »expression citoyenne, c’est ça la « démocratie » ?
Une fois les échanges lancés, ne pas se laisser distraire par les interruptions systématiques de la Présidente, qui entend bien jouer son rôle de MC et faire comprendre à ces gens que c’est elle qui décide de la conduite des débats et de l’ordre, quitte à les menacer de faire évacuer la salle (par deux fois).
Quatrième obstacle : connaître son texte
À peine la lecture du texte de l’interpellation a-t-elle commencé que la Présidente se penche pour l’interrompre : ce n’est pas le texte qui a été soumis au Conseil. Protestations. C’est exactement le même texte.
L’Autorité se fait pédagogue : cher Monsieur, pour que le Conseil puisse répondre à vos questions, il faut qu’il ait connaissance du texte qui lui est soumis, vous comprenez ?
Renseignement pris, la soumission préalable du texte de l’interpellation n’est pas exigée par le règlement d’ordre intérieur, et c’est par pur courtoise que le Comité l’a adressé au Conseil…
Tergiversations. De guerre lasse, et pour ne pas perdre encore plus de son temps imparti, l’orateur prend le texte que lui tend l’Autorité. Tout un symbole ?
La Présidente a décidé, la « démocratie » doit se plier.
Cinquième obstacle : ne succomber ni à l’indignation, ni à l’hilarité
Après moult interruptions, viennent les Réponses tant attendues. On ne sera pas déçu.e.s.
D’abord la Présidente El Hamidine elle-même, qui se répand en considérations lénifiantes éthérées sur le rôle de la Police, sa diversité, la qualité de son service, et qu’il n’y a pas violence ni de racisme systémique dans la police, et que la route est longue mais on y arrivera, et que la Commune fait tout ce qu’il faut et blabla et blabla. Rrrrrrrrrr…. Elle, ce sont les principes.
Au tour de M. Cums, qui rappellera brièvement combien sont importants ces moments de « démocratie » et exigeantes de chacune des parties. Vient ensuite le réquisitoire contre les affirmations éhontées de l’orateur, qu’il se fait fort de réfuter, en se fâchant tout rouge et à grand coup de « Je vous mets au défi, Monsieur, de prouver que j’ai bien eu connaissance de ce rapport« …
Leçon de procédure pénale, véhémence grotesque de l’animal politique blessé, agressé dans sa chair, qui se défend devant un parterre de gens écœurés par la mort d’Adil, 19 ans il y a 3 ans. Cums, c’est la défense des institutions outragées par les mensonges ingrats des citoyens.
Pour clôturer, M. Spinette prend le témoin. On entre dans le technique, le juridique, analyse des méthodes policières, formation, jurisprudence et tout le toutime. Le tout sur un ton monocorde, tandis que la salle gronde, sent qu’on se fout d’elle, que le show a été bien préparé, que chacun des trois intervenants connaît son rôle… Spinette, c’est la rationalité, le bon père de famille qui rassure comme un livre, il le dit alors c’est vrai.
Sixième obstacle : se satisfaire de peu
À l’issue des échanges, on attend toujours des réponses précises aux questions posées :
- en tant qu’employeur, allez-vous vous porter partie civile ?
- qu’allez-vous faire pour protéger les policiers lanceurs d’alerte auteurs du fameux rapports ?
Et pas des bribes d’info confuses comme on en a entendu ce soir.
Ainsi se termine ce bel exercice de « démocratie ». Ça fait beaucoup de barrière à la libre expression citoyenne, non ? Mériterait bien une interpellation citoyenne sur le pouvoir discrétionnaire d’empêcher l’interpellation !
Prochaine étape : l’audience de la chambre du Conseil, le 9 janvier 2024.
- ObsPol
- Étiquettes Adil C.
18.07.2023 – Répression féroce à la maxi-prison de Haren
- Auteur de l’article Par adminObs
- Date de l’article 18/07/2023
Plusieurs dizaines de policiers anti-émeutes ont été déployés vers 23:00 et ont violemment réprimé les détenus. Des images ont été rendues disponibles à l’aide de stories Snapchat filmées depuis l’intérieur.
Selon les informations disponibles, la révolte aurait commencé à la suite d’une fouille de cellule d’un détenu : cette fouille était-elle abusive, les agent.es pénitencier.ères ont-ils laissé la cellule dans un sale état, des objets personnels ont-ils été saisis ? Par la suite, le détenu dont la cellule a été fouillé aurait appelé à se révolter.
Après la promenade du soir, plusieurs détenus sont restés sous le préau pour se révolter et se sont attaqués aux caméras et autres dispositifs installés.
Comme le rappelle Bruxelles Dévie :
« La maxi-prison d’Haren a ouvert ses portes fin septembre 2022, elle occasionnera la fermeture des prisons de Saint-Gilles et Forest. Son ouverture et sa création sont au cœur d’intérêts économiques, politiques et écologiques que nous avons documenté dans un article paru l’année dernière. Par exemple, la désaffection des prisons de Saint-Gilles et Forest vont permettre aux pouvoirs publics de continuer la gentrification de ces quartiers.
Nous rappelons que la Belgique est régulièrement pointée du doigt pour sa politique carcérale tout simplement inhumaine et qu’elle est régulièrement condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme.
La prison loin de résoudre les problèmes sociaux et les «crimes», ne fait que briser les personnes incarcérées et leurs proches (le plus souvent, les proches sexisées), augmenter d’une manière important ce qu’on appelle les « récidives » et reproduire les inégalités sociales, sans prendre compte les besoins des victimes. La prison est le problème, pas la solution. »
Rappelons aussi que la construction de cette maxi-prison de 2000 détenus à fait la quasi-unanimité contre elle : magistrats, avocats, greffiers, collectifs de détenus, de familles de détenus, assistants sociaux etc. De nombreuses études dans le monde existaient déjà montrant sans équivoque qu’au-dessus de 400 détenus, tous les problèmes liés à l’incarcération ne font que s’amplifier.
Les contraintes liées aux déplacements, dans une zone au trafic difficile ne sont pas pour alléger le fardeau de toutes les parties prenantes… Bel exemple de « rationalisation économique » qui ne fait aucun sens…